Evelyn avait été séparée de lui trop longtemps, il lui était désormais difficile de le quitter. Les sourcils froncés elle attendit néanmoins le verdict. Ce médecin mettait un temps fou ou c'était elle qui ne tenait plus ? Une envie d'activer le bonhomme la prit mais elle se ravisa, préférant mordiller l'intérieur de sa joue. Puis, enfin le couperet tomba à l'en faire souffler tout l'air que contenaient ses poumons. Swann n'avait pas de fracture, ça la rassurait en un sens, Lucas n'avait peut être pas frappé aussi fort qu'elle l'avait cru. Non, c'était impossible, elle l'avait entendu marteler de coups son « petit » ami, elle peinait encore à lui trouver quelconques excuses et préférait offrir un joli sourire à Blackmore tandis que le docteur se retournait vers elle. Plus le choix cette fois c'était son tour, mais l'important, à l'instant, était que l'étudiant n'avait rien.

- Je ne bouge pas. Réitéra-t-elle, malgré tout prête à se faire examiner, pour certifier qu'elle n'allait pas s'enfuir quand il aurait tourné le dos.

Ce qu'il fit d'ailleurs, lui offrant un moment de répit dans tout ce chaos de blessures et d'horreur, un instant que Swann choisit pour reprendre leur conversation précédente. Elle souriait tout comme lui, ils étaient sûrement très beaux à voir, le visage en sang et elle un bras en moins et sales comme jamais elle ne l'avait été de sa vie, mais peu lui importait elle l'aimait... Elle opina donc jusqu'à pincer les lèvres – profondément meurtrie – lorsque le sujet Lucas revint dans la conversation.

- J'suis désolée qu'il t'ait fait mal. Retenant ses larmes, la jeune fille inspira un grand coup, l'air semblait parvenir jusqu'à ses poumons par saccades d'ailleurs. me faudra un peu d'temps pour digérer.

Du temps effectivement, pour faire la part des choses et prendre sur elle le fait d'aller discuter avec son frère de cœur. Mais quand Swann reprit la parole, alors que le médecin revenait vers elle, la jeune fille esquissa un maigre sourire puis, malgré les pulsations vives de son cœur, déposa un baiser contre sa mâchoire avant de relâcher sa main et offrir un regard gratifiant à Joy. Collins suivit donc le médecin pour une batterie de tests. On lui diagnostiqua ce qu'elle savait déjà, bras cassé, quelques semaines avec un membre immobilisé et des antidouleurs. Sa tête elle, n'avait rien, un morceau de taule l'avait coupé du fait l'entaille avait beaucoup saigné. L'homme la nettoya et vérifia qu'il n'y avait guère besoin de points et enfin, alors qu'il la libérait après de trop longues minutes – à son goût – elle ouvrit la bouche.

- Stanley Maverick. Qu'est c'qu'il a exactement ? Malheureusement le docteur ne put rien lui répondre concernent l'instructeur. Merci. Le salua-t-elle avant de quitter la pièce en constatant enfin - loin de « lui » et non protégée par son aura - les horreurs commises par la catastrophes. Du sang, des pleurs, la douleur... Ça grouillait de monde et alors qu'elle les cherchait du regard, Evy eut l'impression que les murs se rapprochaient d'elle au point de se figer et d'attendre que ça passe. C'est rien...

Spoiler:

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Résumé:

Mon regard était collé sur Maddie, je savais que je ne pouvais pas compter sur Casey pour en savoir plus, mais ce n’était pas très grave, je pouvais comprendre, je l’avais vu s’effondrer dans les bras de Joann, même si je n’aimais spécialement cette dernière, je ne pouvais qu’apprécier la relation qu’elle avait avec la blonde, elles étaient proches et se soutenait mutuellement. C’était tout ce dont elle avait en cet instant présent. Je hochais la tête en entendant les dire de sa sœur.

Autant je ne portais pas Stan dans mon cœur, autant je pouvais comprendre la peur que ma protégée ressentait en ce moment présent. Il était évident que perdre son être cher était la chose le plus dure qui pouvait arriver. Je n’en avais aimé qu’une dans ma vie et on me l’avait prise. Elle devait sans doute craindre la même chose. J’aurais aimé dire un truc réconfortant pouvoir ouvrir ma bouche pour lui dire un truc, mais j’en étais tout simplement incapable pas maintenant en tout cas.

Je posais une main sur l’épaule de Maddie alors que mon regard croisé celui de Joann à travers la chevelure blonde de Casey. J’étais impuissant totalement incapable de faire quoi que ce soit de plus. Je la savais actuellement entre de bonnes mains et c’était rassurant, je ne pourrais pas me rendre utile, je savais que quoi que je pourrais dire, il y aurait le spectre de ma femme dans cette équation, cette douleur que je ressentais toujours aussi vive des années après. Je sentais que c’était un sujet qui me fragilisait énormément, on n’avait pas besoin de me voir faire un break down maintenant. Ce n’était pas le bon moment, j’avais bien d’autre façon de me rendre utile.

- Je te laisse gérer ça Cain, je serais inutile.

Ma voix était sèche, mon ton tout autant, j’espérais simplement que Casey ne m’en voudrait pas plus tard, d’avoir décidé de laisser tomber. Je lançais un regard à mon frère, l’air de dire qu’il fallait bouger d’ici, il y avait encore des décombres à déblayer peut-être même encore des gens à sauver. On n’avait pas besoin de rester ici à se regarder dans le blanc des yeux avec les autres. Je ne pouvais pas rester là de toute façon. C’est le regard triste et pratiquement embué de larmes que j’échangeais un dernier regard avec Maddie avant de tourner les talons.

- Tu fais ce que tu veux Jason, mais j’ai besoin de bouger.

J’avais insisté sur la notion de besoin parce que c’était vital. Je ne pouvais pas rester ici, ce n’était pas une bonne idée. Il ne fallait pas que j’ajoute une couche de drama supplémentaire là-dessus.

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A peine fut elle à sa hauteur, et tendit les bras, que Casey s'écroulait quasiment contre elle. Livide, la gosse ne parvint à rien d'autre qu'à pleurer, hyper-ventiler, et les mots de sa sœur, à l'intention de Merl qui venait de débarquer, terminèrent d'inquiéter la Canadienne. Il fallait qu'elle se calme, Stanley allait mal, il n'était pas question que sa petite amie suive le même chemin, il ne le tolérerait pas, d'ailleurs elle même n'envisageait guère une situation aussi merdique. Cette journée pourrie allait avoir raison d'elle, Cain était blanche comme un linge, en cause le fait qu'elle n'avait rien avalé d'autre qu'un café lyophilisé et perdu pas mal de sang plus tôt. Pour autant, malgré les quelques vertiges, elle se figea avec stabilité sur ses semelles et ramena le visage de Casey contre sa poitrine trempée de sueur.

Bon dieu, jamais elle n'avait eu la trouille pour d'autres qu'elle, jamais elle n'avait imaginé qu'un beau jour, trois personnes seraient si importantes à son regard qu'elle s'en oublierait elle même pour ne subvenir qu'à leur besoin. Summer partait en live, totalement, et bien que stressée, la trentenaire comprenait que ce n'était pas seulement l'état de ses cotes qui posait problème mais davantage le fait que Stanley allait passer sur le billard d'une minute à l'autre. En peu de temps, la brune croisa le regard de Rogers, il suffisait de peu pour qu'ils se comprennent malgré tout, il allait donc la laisser gérer la môme et elle ne broncha pas malgré sa gorge qui se nouait peu à peu. Elle finirait par faiblir, ça ne ferait pas un pli, mais pour le moment Casey avait davantage besoin d'elle qu'elle de boire quelque chose.

- Faut te calmer ma belle, respire lentement on va aller t'installer plus loin.

En peu de temps, la trentenaire l'amena dans un parterre d'herbe entouré de débris. Ca ferait l'affaire, cependant lorsqu'elle vit le Japonais siffler son venin, après avoir installée au mieux son amie, Cain serra les poings pour se maîtriser.

- Vas traîner ton cul ailleurs !!! Casse toi Shigeru !

Sa tête tournait, mais alors qu'elle déposait une main contre son front, Cain esquissa un piteux sourire, accompagnée de suées froides, à la gosse vers laquelle elle revint pour l'inviter à déposer la tête contre ses genoux fléchis. Déja ses doigts passaient contre ses mèches blondes, elle devait la calmer par tous les moyens et le premier qui ferait chier – malgré son état lamentable – se mangerait un poing dans le groin. Elle stressait, angoissait, Stanley allait s'en sortir pas vrai ? Oui il le fallait, tout comme il était nécessaire que Casey se calme.

-Penses au jour où t'as rampé dans le jardin pour c'que tu sais... penses à ça, respire Casey, j't'en prie.

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L’horreur, Evelyn l'avait vécu sous terre et depuis son retour à la surface elle n'avait pas vraiment calculé ce qui se passait autour d'elle. C'était affreux, au moins aussi moche que lorsqu'elle ignorait tout quand le monde était parti en fumée, peut-être plus encore quand on savait qu'ici, au Fort, des gens avaient tenté de se reconstruire une vie, un foyer, en s'entourant de murs pour éviter aux créatures de les dévorer vivants. La jeune fille se focalisa sur eux, sur l'agitation de dingue, sur leurs plaies, sur l'air parfois grave des médecins puis reprit une douloureuse inspiration quant à l’oppression dont elle semblait être victime jusqu'à sourire, en un soupir de soulagement, lorsque la voix de Swann retentit. Tout ce qu'elle voulait c'était partir désormais, c'était peut-être affreux et très égoïste de sa part mais, si eux allaient bien si Swann et sa sœur allaient bien, alors elle se contrefoutait du reste malgré le mal qu'elle avait à regarder ces victimes dans les yeux.

Pour autant, elle n'eut guère besoin de lui dire qu'elle désirait partir, déjà l'étudiant englobait sa main libre pour l'inviter à rejoindre « la maison ». Quelques heures plus tôt encore, sa demeure n'était autre que l'endroit où Lucas vivait, désormais, elle n'y mettrait plus les pieds avant un certain temps, simplement pour souffler, afin de remuer cette journée, les gestes et affronts qui s'y étaient accrochés, pour ensuite envisager de cogner contre un battant qu'elle ne passerait plus en temps que colocataire. Son cœur se pinça sur le coup, autant parce que la chaleur des doigts entrelacé aux siens la rassurait, la guidait encore et toujours depuis cet instant étrange sur la plage le mois précédent, mais aussi car elle ne savait pas comment Richardson vivait la situation. Ce qui la rassurait, alors qu'elle opinait aux dires de son petit ami, et souriait même à la surprise qui quittait les lèvres de Joy, c'était sans doute que malgré les coups, malgré le sang et les maux que lui avait infligé son ami, Swann n'était pas contre le fait d'arranger les choses...

Il était parfait... Pensa-t-elle en glissant les yeux sur son profil tandis qu'un sourire, que lui seul connaissait, étirait la commissure de ses lèvres en guise de satisfaction brûlante. Il était à elle... hormis Lucas, les autres n'avaient aucune importance... C'étaient ses mots, les siens, pour autant à l'instant, Evelyn se les appropriait sans comprendre qu'en réalité, et aussi malsain que cela puisse être, Swann déteignait sur elle et étendait son territoire sur le sien sans pudeur aucune.

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