« Mm. acquiesçais-je simplement – encore un peu furax – lorsque Dani s’approcha pour me questionner. Ça va aller... » J’avais tenté de lui sourire, comme pour appuyer mes dires, mais cette tentative ne se montra guère très convaincante… Après tout, le rictus qui étirait mes lèvres n’avait absolument rien à voir avec le sourire que l’on me connaissait d'ordinaire si jovial et contagieux. Rendant bien dérisoire ma tentative pour lui cacher la vérité comme quoi ça n’allait pas du tout – et je craignais, d'ailleurs, que ça n’irait pas en s’améliorant.

Ça n’avait rien à voir avec mon aversion pour Selene – ou presque rien à voir – c’était cette idée de siège qui m’angoissait au plus haut point. S’élevant presque au-delà de mon inquiétude déjà accablante pour le groupe de Reena qui n'avait pas encore donné signe de vie et pour tout ces gens que je voulais protéger entre ces murs. Si les morts se massaient à notre porte – ou plutôt ; quand les morts se masseraient à notre porte – j'allais devoir faire des pieds et des mains pour tenter de refouler la crise de panique sournoise qui allait inévitablement m'envahir à l'idée d'être emmuré à l'intérieur du Fort. Prisonnier entre ces murs, ce serait alors mes propres démons que j'allais devoir combattre lorsque la claustrophobie allait prendre le dessus sur tout le reste… et j'appréhendait ce combat bien plus que celui contre les morts.

Lorsque les premiers râles s’élevèrent dans la nuit, je me tenais tendu aux côtés de Dani. Osant à peine respirer, je fixais la palissade en écoutant le bruit des morts qui commençaient tranquillement à s’agglutiner autour de nous. Surveillant un signe, quel qu’il soit, qui nous aurait indiqué qu’ils étaient sur le point d’entrer… mais les murs tenaient bons. L’attente était étouffante, douloureuse même. Tous mes muscles crispés commençaient à m’envoyer des signes de fatigue. Je tremblais, mais était-ce dû à l’épuisement, à la peur ou au froid ? Probablement un beau mélange des trois… J’avais alors croisé le regard de Dani – un regard aussi apeuré que le miens – sans que je sache quoi faire pour la rassurer…

Spoiler:

Si on fait quelque chose, on risque d'agraver la situation, poursuivit Connor. Dans tous les cas, qu'ils fassent quelque chose ou non, le groupe était de toute façon coincé. Tout ce qu'ils risquaient en l'état, c'était de mourir ou de perdre des gens au passage. Attendons le levé du jour pour voir où on en sera, dans tous les cas, nous pouvons pas agir avec la nuit qui nous empêcherait de voir la totalité de la horde... Déjà qu'ils étaient particulièrement nombreux. Un soupir lui échappa. A défaut de ça, on peut étudier comment tirer le groupe de Tacoma de leur piège !

Connor avait besoin d'être enthousiaste. D'être positif, de trouver des solutions.

Ils sont à priori là, fit-il en désignant l'endroit où se trouvait Serena et son équipe, pris au piège à priori. On a deux axes pour dévier la horde et leur permettre de sortir. Vers la mort, on a pas de bateau viable pour essayer de les attirer dans la mer, et si on part vers le nord, on risque de les ramener vers le fort... il soupira. A trois équipes, et autant de voitures, on pourrait s'en sortir, tu crois pas ? Il désigna les endroits du doigt : Et demain, on avise de ce qui reste de la horde ici, voire si on peut tenter une percer ou quelque chose du genre... Tant que le calme régnait ici, ils pouvaient y croire. Et ils n'avaient jamais eu un campement aussi silencieux.

Spoiler:

Ils n'avaient pas eu énormément de temps pour se préparer. Comme les autres, Andrea était restée pour vérifier que les barricades tenaient le choc. Les morts passèrent à côté, se frottèrent contre, mais n'eurent visiblement pas à cœur de s'y intéresser trop longtemps. Elle surveilla alors, même fatiguée, le cœur gros et chargé, avec la crainte toujours persistante d'avoir fait une erreur. Elle ne pipa mot, avec les autres. Dans tous les cas, elle fit un signe de la tête à Frederik et Duncan, ainsi que Cora, pour les inviter à aller se reposer. ça n'était pas négociable. Elle préférait mettre des personnes qui n'avaient pas couru et étaient vigilantes absolument toute la journée, plutôt qu'eux qui tiraient déjà suffisamment sur la corde. Maintenant qu'ils étaient à l'abri d'une maison, elle leur souffla :

Restaurez-vous, faites une sieste ou allez rejoindre des gens que vous aimez au chaud, leur demanda-t-elle. D'autres vont se relayer toute la nuit pour surveiller à ce que ça se passe bien, mais j'aurais besoin de vous calmez et reposez dès le levé du soleil. souffla-t-elle. On ne peut se permettre de risquer l'accident parce que vous serez épuisés. Et nous ne bougerons pas tant que cette partie de la horde ne sera pas passée ou éparpillée.

Certes, tout ça n'avait rien de rassurant. Aussi ne leur demanda-t-elle pas d'aller dormir. Plutôt de manger un peu, boire quelque chose, se poser devant l'un des poêles qui fonctionnaient encore, lire un livre, qu'importait ! Il fallait que leurs esprits se mettent en pause au moins quelques heures.

Spoiler:

L’attente fut interminable avant les premiers râles. Ils étaient terriblement lents. Lisandro se souvenait plutôt de la horde qui avait marché sur le lycée, ça avait rapide, brutal, et elle ne leur avait laissé aucune chance. Elle avait dévasté le lycée et séparé tous ses survivants. Celle-ci était différente. Parce que l’idée de Selene fonctionnait. Les morts heurtaient le portail mécaniquement, mais les fortifications tenaient. Le portail vibrait peut-être mais résistait sans mal. Bientôt, il devint inutile de rester là, dehors, dans le froid. Une garde s’organisa, pour surveiller la horde qui passait à côté sans les voir.

Lisandro avait pressé la main d’Andrea, avant de disparaitre pour aller voir comment allait leur fille. Il avait besoin de la voir, de la serrer dans ses bras. Il la trouva à la garderie, toute calme dans un landau près de Shawna. Le chilien se pencha, emmaillota Annabella dans un châle avant de la prendre dans ses bras. Ouvrant son manteau moitié, il la cala contre son cœur pour la bercer de quelques mots susurrer en espagnol. Le regard que sa fille posait sur lui – émerveillé, captivé – lui donnait du courage. Elle avait les yeux de sa mère. Et tout comme elle, Annabella lui insufflait une force nouvelle. Parce qu’elle était calme et apaisée, le chilien décida de chercher après Andrea. Il la trouva dans la cuisine, alors qu’elle envoyait Duncan et Cora se reposer auprès des personnes qu’ils aiment. « Toi aussi, tu devrais aller dormir. » Dit-il, doucement, alors qu’il n’y avait plus qu’elle pour l’entendre. « Ou du moins nous accompagner chez nous… J’aimerai mieux me reposer près de vous deux, avant de partir avec les autres demain. » Il savait qu’elle s’inquiétait pour les autres. Il savait aussi qu’elle devait désapprouver l’idée qu’il sorte aussi. Mais il devait y aller. Justement parce qu’elle s’inquiétait pour ceux restés coincés dehors. « Rejoins-nous, quand tu es prête » Dit-il avant de poser un baiser sur son front et de sortir, rejoindre leur maison, Annabella toujours serrée contre son cœur.

Spoiler:

Résumé:

Mary voit les leaders s'éloigner pour discuter en toute sécurité, ne pas se faire entendre. L'on entendait seulement les râles, glauques et glaçants et quelques mains ou restes de membres antérieurs taper avec mollesse sur la tôle. Oui, ça les maintenaient rassemblés autour du camp, mais le silence pesant à l'intérieur leur assurait la pérénité... pour le moment...

Cora revient vers la brune avec douceur, lui intimant de la rejoindre pour aller se reposer. Les membres de Mary la brûlent tant elle est crispée par le froid et la peur que cette foule ne les écrase. Elle rabaisse ses épaules et laisse apparaître un doux sourire à la blonde avant de chuchoter.

- Dieu merci, un peu de repos ! Porter ces caisses m'a creusé et j'avoue qu'un petit moment de douceur serait le bienvenu...

Elle lui sourit et glisse sa main le long de son bras avant de lui faire signe qu'elle va la suivre. En suivant sa dulcinée, elle se retourne tout de même inquiète. Passer un moment de tendresse, un moment agréable, c'est une bonne idée si jamais ça doit être leur dernière nuit...

résumé:

Elle était frigorifiée et tendue. Les deux premières heures, elle n’avait quasiment pas bougé. Figée par l’angoisse, terrifiée par les râles qui se répercutaient de l’autre côté des parois. Inutile de les compter pour savoir que les charognes étaient trop nombreuses et que si elles entraient, il ne resterait probablement plus rien de Fort Nisqually.

Du regard, la musicienne suivit les premiers départs. Ceux qui allaient se concerter, se reposer ou rassurer dans proches. Elle ne délogeait pas de sa position, le poignet douloureux à force d’avoir la main crispée sur la crosse de son arme. C’était bête mais elle avait la sensation que si elle s’en allait, si elle quittait la grande porte des prunelles, les mordeurs allaient enfoncer le passager et entrer.

Les minutes suivantes furent interminables. Finalement, quand même Cora et Mary s’éclipsèrent, laissant les voraces à leur litanie, Selene se résigna à cesser de faire le pied de grue. Elle tremblait de nervosité et grelotait de froid. Dans cet état, elle ne pouvait pas aller voir Elizabeth – la petite dormait probablement d’ailleurs. Elle jeta donc son dévolu sur la grange, où elle savait que sa protégée n’aurait pas fermé l’œil.

La pianiste trouva Juliet avec Joachim, tous les deux réunis comme des frère et sœur. La distance à parcourir pour les rejoindre parut interminable. Lorsqu’elle fut devant eux, blême et frissonnante, elle tenta pourtant d’avoir l’air assurée :

- Ça va, ils ne rentrent pas.

Spoiler: