Sortant de ses songes, peu à peu, sa vision revenait à la réalité quittant l'univers de la nostalgie pour apercevoir des têtes reconnaissables comme beaucoup du Fort évidemment. Il y en avait pourtant qui se démarquait du lot comme Stan, et son amie, pas loin, elle reconnu la russe accompagnée de SoeurThérèse.com. Et évidemment Clayton. Victoria était dans le coin accompagnée à son tour de la scientifique. Arizona se retint même de ne pas fendre l'air pour faire part de sa façon de pensée en sa faveur. Il était inutile de casser l'ambiance, cela casserait l'effet de tout ce qui avait été mis en place jusque là.

En fait, Arizona avait juste faim et avait besoin d'une bonne douche. L'événement qui égayait le Fort et son tirage pour se faire vacciner, l'en avait coupé dans son élan. Les mouvements de foule n'était pas sa tasse de thé, cela faisait du bruit et forcément, le bruit, ce n'était jamais bon signe. Une voix sortie de nulle part, ou pour dire la vérité de droit devant elle, l'extirpa de ses songes « R.A.S Sud. - R.A.S Nord. - R.A.S Est. - R.A.S Ouest. » Elle salua son plus lointain ami avant de prendre son talkie et signaler : « Reçu, pour tout le monde. Turn over dans trente minute. Terminée. » Puis, elle se poussa un peu pour lui laisser de la place et dire : « Oh, bah oui, c'était comme au bon vieux temps mais avec des crétins à bord. Ils se sont scratchés un peu plus loin. Ça n'a malheureusement pas duré longtemps... Comme dans une rêve ! » Elle fit planer sa main dans le vide et simula un crash.

-Je suis sûr, t'aurais adoré voir ça ! Puis elle regarda vers la file où il revenait : « Pas selectionné ? » C'était con, il allait devenir papa, il devrait avoir la même chance de survie : « C'est n'importe quoi. » Elle ne comprenait pas cette roulette russe : « Tu sais quoi ? Je te laisse ma place, si tu la veux ! T'en as plus besoin que moi. »

Spoiler:

Spoiler:

- C’pas faux, concéda-t-elle à Clarke qui lui répondait qu’ils avaient déjà la solution pour rendre aux morts leur aspect de mort.

Finalement, elle en avait dans la tête et dans les ovaires la blouse blanche. Enfin, ce n’était pas que la pigiste présumait de ses facultés intellectuelles, mais disons qu’il était rare de voir les gens du labo se risquer à mettre le nez dehors. Ce n’était pas con pourtant : pour expliquer les progrès médicaux à des inconnus, mieux valait que ce soit quelqu’un qui savait ce qu’il racontait. Victoria se contenterait sans doute d’un résumé du style « bah tu te fais piquer et voilà ».

- Hum…, fit-elle pensive suite au reste des paroles de Clarke, plus d’vaccins, c’est possible ; mais inverser l’procédé, j’pense qu’c’est effectiv’ment d’un diplôme d’chaman dont t’auras b’soin. J’suis pas med’cin mais on m’a toujours appris qu’quand l’cœur s’arrêtait d’battre, c’tait fini.

Mais c’était certainement pas à une scientifique qu’elle l’apprendrait. Ils ne pourraient jamais rendre leurs vies aux infectés mais ils pouvaient empêcher les prochains humains de les rejoindre. La trentenaire suivait toujours le chiens des yeux - et fit un salut à Clayton au passage - puis finalement, elle ne résista pas à l’envie de demander :

- Pourquoi c’clebs là ? J’veux dire… les gens qu’veulent un chien plus p’tit qu’un chat, pourquoi v’prenez pas un chat ?! Suffisait de voir son expression pour voir qu’elle et les animaux, ça faisait deux, c’moins con et ça d’mande moins d’entretien… et c’moins ridicule, sérieusement…, mais no offense hein ! Juste… bref.

Spoiler:

Ce n'était pas si terrible... Quand Clayton s'approche vers elle, c'est là que ça devient terrible. Cet homme qui était venu la narguer ouvertement quand elle était attaché à l'infirmerie se la joue cette fois pseudo compatissant et faussement intéressé par son état. De là, le temps se fige pour la russe, poings et dents serrées elle dévisage l'homme derrière ses lunettes, un mot de plus et elle serait capable de lui sauter à la gorge tant la haine qu'elle éprouve à son égard est bien réel. Heureusement l'ex chauffeur s'en détourne presque aussitôt, ne lui laissant pas vraiment le temps de répondre. Quel enfoiré, il vient ouvertement se foutre d'elle et tourne aussitôt les talons....  

Stan lui répond, ça la coupe dans son élan... Sans danger qu'il dit... ? Tant mieux, la russe le croit volontiers et opine doucement en retour jusqu'à ce qu'il l'invite à s'éloigner en sa compagnie. Ils passent devant Arizona et le militaire s'arrête pour la questionner sur l'aventure du jour et le mot hélicoptère relève aussitôt le museau de l'encrée, c'est quoi ce délire ? Sourcils froncés, elle écoute avec attention et revoit Clayton dans son champ de vision qui joue à saluer tout le monde, en partie le duo qu'elle occupe, là s'en est trop. La russe marmonne quelque chose pour Arizona et Stanley, c'est pas vraiment compréhensible et ce doit certainement être dans sa langue natale de toute façon. Elle file ensuite à hauteur de l'ordure qui avait su l'insulter, la rabaisser et la narguer quelques mois auparavant.

"À quoi tu joues enfoiré ? Tu as décidé de devenir aimable et bienveillant d'un coup d'un seul ?" Rien à voir avec le type de l'infirmerie, pourtant, merde quoi, c'est le même gars ! "Ou tu te chies juste dessus à l'idée d'te manger mon poing dans ta gueule ?" Maintenant qu'elle n'a plus de liens pour la retenir, ça pourrait expliquer ce changement de comportement de la part du mégalomane, l'autre option qui justifierait une telle transformation serait qu'il se moque ouvertement d'elle pour qu'elle craque et dérape, ce serait tellement bien son genre aussi...

Pour les fins observateurs, les poings de la russe sont de nouveaux serrés et elle est presque en position de garde, une jambe légèrement en arrière et l'appui sur la pointe du pied, prête à charger. Ça fait des mois qu'elle n'a pas usé de ce ton et de cette attitude sur quelqu'un, finalement, c'est sacrément ironique que Clayton arrive à révéler une partie de l'ombre de ce qu'elle était avant.

Spoiler:

Arizona avait ignoré complètement la russe. De toute façon, elle ne voyait pas l'intérêt d'allumer un feu qui était encore embrasée. La russe était comme une bombe à retardement, le moindre faux pas lui donnait l'accord d'ouvrir sa gueule mais ça n'impressionnait guère la militaire qui décida de donner à Stanley, sa place quant à la vaccination.

Et puis, l'intervention de Clayton avait changé la donne puisque la russe avait réagi au quart de tour : « A quoi tu joues enfoiré ? » L'attention de la militaire quitta Stanley, pour virer sur le nouveau duo. « Tu as décidé de devenir aimable et bienveillant d'un coup seul ? » Toujours assise, elle étudia la situation tout en laissant la russe vociférer : « Ou tu te chies juste dessus à l'idée d'te manger mon poing dans ta gueule ? »

Sans attendre que ce dernier se fasse refaire le portrait, elle bondit de son assise et se posa en médiatrice : « OH ! » Elle attira l'attention sur elle. « Si tu veux un conseil, calme toi ou tu vas morfler ! » Fermement décidée à éviter un carnage, Arizona était prête à tout, même d'user de la force s'il en venait à être ainsi, elle aussi les poings prêt à l'usage. Et peu importe si elle devait aussi prendre un coup ou deux.« Ou tu veux qu'on s'explique toi et moi ? »

Spoiler:

Le temps que j’échange quelques mots avec les sœurs Summer, le personnel encadrant le processus de vaccination invite les accompagnateurs à s’écarter. Le but est sans doute de perdre moins de temps à l’arrivée et d’avoir une meilleure estimation du temps qu’il reste à attendre, mais je regrette de voir s’éloigner Roza. Je m’inquiète un peu ; c’est bête à dire, mais j’ai la sensation qu’elle aurait besoin que je reste à ses côtés.

- Ça devrait plus être long…

Je suppose à voix haute en faisant quelques pas de côté pour voir la longueur de la queue. Je vois qu’une jeune femme nous attend au bout – je crois qu’elle s’appelle Evelyn – et qu’elle coche au fur et à mesure les personnes qui rentrent. Je me remets docilement dans la file, mon attention divague jusqu’à tomber sur un regroupement formé par Roza, Arizona, Clayton et la fille de ce dernier. Inutile d’entendre pour savoir que ça ne se passe pas très bien et mon âme de chrétienne m’interdit de détourner le regard.

- Désolée, je vous abandonne ; à bientôt.

Je m’empresse de les rejoindre, le tissu de ma longue robe turquoise ondulant dans mon sillage. Lorsque j’arrive à hauteur des protagonistes, j’évalue rapidement l’immunisée et l’adolescente à ses côtés, puis prend doucement la russe par le bras. La cheffe de la sécurité l’a déjà prise à partie mais j’espère que rien n’est irrécupérable.

- Ça va aller Roza… je ne sais pas ce qui s’est passé, mais ça n’en vaut sûrement pas la peine.

Non, ça ne vaut pas le coup qu’elle soit de nouveau enfermée, brimée et torturée. Ces jours sont derrière elle – derrière tout le monde, je l’espère. Je me tourne alors vers les autres, cherchant à les rallier à ma démarche d’apaisement :

- S’il vous plait, cette journée est exceptionnelle. On devrait tous s’en souvenir comme de celle qui a changé nos perspectives de vie et pas comme… comme une après-midi de violence de plus, je prends une grande inspiration pour ravaler ma timidité ordinaire, Roza essaye de s’intégrer parmi nous, donnons lui toutes les chances de réussir.

En disant ça, je me suis même interposée entre la russe et la militaire. Je n’ai pas peur quand il est question de défendre la bonté et la justice, dois-je en être punie également.

Spoiler:

Spoiler: