Résumé:

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C’est une obscurité bienfaitrice dans laquelle il ne ressent rien, ne pense à rien et ne s’inquiète de rien. Une absence provoquée par l’esprit pour se préserver de la mutilation que le corps a subi. Il aurait été y rester plus longtemps, peut-être pour toujours. Parce que la réalité était bien plus terrible. Mais il n’a pas oublié la situation précaire dans laquelle ils se trouvent lui et les siens. Et c’est sans doute cette pensée qui finit par l’extirper doucement de cette obscurité bienfaitrice.

C’est d’abord un tiraillement, le souvenir de la morsure à son poignet qui fait battre son cœur fébrilement. Il allait y passer, non ? Se transformer ? Puis la douleur se fait plus vive, plus brûlante et quand il ouvre les yeux en gémissant… Il se souvient. Et la douleur se réveille d’un coup, en même temps qu’il réalise que s’il n’a plus mal à son poignet, c’est parce qu’il n’est plus là. Dans son crâne, il y a la douleur qui se mêle à la réalité du moment, et son cœur s’emballe. Il pose un regard affolé autour de lui, tandis que son visage se tord par la douleur ressentie. Il distingue Duncan resté à côté de lui, Cora non plus loin. Il y a une odeur tenace de chaire brûlée et du sang. Il y a également plus de personnes que tout à l’heure, et ils ne sont plus dans le bureau où a eu lieu la boucherie. Tout le monde était en vie, Nolan n’était pas loin de lui et s’il n’était pas penché sur sa blessure, c’est qu’il n’était pas en état, lui non plus. Serena, Joey, Tomas, Akiko. Ou était… « Selene… » Dit-il, inquiet. C’était plus facile de se concentrer sur elle que sur ce qu’il venait de lui arriver. « Où est Selene… Il faut… La retrouver… Rentrer. » La douleur est telle que les larmes roulent sur ses joues. La peur aussi. Il fallait rentrer. Il voulut bouger, se relever, mais le premier mouvement lui fit tourner la tête et c’est Duncan qui lui intima de rester tranquille temps qu’ils n’avaient pas encore de plan de sortie. « Andrea… » Appela-t-il, doucement. Il était terrifié, et putain que ça faisait mal ! Il fallait qu’il rentre. Qu’ils rentrent tous, et vite.

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Je hoche la tête alors que tout le monde confirme mes propos. Ouais, on doit partir et vite. Sauf que là, c’est quand même… compliqué. J’ai le sens de l’euphémisme, je sais. Je grimace alors que j’essaie de me redresser un peu plus, ignorant consciencieusement les points noirs et la douleur alors que j’essuie de nouveau mon front d’une main tremblante.

Et j’essaie de sourire de nouveau à Cassidy. « Mais ouais, tu gères. » Je suis soulagé que Tom puisse lui prendre la main et, à sa question, je secoue la tête. « T’occupe, rien de grave. » Enfin si mais pas autant qu’eux en tout cas. J’ai un soupir de soulagement à entendre des bribes d’échanges entre Cora et Serena. Elles organisent le départ, elles savent ce qu’elles font. Ca va aller. Et mon attention se reporte sur Cassidy pendant qu’Akiko s’occupe d’elle. Je devrais probablement détourner les yeux mais j’en suis incapable. Et je déglutis à entendre ses hurlements de douleur étouffés par le bâillon. Mais aussi à cause de l’odeur.

Au final, je sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose que Lisandro se réveille à ce moment-là. Je fronce les sourcils quand il parle de Selene, fixant les autres un instant, interrogatif, sans trop oser dire qu’elle est pas là. C’est peut-être pas ma meilleure amie, mais je souhaite pour rien au monde qu’il lui arrive un truc, quand bien même je suis conscient que la réciproque n’est pas vraie. Et, alors que Lisandro commence à s’agiter, je finis de m’assoir, laissant filer un grognement de douleur quand je bouge. « On rentre Lisandro. Tu vas retrouver Andrea et Annabella. Concentre-toi sur ça. » Je lève les yeux en direction de Tomeo, essayant de réfléchir comme je peux. « Il reste de la morphine ou pas ? Tu lui en as déjà donné ? » Tiens, je dirais pas non moi non plus. Remarquez, je suis pas à l’agonie, même si j’appréhende plus que fortement les prochaines minutes. J’inspire longuement avant de reprendre, aussi calmement que possible. « Je pense pas que Cassidy pourra remarcher de suite. Faudra la porter aussi. Tomas boite, il aura peut-être besoin d’aide. Et Lisandro … » Je grimace avant de souffler. « Je suis même pas sûr de pouvoir marcher sur ma jambe valide, je suis désolé... » Ca se fait de vomir ou pas ? Je me rends pas compte en fait.

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Si Joey voulait en finir au plus vite et rentrer chez eux, Akiko s'était afferée autour de Cassidy pour tenter de cautériser sa plaie. Joey regardait la scène en fronçant les sourcils, pressant l'épaule de Nolan, tout près de lui. À voir le visage blême de son camarade, Joey comprenait qu'il entretenait une relation particulière avec la jeune femme. Bien qu'il ne soit pas très proche d'elle, Joey appréhendait les paroles d'Akiko. Allait-elle s'en sortir ? Joey espérait que oui.

Quand Lisandro reprit connaissance, Joey eut un sursaut. Il appelait Selene. Pendant toute la durée de leur escapade, Joey était resté focalisé sur son groupe, sur ses camarades, sans vraiment penser à la jeune femme dont il était pourtant amoureux. Doucement, il s'avança vers Lisandro. « C'est fini... On rentre à la maison. On va les retrouver. » Maintenant que Lisandro l'avait mentionné, une alarme s'activa brusquement dans l'esprit du photographe qui commençait à panique : qu'en était-il des autres ? Est-ce que Selene allait bien ? Et les enfants ? Et Ludwig ? Joey lança un regard alerte à Tomas avant de secouer la tête. Celle-ci lui faisait mal, il savait qu'il avait une vilaine commotion et ne tarderait pas à s'écrouler comme une pierre une fois qu'ils auraient l'occasion de se poser enfin.

« Nolan, c'pas grave. Ecoute, agrippe mon bras. On va s'occuper de porter Cassidy & Lisandro. T'inquiètes pas. » L'inquiétude de Nolan n'aidait pas son état, celui-ci s'excusait même de ne pas être valide. Joey aurait eu un sourire en coin si les circonstances n'avaient pas été si dramatique. « Rentrons à la maison... » Joey insista en pressant l'épaule de Nolan, levant la tête vers Cora & Serena.

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