La pêche commençait à devenir bonne pour le petit groupe. En plus des conserves que Jenna avait trouvé voilà que les deux frangins se mettaient eux aussi à ramasser de la bouffe et ce n’était pour lui déplaire. Finalement cette expédition ne serait peut-être pas un fiasco complet si au moins ils arrivaient à rentrer en un seul morceau. Ils auraient le mérite de ramener quelques provisions pour le camp. Ça serait maigre mais au moins ça serait déjà quelque chose.

Un dernier coup d’œil à la pièce et Jenna ramassait une bonne de conserve qui n’était pas aussi clean que les précédentes mais bon c’était toujours bon à prendre et ça pourrait servir … quand on saurait ce que c’est.

Jenna avait fini de fouiller le réfectoire aussi elle se décidait à revenir dans la cuisine où se tenait les deux Rogers qui semblaient, en plus de ramasser de la bouffer, occuper à se balancer des piques au visage sur un ton qui était bien loin de la plaisanterie du début de l’expédition. Cela devait venir du lieu, il devait rendre les gens un peu fous au final et ce n’était pas étonnant vu l’ambiance qui y régnait il avait été clairement occupé par un grand malade … ou alors … c’était ça d’avoir un frère ou une sœur. Fille unique Jenna n’avait pas conscience de ce que c’était de devoir supporter quelqu’un sans avoir eu le choix qu’il soit là. Quoi qu’il en soit elle leur passait à côté en se contentant de soupirer un bon coup et en lâchant une phrase à leur attention.

« Faites plus de bruit … j’suis pas sûre qu’on vous est entendu depuis Tacoma ! »

Jenna marqua un temps d’arrêt en entendant ce qui semblait être un cri ou un juron venant de plus loin, venant de l’autre groupe. Elle essayait de prêter attention à savoir ce qu’il se passait et si ce cri était le synonyme d’un appel à l’aide ou autre.

« Mais fermez là bordel … on entend que vous !  Pire que des gonzesses ! »

Une fois l’équipe scindée en deux, le barbu préféra de nouveau s'équiper de son couteau. Après tout, il ne savait pas ce qu’ils allaient découvrir derrière cette porte ? Il fallait peut être mieux être armé d’une lame plutôt que d’un simple bâton ? Quoiqu’il en soit, pendant ce temps, Joy, pressée de découvrir ce qui se cachait à l’intérieur de cette planque, devança le brun et déverrouilla, immédiatement, le loquet donnant accès à la pièce.

Le routier, lui emboîta donc le pas et fut tout de suite attiré par une étrange et horrible forme humaine accroupie aux côtés d’un corps inerte. Clay interloqué par ce spectacle, s’apprêta alors à dire à Joy de prendre ses distances. Mais, « la chose » rampa à la vitesse de l’éclair et se retrouva bientôt accrochée à la botte de la blonde. Le duo, stupéfait, se regarda brièvement. Et puis, en une fraction de secondes, tout se déroula très vite. « La créature » commença par hurler et puis, subitement, elle se releva d’un puissant bond et sauta finalement sur Joy, en la faisant basculer et chuter à la renverse.

En tout cas, la réaction de Clay ne se fit pas attendre car, là on touchait à sa partenaire ! Alors le brun attrapa violemment, avec sa main gauche, ce qui restait de crinière à la sauvageonne. Et puis, il tira puissamment sur celle-ci afin de l’écarter de Joy. Une fois, sa blonde à l’abri du danger, il serra, ensuite, le poing droit et c’est de toutes ses forces et en l’injuriant qu’il lui balança un terrible coup de poing en plein milieu du visage. Le coup devait être puissant car le nez de cette « femme » sembla se briser ? En tout cas, celui-ci pissait le sang. Et puis, ne sachant pas si ça allait être suffisant, il lui en recolla un autre, à peu près au même endroit. Cette fois-ci, le nez fut épargné mais se sont les dents qui volèrent et s’éparpillèrent un peu partout à travers la pièce.

Quand le brun remarqua que « la menace » semblait être tombée dans les vapes, il enleva immédiatement son écharpe et lui noua les mains dans le dos. Et puis finalement, il se rua en direction de sa blonde afin de prendre de ses nouvelles et en s’écriant : - « Joy ! Ça va ?! » Sa question était stupide mais, elle était instinctive. Arrivé aux côtés de Joy, Clayton s’agenouilla, aussitôt, auprès d'elle et lui déclara immédiatement : - « Fais moi voir ce que cette salope t’as fais ! » Et puis, il examina ensuite, avec précision et avec douceur, les blessures dans le cou de sa blonde.

La grosse putain ne tarda pas à se faire projeter au loin par son compagnon. La blonde se redressa à peine, juste de quoi reculer et se caler contre un mur alors qu'elle glissa sa main à son cou pour en constater que ses doigts étaient maintenant couvert de sang, de son sang. Les coups de Clayton résonnait dans la pièce, la décharnée devait prendre cher et Joy l'observa en silence l'attacher à la va vite. La peur broyait son estomac, il y avait tout de même une bonne dose de crainte qui l'animait, et si la femme était finalement un rôdeur ? Le doute était toujours un peu présent car cette blessure pouvait alors lui être fatale.

"Ça va.. elle est humaine ? Hein ? Clayton... putain dis moi qu'elle est bien humaine... grouille." Elle avait besoin de l'entendre de sa bouche pour faire taire cette peur grandissante qui lui rongeait douloureusement les entrailles.

Penchant lentement la caboche sur le côté, elle le laissa inspecter sa plaie brulante et piquante sans jamais quitter la timbrée du regard tandis qu'elle repensait à ce qu'elle avait pu voir plus tôt. Des outils de toute sorte et blindés d'hémoglobines séchées, visant sans doute à démembrer et désosser des vivants pour un festin de délire kebab à la viande humaine. C'était le scénario le plus plausible maintenant qu'ils avaient devant eux une maigrichonne à poil mangeuse de chair. "Il s'est passé des atrocités dans ce putain de sous-sol... faut l'interroger." Peut-être qu'il y en avait encore des comme elle dans le coin, et peut-être qu'elle pourrait leur servir à quelque chose, finalement.

"Putain, sans déconner, faut le faire pour se barrer en couille à ce point." Finalement, elle en vint à se dire que Swann et sa séance torture + meurtre pourrait presque passer pour un petit ange, quelle ironie.

Jason adressa un regard noir à son frère lorsque celui-ci se posa en victime de sa mauvaise humeur. Et ce en faisant qui plus est une référence des plus minables à des problèmes féminins mensuels. C'était typiquement le genre de réplique qui avait sa place dans une cour d'école, mais pas dans la situation présente. Le blond était dans un bel état d'agacement, prêt à frapper le premier ennemi qui allait se présenter. On aurait pu croire un fauve trop longtemps tenu en cage. Il ne savait pas pourquoi cet endroit lui mettait autant la pression, mais c'était sans doute le lieu le plus oppressant qu'il avait connu. Ce n'était pas de la peur qui le tenaillait, mais un vrai malaise.

« Putain, t'as pas compris qu'il y a un truc qui cloche grave ici ?

L'intervention de Jenna coupa court à leurs chamailleries, et eut au moins un avantage. Les deux frères cessèrent net de se disputer pour se retourner comme un seul homme vers elle. Ils lui adressèrent même un doigt levé bien placé, à l'unisson, ce qui doucha immédiatement la mauvaise humeur du plus jeune. Cela le fit même rire, et ce geste évacua temporairement la pression. Retournant à ses fouilles, il mit la main sur un de ces bocaux douteux remplis de chairs immondes. Sa curiosité méfiante reprenant le dessus, il approcha le bocal de ses yeux en l'éclairant avec sa lampe torche. On aurait dit une sorte de cervelle... dont la conservation était ratée. La couleur avait pris une teinte entre le gris et le brun, proprement répugnante. Après avoir marqué une grosse hésitation, il ouvrit le couvercle et l'odeur nauséabonde assaillit ses narines, faisant monter la bile dans sa gorge sans pour autant qu'il ne vomisse. Son air devait avoir été particulier, car il entendit Merl rire en le voyant faire. Soudainement irrité comme lorsqu'on était subitement pris dans une situation gênante, il haussa à nouveau le ton.

- T'as fini de te foutre de ma gueule ? Sérieux ! »

Par mauvaise humeur, il balança le bocal à la tête de son frère... oubliant totalement qu'il l'avait auparavant ouvert. Une partie du contenu s'éparpilla à terre pendant le vol, mais il en restait encore suffisamment pour atteindre la cible...

C’était normal pour moi de parler autant et pour le coup, je n’en avais rien à foutre, de foutre le bordel, au contraire, ça me faisait plutôt rire. Quand Jenna leva la voix pour nous dire de la fermer, mon regard avait croisé celui de mon frère et on avait décidé sans un mot de se tourner dans sa direction pour lui faire un fuck. C’était un truc parfaitement habituel chez nous. Sans réfléchir plus longtemps je m’étais éloigné de ce dernier pour continuer la fouille du coin. On avait tout de même trouvé quelques conserves ce qui serait un plus pour la survie. Je ne trouverais rien d’important pour le coup, même si je posais une fois de plus la main sur un bocal douteux. Il fallait peut-être que je finisse par en ouvrir un. Je posais mon regard sur Jason qui venait d’en ouvrir un de son côté.

- Pourquoi tu as fait ça ? Tu es con ou bien ?

Alors que je lui parlais et par ce que ça tête été priceless sans que je comprenne pourquoi, j’arrivais à la conclusion que je devais faire la même chose. Le bruit caractéristique se fit entendre alors que j’avais le bocal dans une main et le couvercle dans l’autre, je ne m’étais cependant pas attendu à voir celui de mon frère voler dans ma direction. Je reculais pour l’esquiver puis que je n’avais pas de place dans les mains pour le réceptionner, mais le contenue c’était déverser en plein vol, autant il y en avait par terre, mais il y en avait aussi du haut de ma chemise jusqu’au milieu de mon pantalon. Un peu sur mes pompes alors que le bocal se brisa sur le sol.

- Oh toi !

Ma voix avait raisonné dans la pièce de façon encore plus forte. Jenna voulait qu’on se la ferme et ce n’était certainement pas maintenant que ça allait avoir lui. Mon regard se fit un peu plus mauvais à l’encontre de mon frère, je l’aimais, mais même comme ça j’avais des limites. L’odeur était répugnante et autant dire que j’avais senti mon estomac vibrer à cause de la puanteur. Mais pas question de vomir, non, j’étais partagé entre inspirer un bon coup pour faire passer ça et arrêter de respirer, une solution comme l’autre n’était pas adéquate. En tout cas, je ne réfléchissais pas vraiment à ce que j’étais en train de faire quand je balançais le bocal ouvert que j’avais dans les mains sur Jason en guise de vengeance. Visiblement ce dernier eut d’ailleurs plus de chance que moi…

Les blessures de Joy n'avaient pas l'air bien méchantes mais, il fallait toutefois les nettoyer et stopper le saignement. Clay fouilla alors dans une de ses poches de veste afin de trouver un possible morceau de tissu capable de stopper l'écoulement. Et quand ce fut chose faite, il nettoya aussitôt l'hémoglobine qui s'écoulait des plaies. - « Oui, c'est une humaine, ne t'inquiètes pas. Tu n'es pas infectée ! » Déclara t'il spontanément. - « Il faudra quand même que tu fasses désinfecter tout ça quand on rentrera au camp ! » A cet instant il pesta intérieurement de ne pas avoir emmené une trousse de secours et continua : - « Elle m'a foutue une de ces trouilles cette conne ! J'en ai encore le cœur qui bat ! Putain, j'ai bien crû qu'elle allait te bouffer ? » Il fixa Joy et rigola franchement afin d'évacuer le stress que cette situation avait causé.

- « Ouais, c'est clair, il a dû se passer tout un tas de trucs immonde là dedans ? » Continua t'il tout en continuant à observer, du coin de l'oeil, la femme allongée sur le sol. - « Effectivement, il faut l'interroger. Elle nous dira peut être des choses utiles ? Ou pas ? Faut voir ! » Une fois les plaies nettoyées, il se releva et aida ensuite sa partenaire à se redresser. Et puis, une fois debout, il lui déclara : - « Bon, j'ai l'impression qu'elle se réveille ? Je vais m'approcher et commencer à l'interroger » Le brun se dirigea donc vers la sauvageonne mais, il arrêta subitement sa marche en avant quand il remarqua que son approche l'effrayait. En même temps, il ne pouvait pas lui en vouloir puisqu'il venait de lui fracasser le nez et quelques dents.

Alors, il se retourna, spontanément, vers Joy et lui murmura à l'oreille : - « Se serait peut être mieux que se soit toi qui l'interroge ? Je pense que ça passera mieux avec toi qu'avec moi ? » Il fixa à nouveau et la blonde et continua : - « Je reste là au cas ou. Mais, soit prudente quand même. Je n'ai pas envie de revivre la scène de tout à l'heure ! » Clayton resta donc en retrait mais, sur la défensive et prêt à agir en cas d'imprévus.