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« Je t’aime, reviens-nous vite. »  Elle l’avait embrassé, avant d’embrasser leur fille et de filer rejoindre les autres pour leur expédition. C’était un rituel qui le rendait toujours nerveux, comme s’il était censé accepter qu’un jour, elle ne pourrait pas revenir. Mais elle avait raison, c’était important.

Lisandro avait donc occupé sa journée avec Juliet à l’infirmerie, avant de la libérer à la fin de la journée. Il attendait sur le perron, nerveux en observant la nuit tomber et l’absence d’Andrea et des autres. Il avait laissé Annabella à Shawna, avec les autres nourrissons, surtout pour ne pas lui transmettre son inquiétude. Puis un bruit sourd résonna au loin. Comme les autres, le chilien s’approcha de Selene et des trois personnes de garde. Impossible de savoir ce que c’était, mais il n’y avait plus aucun contact avec les groupes au-dehors. Un souffle coincé dans sa gorge, il regarda Selene, puis Juliet. Oui, il fallait y aller, et puisque la petite blonde semblait décidée à venir. « Je vais demander à Erika de préparer l’infirmerie pour notre retour. » Au cas où. Erika venait de moins en moins à l’infirmerie, mais elle n’hésitait jamais à donner un coup de main, au besoin. Malgré son inquiétude, Lisandro parlait d’une voix sûre. De toute façon, il était hors de question qu’il reste là, à attendre. « Juliet, viens, on va préparer les sacs de secours. » Dit-il avec un certain aplomb. Il laissait le soin aux autres de s’organiser pour le départ. Il avait déjà perdu Eli, il était hors de question qu’il n’aille pas à la recherche d’Andrea.

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Ses yeux bleus passaient de l’un à l’autre. L’angoisse était palpable et les adjectifs utilisés par Cassidy, Connor et Ryan pour décrire le son ne lui disaient rien qui vaille. Dans l’immédiat, elle imaginait un effondrement : ce n’était pas impossible, d’autres infrastructures s’étaient déjà écroulées depuis le début de l’épidémie. L’air concentrée, la musicienne débattait toujours intérieurement. Il n’était pas seulement question de savoir s’ils se risquaient à prendre inutilement les devants, c’était aussi une inquiétude personnelle : cela faisait plusieurs mois qu’elle n’avait dirigé personne. Tomeo, Farah, Ryan, Sari… autant de co-survivants qui n’étaient pourtant pas habitués à la voir décider et elle n’avait pas le temps de forcer une autorité qu’elle avait sûrement perdu.

Pourtant, elle croisa aussi les regards de Lisandro, de Juliet, de Connor, de Summer, de Clint… Selene comprit qu’elle ne pouvait pas ne rien faire. Les vies de leurs amis étaient peut-être en jeu et s’ils ne l’étaient pas, le vacarme allait attirer des charognes, alors aucune mesure préventive ne sera superflue. L’opinion générale ne laissait de toute façon place à aucune alternative, en dépit des doutes émis. Qu’importe son assignation à résidence, qu’importe que son mental pouvait encore être fragile.

- Ok, on forme une équipe et on va voir au centre médical où est censé être le groupe de Serena, ils étaient la priorité dans la mesure où le contact était rompu. Le naturel revenait vite, son timbre était sûr : prenez des armes et surtout des lampes torches, elle leva le nez vers le ciel, on ne sera pas de retour avant la nuit. Chargez le camion et deux voitures, cela s’adressait autant aux médics qu’aux autres – ils avaient au moins besoin d’un véhicule volumineux dans le cas où ils auraient des blessés à déplacer, je vous suivrai avec Fury.

Les voitures n’auraient pas l’opportunité de la semer à cause de l’état des routes et, surtout, être à cheval lui offrirait peut-être une agilité que n’auraient pas les quatre roues. Ne restait plus qu’à s’armer aussi… et donner les consignes à ceux qui garderaient le fort.

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Ce fut le silence de l’intérieur et l’agitation dehors qui la sortit de sa torpeur. D’ordinaire à cette heure, elle pouvait déjà voir les premières têtes se presser pour un repas mérité, et là ? Rien. Olivia sortit de sa cuisine, Nicolas dans les bras dont elle s’occupait lorsqu’elle le pouvait. Scrutant tour à tour toutes les personnes qui se trouvaient autour de Selene et la vague discussion qui lui parvenait. Elle ne comprenait rien. Il était question de sortir en expédition avec les chevaux, mais à cette heure ? ça n’avait aucun sens.

Oula… Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle en tentant de couvrir le brouha ambiant. Les autres sont déjà dehors et nous avons déjà beaucoup moins de bras en moins, qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta-t-elle dans la foulée. Nicolas s’agita un peu. Elle ne l’empêcha pas, car elle aussi était désormais soucieuse.

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Elle hoche la tête à l’intention de Lisandro et attend les dernières instructions de Selene avant de partir. Lorsque son amie annonce partir à cheval, la blonde s’avance d’un pas pour se joindre à elle. Mais elle est interrompue par Daniella et recule, un peu à regret. Elle se sent infiniment plus à l’aise à cheval en extérieur, car elle sait pouvoir compter sur l’instinct de Django pour les garder à l’abri. Olivia surgit soudain à ses côtés, Nicolas dans les bras, s’enquérant de la raison de ce rassemblement soudain. Affichant un air rassurant pour le petit garçon, elle caresse sa joue tout en s’adressant à la brune.

- Il s’est passé quelque chose dehors et on n’arrive pas à joindre les équipes. On va aller voir.

Elle adresse un sourire à Olivia avant de tourner les talons en direction de l’infirmerie, rejoignant Lisandro pour préparer l’équipement médical dont ils pourraient avoir besoin. Mais difficile de prévoir sans savoir ce qu’on va trouver. En silence, elle suit les indications du médecin et range consciencieusement les instruments dans les sacs médicaux.

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Connor était bien plus mesuré sur cette sortie improvisée. Ça n’était pas pour être contre la décision de Selene, juste qu’il voyait le camp se dépeuplait soudainement. La moitié de leurs forces effectives était d’ailleurs déjà dehors, dans dieu savait quelle position. Devoir sacrifier l’autre moitié à l’aveugle, sur un véritable coup de poker et en pleine nuit, il avait beau être joueur, il avait plutôt l’impression de partir perdant.

On sera encore plus vulnérables ici, annonça-t-il. Je reste, mais on maintient le contact coûte que coûte, fit-il fermement.

Il devait bien rester des talkies, n’est-ce pas ?

Comme ça, on vous préviendra s’ils rentrent entre temps. Vous pourrez vous rabattre sur l’un des avant-postes au cas où quelque chose se passe et que vous ne pouvez pas rentrer avant demain, souffla-t-il alors.

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