Après l’accouchement difficile de Selene, il avait été convenu que Lisandro accompagnerait Isaac et Andrea à la place d’Eli pour cette mission en extérieur. Ils avaient repéré un commissariat de police dans le comté de Pierce, il était convenu que trois d’entre eux iraient jusque-là, voir ce qu’ils pouvaient bien en ramener. Après cette terrible rencontre avec ces militaires, il était temps de refaire leur stock de munitions. Ils étaient partis vers l’heure de midi, après s’être assuré que Selene récupérait doucement. Ils ne seraient pas absents trop longtemps, et en son absence Juliet prenait le relais au chevet de leur leader épuisée.

Dans la voiture que Lisandro conduisait, l’ambiance était plutôt feutrée. Jusqu’à ce que distrait par les récents événements d’hier et de la nuit, Lisandro se mette à siffler sur un air de jazz qu’il avait entendu sans plus se souvenir de sa provenance. Le verglas rendait la conduite un peu plus dangereuse, mais prudent, Lisandro se débrouillait plutôt bien. Il jeta un coup d’œil aux deux personnes qui l’accompagnaient ce jour, avant d’annoncer. « On arrive. » L’amertume et le ressentiment que le chilien avait pu avoir pour Isaac s’était envolé il y a peu. Il avait mis le temps pour passer outre, il savait qu’il n’était pas responsable de la mort d’Alma. Mais il avait accusé le coup en les rendant tous complices de sa disparition. Cependant, et tout récemment, il avait trouvé une anesthésie efficace à sa douleur. La nuit dernière était encore teintée des caresses et des baisers d’Andrea, dans son esprit, il n’y avait encore qu’elle et il s’accrochait à ce souvenir, pour cette journée du moins – et le temps qu’Andrea ne décide ce qu’il en était de ce qu’ils avaient commencé ensemble.

Il ralentit, avançant jusqu’au parking du commissariat au point mort, glissant doucement sur la glace pour arriver sans faire trop de bruit. Leur arrivée serait probablement remarquée par quelques morts. Mais inutile d’en alerter tout le pâté de maison. Il coupa le moteur et sortit de la voiture en même temps que les autres. Le froid lui mordit les joues, mais n’entama pas la légèreté qui l’habitait aujourd’hui. Il jeta un coup d’œil aux environs avant de vérifier que son glock était bien chargé, il avait pris sur lui un chargeur de rechange, tout en espérant qu’il n’aurait pas à se servir d’une arme à feu. Il rangea l’arme à sa ceinture avant de se saisir de son pied de biche, bien utile pour abattre les morts de façon plus discrète. « On peut peut-être regarder ce qu’il y a dans les voitures, et nettoyer la zone, avant d’entrer ? » Fit-il, en regardant Andrea. D’eux trois, c’était à elle qu’il se référait pour diriger les opérations. En elle qu’il plaçait toute sa confiance.  

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La route jusqu’à Ruston avait été plutôt calme, malgré le sol gelé et les quelques difficultés dues aux récentes chutes de neige. Cela faisait longtemps qu’Isaac n’était pas parti aussi loin de la prison. La dernière fois… Rien ne s’était passé comme prévu. Une véritable catastrophe. Le cavalier n’en était pas sorti indemne et ils avaient perdu une personne de leur groupe. Et si la peur de LES recroiser était toujours présente dans son esprit, le vieux Greene s’était efforcé de passer outre.

S’était donc accompagné d’Andrea et de Lisandro qu’il avait fait la route jusqu’à un commissariat du comté de Pierce. Le chilien avait finalement remplacé Eli au dernier moment, le tout jeune papa ayant besoin d’être auprès de Selene et de s’occuper de leur petite fille. Une bonne chose avait d’ailleurs pensé le cinquantenaire, qui s’était beaucoup ému de l’arrivée de ce bébé. Il n’avait pas encore eu l’occasion de la voir mais il espérait pouvoir le faire à leur retour. Cette nouvelle semblait avoir apaisé les tensions qui régnaient à la prison depuis quelques temps. Isaac n’avait ressenti aucune tension entre lui et Lisandro, ce dernier ayant même l’air de bonne humeur. C’était donc une sortie qui s’annonçait plutôt bien…

Le trio arriva sur le parking du commissariat. Imitant les autres Isaac sortit de la voiture, prenant soin de refermer doucement sa portière. Emmitouflé dans un épais manteau, une écharpe enroulée autour du cou, l’homme scruta les alentours quelques instants. C’était calme, pour l’instant. Seuls quelques râles et le léger craquement de la neige sous leurs pieds venaient perturber le silence de ce paysage hivernal. L’ancien éleveur acquiesça d’un signe de la tête à la proposition de Lisandro. Puis il s’exécuta, suite aux directives d’Andrea, avançant vers les voitures stationnées là depuis longtemps. Ne s’éloignant pas des autres, il n’eut pourtant pas le choix de s’arrêter, subitement. Et s’il crut d’abord avoir trébuché sur quelque chose, il se rendit compte que son pied venait de se faire capturer par une main décharnée. Il n’avait pas vu ce corps recouvert par la neige, qui apparut alors brusquement lorsqu’il tenta de s’en débarrasser. Il fut contraint de le repousser à plusieurs reprises pour éviter de se faire mordre, mais il finit par lui transpercer le crâne avec la lame de son couteau. Il avait eu de la chance. Il grommela doucement, alertant Andrea et Lisandro. « Faites attention, il doit y en avoir d’autres là-dessous… » Plus de peur que de mal, ils allaient devoir être vigilant. A quelques pas de là, plusieurs tas de neige semblaient remuer doucement…

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L’idée approuvée, Andrea donna les dernières instructions avant qu’ils ne s’élancent vers le commissariat, leurs armes prêtes et leur regard sur le qui-vive. Sans trop s’éloigner, Lisandro s’approcha d’une voiture fermée, s’aidant du pied de biche, le chilien en força l’ouverture, un peu bloquée par la rouille et le givre. Cela fit un peu plus de bruit que prévu, sans résonner dans leurs oreilles pour autant. De toute façon, il n’y avait pas à se leurrer, les morts étaient là, heureusement ralentis par l’hiver qui devenait leur meilleur allié en ce jour. Une fois la portière ouverte, il se retourna vers les autres alors qu’Isaac les mettait en garde de ce qui se tapissait sous la neige, en secret. C’est à cet instant que l’un des cadavres se redressa, s’ébrouant quelque peu en faisant tomber la neige sur ses épaules encore ankylosées par le froid. Lisandro sourit, amusé de voir que même s’il ne supportait pas l’hiver, il l’adorait au moins pour cette raison. Le chilien eut donc tout le loisir de le cueillir en envoyant son pied de biche directement dans le crâne du défunt, pour qu’il repose enfin en paix. L’inquiétude ne l’avait pas encore gagné, non. Il restait insouciant, l’humeur légère bien qu’il soit assez attentif pour ne pas se laisser surprendre. Il était juste … un peu trop guilleret sans doute. Peu importe, il n’aurait qu’à se justifier en parlant de la naissance d’Elizabeth, et la survie de Selene.

Surveillant la zone, il se glissa dans voiture pour regarder sous les sièges, la boite à gant, allant même jusqu’à se pencher dans le coffre. Il n’y avait pas grand-chose, il trouva néanmoins quelques objets qui pourraient être utile ; une trousse de secours encore intacte – il n’y avait jamais grand-chose là-dedans, mais tout était bon à prendre –, il trouva aussi une boite d’allumettes. Il glissa ses trouvailles dans le sac à dos qu’il avait emporté avec lui, où se trouvait déjà quelques matériels de premier secours pour eux trois, au cas où. Juste à ce moment, il vit un rôdeur ramper vers Andrea en se glissant entre deux voitures. Il savait qu’elle était capable de s’en sortir, qu’il ne suffirait que de lui indiquer le problème. Mais au lieu de ça, il s’élança dans sa direction pour abattre le mort avant qu’il ne se relève pour de bon. Avant qu’il ne se saisisse de sa cheville gracile. Il se redressa ensuite, adressant un sourire éclatant à Andrea, digne du preux chevalier qu’il n’était clairement pas. « Tu regardais ailleurs… » Se justifia-t-il. Puis il se tourna vers Isaac, allant jusqu’à le rejoindre. « Il faudra que t’ailles voir la petite quand on reviendra … » Il lui sourit, chaleureux. Il savait qu’Eli se finalement content de le voir. « Je crois qu’Eli s'attend à ce que je lui apprenne à changer des couches, ce n’est pas vraiment mon domaine. » Dit-il pour noyer le vrai message qu’il tentait de faire passer à Isaac ; que cette rancune était vaine, injustifiée et qu’ils avaient besoin de lui, comme ils avaient besoin de tous les autres habitants de la prison.

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« Oui, j’en serai enchanté. » Répondit simplement Isaac, non sans cacher son étonnement. Cela faisait un moment, à présent, que les deux hommes n’avaient pas échangé quelques mots, et surtout de manière aussi amicale. Le sourire communicatif du chilien faisait plaisir à voir, rassurant par la même occasion le cavalier. Le médecin du camp ne semblait plus lui en vouloir, toute la rancune, toute la colère qu’il avait laissé entrevoir ces derniers temps, tout cela s’était visiblement envolé. L’homme demanda même si le père de famille pourrait aller donner quelques conseils en matière de couche au tout jeune papa qui était resté à la prison, auprès de sa toute nouvelle famille. « Euh… Oui. Bien sûr. » Etait-ce le jeune mexicain qui en avait fait la demande ? Isaac n’eut pas vraiment le temps de poser la question à Lisandro, à qui il fit comprendre qu’il avait repéré du mouvement dans la neige un peu plus loin, près d’une voiture.

L’ancien éleveur s’avança alors, prêtant attention à l’endroit où il posait les pieds, cette fois. A cet endroit, la couverture de neige était un peu plus épaisse. Arrivé près du véhicule, il entendit un râle étouffé et la neige se mit à bouger encore un peu plus, jusqu’à ce qu’un bout de bras, puis une tête apparaissent partiellement. La créature semblait prise au piège, Isaac fit quelques pas vers elle avant de venir l’attraper à la gorge. Une main glacée se referma sur son bras, mais il réussit tout de même à enfoncer la lame de son couteau dans la tempe du rôdeur, dont le buste retomba sur le côté, les jambes toujours coincées dans la neige.

Alors qu’il allait s’intéresser à la voiture à côté de lui, le cavalier croisa le regard d’Andrea. Elle lui désigna un camion garé plus loin, derrière lequel elle avait repéré deux rôdeurs. Chacun prit un chemin différent, Isaac contournant avec précaution une voiture avant de se diriger vers le camion. Une fois posté à l’arrière du véhicule, il jeta un coup d’œil rapide afin de repérer les silhouettes repérées par la jeune femme. Il avança alors, se faisant remarquer par l’une des créatures qui s’avança alors vers lui. Il détestait faire ça… Mais il n’avait pas le choix. Il eut du mal à reconnaître ce qui avait autrefois été une femme, un de ses bras semblait avoir été à moitié arraché, un morceau pendait, retenu par un morceau de chair qui ne tarderait pas à se décrocher. Son visage aussi était abîmé. Le cavalier s’avança alors avant de la contourner avec agilité, pour ne pas se faire attraper. Là, il s’empara de l’une de ses épaules, avant de venir percer sa boîte crânienne d’un coup sec.

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