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Re: Help me save myself from me

Lun 9 Jan 2017 - 20:12

Il le vit dans son regard, le trouble causé par sa mise en contexte. « Des gens s’inquiétaient pour elle ». S'était vrai, mais ce n'était pas vrai en même temps. William n'avait pas de mal à s'imaginer que Gabriel, Abigail ou même Harold à une époque aient pu avoir des inquiétudes sur l'attitude, le comportement ou les actions qu'avait pu prendre la jeune chef. Malgré tout, ils avaient décidé de garder le secret à ce sujet, et ce, probablement, pour la protéger. Pouvait-on leur en vouloir ? Aucunement. Toutefois, Hernando s'était inquiété, était venu voir le trentenaire et lui avait exposé les faits en sachant très bien qu'il serait la personne la mieux placée pour gérer la situation. Était-ce le cas ? Probablement. En établissant que « Des gens s’inquiétaient », il avait juste cherché à protéger l'hispanique, et cela avait marché, puisqu'elle n'avait posé aucune question à ce sujet.

Quelque chose se passait, l'étudiante ne le regardait plus, elle porta son regard vers sa droite le vide près d'elle. Est-ce que c'était une toque nerveuse dans le but de réfléchir à ce qu'elle souhaitait raconter ? Il en doutait. Elle semblait avoir les yeux rivés sur quelque chose, et il avait envie d'en savoir plus. Si bien que lorsqu'elle lui demanda s'il connaissait Flann, il ne perdit pas de temps pour lui répondre d'un signe lent et négatif de la tête. Autant ne pas l’interrompre dans ce qui allait venir.

L'ambulancier buvait littéralement les paroles de la musicienne. S'installant confortablement dans sa chaise, il avait l'impression qu'il avait réussi à ouvrir l’abcès, sans pour autant le crever. Elle avait bien voulu se mettre à parler, et il n'était pas impossible qu'elle décide d'arrêter, il fallait donc profiter de chaque parole qu'elle pourrait libérer afin de s’imprégner de l'histoire de la belle.

Pour l'instant, il n'était pas certain du choix de l'histoire qu'elle avait choisi de lui raconter. L'histoire de la mort de Flann semblait plutôt tragique, s'était peu dire. Qu'est-ce qu'il y avait réellement de pire que de mourir ? Être abusé... Autant physiquement, mentalement que sexuellement. Bien que Selene eût de la chance de ne pas avoir vécu les mêmes atrocités que son amie, elle avait tout de même intégré. Un peu comme la douleur que l'on pouvait sentir par pure empathie lorsqu'une femme regardait une vidéo d'accouchement ou qu'un homme regardait un autre recevoir un coup de pied dans les parties, grossièrement, la musicienne avait subi la même chose que Flann sans le vivre.

Lorsque les sanglots débutèrent, le psychanalyste ce leva d'un bond, s'approchant pour venir s'asseoir à côté de la jeune dans la vingtaine. Elle avait tellement vécu, pour une si jeune femme. C'était quelque chose qui avait frappé William dès sa rencontre avec elle. Ses yeux recrachaient presque l'expérience. Il déposa délicatement sa main sur son épaule, puis dans son dos, le contact physique servant surtout à la rassurer sur le monde physique et lui offrir une épaule pour pleurer. Bien que le but recherché fût d'aider la musicienne à travers ce qui pouvait ressembler à une thérapie, il n'était pas psychologue et il ne souhaitait pas utiliser les méthodes froides patients/spécialistes comme on avait pu le voir dans trop de films clichés. D'une voix douce, il reprit après elle, sans la brusquer, lui laissant le temps de vivre les émotions qu'elle devait vivre.

- Flann... Elle est ici? Est ce qu'elle te soutien encore parfois?

L’aîné ne semblait pas avoir de malaise avec cette question, comme s'il était tout à fait normal de voir un mort et de lui parler. Alors qu'au fond, ça l'était. Le cerveau était un muscle remarquable, doté de mécanismes de défense plutôt complexe mais aussi plus fabuleux que l'on puisse même imaginer. Ce qu'avait vécu la jeune femme avec son amie, pourrait être suffisant pour que son cerveau la rendre immuable. Une sorte d'ange gardien ou de conscience, de personnalité forte qui permet parfois à une personne de traverser des épreuves auxquelles il n'aurait jamais pu survivre seul. Il espérait simplement que cette image de Flann soit positive pour la chef, cela restait à déterminer.
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Re: Help me save myself from me

Lun 9 Jan 2017 - 22:39

La question de l’ambulancier lui fit l’effet d’un électrochoc. Selene tourna brusquement vers lui son regard intense, non sans le gifler avec ses longs cheveux, et le dévisagea comme si elle réalisait seulement qu’il avait changé de place. Un instant, elle hésita, puis elle essuya doucement les larmes qui roulaient sur ses joues pour lui répliquer avec un calme surnaturel :

- Elle est morte, William. Elle ne peut pas être ici.

Éclair de lucidité. Quelques secondes de plus, elle contempla son aîné d’un air un peu interrogatif, à croire que c’était lui qui avait un problème. De quoi est-ce qu’ils parlaient avant déjà ? Ah oui, des gens s’inquiétaient pour elle ; elle aurait des visions ou des absences. Après tout, est-ce que ce n’était pas normal ? La musicienne était plutôt sensible, certes, depuis très jeune, ses émotions étaient un chaos sans nom. C’était d’ailleurs en partie la raison pour laquelle pendant l’adolescence, elle avait tenté de se constituer une façade. L’image d’une fille désinvolte et sans attache, parfaite pour étouffer les flammes qui la dévoraient de l’intérieur. Mais qui était véritablement prêt à voir la quasi-totalité de l’humanité se transformer en cadavres ambulants ? Que celui qui n’avait jamais eu de cauchemar lui jette la première pierre !

- Tu n’as jamais fait de mauvais rêve toi ? demanda-t-elle soudainement, à cause de tout ça ?

Elle se retournait vers lui. Ils étaient proches à ce moment, suffisamment pour qu’il distingue le moindre éclat de ses yeux glacier, la force lupine dormant dans ses pupilles. Sans doute en jouait-elle un peu ; de l’aura de fragilité qui émanait de son corps gracile, feignant avoir retiré son armure invisible. Selene voulait le déstabiliser un peu, l’amener aussi à s’ouvrir. Une autre digression, une fuite, une manière d’oublier que même elle s’inquiétait de sa santé mentale.

- Ou bien… tu n’as jamais eu l’impression que ton cerveau décrochait, parce que tu en avais trop fait ?  

La pianiste eut un petit sourire, l’air de lui dire « je suis sûre que oui », et se détourna. En se redressant, elle s’éloigna légèrement de William, réinstaurant entre eux une distance plus décente. Manquerait plus qu’il rapporte qu’elle l’avait allumé, tiens. Ce n’était pas le but. Plongée dans la contemplation du néant, elle passant une main dans ses cheveux, parfaitement consciente de la question qu’elle avait occulté. Est-ce Flann la soutenait toujours parfois ? Elle aurait aimé. La musicienne était persuadée que la libraire aurait été la balance parfaite pour empêcher le duo qu’elle formait avec Abigail d’aller « trop loin ». A n’en point douter, si la rouquine avait été de leur monde cet été, jamais cet affrontement avec le groupe qui se faisait appelé « American dream » n’aurait eu lieu.

- C’est ce qui m’arrive, expliqua-t-elle comme si c’était la réponse scientifique à leur discussion, et il parait que j’ai une tendance à prendre tout sur moi. Alors… je fatigue.

Elle haussa les épaules, seulement à moitié convaincue par ses propres paroles. Ce n’était pas faux, ce n’était pas vrai. Ou plutôt, elle espérait que ce soir vrai, tout en sachant qu’il y avait certainement plus que ça. Etait-ce de sa faute si elle avait dû commettre un meurtre dès la troisième semaine de contamination ? Elle n’était pas prête. Seulement une jeune femme enfermée chez elle, à attendre que son père rentre, que les choses rentrent dans l’ordre. Et un jour, elle a tué pour survivre. Pour survivre, vraiment ? Elle ne savait même plus. Seule la lutte lui restait en tête, et la lame qui déchirait la chair, et le sang chaud sur ses mains… un accident ? Oui. Non.

Depuis le début, elle était souillée.
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Re: Help me save myself from me

Jeu 12 Jan 2017 - 20:40

Stoïque, le visage de l'ambulancier resta de glace alors que visiblement son état venait de changer d'une démence passagère vers la lucidité. Évidemment que Flann n'était pas là, elle était morte, mais elle n'avait pas fixé le vide pour rien non ? Il semblait presque elle avait souri à quelqu'un alors qu'il n'y avait pourtant personne avant que l’aîné s'installe à ses côtés. D'une boule d'émotion prête à exploser, Selene sembla devenir soudainement le visage de la raison personnifié. Il n'était pas vraiment surpris par ce changement de personnalité de la jeune femme, bien que cela aurait été suffisant pour déstabiliser n'importe qui n'étant pas habitué à ce type de comportement.

Est-ce qu'il avait fait des mauvais rêves ? Est-ce que son cerveau avait voulu, cessé de fonctionner ? Bien sûr que oui. Probablement comme tout le monde vivant de ce monde de fou. Alors que la moitié de la population était au bord de la dépression ou du Burn-out avant le jour J, il était assez normal que le niveau de stress avait monté d'un cran avec la menace rôdeur toujours à la porte. Est-ce que le stress ou la perte d'être cher était suffisant pour causer absence et hallucination ? Probablement. Le cerveau était un muscle doté de pouvoir de défense si fascinant après tout, autant fallait-il trouver comment passer au travers de ses épisodes psychotiques justement.

Elle ne lui laissa pas réellement le temps de répondre, elle se redressait déjà pour reprendre sa place et tracé une frontière invisible entre eux. William put le ressentir et n'en tint pas rigueur, au contraire. La musicienne pouvait prendre les aises qu'elle voulait, et comme elle le voulait. Si elle voulait pleurer dans ses bras, il la consolerait, mais si elle voulait discuter recouverte d'une carapace, elle pourrait le faire aussi. Il se redressa aussi, et tourna légèrement son corps afin de lui faire face autant que possible. Sa position sur le lit faisait qu'ils étaient maintenant assis côte à côte, mais il cherchait à garder un contact visuel plus qu'un contact physique.

- Bien sûr que je fais des cauchemars... Et il n'y a pas une journée où je ne me sens pas... épuisé... surmené...

Il marquait une pause entre chaque mot et il parlait au présent afin de bien faire remarquer à la brunette qu'elle n'était pas la seule dans sa situation. Tout le monde vivait des moments horribles, certains plus que d'autres, mais ils vivaient tous des choses suffisantes pour que le cerveau n'ait qu'une seule envie, de s'éteindre. L'ambulancier avait un outil supplémentaire que certains membres de son groupe n'avaient pas, bien que certaines personnes, sous le coup de l'adrénaline ou naturellement. En effet, ses études et son rythme de travail lui avaient permis de côtoyer la mort au quotidien, à voir des horreurs que personnes ne devraient voir, à pousser son cerveau jusqu'à la limite du macabre. Il n'était tout de même pas préparé à voir sa belle-famille être dévoré et tué par balle, mais il était certainement mieux préparé que d'autres.

- Peut-être que c'est juste ça. Peut-être que tu es au bord de la dépression. C'est certainement suffisant pour avoir des moments d'absences ou même des hallucinations... Mais c'est justement pour ça que je suis là, pour t'aider à passer à travers ça.

Ça. Il avait utilisé ce mot tout simple afin d'éviter d'émettre un diagnostique simple sur quelque chose de plus que complexe. Il espérait que sa patiente continue à parler, de ses problèmes, de son passé, de ses cauchemars, de tout ce qui pouvait amener sa condition actuelle. Il espérait parce qu'il ne l'avait pas demandé de façon explicite. L'idée devait venir d'elle. La guérison passe toujours par l'acceptation de la maladie, peu importe la maladie. La dépression n'était pas différente de la schizophrénie, bien entendu à un niveau bien différent. Mais si un malade refuse de voir qu'il est malade, il est tout simplement inutile d'essayer de le traiter.
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Re: Help me save myself from me

Jeu 12 Jan 2017 - 21:35

- Hallucinations…, répéta-t-elle lentement, hallucinations…

C’était donc ça ? Pendant ses absences, elle voyait des choses ? Elle se souvenait de voix. Ça datait d’il y a longtemps maintenant… depuis la mort de Flann ? Ou un peu avant ? Oui avant. La première fois qu’elle en avait parlé à haute voix, c’était avec Abigail, dans la voiture, après qu’elles aient fait un carnage au Costco de Sequim. Combien d’hommes avaient-elles tués ce jour là ? Trois ? Quatre ? Difficile de se remémorer. Mais ce dont Selene se remettait clairement, c’était de l’intense connexion avec sa meilleure amie, presque mystique. Elles étaient deux jeunes femmes émotives, théoriquement trop fragiles pour ce monde atroce, et pourtant… elles s’étaient transformées. En autre chose, qui n’avait plus d’humain que l’apparence. La musicienne ne s’était pas sentie plus comprise que ce jour là, personne ne pouvait mieux la comprendre que l’irlandaise, alors qu’elle lui avait avoué : qu’il lui arrivait « d’entendre des voix ». Elle lui avait même dit « j’ai conscience de devenir folle. Enfin… plutôt, j’ai conscience que parfois, je n’en ai pas conscience ». C’étaient ses propres mots, mais il avait fallu des mois pour qu’elle soit capable d’en saisir la portée.

- Tu crois que je suis folle alors ?

Assez de langue de bois, elle voulait qu’il réponde. Pour le confronter ou pour l’entendre dire ce qu’elle n’osait accepter ? Après tout, la démence était souvent marginalisée. On ne parlait pas des cas graves et on minimisait ceux qui pouvaient l’être. On avait tendance à oublier que la folie caractérisait une maladie, au sens large, et que comme toutes les maladies, on pouvait en être atteint. Mais elle ? Une étudiante en musicologie, plutôt cultivée, habile au piano ? Des images lui revenaient, stroboscopiques. Des choses qu’elle avait faites, dites, entendues, depuis le début de leur apocalypse. C’était confus, c’était indicible.

- Abigail dit que non, se répondit-elle comme si c’était une preuve d’une erreur de diagnostique, elle a juste dit qu’aujourd’hui, plus personne ne pouvait être « mentalement stable ».

C’était les mots de la blonde, à quelques variantes près. Etait-ce son cas ? Pourquoi les autres la suivaient-ils alors ? Pourquoi quelqu’un d’aussi lucide que Breann la suivait toujours ? Il y avait tellement de questions. Sa tête bourdonnait de toutes ces interrogations sans sens, sans raison, sans finalité. Ça lui donnait la migraine, et l’envie de presser ses mains de chaque côté de son crâne. Ses paupières n’étaient même plus un refuge, parce que sur le tableau noir qu’elle dressait, il y avait des photographies d’horreur, comme épinglées dans une chambre rouge. Cette adolescente mutilée pour rien, la fanatique qu’elle avait massacré à coups de crosse dans le visage, le trappeur poignardé jusqu’à ce que Bobby l’arrache à sa boucherie…

Selene ne s’en était pas rendu compte, mais elle s’était momentanément murée dans ces souvenirs. La douleur parut se lire sur ses traits fins, tandis qu’elle se balançait légèrement d’avant en arrière. Pas de larmes, pas de visions, pas de voix, juste ces réminiscence glauque d’un passé traumatisant.

- J’ai tué tellement de gens, William…, murmura-t-elle sans avant-garde, mais je n’arrive pas…

A les oublier ? A passer outre ? A se pardonner ? Elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas en parler non plus. Parce que comme tous les autres, comme Hernando, Duncan, Breann, ou même Gabriel, l’ambulancier risquait de lui trouver des circonstances atténuantes. Mais ils ne connaissaient pas tous les cadavres semés dans son sillage. Ceux qu’elle aurait pu épargner. Personne ne pourrait jamais la voir telle qu’elle était, une meurtrière. Qui voudrait ? Ils la mettraient dehors, sitôt qu’ils sauraient.
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Re: Help me save myself from me

Mar 17 Jan 2017 - 21:00

Le mot « absence » ne sembla pas la faire réagir, elle focalisa plutôt sur « hallucinations ». Bien que l'idée fût bien de l'amener à saisir et accepter sa condition, il était surpris de voir à quel point ses mots semblait l'avoir secoué. L'ambulancier n'était pas thérapeute, et ses expériences avaient souvent servi à calmer la personne en détresse afin de l'amener voir un spécialiste. Là, maintenant, s'était lui le spécialiste et personne d'autre. Breann, peut-être, pourrait l'aider dans sa démarche, mais il ne pensa à personne d'autre à l'intérieur des murs de la prison. Il appréciait la présence de ses compagnons, mais personne n'avait la délicatesse et le tact de la journaliste et lui, même l'amoureux de la musicienne semblait caché des épisodes plutôt sombres. De toute façon, même s'il lui en parlait, celui-ci serait beaucoup trop impliqué émotionnellement pour pouvoir l'aider.

William était donc seul dans cette situation, et il devait trouver un moyen d'aider la jeune femme qu'il considérait maintenant comme une amie. Elle semblait prendre conscience de quelque chose, alors qu'elle lui demanda s'il pensait qu'elle était folle, ce à quoi son aîné répondit par un signe de tête négatif. Sans parler, il la laissait enchaîner dans sa réflexion solitaire. L'opinion d'Abigail pouvait être intéressante pour la guérison de la brunette, mais malheureusement, suite à toutes ses discussions avec la blonde, il s'avérait qu'elle était, elle aussi, hanté par des fantômes qui la rendaient violente et sanguinaire. Est-ce que cela faisait d'elles des femmes « folles », le trentenaire pensait que non, et que l'Irlandaise avait raison lorsqu'elle prétendait que plus personne ne pouvait être « mentalement stable ». Si la situation avait été plus légère, il aurait peut-être même été amusé par cette idée et aurait sourit, mais dans le cas présent, il ne souhaitait pas laisser planer l'idée qu'il puisse être amusé par le sort de Selene, puisque ce n'était pas le cas. Il se contenta donc d’acquiescer, la laissant poursuivre sur sa réflexion.

Son sourcil se haussera alors que la jeune musicienne troublée prononça ses dernières paroles. Elle était troublée par les meurtres qu'elle avait commis, et pouvait-on lui en vouloir pour ça ? Seuls les psychopathes et les sociopathes pouvaient passé à travers le meurtre sans conscience. Elle avait ça pour elle, elle n'était ni un ni l'autre, elle avait encore conscience du mal que ses actes pouvaient faire, et malgré qu'elle les commettait, il était persuadé que c'était toujours pour une bonne raison. Toutefois, le but de cette discussion ne servait pas à justifier ses actes, mais à les accepter, une nuance que peu de gens comprennent.

- Tu n'es pas folle... La vie que l'on vit est rude... Pour tout le monde. Certains plus que d'autres. Si tes actions t'affectent, c'est justement la preuve que tu n'es pas folle. Il faut juste trouver comment je peux t'aider.

L'ambulancier cherchait les mots simples pour expliquer sa condition. Elle était malade, c'était évident comme un éléphant au beau milieu d'une pièce, mais le problème était-il de surface ou quelque chose était plus profond. Le problème était-il seulement psychologique ou des éléments physiques et hormonaux étaient aussi présent dans l'équation ? Pour l'instant, il n'en savait rien, et il devrait poursuivre son analyse pour le savoir. Il y a un peu plus d'un an, Selene serait entrée dans un bureau de médecin, on lui aurait prescrit un antidépresseur et elle aurait visité un thérapeute une fois par mois, mais la situation était tout autre.

- Le cerveau est un muscle vraiment remarquable, tu sais. Il développe des mécanismes de protection par lui-même. Ce que tu ressens, ce que tu penses être de la folie, ton cerveau les a surement créer pour t'aider à passer à travers de moments horribles que tu as pu vivre.

L'étudiante n'était pas une enfant, et il lui semblait important qu'elle comprenne pourquoi elle vivait cela afin qu'elle puisse l'accepter. Si elle continuait de croire que ses agissements étaient « normaux », alors elle ne pourrait entamer aucun processus de guérison, peut-être même finirait-elle par n'avoir aucun contrôle sur ses actions, si ce n'était pas déjà le cas avec ses absences.

- Parle moi de ses gens que tu as tué... Est ce que tu sais pourquoi tu l'as fait?

L'aîné n'avait aucune intention de lui offrir des circonstances atténuantes, il avait plutôt l'intention de l'écouter sans jugement. Seulement, elle pourrait fournir des excuses à ses actions, si excuse, il y avait. Pour sa part, il espérait que la brunette réalise une introspection sur ses actions et qu'elle lui parle de ses sentiments vis-à-vis de ses meurtres. Avait-elle tué de sang-froid ? Avait-elle abandonné un compagnon à son sort pour sa propre survie ? Avait-elle tué un pillard ou une personne qui la suppliait de l'épargner ? Peu importe ce qui pouvait avoir motivé ses mains à enlever la vie d'une autre personne, il fallait qu'elle accepte que s'était fait et qu'elle devrait, non pas oublier, mais se pardonner.
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Re: Help me save myself from me

Mer 18 Jan 2017 - 1:02

Elle hocha doucement la tête, quand il affirma qu’elle n’était pas folle. C’était bizarre parce que, plus il tentait de lui expliquer ce qu’elle traversait, plus la jeune femme avait l’impression de toucher du doigt une vérité. C’était étonnant comme sentiment. A la fois de tout éclairer, mais aussi de tout révéler. Quand William parlait de l’aider, de son cerveau qui développait des réflexes d’auto-défense, elle ne pouvait s’empêcher de s’imaginer nue. Virtuellement nue. Sans l’armure forgée par ses secrets, sans l’écran de brouillard qui protégeait ses émotions à fleur de peau. La question qu’elle redoutait, qui découlait de ce ressenti, ne tarda pas.

Pourquoi avait-elle tué tous ces gens ? Oh, c’était simple. Ou non, pas vraiment. C’était compliqué. Le vrai problème, le dilemme qui se posait à chaque fois, était : était-ce nécessaire ? C’était sans doute là que se faisait la fracture ; là qu’un monde infini d’interprétation s’ouvrait comme un gouffre sans fond. Le pire n’était pas de savoir « pourquoi » elle avait commis ces meurtres, mais « pourquoi » n’avait-elle pas envisagé une autre solution ? Sa bouche s’ouvrit lentement. Sans son d’abord, puisqu’elle ne savait pas vraiment ce qu’elle comptait dire.

- Ils ont essayé de me tuer, affirma-t-elle dans un souffle, ils ont essayé de me tuer…, répéta-t-elle, ils ont essayé de me tuer…

Selene le réitérait, parce qu’elle essayait de se convaincre. Ce n’était pas tout le temps vrai. Ce flic au début de l’épidémie, celui qui s’était fait mordre à la gorge, il ne lui avait rien fait. Elle avait juste eu cette pulsion inexplicable qui l'avait poussée à abréger son agonie. L’adolescente tuée par erreur ne lui avait rien fait, pas plus que la femme des fanatiques de Brinnon mutilée à coup de crosse. Et ces types aux Costco… ils avaient effectivement essayé de les livrer, avec Abigail, aux rôdeurs, mais n’avaient-ils pas des circonstances atténuantes ? La pianiste avait tué leur amie, ils voulaient se venger. Comme elle s’était sauvagement vengée après la mort de Flann. Il y avait de ça aussi. Elle n’avait pas fait qu’assassiner, elle avait massacré.

- Je… je… je vais y aller. C’est mon tour de garde pour la clôture.

Elle n’en avait aucune idée, mais ce bâtiment lui paraissait soudainement étouffant. Il fallait qu’elle prenne l’air, même s’il était glacé. Tout serait mieux que cette conversation qui la mettait face à des images qu’elle voulait oublier. Sans laisser l’occasion à l’ambulancier de la retenir, la musicienne était partie, non sans qu’une larme coule le long de sa joue ivoirine.

***

18 décembre 2016

Il avait fallu plus de dix jours pour que les nœuds se démêlent. Selene n’en avait parlé à personne, mais il se passait très peu d’instant où elle ne cogitait pas sur les paroles bienveillantes de son aîné. Elle savait – elle sentait – qu’il ne voulait que son bien, mais c’était dur de réussir à passer le cap. Parler de ce qu’elle gardait enfermé. Ni Gabriel, ni Abigail ne savaient tout, et il y avait une raison. C’était son truc les secrets, parce qu’elle n’était pas du genre à parler pour ne rien dire, ou à se confier. Ses maux, elle les gardait enfouis, même si elle était aussi fragile que le nerf à vif d’une dent cassée, c’était mieux que de les dévoiler. Voilà que William voulait tout chambouler, et le pire, c’était qu’il y parvenait presque.

« Je ne suis pas folle »
: elle se répétait ça un nombre incalculable de fois depuis. Pour se rappeler du diagnostique, se redonner confiance en elle. Certes, l’ambulancier avait aussi parlé de dépression, d’absence et d’hallucination ; mais l’essentiel était qu’elle n’était pas folle. La jeune femme aurait pu s’arrêter là, mais les explications, et les questions, de son ami avait comme ouvert un coffre qu’elle ne pouvait plus refermer. Les souvenirs étaient là, ils la hantaient, ils lui donnaient des cauchemars. Comme d’habitude, elle essaya d’abord de les enterrer, plus profond, pour qu’ils ne resurgissent plus, mais ça ne suffisait pas. Chaque fois qu’elle voyait William, elle y repensait. « Je ne suis pas folle ».

C’était pour ça qu’une fois, profitant d’une absence de Gabriel et Abigail qui étaient partis en ravitaillement avec Hernando et Mike, Selene demanda à son aîné si elle pouvait lui parler. Ce n’était pas vraiment fait exprès qu’elle les guide jusqu’au même box que la fois passée. Elle avait d’abord fixé l’ambulancier de toute l’intensité de ses yeux bleus, puis s’était assise. Les mots ne venaient pas. Ils étaient là, ils voulaient sortir, puis ne voulaient plus, puis voulaient, puis…

- Rien, laisse.

Et elle était partie.

***

21 décembre 2016

- J’ai tué une adolescente qui ne m’avait rien fait.

C’était venu comme ça. Ils étaient les seuls dans la pièce commune de leur maison principale, ce qui n’était en rien un lieu adapté aux confidences, mais la pianiste avait senti en voyant William que quelque chose voulait sortir. Des aveux brefs, instinctifs, mais c’était un début. Cette fille, c’était la première fois qu’elle en parlait ; c’était il y a huit mois.
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Re: Help me save myself from me

Mer 18 Jan 2017 - 21:19

Le coup avait atteint le bon endroit. Les bons mots l'avaient affecté juste suffisamment pour l'obliger à réfléchir, à faire une introspection sur ses événements. L'étudiante avait tuée par le passé, et elle allait surement recommencer dans le futur. Tuer faisait partie du quotidien d'une vie de la deuxième décennie du deuxième millénaire, et il faudrait qu'elle accepte non seulement ses décisions, mais aussi les conséquences de ses actions afin qu'elle puisse vivre en harmonie avec elle-même. L'ambulancier aussi avait des regrets, il repensait sans cesse à sa belle-famille, à Charlie qu'il pensait presque avoir abandonné, à ses rôdeurs qui étaient autrefois des êtres humains, à Aori qui n'avait rien demandé d'autre que de l'aider. Malgré tout ses regrets, il vivait en paix avec lui-même, il avait accepté son impuissance face à la situation.

Dans ses paroles et son ton de voix, la musicienne n'était pas très convaincante, mais William n'en fit pas de cas. Alors qu'elle répétait « Qu'ils ont essayé de la tuer », il pouvait saisir qu'une nouvelle graine germait dans son esprit. Quelque chose d'autre s'était peut-être passé, quelque chose qu'elle avait enfermé si profondément en elle, qu'elle avait oubliée. Son passé était devenu comme un fantôme qui la hantait sans cesse.

Le trentenaire savait très bien que sa cadette sortit la première des excuses qui lui passait par la tête pour se faufiler. En tout honnêteté, bien qu'il ait souhaité que cette conversation puisse se rendre jusqu'au bout, il était heureusement surpris qu'elle ait duré aussi longtemps. Il n'eut pas le temps de répondre à la brunette qui se levait déjà pour quitter la pièce, camouflant quelques larmes qui devaient couler le long de sa joue. Le psychologue resta assis quelques instants sur le lit alors qu'un long soupire s'échappait de ses lèvres. Il ressentait une sorte de pincement au cœur empathique. Bien sûr, il aurait souhaité que cette « confrontation » n'amène pas la musicienne au bord des larmes, mais parfois, il faut tout casser pour reconstruire.

21 décembre 2016

Voilà près de deux semaines depuis leur première conversation à propos de la santé mentale de la chef et depuis, l'ambulancier avait subit pratiquement un silence mortel. Il y avait bien eut ce moment trois jours plus tôt où elle avait voulu se confier, mais le tout avait avorter très rapidement. Will s'attendait à ce genre de réaction de la part de la jeune femme. Elle avait besoin de passer un certain temps avec elle-même afin de replacer chaque élément dans sa perspective. La spontanéité avec laquelle elle vint se confier le surprit toutefois suffisamment pour lui offrir un moment d'hésitation alors qu'elle venu à lui dans un moment très peu opportun. En effet, il s'attendait à ce que, une nouvelle fois, elle l'amène dans un endroit où ils pourraient parler tranquillement. Au lieu de ça, elle s'exprima au beau milieu de la pièce commune.

Il prit un instant pour analyser la situation autour d'eux, s'assurant que personne d'autre du groupe n'était présent. La dernière chose qu'il souhait, était de mettre Selene dans une situation où elle aurait à se justifier auprès de tout le monde. Il ne savait pas exactement ce que les autres membres du groupe tel que Gabriel et Abigail connaissaient, mais s'il s’avérait que William en savait plus qu'eux, cela pourrait possiblement provoquer leur jalousie.

- Est ce que tu te sens prête à en parler? On peut aller ailleurs si tu le souhaites.

Par « ailleurs », l'ambulancier pensait au box dans lequel ils y avaient discuté auparavant et où elle l'avait amené trois jours plus tôt. Toutefois, l'étudiante avait le choix de l'endroit et pouvait même éviter de poursuivre sur le sujet. C'est d'ailleurs ce qu'il s'empressa de faire afin de lui retirer la pression.

- Ça peut être à un autre moment aussi, si tu préfères, mais j'aimerais que tu m'en parles plus. Si tu le veux bien.
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