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Re: Help me save myself from me
Ven 24 Mar 2017 - 22:21
Elle s’était attendu à tout sauf à ce qu’il l’étreigne de la sorte. L’ambulancier était crispé contre son corps fragile, si fort qu’elle pourrait sentir ses sanglots réprimés vibrer sur sa peau. Selene fut tentée de résister mais la rage qu’elle s’efforçait d’entretenir fut submergée par la détresse et l’empathie. Elle passa ses bras autour du cou de William et enfouit sa tête dans son col. Les larmes ne venaient pas et pourtant, ses yeux la brûlaient. Le reste la surprit encore plus : le fait que son ami ne l’empêche pas de partir, qu’il ne lui demandait que d’être prudente. Ça n’avait plus de sens.
Ce fut à contrecœur que la pianiste s’écarta mais elle put alors lire toute la douleur dans les prunelles de son aînée. Pourquoi ? Certes, ils avaient tous perdu quelqu’un, même Gabriel était affecté par le décès de l’irlandaise ; mais pourquoi l’ambulancier semblait si bouleversé ? La jeune femme était tellement surprise par la tournure des événements qu’elle ne savait pas quoi dire. La lèvre inférieure tremblante, elle déglutissait difficilement, sa gorge trop serrée. Jusqu’au dernier moment, la musicienne laissa ses mains en contacts avec son médecin – son ami – parce qu’elle avait plus que jamais l’impression qu’ils étaient liés. C’était quelque chose de subtil, d’indicible, d’indescriptible.
Selene le regarda partir, incapable de savoir quoi dire pour qu’il reste, puis… il s’arrêta. Il fallut un certain temps pour qu’elle comprenne ses mots et surtout, qu’elle analyse ce qu’ils signifiaient. Lui ? Elle ? Non, c’était impossible. Abigail lui aurait si elle avait une liaison avec quelqu’un, non ? Pourquoi l’avoir caché sinon ? L’étudiante enfouit son visage dans ses mains. Ses émotions tempêtaient, mêlant frustration, colère, incompréhension, tristesse.
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Elle eut envie de hurler ; de lui demander comment il avait pu oser se taper sa meilleure amie sans lui en parler. Sa bouche s’était même ouverte, une flopée de mots qu’elle ne pensait pas étaient perchés sur le bout de sa langue. Puis… l’empathie et l’affection la rattrapèrent. Ne lui avait-elle pas déjà dit que sa fiancée avait de la chance ? William était génial. Si Selene avait un jour voulu penser à un parti idéal pour l’irlandaise, ça aurait été lui. Quand à elle… ce n’était pas étonnant qu’elle n’ait rien dit. Elle avait tellement peur de l’attachement, de voir son cœur arraché par une nouvelle perte, qu’elle préférait se croire détachée. Garder le secret devait être sa manière de garder le contrôle. Sur ses sentiments et sur la bête qui dormait sous ses traits.
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Une survivante endurcie, ayant connu des situations extrêmes, des pertes déchirantes, mais toujours capable de se battre. Abigail était sa jumelle en plus violente, plus extrême, plus entière. L’ombre dont ils avaient tous besoin, celle qui cachait un cœur énorme derrière ses airs de sauvageonne. La brunette se sentirait à jamais incomplète sans elle, une véritable partie de son être était décédé avec la blonde.
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Elle n’avait pas encore décidée si elle partirait seule ou accompagnée, ce n’était qu’un détail. Une chose était certaine : elle ferait payer à ces HUNTERS, même si elle devait les traquer jusqu’à la fin des temps. Ils avaient déclenché une guerre. Et avec Abigail, elles n’étaient pas seulement des amazones : elles étaient des Valkyries. Prêtes à distribuer la mort sur le champ de bataille, à la différence qu’il n’y aurait ni héros, ni Valhalla. Seulement des ruines et des cendres.
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Re: Help me save myself from me
Mar 28 Mar 2017 - 20:43
Le psychiatre amateur se contenta de hocher la tête simplement aux paroles de la jeune femme. Elle avait dit ce qu'il avait besoin d'entendre, qu'elle reviendrait. Bon, elle n'avait pas dit qu'elle ferait attention, qu'elle amènerait quelqu'un, mais il supposa que c'était implicite, qu'elle prendrait toutes les précautions requises pour revenir en un seul morceau, mais surtout sans aucune morsure. Il imaginait déjà bien le Viking ou peut-être l'actrice l'accompagner dans sa vendetta, à la limite l'hispanique serait un bon atout. Si elle leur demandait, ils la suivraient probablement jusque dans la mort, mais l'ambulancier souhaitait seulement qu'elle revienne. Il n'avait pas la force de la contre-dire, Abigaïl avait ses forces, mais aussi ses faiblesses. Étrangement, plus il apprenait à connaître la brunette plus il réalisait qu'elle avait gardé son humanité plus qu'elle le croyait, plus que la blonde. Pour elle, c'était une faiblesse, un signe qu'elle était trop fragile pour défendre les gens autour d'elle, mais William y voyait plutôt une force. La force d'être encore un humain malgré tout, de ne pas être devenu un animal sanguinaire, agissant uniquement par instinct.
Au fond de lui, il savait qu'il ne faisait pas la bonne chose, qu'il devrait l'enfermer dans une chambre, avertir Gabriel du goût de sang de femme, qu'il devrait lui faire comprendre que la vengeance n'apporterait rien à son âme. Cette vengeance ne ferait que la briser encore plus. Il ne doutait même pas qu'elle massacrerait ses gens jusqu'au dernier, et l'image de ce massacre la hanterait pour l'éternité. Le trentenaire avait du mal à ce faire à cette idée, qu'il était devenu la conscience de la musicienne, et qu'aujourd'hui, elle avait plus ou moins eu son approbation pour les atrocités qu'elle allait commettre. Peut-être qu'au fond, elle avait raison. Peut-être qu'il était trop faible pour prendre sa vengeance, que la « folle schizophrène » le ferait pour lui... Il chassa cette idée de sa tête avant de prendre la porte et de quitter l'endroit, il avait encore besoin de temps, pour faire son deuil.
Les dernières semaines avaient été mouvementées. La mort de l'Irlandaise, la vengeance de la musicienne, la disparition de son époux, sa sortie dans la nature et le retour avec la nouvelle afro-américaine. Il semblait que la vie s’abattait sur les Messiah, mais surtout sur Selene. Elle avait toutes les raisons du monde de vivre une sorte de dépression et à travers sa maladie, que l'ambulancier avait identifiée comme étant de la schizophrénie, ça ne faisait qu'empirer les choses. Il était au fait qu'elle avait bu beaucoup et souvent dans les derniers jours et en faisant l'inventaire de son stock de comprimés, il s'était aperçu qu'une quantité plutôt impressionnante de calmant avait disparu. Que la jeune femme soit un peu refermée sur elle-même, il avait compris. Qu'elle boive, il acceptait. Mais qu'elle se drogue à même son inventaire de médicaments, ça, il ne l'accepterait pas.
Alors que la brunette était enfermée dans sa chambre, l'ambulancier s'approcha de ce lieu qui était une frontière. Ça n'était pas leur sanctuaire de confidence actuel, mais l'heure n'était pas à la thérapie. William frappa quelques coups sur sa porte, et alors qu'il attendit poliment une réponse, ou un « Je veux voir personne », rien ne vint, elle sembla l'ignorer simplement. Sans attendre plus longtemps, il tourna la poignée et poussa brusquement la porte, refermant rapidement derrière lui. Il regarda la jeune femme qui était presque démolie dans son coin, elle n'était plus qu'une larve. Moins vivante qu'un rôdeur, elle était pratiquement morte à l'intérieur. Il avait envie de la gronder, de hurler sur elle qu'elle allait se tuer avec ce qu'elle lui avait volé, mais alors qu'il la regardait, la compassion et l'empathie pour elle l'envahirent.
Il se calma, soupirant doucement en la regardant, il tendit simplement la main vers elle avant de commencer à s'exprimer en douceur. Alors qu'il allait hurler, il parla avec la voix la plus calme du monde, comme si son humeur avait fait la montagne russe en quelques instants.
- Rends-les-moi... Tu vas détruire ta santé avec ça... Ça ne t'aidera pas à passer aux travers de ta douleur.
Il resta debout comme ça, devant elle, la main ouverte comme s'il espérait qu'elle se lèverait simplement pour poser le pot de comprimés dans sa main. Une fois la chose faite, ils parleraient, du moins c'était l'idée que le thérapeute avait en tête. Il devait d'abord retirer de son environnement cette drogue nuisible qui ne faisait qu'embrouiller son esprit, atténuer une douleur qui ne la quitterait que si elle faisait le nécessaire pour l'évacuer.
Au fond de lui, il savait qu'il ne faisait pas la bonne chose, qu'il devrait l'enfermer dans une chambre, avertir Gabriel du goût de sang de femme, qu'il devrait lui faire comprendre que la vengeance n'apporterait rien à son âme. Cette vengeance ne ferait que la briser encore plus. Il ne doutait même pas qu'elle massacrerait ses gens jusqu'au dernier, et l'image de ce massacre la hanterait pour l'éternité. Le trentenaire avait du mal à ce faire à cette idée, qu'il était devenu la conscience de la musicienne, et qu'aujourd'hui, elle avait plus ou moins eu son approbation pour les atrocités qu'elle allait commettre. Peut-être qu'au fond, elle avait raison. Peut-être qu'il était trop faible pour prendre sa vengeance, que la « folle schizophrène » le ferait pour lui... Il chassa cette idée de sa tête avant de prendre la porte et de quitter l'endroit, il avait encore besoin de temps, pour faire son deuil.
***
20 mars 2017
Les dernières semaines avaient été mouvementées. La mort de l'Irlandaise, la vengeance de la musicienne, la disparition de son époux, sa sortie dans la nature et le retour avec la nouvelle afro-américaine. Il semblait que la vie s’abattait sur les Messiah, mais surtout sur Selene. Elle avait toutes les raisons du monde de vivre une sorte de dépression et à travers sa maladie, que l'ambulancier avait identifiée comme étant de la schizophrénie, ça ne faisait qu'empirer les choses. Il était au fait qu'elle avait bu beaucoup et souvent dans les derniers jours et en faisant l'inventaire de son stock de comprimés, il s'était aperçu qu'une quantité plutôt impressionnante de calmant avait disparu. Que la jeune femme soit un peu refermée sur elle-même, il avait compris. Qu'elle boive, il acceptait. Mais qu'elle se drogue à même son inventaire de médicaments, ça, il ne l'accepterait pas.
Alors que la brunette était enfermée dans sa chambre, l'ambulancier s'approcha de ce lieu qui était une frontière. Ça n'était pas leur sanctuaire de confidence actuel, mais l'heure n'était pas à la thérapie. William frappa quelques coups sur sa porte, et alors qu'il attendit poliment une réponse, ou un « Je veux voir personne », rien ne vint, elle sembla l'ignorer simplement. Sans attendre plus longtemps, il tourna la poignée et poussa brusquement la porte, refermant rapidement derrière lui. Il regarda la jeune femme qui était presque démolie dans son coin, elle n'était plus qu'une larve. Moins vivante qu'un rôdeur, elle était pratiquement morte à l'intérieur. Il avait envie de la gronder, de hurler sur elle qu'elle allait se tuer avec ce qu'elle lui avait volé, mais alors qu'il la regardait, la compassion et l'empathie pour elle l'envahirent.
Il se calma, soupirant doucement en la regardant, il tendit simplement la main vers elle avant de commencer à s'exprimer en douceur. Alors qu'il allait hurler, il parla avec la voix la plus calme du monde, comme si son humeur avait fait la montagne russe en quelques instants.
- Rends-les-moi... Tu vas détruire ta santé avec ça... Ça ne t'aidera pas à passer aux travers de ta douleur.
Il resta debout comme ça, devant elle, la main ouverte comme s'il espérait qu'elle se lèverait simplement pour poser le pot de comprimés dans sa main. Une fois la chose faite, ils parleraient, du moins c'était l'idée que le thérapeute avait en tête. Il devait d'abord retirer de son environnement cette drogue nuisible qui ne faisait qu'embrouiller son esprit, atténuer une douleur qui ne la quitterait que si elle faisait le nécessaire pour l'évacuer.
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Re: Help me save myself from me
Mer 29 Mar 2017 - 9:33
20 mars 2017
La musique lui manquait. Soudainement. Allongée sur son lit, au milieu du chaos désorganisé de sa chambre, les doigts de Selene pianotaient dans le vide au-dessus de sa tête. Embrumés par les calmants qu’elle avait avalés, ses gestes étaient lents, hésitants. Dans sa tête, la mélodie changeait sans arrêt, mais elle était triste, sans aucun doute. Elle imaginait les grincements des violons, la lourdeur des cors, l’étranglement des bassons ; un de ces concertos sombres de fin d'époque romantique, avec des accents wagnériens. Dans l’enceinte étroite de son crâne, le son était assourdissant, alors elle n’entendit pas William frapper. En fait, elle ne se rendit compte de sa présence que lorsque sa voix vint perturber la fin de son mouvement.
Ses yeux vitreux se posèrent sur lui, puis sur la main tendue. Il y eut un silence : le temps qu’elle comprenne ce qu’on lui demandait en réalité. La jeune femme fit l’effort de se redresser pour s’adosser au mur, sa tête incapable de tenir seule, ses bras blêmes retombant mollement le long de son corps. Elle n’avait nullement l’intention d’obtempérer. Ses lèvres sèches finirent par s’ouvrir pour laisser sortir dans un filet de voix :
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Machinalement, les doigts de Selene s’allongèrent pour attraper les comprimés négligemment posés sur son lit : s’il les voulait, il n’avait qu’à venir les chercher. Comme une enfant, elle coinça les médicaments contre son ventre et tira ses genoux contre elle. Une fois ses bras enroulés autour de ses jambes, elle disposait d’une barrière parfaite. L’ambulancier n’aurait d’autre choix que d’utiliser la force s’il comptait récupérer les calmants qu’elle s’enfilait sans aucune précaution.
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Les mots lui échappaient bien plus vite qu’elle n’était en mesure de penser. Sans Abigail ni Gabriel, William était la personne à laquelle elle s’était le plus attachée sur le camp. La part d’elle encore suffisamment lucide pour apercevoir la réalité était blessée de lui parler comme ça, mais elle n’était pas assez forte pour prendre le dessus. Et puis, ça n’avait aucune importance : ses jours étaient comptés. Dans la logique des choses, son heure arrivait.
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Ses yeux rougis s’étaient embuées de larmes bien malgré elle, ses lèvres tremblaient, mais elle tenait sa position. Il n’y avait plus rien de solide en elle, plus rien de la guerrière qui les guidait tous auparavant. Il ne restait plus de la pianiste que la jeune femme malade ; dépressive, schizophrène. Sans doute n’avait-elle-même plus le courage de s’exploser le crâne, ou bien estimait-elle mérité une mort lente et pathétique. Avec un sourire cruel qui donnait ses airs étranges à son visage blafard, elle ajouta dans un souffle :
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Re: Help me save myself from me
Ven 31 Mar 2017 - 18:04
La musicienne ne le remarquait surement pas. Trop embrumée par sa propre souffrance probablement, elle ne réalisait pas qu'elle venait de poignarder son ami à diverses reprises, les lames étaient affilées et dentelées, elle s'enfonçait dans son cœur et déchirait la plaie en se retirant. Pourtant, alors la douleur était présente et vive, alors qu'il semblait presque elle avait couvert de sel chacune de ses lacérations, William resta de glace et s'approchait vers elle. Une voix au fond de sa tête lui disait de lui hurler dessus, de l'injurier afin qu'elle comprenne que ça n'avait pas de sens de parler ainsi, mais est-ce que ça serait mature ? Elle souffrait bien suffisamment en ce moment.
- Tu n'es pas toi-même. Tu ne penses pas ce que tu dis. rétorqua-t-il simplement en guise de défense. Il se penchait sur elle, mais elle se resserrait sur elle-même, cachant les cachets sous ses bras. La force du thérapeute serait probablement suffisante pour qu'il lui arrache de force les médicaments, mais il avait nullement envie de se battre avec elle. Grommelant légèrement, le brun se redressa pour regarder sa patiente de haut, dans son lit. Son cœur était brisé de la voir ainsi. Cet état qui l'envahissait était pratiquement pire que les paroles précédentes qu'elle avait prononcées.
- Tu m'avais promis de revenir saine et sauf... Tu as promis à Abigail que tu existerais pour de vrai... Regarde-toi Selene... Tu crois que c'est ce qu'elle aurait voulu ? Tu crois que c'est ce que Gabriel voulait pour toi ? William était énervé, il voulait qu'elle se réveille avant qu'il soit trop tard, mais il ne savait plus quoi faire. Il ne suffisait plus de la prendre, de la faire s’asseoir et d'écrire ses peurs dans un carnet, il fallait la sortir de cet enfer avant qu'il soit trop tard, avant que la vie s'échappe réellement de ce petit corps frêle.
Ne trouvant pas les mots, il se retournait vers la porte, s'apprêtant à quitter la chambre. Elle aurait suffisamment à réfléchir sur ses dernières paroles de toute façon. Posant la main sur la poignée, il s'immobilisa, haussant la voix pour qu'elle puisse l'entendre.
- Je te laisserai pas mourir. J'ai perdu suffisamment de gens... J'ai tiens trop à toi maintenant pour te voir disparaître. Quand tu seras prête, tu sais où me rapporter les cachets. Je te fais confiance.
- Tu n'es pas toi-même. Tu ne penses pas ce que tu dis. rétorqua-t-il simplement en guise de défense. Il se penchait sur elle, mais elle se resserrait sur elle-même, cachant les cachets sous ses bras. La force du thérapeute serait probablement suffisante pour qu'il lui arrache de force les médicaments, mais il avait nullement envie de se battre avec elle. Grommelant légèrement, le brun se redressa pour regarder sa patiente de haut, dans son lit. Son cœur était brisé de la voir ainsi. Cet état qui l'envahissait était pratiquement pire que les paroles précédentes qu'elle avait prononcées.
- Tu m'avais promis de revenir saine et sauf... Tu as promis à Abigail que tu existerais pour de vrai... Regarde-toi Selene... Tu crois que c'est ce qu'elle aurait voulu ? Tu crois que c'est ce que Gabriel voulait pour toi ? William était énervé, il voulait qu'elle se réveille avant qu'il soit trop tard, mais il ne savait plus quoi faire. Il ne suffisait plus de la prendre, de la faire s’asseoir et d'écrire ses peurs dans un carnet, il fallait la sortir de cet enfer avant qu'il soit trop tard, avant que la vie s'échappe réellement de ce petit corps frêle.
Ne trouvant pas les mots, il se retournait vers la porte, s'apprêtant à quitter la chambre. Elle aurait suffisamment à réfléchir sur ses dernières paroles de toute façon. Posant la main sur la poignée, il s'immobilisa, haussant la voix pour qu'elle puisse l'entendre.
- Je te laisserai pas mourir. J'ai perdu suffisamment de gens... J'ai tiens trop à toi maintenant pour te voir disparaître. Quand tu seras prête, tu sais où me rapporter les cachets. Je te fais confiance.
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Re: Help me save myself from me
Ven 31 Mar 2017 - 19:43
Elle l’avait regardé la toiser de ses yeux dilatés par l’alcool et les médicaments. Hermétique à ses paroles, à son affection, à ses gestes. Oui, Abigail lui avait demandé « d’exister pour de vrai » mais est-ce que ça avait la moindre importance ?! L’irlandaise était morte maintenant. Elle n’avait plus à se soucier de la faim, du froid, de la peur, de la maladie, ni même de perdre de gens. Quand elle était partie, c’était bête, mais Selene pensait être encore capable de se battre, parce qu’elle avait Gabriel. Avec l’homme qui avait demandé sa main, tout était moins dur à encaisser ; même sa pathologie, même ses erreurs. Mais maintenant qu’il n’était plus là, que lui restait-elle ? S’ils l’avaient cru assez forte pour supporter les pires souffrances et retourner au combat, ils se trompaient. Tous. Elle n’avait été la meneuse qu’ils avaient connu que parce que l’instituteur et l’étudiante étaient à ses côtés. Désormais, tout ce qu’elle avait construit s’était effondré comme un château de sable. Les yeux brûlant de larmes, recroquevillée sur elle-même, la pianiste avait soufflé d’une voix désincarnée :
-Ce n’est pas à toi de décider si je dois vivre ou mourir.
Puis elle avait regardé son ami sortir avant d’enfouir sa tête dans ses genoux et de pleurer de plus belle. Son cœur lui faisait si mal qu’elle avait envie de l’arracher, mais c’était mieux ainsi. Qu’ils s’éloignent : tout ceux qui tenaient à elle. Comme ça, ils ne seront pas affectés quand elle partira. Un départ silencieux, lent, pour être certaine d’avoir enduré le supplice dans toute sa longueur. Là-bas, de l’autre côté du rideau, Abigail l’attendait ; peut-être même Gabriel. Tout serait mieux avec eux. Dans le silence. Dans le noir. Dans le néant.
Elle avait volontairement attendu le lendemain de ses bonnes résolutions pour sauter le pas. La veille, elle avait croisé William mais ne lui avait pas parlé. Les souvenirs de leur dernière discussion étaient encore trop vifs pour qu’elle puisse les affronter en face. Le renouveau provoqué notamment par les mots violents d’Andrea étaient encore trop fragile, alors Selene s’était accordée une nuit. Pour s’assurer que ce n’était pas temporaire, qu’elle avait retrouvé suffisamment de volonté pour renaître et se battre ; devenir la « femme qu’elle voulait être sans Gabriel ». Ce n’était pas facile. C’était comme vivre constamment avec cette sensation d’avoir oublié quelque chose chez soi, mais de ne pas trouver quoi.
Ce matin-là, elle avait enfilé un jean, un top ample et un gilet de demi-saison couleur orage. Dans une main, elle tenait son fameux carnet dans lequel elle était tenu de noter ce qu’elle voulait et dans l’autre, les médicaments qu’il lui restaient. Ceux qu’elle n’avait pas avalé par poignée. Le couloir n’était pas si long mais pourtant, le traverser pour rejoindre l’antre de William lui parut durer une éternité. Elle frappa, attendit qu’il lui dise d’entrer, et s’introduit timidement dans l’encablure de la porte.
-Bonjour…
C’était la première fois qu’ils se voyaient d’aussi près depuis ce fameux jour où il avait essayé de la raisonner. Généralement, elle évitait soigneusement de le voir, fuyait les repas et tous les autres regroupements. La musicienne était déjà moins pâle, moins cernée, moins maladive. Les longs cheveux lâchés sur ses épaules étaient coiffés, ses vêtements étaient propres et dans ses yeux, brillait une culpabilité sincère. Elle s’approcha, juste assez pour tendre le bras et lui rendre ce qu’il lui avait demandé cinq jours plus tôt. Selene fit un petit signe de tête qui se voulait être une excuse de l’avoir dérangé, fit un pas en arrière, et… franchit brusquement les quelques mètres qui la séparait de William pour se jeter dans ses bras. A l’instant même où il lui rendit son étreinte, elle poussa un profond soupir de soulagement, quelques larmes silencieuses roulant sur ses joues.
-Pardon… vraiment, pardon, je… je… moi aussi je… excuse-moi William…
Ses mots refusaient de s’agencer dans le bon ordre. Tant pis, elle avait un peu anticipé l’effet handicapant de son extra-sensibilité. Elle s’écarta doucement pour ouvrir son carnet à la dernière des pages noircies. Il y avait là le texte qu’elle avait écrit l’avant-veille, avant de mettre de l’ordre dans sa chambre. Après lui, elle avait ajouté un petit paragraphe, consacré à l’ambulancier :
-
Puis elle avait regardé son ami sortir avant d’enfouir sa tête dans ses genoux et de pleurer de plus belle. Son cœur lui faisait si mal qu’elle avait envie de l’arracher, mais c’était mieux ainsi. Qu’ils s’éloignent : tout ceux qui tenaient à elle. Comme ça, ils ne seront pas affectés quand elle partira. Un départ silencieux, lent, pour être certaine d’avoir enduré le supplice dans toute sa longueur. Là-bas, de l’autre côté du rideau, Abigail l’attendait ; peut-être même Gabriel. Tout serait mieux avec eux. Dans le silence. Dans le noir. Dans le néant.
***
25 mars 2017
25 mars 2017
Elle avait volontairement attendu le lendemain de ses bonnes résolutions pour sauter le pas. La veille, elle avait croisé William mais ne lui avait pas parlé. Les souvenirs de leur dernière discussion étaient encore trop vifs pour qu’elle puisse les affronter en face. Le renouveau provoqué notamment par les mots violents d’Andrea étaient encore trop fragile, alors Selene s’était accordée une nuit. Pour s’assurer que ce n’était pas temporaire, qu’elle avait retrouvé suffisamment de volonté pour renaître et se battre ; devenir la « femme qu’elle voulait être sans Gabriel ». Ce n’était pas facile. C’était comme vivre constamment avec cette sensation d’avoir oublié quelque chose chez soi, mais de ne pas trouver quoi.
Ce matin-là, elle avait enfilé un jean, un top ample et un gilet de demi-saison couleur orage. Dans une main, elle tenait son fameux carnet dans lequel elle était tenu de noter ce qu’elle voulait et dans l’autre, les médicaments qu’il lui restaient. Ceux qu’elle n’avait pas avalé par poignée. Le couloir n’était pas si long mais pourtant, le traverser pour rejoindre l’antre de William lui parut durer une éternité. Elle frappa, attendit qu’il lui dise d’entrer, et s’introduit timidement dans l’encablure de la porte.
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C’était la première fois qu’ils se voyaient d’aussi près depuis ce fameux jour où il avait essayé de la raisonner. Généralement, elle évitait soigneusement de le voir, fuyait les repas et tous les autres regroupements. La musicienne était déjà moins pâle, moins cernée, moins maladive. Les longs cheveux lâchés sur ses épaules étaient coiffés, ses vêtements étaient propres et dans ses yeux, brillait une culpabilité sincère. Elle s’approcha, juste assez pour tendre le bras et lui rendre ce qu’il lui avait demandé cinq jours plus tôt. Selene fit un petit signe de tête qui se voulait être une excuse de l’avoir dérangé, fit un pas en arrière, et… franchit brusquement les quelques mètres qui la séparait de William pour se jeter dans ses bras. A l’instant même où il lui rendit son étreinte, elle poussa un profond soupir de soulagement, quelques larmes silencieuses roulant sur ses joues.
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Ses mots refusaient de s’agencer dans le bon ordre. Tant pis, elle avait un peu anticipé l’effet handicapant de son extra-sensibilité. Elle s’écarta doucement pour ouvrir son carnet à la dernière des pages noircies. Il y avait là le texte qu’elle avait écrit l’avant-veille, avant de mettre de l’ordre dans sa chambre. Après lui, elle avait ajouté un petit paragraphe, consacré à l’ambulancier :
Je regrette de lui avoir dit tout ça. On vit les mêmes choses et s’il a aussi été proche d’Abigail, ça devrait nous rapprocher, pas nous éloigner. Il m’a dit tenir beaucoup à moi et… la vérité, c’est que je tiens beaucoup à lui moi aussi. Mais ça me fait peur, parce que je ne suis pas certaine de pouvoir perdre quelqu’un d’autre… et je ne veux infliger cette douleur à personne.
- Le fameux texte dans son carnet :
Il n’aurait pas voulu que j’abandonne. S’il me voyait faire, il se moquerait de moi et… sans doute qu’il me chatouillerait jusqu’à ce que j’éclate de rire. Il mettrait tous les médocs et toutes les bouteilles d’alcool à la poubelle, me mettrait dans la voiture et m’emmènerait loin d’ici pour prendre l’air. Il voudrait que je survive. Abigail aussi. J’ai toujours le sentiment d’avoir fait une autre erreur… de ne pas mériter d’être là. Mais Andrea a raison. Ils n’auraient pas accepté de me voir comme ça. Alors je veux bien essayer. Encore.
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