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Elle avait terriblement mal. Son corps essayait de suivre le rythme de Corray mais en réalité, il la tirait plus qu’autre chose… tout ça pour finir dans un cul-de-sac. Ça y est, c’en était fini de cette fuite alors, parce que les gardes derrière eux semblaient bien décidés à les abattre à vue. La main de la jeune femme se referma sur le manche du couteau coincé dans sa ceinture : si elle devait mourir là, elle le fera pas gratuitement. Mais elle fut coupée dans son geste par le musicien qui s’interposa devant elle.

- Qu’est-ce que tu fous ? Demanda la musicienne en tenant péniblement sur sa jambe intacte.

Il la surprenait à chaque fois et dans le chaos de ses émotions, un élan d’affection s’envola pour Corray. Et ensuite, le destin parut leur sourire un petit peu. Raina et Nima débarquèrent, pile au bon timing, probablement sans le vouloir. Malgré la situation, un nuage chaleureux de soulagement souleva le cœur de Selene. Son amie était là, elle était indemne. C’était une étape. Ensemble, ils pourront récupérer Juliet et partir…

Dans la collision, le premier homme perdit son arme. La pianiste se jeta dessus – ou plutôt : se laissa tomber au sol pour pouvoir l’attraper. Son corps accusa le choc d’un éclair de douleur qui voila brièvement sa vision, mais l’adrénaline lui mit une claque. Ses doigts se refermèrent sur le semi-automatique et dans la foulée, allongée sur le ventre qu’elle était, elle tendit le bras pour tenter d’abattre sa cible. La balle s’écrasa dans le mur, l’autre avait été assez rapide pour se mettre à couvert.

- Merde ! Elle grogna en essayant de se remettre debout, tant bien que mal, sa cuisse déjà imbibée de sang, choppez le deuxième ! Vite, avant qu’il s’en aille… il pourrait peut-être les mener à son amie...

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Le problème, c’était que le deuxième garde était armé aussi et ne se laissait pas approcher. Alors dans l’immédiat, aucun de ses trois comparses ne pouvait espérer aller le plaquer, sans risquer de se prendre une balle. Péniblement, la jeune femme se tira vers le mur le plus proche, laissant une trainée de sang dans son sillage. Dès que leur ennemi pointa son nez, elle fit feu de nouveau, mais il eut le réflexe de se planquer et la balle arracha un peu de plâtre à la place.

- Bordel, grogna-t-elle en s’aidant de la cloison pour se hisser sur ses jambes tremblantes. L’arme était lourde dans sa main – trop lourde – mais elle ne comptait pas abandonner…

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Le garde n’avait pas non plus l’intention de se démonter. Il jaillit de derrière l’angle du mur qui le protégeait et pointa son arme dans sa direction. Selene voulut le prendre de vitesse, levant son bras à son tour, mais elle était trop faible pour être la plus rapide. Il y eut une détonation, puis une vive douleur qui lui embrasa le crâne. Elle poussa un cri et retomba en arrière, tandis que son doigt pressait la gâchette par réflexe, libérant une balle qui manqua sa cible.

La pianiste se retrouva de nouveau au sol, éreintée, épinglée par la souffrance. Un sifflement lui vrillait les neurones et un liquide chaud coulait dans son oreille gauche. Son cœur commençait à perdre le rythme à force de s’emballer, sa respiration bruyante était la seule preuve qu’elle n’était pas – encore – morte. Car ainsi effondrée, un voile de cheveux sombre sur son visage et une hémoglobine rouge entre ses longues mèches éparpillées, elle aurait tout d’une victime.

Souviens-toi…

Un jour, tu l’as dit…

« Il n’y a pas de bon »

« Il n’y a pas de méchants »

« On est juste des survivants »

« On gagne…

… jusqu’au jour où on ne gagne pas »

Le voici.

Ce jour où tu ne gagnes pas.

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