Le regard interdit lui arrache un léger sourire en coin. Il est vrai que c’était ni l’heure, ni l’instant. Mais c’est peut-être justement pour ça qu’elle en avait envie ? L’adrénaline parcourait ses veines, faisait encore battre son cœur à une vitesse folle. Ça n’avait pas besoin de répondre à une quelconque logique, ce n’était que de l’instinct pur… primaire. Il n’était pas obligé de la suivre, pourtant il agrippa sa main quand elle s’en saisit, avouant à demi-mot sa faute malgré son air interdit. Il ne lui en fallu pas plus pour se décider à obéir à cette pulsion.

Elle passa devant Nolan et les autres, d’un pas déterminé. « On revient . » Son ton est sans équivoque, et si ses intentions ne sont pas visibles sur son visage toujours aussi impassible, son regard farouche ne souffrait d’aucun refus. Ils sortent alors de la pièce principale du dispensaire, arpente le couloir principal jusqu’à ce qu’elle trouve une porte déverrouillée. Un placard à balais. L’amazone se retourne, l’entraine avec elle d’un regard avide, avant de refermer la porte sur eux.



Ils n’en sortiront qu’une quinzaine de minutes plus tard pour reprendre leurs tâches, et si on pouvait être sûr de quelque chose, c’est que l’amazone paraissait soudain beaucoup plus détendue qu’auparavant. Oh, et inutile de préciser qu'elle ne souffrait d'aucune gêne sur la situation.

Spoiler:

Les questions tournent en boucle dans ma tête, et j’essaie autant que possible de les repousser, ou au mieux de les ignorer. Parce qu’il y a trop d’implications et de conséquences que j’ai pas envie de voir. Pas tout de suite. Trop de doutes et d’inquiétudes aussi. Et j’ai pas envie d’y penser. Je serre mes bras autour de moi pour empêcher mes mains de trembler, et je me mords l’intérieur des joues à m’en faire mal. Je déglutis et tente de sourire à Nolan, hochant la tête quand il commence à parler, avant de le fixer en fronçant les sourcils. Quoi ? Je reste à le dévisager, sans trop savoir comment réagir. Oui, on en a besoin, mais… Ouais eux aussi non ? C’est une ville, des gens, des familles.

Restant un instant plantée alors que les autres commencent à s’installer et s’activer, je prends une grande inspiration et attrape un sac pour commencer à ramasser ce qui se trouve dans un placard, remisant loin, très loin, la culpabilité et le reste. Je suis des yeux Isaac et Raina quand ils sortent. Ils font quoi ? Je jette un regard à Nolan, avant de me pencher pour regarder dans le couloir. Non Mais… Vraiment ? Je jure tout bas. Vraiment ? Ils se foutent de nous là non ? Je soupire et secoue la tête, essayant de reprendre là où j’en étais. Mais c’est quand même… Putain, nous on se casse le cul et eux… Sérieux ? Mais ils ont quel âge ?

Interrompue par un cri, je me retourne et écarquille les yeux. Non mais il est sérieux lui ? Ils ont quoi tous ?... Oui, bon… Je fais un geste de la main à Nolan, déjà occupé, et me rapproche d’Elrik. Qui s’est assis donc. Je jette un coup d’œil à Joséphine, derrière lui, qui a l’air d’avoir autant de patience que moi à l’instant T. « Elrik ? » Nolan ou Tom eux auraient dressés l’oreille au son bien trop doucereux de ma voix. « Tu fais quoi là ? » Je le fixe et esquisse un sourire. Je suis fatiguée. Effrayée. Un peu paumée. En colère donc. Je pose mon doigt sur son genou sans le quitter des yeux. « Tu te rallonges ou j’appuie. » Toujours souriante, toujours adorable. Joséphine en profite pour l’attraper, avec bien plus de bienveillance que moi, par les épaules pour le repousser en arrière. Et qu’il essaie même pas de faire mine de m’envoyer bouler, je jure que j’appuierais assez fort pour le faire chialer. Et j’espère pour lui qu’il voit encore assez clairement pour se rendre compte d’à quel point je suis sérieuse.

Spoiler:

Un calme presque assourdissant après la tempête qu'ils avaient subit. Alan était resté avec Kaz sans rien dire. Pas besoin de paroles pour se comprendre, pas besoin de gestes supplémentaires pour lui transmettre toute son inquiétude la plus profonde, et son soulagement quant il vit les blessures minimes qui l'avaient touché.

Arrivés au pôle médical, Alan put enfin se faire ajuster son écharpe et demanda simplement de quoi désinfecter sa plaie à la pommette. De la glace n'aurait pas été de refus pour soulager la confusion dû au choc. Les sourcils froncés, il resta planté sur une chaise en voyant Kaz qui finissaient sûrement de recevoir les soins de la part de Joséphine. Une envie soudaine de s'élancer à sa rencontre le prit, mais il était trop épuisé pour cela. Il prit un long moment à fixer le sol, sentant un creux au niveau de sa majorité inférieure, là où auraient dû se trouver deux dents, soupira et s'avança après un temps de réflexion.

Arrivé à hauteur, il se contenta alors de lui presser l'avant-bras de sa main valide, qu'il ne lâcha pas, en ajoutant simplement d'un ton clairement épuisé mais rassuré : « Ils vont s'occuper de Tony... Tu as bien agi. »

Spoiler:

Lily ? Interrogea Andrea d'une voix douce en venant s'asseoir à côté d'elle.

Son regard sombre était posé sur la petite blonde, un sourire aimable sur le visage. Les temps avaient été durs, et pour certaines personnes plus fragiles que d'autres, les marques étaient difficiles à porter. Sa voisine semblait particulièrement sous le choc, discrète d'ordinaire mais presque rayonnante quand elle était au sein du campement. Quelque chose s'était passé, d'insupportable pour elle.

Joséphine, tu peux venir l'ausculter ? Fit-elle en appelant la pompier et en lui faisant un signe de la main. Ses deux plaies auraient également besoin de sutures, mais Andrea était prête à passer après Lily pour le coup. Après, tu viendras m'aider, souffla-t-elle à la blonde fermement. Comment tu te sens ? S'inquiéta-t-elle forcément pour elle.

Spoiler:

Tout le trajet, j'ai gardé ma main accrochée à Alan. Main couverte du sang de Tony. Trop assommé encore pour pouvoir profiter et me réjouir que Alan soit à côté de moi. Peut-être que le corps ne veut pas encore réaliser, pas encore lâcher prise et qu'il reste aux aguets. En boucle, je me répète que ça aurait pu être pire, que tout ira bien. Inlassablement parce que c'est le meilleur moyen de s'en convaincre. J'ai remercié Joséphine pour les soins apportés à ma jambe. Mon regard encore rougis se pose un peu partout et nulle part à la fois. Tentative vaine de fuir le trop plein d'émotions, tout ce qui grouille autour de moi. De chasser les inquiétudes aussi, pour Tony. Mais aussi au fond du ventre qui se tord pour Milow. Alan pose sa main sur moi et mon regard s'accroche dans le sien. Je hoche la tête à ses paroles, pas certains de les assimiler.

J'espère que...j'ai fait ce que je pouvais.

La voix rauque se brise un peu parce que plus le calme s'installe plus le feu reprend en moi. Empathie à vif quand je ne peux pas m'empêcher de penser aux inquiétudes de chacun, à ceux qui s'accrochent à la vie et ceux qui l'ont perdue. Je secoue la tête et m'approche d'Alan pour le regarder, de près. Je n'ose pas le toucher, j'ai peur de lui faire mal. Et rien que de le voir blessé, je ressens d'ailleurs cette étrange forme de douleur dans mon propre corps là où se dessinent ses blessures. Je grimace et fait mine d'avancer ma main vers sa gorge avant de me raviser. Je pousse un soupire.

Je suis content que tu sois là. Il n'y avait pas d'autre issue envisageable de toute façon. Et si t'es sage je m'occuperais bien de toi.

Sourire pas très convaincant sur le visage face à ma propre déclaration. Il n'a pas besoin d'être sage pour ça. Je lui demanderais bien de tout me raconter, mais je dois le laisser se reposer. Je me laisse simplement aller à ajouter.

Tu penses que Milow va bien ?

Spoiler:

Actions Elrik: