Posté près de la fenêtre, Isaac se tenait prêt à intervenir au cas où. Le cavalier ne quitta pas Lisandro des yeux. Le chilien fait sauter une partie de la planche en bois. Ce fut à ce moment-là qu’un autre bruit se fit entendre dans le lointain. L’éleveur de chevaux détourna un instant son regard du brun pour tenter d’essayer de repérer l’origine de ce bruit, il n’y parvint pas, cependant. Il chercha brièvement, scrutant les alentours mais il n’aperçut rien de suspect. Il fallait trouver un moyen d’entrer là-dedans, et vite. C’était le sentiment que le vieux Greene avait.

La voix du chilien le fit revenir à la réalité. Il avait réussi à ouvrir un passage afin de pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Ce n’était pas très large malheureusement. L’ancien croque-mort lui expliqua qu’il voulait éviter de faire davantage de bruit. « Attendons de voir ce qu’a trouvé Andrea. Peut-être qu’il y a mieux derrière le bâtiment. »

La jeune femme ne mit pas longtemps à revenir. Et apparemment, elle n’avait pas trouvé mieux. Elle comptait entrer seule par l’ouverture faite par le chilien, seule. Cette idée ne plaisait pas à l’aîné du groupe. C’était risqué de la laisser entrer seule là-dedans. Mais le cavalier commençait à la connaître suffisamment pour savoir qu’elle ne leur laisserait pas le choix. Andrea s’engouffra alors par la fenêtre.

Isaac reporta son attention sur l’extérieur, surveillant une nouvelle fois les alentours. Il ne fallut pas longtemps à Andrea pour revenir vers l’issue par laquelle elle était passée, pour échanger avec Lisandro ce qu’elle comptait faire. Le cavalier n’entendit pas la conversation, la jeune femme semblant chuchoter. Alors lorsqu’elle reprit ses recherches, le vieil homme demanda à Lisandro. « Alors ? Elle a trouvé quelque chose ? » Il était contrarié de la savoir seule dans le bâtiment. Ils devaient trouver un moyen de la rejoindre.

Evidemment, il avait eu beau ignorer superbement la possibilité qu’elle s’y glisse à l’intérieur, seule, Andrea eu l’idée sans aucune aide. En même temps, il n’y avait pas trente-six mille solutions, et Lisandro n’avait légitimement pas le droit de s’inquiéter pour si peu. Andrea était forte, bien plus forte que lui, ou qu’Isaac. Ce jour, les deux hommes n’étaient pas vraiment les plus rôdé à l’extérieur, ils se débrouillaient et se défendaient bien. Mais bon, cette sortie était censée bien se passer après tout, non ? La suivant du regard, il ne l’empêcha pas de se glisser à l’intérieur, alors même qu’il se sentait soudain un peu plus nerveux. La dernière fois, la femme à laquelle il tenait le plus n’était jamais revenue à la prison. Ils n’en étaient pas là, définitivement, avec Andrea. Cela ne se reproduirait peut-être plus jamais. Mais cela l’avait lié à elle, il ne s’en cachait pas. Il changeait malgré lui, sa vision d’elle, il avait un peu peur qu’elle aussi, ne rentre pas, parce qu’il n’avait pas eu la possibilité de la sauver. Elle. Très vite, il s’efforça de chasser l’image de la mexicaine de son esprit. Andrea reviendrait.

Elle ne tarda d’ailleurs pas à signaler sa présence en toquant à la planche alors que les deux hommes surveillaient les alentours, attentifs. Ne s’adressant qu’à lui, il se pencha pour l’écouter et sourit à sa dernière remarque accompagné d’un sourire, juste pour lui. Il hocha la tête. « Si t'as un doute, dis-le on peut tenter notre chance avec le cadenas et te rejoindre. » Sa voix était beaucoup moins teinté d’inquiétude qu’il y a quelques instants, plus confiant aussi. Il se redressa et retrouva Isaac qui lui demanda ce qu’elle avait trouvé. Il parut une demi-seconde surpris avant de se reprendre et de lui répondre. « Elle dit que la porte vers l’issue de secours est fermée, elle va aller fouiller les bureaux avant de nous faire entrer, pour être sûr qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise de ce côté-là. » A bien y réfléchir, ce n’était pas non plus la meilleure des idées, mais trop tard, Andrea avait filé. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il n’y ait pas la moitié du service policier enfermé dans l’une de ces pièces. « Elle sera prudente. » Affirma-t-il. Comme toujours.

Balayant les alentours, Lisandro faisait attention à ce qui pouvait bien leur tomber dessus. Nerveusement, il triturait son arme, pas vraiment serein de la savoir à l’intérieur et seule. Il pouvait arriver n’importe quoi, et ils ne pourraient rien y faire. Mais attendre ne lui suffisait pas, trouver une façon de les faire entrer avec elle risquait de prendre du temps. Quitte à faire un peu plus de bruit, autant faire en sorte d’être tous ensemble pour affronter les problèmes. « Ça te dit qu’on s’occupe de ce cadenas ? De toute façon, on ne restera pas seuls très longtemps. » L’hiver avait beaucoup les ralentir, voire de les figer. Ils étaient toujours là, à attendre leur moment. Avec l’approbation d’Isaac, Lisandro alla observer le cadenas d’un peu plus près.

Il plaça son pied de biche de façon à pouvoir l’utiliser comme levier et utiliser la fragilité à leur avantage. Il exerça une pression, y mit toute sa force, tout son poids, mais le pied de biche glissa et à par agiter le cadenas et faire plus de bruits que nécessaire, la porte resta fermée. A cet instant, un râle émergea du parking, suivit d’un autre. « Mierda. » Souffla-t-il. Il se redressa, son aîné avait entendu aussi, il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’ils soient bientôt sur eux. Il s’apprêtait à réitérer sa tentative sur le cadenas quand Andrea l’appela. Il arriva rapidement, pressé et soulagé de la voir. Il nota son air un peu bouleversé, et la peluche son bras. Il fronça légèrement les sourcils avant de l’écouter. Il hocha la tête et lui offrit un sourire chaleureux. Elle semblait n’être venue que pour se rattacher à eux, avant de continuer. « On essaye de casser le cadenas, si jamais tu entends du bruit… On devrait pouvoir te rejoindre assez vite. » Lui dit-il avant qu’elle ne s’échappe, se dirigeant vers la dernière pièce à explorer. Un peu soucieux, il retourna au cadenas. Mais déjà un mort apparu à l’angle du bâtiment. Il comptait sur Isaac pour les préserver des deux autres qui approchaient, le chilien s’élança pour cueillir le cadavre, lui attrapant le bras pour le tirer en avant, avant de lui exploser le crâne avec son pied de biche. Alors seulement, il se remit en place pour tenter de briser ce foutu cadenas. Il poussa, y mit toute sa force. Mais le pied de biche glissa, encore.

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