Les discussions vont bon train, les plans d'action aussi, certains plus réalisables que d'autres. Certains bien plus risqués et aléatoires aussi. Alors on mixe les idées et on en arrive à devoir se baigner dans de la chair morte et imiter nos ennemis pour mieux pénétrer à l'intérieur. Et aller chercher une voiture pour tenter d'éloigner encore des goules. Cette marée de morts qui déambulent et poussent des grognements est... impressionnante. Et effrayante. Je me demande si les autres aussi ont ce nœud au creux de l'estomac qui leur hurle de se tirer de là vite fait. Que c'est une mission proche d'une mission suicide. Et pourtant, personne ne recule alors que les groupes se forment. Je fronce les sourcils à la répartition. Quoi ? A la voiture ? Non pas que je n'en sois pas capable, mais, je serais plus utile si on trouve des blessés à l'intérieur... J'aimerai que cela ne serve pas, bien évidemment, mais face à cette grue écroulée sur le bâtiment... impossible de ne pas associer le fracas de la veille avec ce spectacle et si ils n'ont pas pu revenir, ce n'est peut-être pas seulement qu'à cause des goules... Mais parce qu'ils ne peuvent physiquement pas sortir de là. Nouveau coup de poing dans l'estomac. Que va-t-on trouver là dedans ? Mieux vaut ne pas y songer...

Mais Cassidy me prend de court alors qu'elle objecte concernant ma participation à la mission. Et je suis soulagé. Déjà de pouvoir entrer. Et également, de pouvoir garder un œil sur Farah et elle. J'aurais l'esprit plus tranquille. J'acquiesce à ses propos, avant de réfléchir à une façon de trouver un rôdeur à tuer pour me badigeonner de ses entrailles... Mais Lisandro se fait repérer. Merde. Farah commence par détourner l'attention des morts ambulants, tandis que Frederik fait un peu de ménage. Je ne peux pas le nier, il a du cran. Je prend la suite, farfouillant dans mes poches de jean usé jusqu'à la corde pour en sortir une vieille pièce qui n'a plus aucune fonction... Sinon celle de servir de moyen de diversion... J'espère. Je lance la pièce sur la carlingue d'une voiture désossée, faisant résonner un cliquetis métallique qui attire l'attention des goules. Allez Lisandro, encore un petit effort pour sortir de ce merdier...

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Résumé:

- Lis-, Selene avait étouffé son cri in extremis.

Elle n’avait pas cherché à comprendre, elle s’était élancée au secours de son ami de longue date. La tentative de Farah et Tomeo ne suffirait pas de toute façon : les mordeurs avaient perçu le mouvement et leurs râles les assourdissaient trop pour que leurs faibles diversions les détourne entièrement. Sa machette siffla dans l’air vicié et explosa – littéralement – le crâne trop mou d’une première charogne vieille de quatre ans et demi. La musicienne réitéra la manœuvre, une fois, deux fois, associée à ses alliés, jusqu’à ce que tous les voraces qui les avait repérés soient réduits à l’état de dépouille.

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Ensemble, nous avions unis nos forces pour parvenir à secourir Lisandro. Réduisant la quinzaine de morts l’ayant repéré, en un tas de dépouilles gisant inerte au sol. La tension était à son comble et n’irait certainement pas en s’améliorant… Couvert des entrailles des morts, nous allions enfin pouvoir mettre notre plan à exécution et partir à la recherche de nos amis – espérant les retrouver en bonne condition. Pourtant, tellement de choses pouvaient encore mal tourner… C’était donc le ventre noué par l’appréhension et la peur, que je m’étais mis à l’action. Faisant gaffe de ne pas m’en mettre dans les yeux, je m’étais alors badigeonné de sang et de boyaux putride. Empestant la mort et méconnaissable derrière cette couche sanguinolente, nous nous étions mutuellement souhaités bonne chance – même à Connor, parce qu’au fond, je voulais pouvoir continuer de le détester – avant de nous séparer en trois groupes bien distincts.

Faisant preuve de la plus grande discrétion possible, j’avais avancé aux côtés de Selene et Oliver. Imitant la démarche trainante de cette masse de morts à laquelle on venait de se mêler, on avait avancé lentement mais sûrement. Finissant – au bout de longue minutes qui me parurent interminable – par repérer la voiture, j’avais fixé notre cible en tentant d’ignorer la dizaine de morts qui nous entouraient et qui râlaient à quelques centimètres de nos oreilles… un faux mouvement et on était cuit. J’osais à peine respirer. Ayant même l’impression que les battements frénétiques de mon cœur risquaient de nous faire repérer… mais on tint bon !

Parvenant à nous glisser dans l’habitacle sans attirer l’attention, je m’étais permis un soupir de soulagement. Expulsant l’air que j’avais retenu, sans pour autant m’en sentir plus détendu. On n’était pas encore sortie d’affaire – et on ne le saurait probablement pas avant de rentrer au Fort, notre mission sauvetage réussie, parce qu’elle devait réussir. Silencieux, j’avais échangé un regard avec mes coéquipiers, m’attardant sur celui d’Oli qui tentait de me transmettre ses encouragements. Parce que c’était à moi de jouer… et même si j’avais réussi ce que je m’apparaitrais à faire un millier de fois avant aujourd’hui, la pression était immense. Puisant du courage dans les yeux de mon meilleur ami, j’avais frotté mes mains sur mes cuisses – ayant un instant oublié qu’elles étaient couverte d’entrailles – avant de me pencher sous le volant.

Mes doigts tremblaient et mes gestes n’était pas du tout aussi assurés et précis qu’ils l’étaient habituellement lorsque je jouais dans la mécanique automobile... Je dû m’y reprendre trois fois avant d’y parvenir enfin. Lâchant une exclamation se soulagement ; « Ça y est ! » lorsque le moteur s’ébroua enfin dans un vrombissement régulier. Le véhicule avait démarré !

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Elle avait manqué de vomir ; plusieurs fois. Après plus de 4 ans de putréfactions, les entrailles de ces charognes étaient particulièrement ignobles et malodorantes. Même en étant habituée, même en respirant par la bouche, Selene avait l’impression d’être plongée sans protection dans une mare de fange. Elle respecta les consignes de Lisandro – loin de la bouche, loin des yeux, le moins possible sur la peau – mais ça ne suffisait pas. Rien ne suffisait.

Il lui fallut un effort surhumain pour réprimer les frissons et les tremblements qui menaçaient de la trahir. Naviguer au milieu de ces indénombrables charognes était l’une des choses les plus angoissantes qu’elle n’ait jamais faites – et pourtant, la vie post-épidémie ne l’avait pas gâtée. Le cœur de la musicienne s’arrêta quand la poignée de la porte émit un fait cliquetis mais au final, ils purent entrer tous les trois à l’intérieur. Bien.

Tandis que Frederik joua son rôle, elle tira son glock de son étui en prévision du pire. Nerveuse, elle observait les silhouettes chancelantes autour d’eux jusqu’à ce que… BINGO. La voiture démarrait. Il n’avait plus une seconde à perdre : ils devaient dégager les lieux et en attirer le plus possible.

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