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Re: Help me save myself from me

Jeu 9 Mar 2017 - 15:57

Son index se glissait doucement sous sa lèvre alors que le reste de ses doigts venaient soutenir son menton, comme si le fait de réfléchir à cette situation nécessitait qu'il soutienne sa tête maintenant devenu trop lourde pour le « mystère ». Dans cette position, l'ambulancier avait la même gestuelle que les psychologues clichés vus trop de fois au grand écran. Il buvait les paroles de sa patiente, s’imprégnant de chaque mot, mais observant aussi chacun de ses traits faciaux et des signes distinctifs de sa gestuelle. Il était vrai que les choses seraient plus simples si l'inconnue était morte. Avec cette réflexion, ce serait plus simple si tout le monde était mort, peu de chance d'être surpris. D'une certaine façon, la musicienne n'avait pas seulement peur de l'inconnu, mais elle devait aussi être effrayée par l'idée de ne pas être en contrôle. Ironiquement, il semblerait qu'elle ait de la difficulté à être en contrôle de son propre corps, alors comment l'être face à tous les éléments environnants. Malgré tout, Selene ne présentait pas de symptôme de sociopathe, elle avait la capacité d'aimer comme de haïr, quelque chose de plus profond faisait fi de ses émotions et agissait plutôt avec raisonnement complet.

Quelque chose vint bousculer les pensées du psychologue alors que l'étudiante parlait de quelqu'un d'autre. « C'est ce qu'elle n'arrête pas de me dire ». Bien que ce soit une possibilité, il doutait fortement qu'Abigaïl ou Breann soit cette « elle » dont elle faisait mention. Alors que l'Irlandaise pouvait être violente, elle ne pousserait pas son amie à commettre un meurtre, elle le ferait elle-même. Tandis que la diplomate était justement trop douce et pacifique pour simplement pousser la chef à agir dans l'irréparable. La brunette avait déjà eu des visions en présence de William, et ce, à quelques reprises, mais est-ce que ses visions pouvaient s'adresser à elle avec autant rationalité ? Elle pouvait très bien avoir projeté tout un pan de sa personnalité dans une vision, ou pire sa personnalité pouvait être scindée en plusieurs parties. Le trentenaire senti, l'empressement de son interlocutrice à quitter, il était vrai qu'il l'avait un peu malmené avec la lecture de son carnet à voix haute.

- J'aimerais que tu restes un peu, et que tu me parles d'elle, si tu le veux bien. dit-il avant de marquer une brève pause pour réfléchir à ses prochaines paroles. La première fois, il semblait que Flann était apparu, puis la seconde la jeune fille qu'elle avait tuée. Combien de fantômes hantaient la belle, et combien pouvait lui adresser la parole. Il lui faudrait savoir qui lui parlait. Est-ce que c'est Flann qui te parle ? s'essaya-t-il simplement, espérant qu'elle saisirait la perche pour développer sur ses voix qui la conseillait.
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Re: Help me save myself from me

Jeu 9 Mar 2017 - 19:03

Elle se levait déjà quand William lui demanda de rester. Figée, elle l’observa avec des yeux un peu écarquillés. Généralement, il la laissait toujours partir quand elle voulait. C’était quelque chose qui la rassurait, de savoir qu’elle pouvait rompre la séance quand les émotions devenaient trop difficiles à gérer. Lentement, Selene se rassit, crispant ses doigts sur son petit carnet. La preuve de ses problèmes. Elle regardait le vide désormais, sans savoir comment répondre à la question qui lui était posée. Désormais, grâce à l’ambulancier, elle n’était plus dans la négation, alors elle ne chercha pas à rétorquer que Flann était morte. La commissure de ses lèvres se plissa légèrement avant qu’elle n’ouvre la bouche :

- Ce n’est pas elle.

Qui était-ce ? Cette voix qui rôdait dans son crâne, celle qu’elle avait confié entendre à Abigail, il y a longtemps maintenant. La jeune femme le savait au fond, elle en avait l’intime conviction, mais n’osait pas y croire. Ses actes parlaient d’eux-mêmes pourtant. La bête était là, tapie dans les ténèbres, prête à sauter à la gorge de la première proie imprudente. Sa main tremblait légèrement quand elle écarta encore une fois l’une de ses mèches de cheveux ; un geste pour vainement tenter de cacher sa nervosité.

- Il y a… quelqu’un d’autre…, murmura-t-elle, quelqu’un… elle… elle me ressemble et… elle me parle aussi.

Ses paupières se fermèrent. Non. Elle ne pouvait pas avouer ça ! Il la disait déjà malade, qu’allait-il penser désormais ? Pourtant, c’était plus fort qu’elle. Même si Selene avait promis à l’irlandaise de lui tenir la main dans la démence, même si elle s’était dit être capable de porter le poids des morts qui s’entassaient à ses pieds… elle avait peur. La peur viscérale de ce qu’elle ne contrôlait plus et grossissait en son sein. William était peut-être la solution ? Elle détestait se reposer sur les gens pourtant, mais il était déjà trop tard. Il était dans sa tête, dans ses secrets, et cet indicible lien patiente-pratiquant les unissait déjà.

- Elle me dit que… que c’est ma faute. Que tout est ma faute et… et… que c’est ma faute, parce que je ne suis pas assez ferme. Que je ne tue pas les inconnus. Parce que si je l’avais écoutée, Flann serait en vie ! Son débit de parole s’était accéléré jusqu’à la suffoquer, parce que, parce que…

Les larmes étaient revenues toute seule, inondant silencieusement son visage ivoirin. L’autre ricanait, dans un coin de son crâne, se moquant de sa vulnérabilité, de sa faiblesse, de sa fragilité. Ses apparitions étaient toujours confuses, Selene perdait les souvenirs de ses crises majeures, mais elle se souvenait l’avoir vue clairement le jour de son viol : son âme volait en éclat, et l’autre était là. Lui sifflant qu’elle avait tout gâché, qu’elle était coupable – encore –, parce qu’elle n’aurait eu qu’à tuer ce mec pour que ça n’arrive jamais. Aussi psychologiquement violente qu’étaient ses manifestations, une part inconsciente de la musicienne admirait cette facette enfouie d’elle-même : elle était forte, elle n’avait peur de rien, elle savait prendre des décisions. C’était là qu’était le conflit ; ce paradoxe.

- Elle a raison…, reprit faiblement l’étudiante, les hommes qui ont tué Flann… ils ont trouvé notre refuge parce que je les ai laissé faire…, elle n’osait plus regarder son aîné, ses larmes s’écrasaient sur la couverture de son carnet, l’un d’eux m’avait attaqué… dans les bois… je… je me suis sauvée. Mais… au lieu de prévenir les autres et de traquer ces types, j’ai laissé couler. Et au final… ils nous ont trouvés…

Et son amie s’était fait assassiner. Tout commençait là. Elle avait beau souffrir avant, sans doute couver les germes de sa pathologie, l’origine de l’éclatement de sa raison était là. Cette culpabilité si profondément ancrée dans sa chair qu’elle devenait naturelle. La conscience de Selene s’était fracturée le jour où elle avait regretté de ne pas avoir pris de décision – ou plutôt : d’avoir pris la mauvaise. Celle de ne rien dire, empêchant ses amis de se préparer. Son visage devint soudainement plus dur alors qu’elle levait un regard mêlant défi et détresse vers l’ambulancier.

- Tu es content ?! Tu sais ce que tu veux sur moi maintenant. Je… je ne suis pas une leader ou je ne sais quoi ! Je suis… je… les gens avec moi meurent, c’est tout…
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Re: Help me save myself from me

Mer 15 Mar 2017 - 16:40

Le thérapeute buvait ses paroles, analysant celle-ci dans le but d'en faire un diagnostic. Pourtant, alors que les larmes remplirent à nouveau les yeux de la brunette, son cœur se serra. Il avait envie de se dresser et de la serrer contre lui, de lui dire que tout allait bien aller, que ça allait se régler en moins de deux. C'était là aussi la majeure différence entre les hommes et les femmes, alors qu'elles parlaient de leur problème afin de s'en libérer, ils cherchaient des solutions pour les régler. Il lui fallut tout son courage, toute sa force intérieure pour ne pas réaliser ce geste. Après tout, ça n'aiderait en rien, peut-être juste même seulement la mettre mal à l'aise. Il fallait qu'il reste neutre afin de lui montrer qu'il ne la jugeait pas dans sa démarche, dans ses choix, dans ses visions.

Il allait lui demander son opinion par rapport à cette voix, mais elle répondit avant même qu'il ait le temps de le faire. D'ailleurs, il ne fut pas totalement surpris de la réponse. Alors que l'étudiante avait surement tenté de résister aux « conseils » de sa vision, ses expériences de vie l'avait amené à croire que celle-ci avait peut-être raison. C'est pour cette raison qu'elle détestait autant l'actrice, elle était un danger potentiel. L'histoire qui se répétait à nouveau. Si elle laissait celle-là en vie, qui sait ce qu'elle pourrait leur faire subir ensuite. Maintenant, c'était presque évident pour l'ambulancier. Sa patiente avait fait une sorte de fracture de son identité, jetant au fond de son esprit une partie plus raisonnable, plus forte, mais aussi plus sauvage et meurtrière d'elle-même.

Maintenant, William devait trouver une façon d'expliquer à sa patiente exactement la situation, mais son esprit été légèrement embrouillé par l'émotion qu'elle lui transmettait. Visiblement, il avait été entraîné pour vivre toute sorte de situation d'horreur. Aussi horrible que la vision d'un homme encore vivant détruit en charpie par un train... Mais il n'avait jamais vécu si prêt d'un problème qu'il y sombrait avec sa patiente. La douleur psychologique était manifestement beaucoup plus difficile à guérir et endurer que la douleur physique.

- Comment dire Selene... Je comprends ce que tu peux ressentir, la culpabilité que tu peux ressentir. Nous la ressentons tous, à différent niveau, car nous avons tous fait des choix déchirant. Mais si nous sommes tous là, à te suivre, c'est qu'on a confiance en toi...

Ses mots avaient été dits avec tellement de confiance qu'il était difficile de croire qu'il les avait improvisés au fur et à mesure. Il devait les penser avec conviction. Alors qu'il avait croisé plusieurs personnes au cours de sa cavale, même passé un peu de temps au sein d'un groupe beaucoup plus grand, il avait mis une confiance presque totale dans la jeune femme. Peut-être trop, peut-être n'aurait-il jamais dû mettre sa vie sur ses petites épaules comme ça. Pas parce qu'il n'avait pas confiance en elle, mais plutôt à cause du poids des conséquences que cela pourrait avoir sur elle. Une boule s'installa dans sa gorge, qui se fera entendre alors qu'il reprenait la parole.

- C'est un putain de monde de fou... Des gens meurent, d'autre deviennent des meurtriers ou des pillards. Alors que toi... Tu fais partie des rares personnes qui sont encore saines d'esprit. Tu es encore capable de faire la différence entre le bien et le mal. Cette personne au fond de toi, cet autre toi... Elle cherche à te changer, à faire de toi quelqu'un que tu regretteras...

Il marqua une pause, se redressant devant elle. Il réalisait à l'instant que dans son désir de vouloir en savoir plus, ils les avaient tout deux amenés sur un terrain qu'ils n'étaient peut-être pas prêts à affronter. Pourtant, il avait ses réponses, il faudrait qu'il fasse des recherches sur les maladies mentales. Peut-être pourrait-il trouver quelques informations dans le livre médical qu'ils avaient ramassé à l'hôpital ? Il tendit la main en direction de la brunette, lui offrant un certain appui pour la remettre sur ses jambes.

- Je te libère... Je m'excuse d'avoir insisté. Je suis conscient que ce n'est pas facile.
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Re: Help me save myself from me

Mer 15 Mar 2017 - 18:05

Elle le regardait, désemparées, démunies, prête à tout sauf à ce qu’il trouve les mots. Ils lui faisaient confiance ? Et pourquoi ? C’était quelque chose qu’elle s’était toujours demandé. Pourquoi elle, hormis parce qu’elle était là depuis le début ? Selene hocha légèrement la tête, tentant de ravaler ses larmes. Elle essuya ses joues avec la paume de ses mains et émit un petit rire moqueur quand William assurait qu’elle était « saine d’esprit » ; la bonne blague. Ils avaient justement cette discussion parce qu’elle était « malade ». La suite toutefois, la glaçant et lui passa l’envie de sourire.

Son « autre elle » ? Ainsi, c’était ça. Elle l’avait compris bien sûr mais… c’était comme le fait que ses absences étaient graves : il avait fallu que quelqu’un d’autre le lui dise pour qu’elle s’en rende compte. Le sol venait de se dérober sous ses pieds, l’impression de chute libre lui donnait la nausée. La pianiste se sentait dépossédée de sa personne, d’être à l’égale des sans-abris qu’elle voyait parfois parler tout seul. A peine l’ambulancier l’avait-il autorisée à partir qu’elle traversait le bâtiment sans se retourner pour rejoindre l’extérieur. Il lui fallait de l’air, froid.

***

Avec le temps, l’étudiante s’était accoutumée au diagnostic. Du moins, elle l’avait encaissé, faute de pouvoir faire beaucoup plus. Elle n’en avait encore parlé à personne ; ni à Abigail, ni à Gabriel. Comme depuis le début de l’hiver, c’était la blonde qui avait implicitement reprit la gestion globale du camp. Selene, en dépit de son incapacité à rester en place, prenait enfin un peu de temps pour sa santé. Profiter de son mari, ne pas s’exposer à des situations de stress intense, rassembler les morceaux brisés de son esprit. Qui sait, peut-être mourra-elle demain ? ou peut-être la folie l’emportera ?

Il se passa près de deux mois sans incident. Pas un seul, jusqu’à ce qu’aux alentours de mi-février, elle fasse la rencontre de Neil. Tout aurait pu parfaitement se passer si la découverte du carnage laissé par les Hunters ne lui avait pas fait perdre les pédales. Sans l’intervention de Mike, elle aurait pu tuer ce type qui n’avait absolument rien d’hostile. La pianiste l’avait écrit dans son carnet et en avait parlé d’elle-même à William : elle avait pris l’habitude de se confier comme avec un spécialiste désormais. Ce n’était jamais facile, parfois elle partait avant d’avoir dit le moindre mot, mais c’était… c’était extrêmement rassurant. Addictif même.

Il avait toujours les mots pour garder confiance en ses progrès, même quand une violente rechute lui donnait l’impression d’être un cas perdu. Parfois, la musicienne se sentait même coupable de cette relation avec l’ambulancier ; ce secret qui n’avait rien de tabou et pourtant… les nouait d’une manière inextricable. Selene savait qu’il avait une influence particulière sur elle et elle pouvait lire dans ses yeux qu’il était émotionnellement bien plus impliqué que ne devrait l’être un docteur.

***

6 mars 2017

Elle avait froid. Allongée sur le lit du box qui leur servait habituellement de lieu de rendez-vous, la musicienne se sentait glacée. Ce n’était pas à cause de la température, ni de la pluie qui était tombée pendant tout l’enterrement. C’était en elle. Comme si ses entrailles s’étaient éteintes, qu’elle était devenue un reptile. Depuis l’avant-veille, elle n’avait pas dormi. Rendue blafarde par le manque de sommeil, les yeux cernés et rougis, ses cheveux dans un état déplorable.

Est-ce que c’était de sa faute ?

La culpabilité se disputait plusieurs âmes sur le camp – Duncan, Hernando – mais Selene ne pouvait s’empêcher d’essayer de remporter la manche. Elle avait refusé de sortir depuis l’incident avec Neil, peut-être qu’elle aurait dû ? Si elle avait été là, Abigail aurait pu être encore en vie. Un bruit de porte lui indiqua que William arrivait : elle lui avait demandé de venir sans savoir s’il se manifesterait. Lui-même ne semblait pas bien du tout depuis le décès de l’irlandaise, mais sa patiente était trop aveuglée par sa propre détresse pour le voir.

- Je peux plus…, murmura-t-elle à son approche, je peux plus…
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Re: Help me save myself from me

Sam 18 Mar 2017 - 0:52


L'ambulancier entrait dans la pièce, regard vide sur le sol de la pièce, il osait à peine regarder sa patiente. Lui qui était toujours plutôt positif, toujours un fin sourire aux coins des lèvres n'était plus le même depuis deux jours. Il n'avait pas réellement envie d'être là, il se doutait plus ou moins du futur sujet de conversation qu'allait lui amené la brunette. Les dernières séances avaient été plus « soft », et même s'il n'était pas naïf, il sentait qu'elle faisait des progrès, qu'il avait enfin une influence positive sur son esprit et que, peut-être, avec le temps, l'horrible double d'elle-même qu'elle avait créé s'effacerait. Mais aujourd'hui, il sentait que tout ce qu'il avait fait depuis trois mois s'était écroulé comme un simple château de cartes. La musicienne exprimerait son désir de vengeance et de meurtre pour toutes ses personnes qui le méritaient probablement, toutefois William n'avait pas la tête à ça.

Le deuil le faisait horriblement souffrir. Alors qu'il avait réussi à faire une croix sur Charlie, les bras de l'Irlandaise l'avaient accueillit et l'avait réchauffé. Était-elle amoureuse de lui ? Ou l'avait-elle simplement choisi, car il était le plus intéressant de disponible à portée ? Il ne le saurait jamais réellement. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait dû lui-même l'euthanasier. Ils en avaient déjà parlé souvent pourtant. La blonde lui avait répété tellement souvent que si elle était mordue, il devrait s'occuper de la libérer. À ce moment, le trentenaire se contentait de lui sourire et de la rassurer. Jamais il n'aurait pensé devoir le faire réellement.

S'asseyant à sa place habituelle, il releva doucement les yeux vers la jeune femme ayant perdu son amie. Son regard était rougi, peut-être par la fatigue ou par les larmes. Avait-il pleuré ? Ses jointures en tout cas avait frappé quelque chose de solide à plusieurs reprises à la vue des cicatrices présentes sur chacune de celle-ci. Il soupira, et ravala sa salive devant les paroles de la chef des Messiah, cherchant les mots à dire pour la remettre sur pied, mais rien ne venait. Il n'avait même pas les mots pour se rassurer lui-même... Est-ce que tout ce qu'ils faisaient était futile ? Allaient-ils tous finir comme Abigail?

Il avait l'air perdu, désemparé, ce n'était pas la meilleure structure sur laquelle s'appuyer pour se relever en ce moment. Pourtant, il cherchait quand même quoi dire, car il voulait que Selene continu à se battre. Il essayait d'écraser sa souffrance afin d'être là pour sa patiente, son amie. D'un hochement de tête positif, comme s'il approuvait lui-même les paroles qui lui passaient par la tête.

- Je... comprends... dit-il simplement en s'arrêtant de parler. Est-ce que c'était tout ce qu'il avait à dire ? Qu'il comprenait ? Il avait l'air de chercher encore, la suite venait quelques instants plus tard. C'est pas ta faute... C'est la faute de personne... Enfin... Les fautifs ne sont pas ici, je veux dire.

C'était tout ce qu'il trouvait à dire. Il ne savait pas réellement comment aider la brunette. Enfin, il le savait, mais il n'avait ni l'énergie, ni le détachement nécessaire pour le faire. Elle avait perdu une amie, et il avait perdu une amante... Mais ça, personne ne pouvait le savoir, car l'Irlandaise et lui avait gardé le secret.
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Re: Help me save myself from me

Sam 18 Mar 2017 - 11:16

Ses yeux rougis se tournèrent vers son ami pour le regarder. Il avait l’air tout aussi perdu et désemparé qu’elle ne l’était. Où étaient ses mots plein de réconfort ? Ces paroles que seuls les médecins – ou les sages – étaient capables d’avoir, pour lui faire comprendre ce qu’elle n’osait pas admettre. Selene se redressa, reposant les pieds au sol, ses ongles griffant nerveusement la base de ses pouces. Si elle était venue ici, c’était pour dire ce qu’elle ressentait, pas vrai ? Parce que William s’était donné ce rôle : l’écouter, la mettre sur la bonne voie. Sauf que cette fois, il n’y avait pas de meilleure solution. Abigail était morte, enterrée, point. Ça la bouffait, plus encore que tous les proches qu’elle avait vu disparaître jusque-là.

- Je les tuerai, déclara-t-elle soudainement comme une promesse, quoique tu en penses, je trouverai les types responsables de ça, et je les tuerai moi-même.

La musicienne aurait voulu dire – et croire – que c’était aussi une question de bien commun, qu’elle arrêtait les HUNTERS pour qu’ils ne blessent personne d’autre mais… ce n’était pas vrai. A peine. C’était pour elle qu’elle faisait ça, pour extérioriser sa rage ; parce qu’elle savait que l’irlandaise n’était pas une enfant de cœur. En dépit des remontrances de Breann, la blonde aurait fait exactement la même chose si c’était elle qui était morte : elle aurait traqué les coupables jusqu’à ce qu’ils soient éteints. La vengeance ne ressuscitait pas les défunts, non, mais elle était ce qui leur restait de plus proche de la justice.

- Qu’est-ce que tu dis de ça ?! provoqua l’étudiante en se levant, tu vas essayer de m’en empêcher ? Tu vas me dire que je dois… rester au calme et écrire ce que je ressens dans un carnet ?

Selene s’était approchée. Trop. Juste devant l’ambulancier, elle se tenait. Frêle et instable, ses orbes topaze brûlant d’un éclat dangereux. Ses mains tremblaient, contenant son envie de hurler, de frapper, de le frapper. Son aîné n’avait rien fait, il était juste là, face à elle, et leur lien si étrange était un prétexte à ce qu’elle décharge tout ce qui l'étranglait. Elle baissa un instant les yeux, juste assez pour apercevoir les jointures blessées de William, mais au lieu de compatir, ou de demander pourquoi il était autant affecté, elle poursuivit sa démarche :

- Tu m’arrêteras pas, c’était à la fois une question et une affirmation, ou bien… tu veux que je le fasse ? C’est pour ça que tu n’es pas déjà en train de me servir une de tes leçons. Je serai la folle schizophrène avec un peu plus de sang sur les mains et toi… toi tu n’auras fait que taper sur les murs.

La jeune femme était encore suffisamment maîtresse d’elle-même pour immédiatement regretter les dernières phrases qu’elle venait de cracher. C’était injuste. Elle n’avait aucune raison d’en vouloir à William, c’était juste tellement facile et elle avait tellement mal…
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Re: Help me save myself from me

Ven 24 Mar 2017 - 17:31

L'ambulancier était là assis, il regardait la brunette, mais ne la regardait pas réellement. Son regard était vide, il n'était là, ici avec elle. Ses promesses de vengeance et de meurtre ne semblaient pas l'affecter. Que pouvait-il réellement lui dire pour l'empêcher de le faire ? Tout va s'arranger ? Le meurtre ne t'apportera pas le repos ? Elle savait déjà tout ça, et lui répéter ne changerait rien. D'ailleurs, rien ne s'arrangerait, la douleur s'estomperait peut-être, mais Abigail serait toujours morte. Le thérapeute n'avait pas vraiment force d'arrêter son amie, et peut-être que oui, d'une certaine façon, elle aurait la rage nécessaire de commettre un acte que lui-même n'arriverait pas à commettre. Elle serait son bouc-émissaire dans une histoire de vengeance ? Ses paroles réveillèrent William, le sortant de son état second alors qu'il relevait les yeux vers elle, se relevait avec l'idée de quitter la salle sans dire un mot. Il regarda la porte, comme une voie de sortie qui lui permettrait d'aller vider toute sa peine et sa rage ailleurs, mais Selene se tenait devant lui, et il ne souhaitait pas la bousculer.

Il pencha plutôt la tête vers elle, analysant tous les traits de son visage, la peine dans son regard et aussi la rage. Elle vivait la même chose que lui, mais autrement. Elle avait perdu une amie et lui une amante. N'étaient-ils pas les deux meilleures personnes pour se comprendre ? Pour comprendre la situation. Il tendit une main vers elle, au lieu de la bousculer, il la saisit pour la serrer contre lui. Il avait envie d'éclater en sanglots, mais il refoulait le tout, serrant sa gorge et gonflant ses sinus. Il cherchait des mots à dire, des choses pour la dissuader de faire ce qu'elle allait faire, mais rien ne venait. Au lieu de ça, il finit par dire la chose la plus improbable, la plus insensée, la seule et unique chose que la jeune femme ne s'attendait surement pas à entendre de sa part.

- Sois... Sois prudente d'accord ? Ses gens sont des monstres... Amène, quelqu'un avec toi... Ne pars pas seul, je ne veux pas te perdre aussi... Si je ne peux pas te détourner de cette voie, alors au moins soit prudente en la suivant.

Le trentenaire s'écarta, regardant à nouveau le regard de sa patiente. Elle ressemblait tellement à Abigail. Ses deux guerrières s'étaient retrouvées dans un moment sombre, et il n'était pas du tout étonné par la réaction de celle encore vivante. Will avait appris à connaître l'Irlandaise sous une facette plus intime, mais il avait toujours senti chez elle qu'elle était aussi impulsive que pouvait l'être la brunette. Si Selene était morte, jamais il n'aurait pu empêcher la blonde de faire ce qu'elle avait à faire... Peut-être était-ce la meilleure façon qu'il avait d'exprimer l'amour qu'elles avaient l'un pour l'autre. Faisant un mouvement vers la porte, il s'arrêta brusquement avant de se retourner et reprendre la parole.

- Abi et moi... On vivait quelque chose. Elle avait réussi à me faire oublier que j'étais seul, que je pouvais arrêter de chercher mon passé. Mais j'ai tout de suite senti qu'il y avait cette ombre en elle. Qu'elle était comme une amazone et que s'il fallait qu'il t'arrive quelque chose, je pourrais rien faire pour la contrôler. Alors j'essaierai pas de te dissuader, ou de t'expliquer... Tout ce que je te demande, c'est de revenir saine et sauf d'accord ? J'ai dû mettre une balle dans la tête d'une personne importante pour moi, me force pas à devoir le refaire...

Terminant son monologue, il glissait ses yeux vitreux sur la musicienne. Il aurait envie d'éclater en larmes, mais il était beaucoup trop orgueilleux pour le faire devant quelqu'un. On dirait presque, il attendait la permission de pouvoir quitter la pièce. Attendant simplement sa réaction de reproche ou bien un simple « je serai prudente »
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Re: Help me save myself from me

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