Leur convoi parvint jusqu’à un ancien centre commercial. Dégager le pont les avait épuisés, et le trajet s’était fait relativement silencieusement à l’arrière du second camion. Même Buzz ou encore Justin s’étaient montrés peu bavards sur la fin du trajet. Christina fit un signe de tête entendu à son mari, qui vint les tenir au courant et partit évaluer la sécurité de la zone. Elle se frottait en même temps les mains, pour les réchauffer malgré le froid mordant.

Abandonner ou non le chalet et la station avait créé un grand débat intérieur chez l’ancienne hôtesse de l’air quelques jours plus tôt. C’était comme faire un trait sur une partie de sa vie d’avant. Elle s’était finalement convaincu que c’était la meilleure solution, et l’attaque meurtrière qu’ils avaient essuyée pendant l’absence de leurs éclaireurs l’avaient prouvé. Elle ne se faisait pourtant pas d’illusions. Le périple serait glacial et dangereux. Il ne faisait pour elle aucun doute qu’ils n’y survivraient pas tous. Elle s’y était préparée : le bébé de Tam, si minuscule et fragile, Isabel et son gros ventre, Anya ou Ludwig, voire même leurs éléments forts toujours au plus près des risques…

Quoi qu’il en était, ce fut avec soulagement que Christy descendit finalement du camion, à la suite de Marcus, emportant avec elle un peu de leurs affaires, pour qu’ils s’installent à l’abri. L’idée de se poser pour la nuit dans un endroit clos et sûr l’apaisait vraiment.

- Ne nous éloignons pas trop les uns des autres, souffla-t-elle à Alan et ceux autour d’elle alors qu’ils prenaient tous leurs aises dans le supermarché. L’intimité était un concept tout relatif qu’ils avaient pour la plupart abandonné en quittant leurs foyers de longs mois plus tôt. Ils choisirent de rester proches de l’entrée. Tu n’as pas trop froid ? Demanda-t-elle ensuite à Alan, alors que celui-ci décidait de lui laisser momentanément la couverture.

Il la rassura d’un regard et elle pinça légèrement les lèvres. S’ils avaient globalement de nouveau ouvert le dialogue, il restait encore une barrière entre le couple. Un désaccord qu’ils ne semblaient, ni l’un ni l’autre, parvenir à oublier. Elle jeta un coup d’œil au passage en direction de Giulia et Justin qui prenaient place non loin d’eux, et alors que le garçon partait dans de grandes tirades dont il avait le secret !

- Il ne se fatigue jamais, dit-elle en forçant un sourire, en croisant le regard de son époux. A l’avant du camion, il ne goutait pas aux discussions qui animaient l’arrière. C’était parfois folklorique ! Tu dois être extenué par la conduite, viens allonge toi. Chaque seconde de sommeil compte.

Il était tard, ils avaient du sommeil en retard.

J’étais toujours assise, enveloppé dans une couche de couverture qu’on m’avait apportée. Plutarch était venue se joindre à moi. Je ne l’avais pratiquement pas vu aujourd’hui puisqu’il voyageait dans un des plus grands camions. J’aurais aimé passer un peu de temps avec Kassandra et Dante également, mais ils devaient simplement s’être trouvé un coin tranquille ensemble, ce que je pouvais parfaitement concevoir.

Autour de moi, je voyais les gens se regrouper, se parler et pendant un instant, je remerciais le seigneur pour tout ce qu’il avait fait pour nous. Oui, ce dieu auquel je ne croyais pas. Mais bon, je ne croyais pas non plus que j’étais capable de faire une bonne mère quelques mois plus tôt. J’entendais les éclats de voix de Connor et Jeff un peu plus loin, les connaissant, ils étaient encore en train de faire les zouaves et j’aurais aimé pouvoir me joindre à eux. Cependant avec Élie qui somnolait contre moi c’était tout simplement impossible et puis je devais bien me rendre à l’évidence, ce n’était pas possible. Je ne suis pas sûr que j’en aurais eu la force de toute façon.

Je regardais les autres et les endroits ou une flamme de bougie éclairait un peu plus la nuit. J’étais contente de me dire que tous ces gens étaient ma famille. Chacun d’entre eux était important, chacun à leurs façons, mais c’était justement ce qui les rendait uniques et importants. Élie ouvrit ses yeux pleins de fatigue et me regardait avec un air tout simplement adorable. Je lui souriais avec amour avant de lui dire, ou de parler à voix haute c’est au choix.

- Tu vois, tous ces gens-là et bien se sont ta famille, enfin la nôtre à nous. Tu pourras compter sur chacun d’eux. Même si des fois, ils ne sont pas contant et cri un peu fort, quoi qu’il arrive, ils seront là.

J’avais envie d’y croire. J’avais envie de me dire que tous ces gens resteraient en vie jusqu’à mourir de leur belle mort, mais je me le disais aussi pour Lincoln et Skyler et pourtant, ils nous ont quittés récemment.

Elle n'avait pas bronché concernant les ordres de Blake, hochant la tête avec un air entendu. Même si la vieille aigrie qui lui servait de collègue, elle s'en serait bien passée tout de même...
Lauren avait frissonné en arrivant dans le centre commercial, alors que la rouquine à ses côtés s'était chargée de ramener un maximum de couvertures. C'est lugubre... fit remarquer la vétérinaire en fronçant les sourcils. Haussant les épaules, Quinn s'était contenté d'un vague grognement en guise de réponse. Rapidement, des petits groupes s'étaient formés, et elle n'avait pas pu s'empêcher de sourire en entendant COnnor tenter de séduire Elena à coups de blagues. Elle passait devant Arthur et le reste du petit groupe alors qu'elle lançait à l'aveugle.

Pourquoi le hibou est content ? Parce que sa femme est chouette.

Lauren leva les yeux au ciel, alors qu'elle l'observait avec son habituel sourire innocent, arrivant à l'instant ou Abel s'en prenait légèrement à Tamara concernant la présence d'un feu. Rapidement, son regard se fit plus dur en observant l'homme répliquant à son tour assez sèchement. Elle le tient très bien son gamin. Alors tu la laisse tranquille avec ça. Enfin, elle pouvait lâcher les couvertures, alors qu'elle adressait un regard à Kassandra venue les rejoindre. Tiens. Elle avait bien vu comme la blonde s'était gelée tout le long du trajet, lui tendant son propre plaid. Je dois m'occuper des petits profite-en pour te réchauffer.

Même Lauren avait semblé surprise devant son extrême amabilité à l'égard de la petite princesse du groupe. Venant prendre place sur la couverture que Hope lui avait désigné, elle s'était amusée devant la petite bouille du bébé. Alors p'tit monstre, montre moi ça... Attendant l'accord de la jeune maman pour palper le ventre du bébé tout en lui offrant quelques comptines murmurées pour l'apaiser, elle releva le regard vers Hope. Il va très bien. Pense toujours à le garder contre toi pour la chaleur corporelle. Tu as de la chance qu'il soit aussi sage en tout cas. Comme pour confirmer, Seamus bailla, se tortillant moins dans tous les sens. Au tour d'Ellie désormais. Tout est en ordre. fit remarquer Lauren avec son habituel air aimable, alors que Quinn se sentait obligée de préciser pour apaiser un minimum l'autre gros lourd. Bien joué Brooke pour le porte bébé. Je pense que tu peux aussi l'enseigner à Hope, si ça lui va. Et Tam, ne stresse pas. Tu t'en sors bien.
Leur restait-il encore de la route ? Bonne question. Elle ne sut quoi dire à Hope, se contentant d'hausser les épaules alors qu'elle venait s'asseoir à côté de Kassandra. Tu me fais une place ?

Blake ne s'était même sentie glisser vers le sommeil. Assise en tailleur sur le caddie renversé, la blonde avait posé son sac militaire juste à côté d'elle. Et comme le sac était assez haut, elle s'était appuyée dessus, bras croisés et menton calé entre. Finalement la fatigue et le silence avaient joué leurs rôles.

Ce bruit. Blake le connaissait très bien. Elle l'avait entendu très souvent au cours de sa vie. Tellement qu'elle en était arrivée à ne pas supporter tout ce qui pouvait s'en rapprocher. Ce bruit n'annonçait jamais rien de bon. Ce bruit glaça le sang de l'ancienne militaire alors que ses yeux s'étaient ouverts d'un coup, horrifiés par ce qu'elle venait d'entendre. Elle eut un moment de flottement, comme si les choses se déroulaient au ralenti sous ses yeux. Ce bruit ne pouvait pas provenir d'eux. Ou alors si ? Non, personne, il n'y avait qu'Edwin qui était debout. Elle avait vérifié. Ils dormaient tous. Mais alors si ce n'était pas eux, d'où cela pouvait il provenir ? Ils avaient fouillé l'ensemble du magasin ainsi que les environs.

La peur. Malgré toutes ces années de service, Blake n'aurait pas du avoir cet instant d'hésitation, d'incompréhension. Elle n'aurait pas du avoir peur. Puis la machine militaire sembla se remettre en route lorsque les petits se mirent à pleurer, et directement, la blonde arracha l'arme qu'elle avait dans son étui tout en se mettant debout, dégageant sa couverture d'un geste large du bras. Sa maglite collée contre le canon de son arme, Khan revenu à ses côtés elle progressa d'un pas rapide vers John tout en hurlant les ordres. « ARTHUR. CACHE-LES. » Il devait mettre les plus fragiles à l’abri, le reste de l'organisation se ferait naturellement.

Arrivée face à John, Blake baissa son arme vers le sol. La réverbération de la lumière lui permit quand même de voir les traits de son ex-mari. Il n'était plus question de guerre ou de quoi que ce soit d'autre à cet instant. Elle avait besoin de lui pour trouver qui était l'auteur du coup de feu. « On y va. » Se contenta-elle de lui dire.

En trottinant, l'arme dirigée vers le sol, Blake essaya d'attraper le harnais de Khan pour le garder entre ses jambes. « Merde. » Dit elle en s'arrêtant un instant. Le chien ne portait pas son harnais, retiré quelques heures auparavant pour dormir correctement. Elle allait devoir faire ça avec les moyens du bord. Au collier, elle agrippa la bête et l'empêcha de foncer dans le noir à la recherche de la personne à l'origine du bruit. Encore arrêtée, elle scruta ceux qui s'avançaient déjà dans les allées, armes aux poings. Aussi bas qu'elle puisse le faire, Blake donna les directions que chacun devaient prendre et, elle même, accompagnée de John, commença à progresser dans les allées.

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