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Le soulagement ne fut que de très courte durée. Andrea ne le vit pas, mais Ruben tenta de retenir Freya lorsqu'elle fut attrapée par l'un des morts. Au dernier moment, il avait senti sa main lui échapper, et la jeune femme se retrouvait entrainer vers l'avant. Il y avait eu la stupeur, puis la colère et enfin les larmes. Les derniers morts renvoyés d'où ils venaient, son neveu laissa échapper ses larmes en se défaisant de cette pudeur qui le caractérisait. Jamais il n'avait craqué jusqu'ici, jamais… Pas même pour sa mère qu'il avait vu s'éteindre aussi sous ses yeux. Dans l'œillade que s'échangèrent Freya et Ruben, il y avait le désespoir des amours adolescents qui se terminaient pour rien. Andrea se rua aux côtés de sa famille, le saisissant par les épaules pour l'empêcher de s'effondrer près de sa petite-amie...

Non, non, non, répéta-t-il inlassablement en secouant la tête, sans se retenir de sangloter. Sa main serra fort celle de Freya, il la ramena contre lui parce qu'il n'arrivait pas à se résoudre à la laisser…
Ruben… souffla Andrea à son oreille… Je suis désolée, tu n'as pas… Tu n'as pas besoin de t'infliger ça…

Mais c'était fini. Pour Freya, il n'y avait plus aucune chance de s'en sortir. Pour Deaglan, non plus. La gorge nouée, elle ramena son neveu contre elle et le serra avec force dans ses bras, pour retenir ses sanglots. Ceux de cet amour qu'il lui avait caché pour l'aimer en secret, et qu'il voyait s'évaporer sous ses yeux.

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Le souffle court, Juliet prend conscience que tout est bientôt fini. Sa pelle à la main, elle assène un dernier coup fatal avant de reculer d'un pas. Elle balaie du regard la cour et les survivants maculés de sang. Ils ont réussi. Ils ont protégé leur foyer, protégé les leurs. Elle ne pense pas une seule seconde que c’est avec son plan qu’ils s’en sont sortis. Elle ne voit que l’effort collectif. La volonté commune d’éloigner la menace. Et pour la première fois depuis longtemps, elle sent enfin qu’elle fait partie de cette communauté. Ce n’est pas eux qui la repoussent, c’est elle qui se met à l’écart.

Autour d’elle, tout le monde se relâche. Mais, par une loi mathématique du destin, c’est toujours dans ces moments que les drames arrivent. Et ils ne font pas exception. Alors qu’elle pensait que tout était fini, vraiment fini, Freya est agrippée par un rôdeur. Tétanisée, Juliet voit la jeune fille basculer par-dessus la palissade et être attaquée. Un cri déchirant résonne dans la cour et Deaglan se jette au secours de sa fille. En un instant, il massacre le rôdeur mais se trouve vite submergé à son tour. Son sang les éclabousse, Isaac, Ruben et elle. Et tout devient blanc autour d’elle.

Son black-out ne dure pas longtemps. Ce n’est même pas une perte de conscience. Juste une énième protection que son cerveau met en place pour lui éviter plus de blessures, plus de chagrin. Lorsqu’elle se réveille, Isaac est penché sur le corps de Deaglan, la lame d’un couteau plantée dans le crâne de son ami. La gorge nouée, Juliet cherche des yeux Freya. Elle trouve la jeune fille assise par terre, visiblement trop choquée par l’enchaînement des événements pour ressentir la douleur que doit pourtant occasionner la large plaie qui remplace sa joue gauche. Les yeux dans le vide, elle fixe le corps inanimé de son père entre les bras d’Isaac. Derrière elle, Ruben s’effondre dans les bras d’Andrea.

Il ne faut que quelques secondes à son esprit pour comprendre qu’elle n’a pas le choix. Le visage crispé par le désespoir, elle rejoint Freya et s’agenouille devant elle. Elle n’a pas besoin de parler. Leurs regards se croisent et les deux jeunes femmes se comprennent. Doucement, elle aide la blessée à se relever et, bras dessus bras dessous, elles s’éloignent du groupe. Une fois seules, Freya ne retient pas un sanglot et se tourne pour prendre Juliet dans ses bras. La blonde répond à son étreinte sans se soucier du sang qui inonde le visage de Freya.

- Tu prendras soin de lui, hein ? Les larmes aux yeux, Juliet hoche la tête. Elle n’a pas besoin de demander de qui parle la condamnée. Elles le savent bien, l’une comme l’autre.

Reniflant doucement, Freya acquiesce lentement et tourne le dos à Juliet, ses épaules résolument rejetées en arrière. Même aux portes de la mort, elle reste fière et droite. La gorge nouée, Juliet laisse les larmes dévaler la pente de ses joues. Elle ne pense plus. Ne réfléchit plus à la suite des événements. Tout ce qui compte, maintenant, c’est d’accorder un repos éternel à Freya.

- Je suis désolée, murmure-t-elle d’une voix étranglée.

Et, sans attendre, elle abat sa pelle sur le crâne de la jeune femme.

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Les morts et la fatigue.

Ce fut ce que retint Olivia de tout ça. Ses bras meurtris par les efforts qu'elle avait fait. Elle eut un mal fou à relâcher le manche du pieu qu'elle tenait. Les presque cent cadavres formaient un tapis macabre sur le sol, et deux tombes devraient être creusés. Deux tombes supplémentaires. épuisée, la petite brune jeta son arme, sa seule défense, en aidant Janek a refermer définitivement les portes, qui ne s'ouvriraient à nouveau que pour leurs amis. Pourvu qu'ils rentrent. Vite.

Elle avala la distance vers Ludwig. Elle ne sentait plus les odeurs, la douleur de ses muscles, les tensions dans son ventre, ou la peur. Sa main se posa sur le dos courbé du rouquin, dans le but de le rassurer. Elle s'excusa aussi, parce que ça ferait encore deux personnes qu'ils connaissaient qui disparaissaient pour rien. Une boule se noua dans son estomac. Elle ne laissa le norvégien que pour venir libérer Shawna et les autres enfants de leur maison sécurisée…

C'est fini, leur assura-t-elle alors. Son fils se leva, et s'avança laborieusement jusqu'à lui tomber dans les jambes. Elle l'attrapa, le prit dans ses bras. Elle huma son odeur, s'en imprégna. Tout ça avait été dur, triste, violent. Et il y avait encore une fin à écrire quand les autres seraient rentrés.

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Les décharnés ne sont pas arrivés jusqu'à Mary, elle n'a pas pu aider. Pourquoi se met-elle en retrait ? Ce n'est pas dans ses habitudes, elle qui va d'elle-même au combat. Mais son inquiétude pour Cora l'a emporté il semblerait. Elle se préserve, ne voulant pas être l'être cher perdu de quelqu'un. Elle se maudit intérieurement. Deaglan et Freya en ayant payé de leur vie, elle prend cela pour une faute de sa part. Elle bugue un moment, mais elle se réactive soudainement.

Elle passe la clôture et se dirige, prudente vers la porte du campement, à l'écoute du moindre bruit. Elle marche sur des doigts, passe ses pieds entre des crâne, écrase un cerveau dans un bruit absolument ignoble. Elle tremble de partout devant ce spectacle horrible. Il va falloir tout nettoyer, ne pas penser aux pertes pour ne pas se laisser dépasser, elle regarde les traces de pneus des voitures parties en trombe. Il faut refermer ou au moins faire le guet. Elle reste silencieuse devant l'entrée du camp.

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