Ce fût un peu par hasard qu'elles percutèrent le garde devant eux, avant qu'à nouveau tout ne s'enchaîne. Venant tenant Raina qui avait reçu une balle venue par chance uniquement frôler son épaule, s'assurant que l'amazone se portait bien, l'amenant à l'abri. L'adrénaline de la fuite mélangée à celui du combat était un étrange mélange qu'elle avait du mal à appréhender, jusqu'à ce qui de feu qui la glaça sur place en voyant Selene s'effondrer.
Le cri s'était échappé de ses lèvres dès lors. Mélange de colère et de haine pure, alors que leurs poursuivants rebroussaient chemin. Se détournant du fugueur pour venir jeter un regard à Raina et s'assurer de son état, avant d'observer celui de Selene. Venant s'accroupir pour observer son oreille blessée, reprenant à l'attention de Corray.

On ne peut pas traîner. Il faut trouver Juliet, et se tirer de là au plus vite.

Cet homme, qui fuyait. Etait-ce pour une raison plus sombre qu'elle ne l'imaginait ? Ils n'avaient aucune raison de fuir alors qu'ils étaient tous là, réunis et blessés. A leur merci.
Ce fût avec une délicatesse infinie qu'elle vint glisser ses doigts sur la joue de la musicienne, venant capter son regard. Elle était blessée, mais toujours en vie.

On va t'aider à marcher, Migina. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Sans que la question était purement rhétorique, alors qu'elle cherchait à garder ses iris dans les siennes. Son regard semblait perdu, loin dans les limbes de son esprit, et de ce qui pouvait s'y tramer.
Mais le temps était compté, et ils n'avaient pas le temps pour faire dans la délicatesse.

Est-ce que tu leur à parlé ? Est-ce que tu leur à dis quelque chose qui les auraient amené à quitter le bâtiment en urgence ?

C'était elle, à qui l'on posait toute les questions. Elle, qui avait assisté à sa torture, et à celle de combien d'autres ? Corray n'avait définitivement pas été épargné. Et Juliet n'était pas avec eux, mais les échos de sa cellule avaient laissé entendre qu'elle n'avait sans doute pas été en reste...

Spoiler:

Il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas été si mal. Son corps était bariolé des cicatrices de sa survie et pourtant, ses marques dataient toute d’une autre époque. Certes, le mois précédent, elle avait été touché par les hommes de « Dread », mais… ce n’était rien. Un bourdon dans le crâne, du coton dans les membres, des aiguilles dans le thorax, elle gronda comme une bête blessée pour se redresser. Elle vit d’abord Corray, puis Nima… et où étaient les gardes ? Pourquoi ne les poursuivait-on pas ?

- Juliet…, souffla-t-elle comme un écho à la native qui affirmait qu’ils devaient trouver la jeune femme.

Selene était prisonnière d’un demi-monde, à mi-chemin entre ici et ailleurs. Le cortège des voix perverses vociférait, bruissait, mille hypothèses et mille accusations. Ses pensées défilaient bien trop vite pour qu’elle puisse les assimiler, ses émotions étaient autant d’éruptions volcaniques dont la lave consumait cruellement son cœur. Ses prunelles s’accrochèrent à celles de Nima, mais elle ne la voyait pas vraiment.

- Ils ont… Juliet… s’il te plait, il faut qu’ils arrêtent… ils l’ont… ils vont la…

Incapable de se concentrer, ses réflexions balayées par un maëlstrom. Et elle ne comprenait toujours pas pourquoi ils étaient encore libres et en vie. L’esprit trop brouillon pour entendre la fuite, pour réaliser qu’ils étaient désormais seul. A priori.

- Je… je sais pas…, marmonna-t-elle en toute honnêteté, je… peut-être, je…, sa mémoire était à l’image du reste de son fonctionnement cérébrale : chaotique ; ces derniers passés à la frontière d’une décompression psychotique n’aidait pas à faire le tri entre la réalité et l’hallucination, il faut trouver… Juliet, elle secoua la tête et tendit tous ses muscles encore intacts pour essayer de se lever, je vais… la trouver.

Spoiler:

Juliet. C'était bien le seul mot qu'avait réussi à souffler Selen avec épuisement, alors que la native l'observait sans mot dire. Un élan de rage pur venant bouillonner dans ses veines avec l'envie de partir à la course du fugitif, de lui arracher à main nues sa peau, ses yeux. Lui faire souffrir milles morts, et le voir acceuillir Yama avec un souffle de soulagement. Mais il n'en fût rien, alors qu'elle se forçait à rester concentrée sur les yeux troubles de la brune, incapable de dissocier le faux du vrai. Perdue dans cette folie qu'ils avaient fait ressurgir, d'une manière sans doute bien plus horrible que ce qu'elle ne pouvait imaginer.

Selene. Les moments ou elle utilisait son prénom se faisaient si rare qu'elle espérait capter un semblant de réaction dans ses yeux fous, venant poser avec douceur la main contre sa joue pour garder contact. Regarde moi. Lui hurler dessus ne servirait à rien de toute manière.

On va retrouver Juliet. Mais ces types ne sont plus dans le bâtiment. Si ils partent massacrer les nôtres, je dois le savoir. Pour Effy. Kaya. Isaac. Andrea. Je sais que c'est difficile, mais je te demande un ultime effort. insista t-elle en sentant ses entrailles se resserrer sous l'angoisse. Fronçant les sourcils à la vue des douleurs qui se réveillaient un peu partout dans son corps, reprenant encore dans une ultime supplique.

J'ai besoin de toi. Ne me lâches pas maintenant. Voyant la brune tenter de se relever, venant passer son bras autour de son cou avant de sentir son plexus la tirailler. L'accident de voiture mêlée à la violence d'Oliver n'aidait en rien, alors qu'elle abandonnait l'idée, laissant Corray et Raina prendre le relais.

Spoiler:

Ses paupières papillonnèrent, ses yeux roulèrent brièvement et se fixèrent de nouveaux dans les prunelles de Nima. Cette fois, elle la voyait. Comme si Selene avait besoin de se raccrocher à quelque chose de tangible, ses lèvres marmonnaient toutes seules pendant que son amie lui assurait qu’ils allaient retrouver Juliet. Oui, il fallait qu’ils la retrouvent, c’était le plus important. Plus que tout.

- J-je sais p-pas, je… j’ai oublié…

Puis, il y avait eu un mot, magique. « Effy ». Le prénom de sa fille avait comme relancé son encéphale malade, dont le débit sulfureux se stabilisa brusquement. L’œil au milieu du cyclone. La musicienne se sentit plus fourbue de douleur encore, massacrée par cette faiblesse atroce, mais elle replongeait dans le néant de ses souvenirs. Avait-elle risqué la vie de sa famille ?

- N-non… non, j’ai rien… je crois pas…

Ses paupières papillonnèrent encore. Il fallait qu’elle reste concentrée. Par bribes, les derniers jours se reconstituaient. Betsy. La chambre. Oliver. Ses questions. Les liens. Chris. Le viol. Horrible. Nonononononon, elle ne voulait pas revoir ça. Selene ferma les yeux et secoua énergiquement la tête. Retracer le passé était une épreuve, mais c’était important.

- J’ai rien dit de chez nous…, et puis ça lui revint comme un flash ; presque une projection astrale, où elle se voyait flotter au-dessus de son corps immobilisé torturé par une vision insoutenable, Valérian… il… il sait pour… la distillerie.

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