C'est hallucinant d'en être rendu d'être des clandestins à côté de chez nous, vraiment. Quand on s'retrouve à devoir gérer ça, c'est à se demander comment ça a pu dégénérer à ce point. Mais le retour de Juliet a amené une petite quantité d'espoir qui revient, p't'être la chance qu'il se passe quelque chose de bien finalement. Même si... On tourne en rond, et qu'l'état de Joachim m'aide pas totalement à aller pour le mieux. Je souffle un coup, essaie de relativiser. Terminant d'permettre à Denise de boire un peu, j'tourne le regard vers les autres.

Juliet semble prête à nous parler. A tout nous expliquer.

On aurait aimé pouvoir t'accueillir dans de meilleures circonstances, mais c'est un sacré bordel maintenant, ici, que je lui réponds en baissant le regard. J'suis évidemment inquiet pour tout le monde au campement, notamment les enfants... Va y, explique-nous tout, et... Et on va voir c'qu'on peut faire, que j'ajoute finalement en pinçant les lèvres.

Dans notre état ? Probablement pas grand chose. D'autant que l'urgence, c'est probablement de reprendre Nisqually, mais on le fera pas sans bras pour nous aider... Et après quoi ? Est-ce qu'on pense à l'après ?

Spoiler:

Elle ignore combien de temps elles ont roulé, et même comment elle a pu retrouver le chemin du fort. Toujours est-il qu’en approchant de la zone pavillonnaire qui précède Nisqually, elle sent un soulagement intense l’envahir. Ces maisons, familières, signifient qu’elle est bientôt chez elle. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de se demander… de se demander si Selene et les autres s’en sont sortis…

Soudain, une forme surgit sur leur gauche et elle fait une embardée pour l’éviter, freinant quelques mètres plus loin. Surprise, Juliet tourne la tête, cherchant à percer l’obscurité pour distinguer quelque chose. La silhouette se rapproche et elle se précise. En reconnaissant Serena, la blonde pousse un petit cri et s’éjecte du véhicule, se jetant au cou de la mexicaine.

Succinctement, Serena explique à l’infirmière la situation pour le moins précaire dans laquelle ils se trouvent tous. Sourcils froncés, la blonde l’écoute sans l’interrompre, avant d’enchaîner avec son propre récit. Mais elle n’entre pas dans les détails. Il sera déjà assez pénible de remonter le fil des heures pour répondre aux questions, inutile de s’infliger cela plus d’une fois. D’un regard, elle fait comprendre à la brune qu’une fois seules, elles parleront. De toutes les choses qu’elle ne dira pas devant les autres.

Suivant la mexicaine à l’intérieur, Betsy sur ses talons, Juliet embrasse le salon du regard. Le chaos qui règne à l’intérieur est loin de la rassurer sur la situation de Nisqually. Du regard, elle interroge Ruben, qui répond à sa question muette. Lèvres pincées, elle laisse ses yeux vagabonder de visage en visage, s’attardant un peu plus longuement sur Joachim. Puis, attrapant la main de Betsy, elle l’entraîne avec elle jusqu’au canapé défoncé, où elle se laisse tomber, épuisée.

- Voici Betsy… on arrive de New Eden… ou d’un avant-poste, j’en sais rien , ajoute-t-elle d’une voix perplexe. On a été capturés il y a... Son regard se perd un instant, alors qu’elle fait le décompte des jours. cinq jours, je pense… ils veulent se venger de l’attaque de George.

Son ton implique toutes l’horreur des tortures qu’ils ont pu subir, mais sans rien préciser. Cela, elle le garde pour elle. S’humectant les lèvres, elle prend une seconde pour rassembler ses pensées et poursuivre son récit.

- Betsy m’a aidée à m’échapper, mais les autres… il faut aller les chercher, dit-elle d’une voix déterminée.

Après tout, c’est pour cela qu’elle a choisi de s’évader. Pour avoir une chance de les secourir.

Spoiler:

Deux jours qu’ils se trouvaient là… Sans nouvelle des autres, de Duncan, de Liam, de Wyatt, de Jazz... Shawna commençait à devenir folle. Tel une lionne en cage, elle ne cessait d’arpenter le salon bras croisée, incapable de se calmer. Sur son front, elle gardait les stigmates de sa confrontation avec Emma ; se sentant coupable parce qu’elle n’était pas parvenue à la dissuader de poser cette arme, de l’écouter…

Mais elle n’était pas au bout de ses surprises. Lorsque Juliet fit son apparition et qu’elle leur annonça qu’elle et les autres avaient été capturés par New Eden, la métisse se figea. Le ton de la blonde la fit frissonner… « Aller les chercher ?! Mais comment ? » S’offusqua Shawna. Comment pouvaient-ils aller aider leurs amis là-bas ? Aussi peu nombreux ? Aussi peu armés ? Et avec leurs proches bloqués à Nisqually. Elle passa une main sur son visage, tenant de se calmer, accordant un regard désolée à Juliet qui semblaient exténuée et fortement choquée…

Spoiler:

J’avais enfin relâché la pression à partir du moment où ils s’étaient tous décidés à quitter Nisqually. J’avais réussi à convaincre Ruben de ne pas retourner à l’infirmerie, et voir les troupes de Marlon au loin avaient suffi à convaincre les autres que c’était une très mauvaise idée d’y retourner. On devait fuir. Au plus loin, au plus vite.

J’avais fait en sorte de ne pas être une gêne pour eux, malgré ma blessure à la jambe… Mais plus le temps passait, et plus celle-ci me lançait sévèrement sans soin adéquat. Juste de l’eau et des tissus pour compresser la plaie, ça ne suffisait clairement pas. Je savais que ça n’allait sans doute pas s’arranger, tant qu’on aurait à se cacher. Mais quelle importance, au fond ? Ruben et Kaya étaient en vie. J’avais réussi à les prévenir à temps avant qu’ils ne subissent le même sort tragique que les autres. Le reste… Je m’en moquais pas mal. Il n’y avait plus rien d’autres à sauver là-bas. Je regrettais seulement que Duncan soit resté introuvable. Peut-être, sans doute même, que je ne le reverrais jamais lui non plus.

Une fois arrivé à la maison, je m’étais rendu par automatisme dans la salle de bain, sans trop espérer. Il n’y avait ni bandage ni médicament, mais je trouvais de grands ciseaux de couture que je déposais sur la table basse dans le salon. Les autres pourraient les trouver là s’ils en avaient besoin. J’avais fini par fermer les yeux, recroquevillé au fond du canapé. Je lançai des regards noirs à Devon, Alejandro, Olivier, Ted, Aurora et Linda quand ils tentaient de m’approcher. Ils étaient redevenus à mes yeux ce qu’ils auraient toujours dû être : Des étrangers, des arrivistes. Au plus profond de moi, je les détestais. Je ne pouvais pas leur faire confiance, même si je n’avais rien pour les incriminer.

Plus les heures passaient, plus j’avais terriblement chaud… Je me réveillais en poussant un gémissement de douleur quand je sentis de l’agitation autour de moi. J’étais pâle comme un mort, certainement. Je tremblais doucement, de chaud ou de froid, je ne savais pas vraiment. « Ma jambe… » Je me tortillai un peu pour en vérifier l’état sous les tissus. Ce n’était pas beau à voir. Merde… Ca me faisait vraiment un mal de chien. Et en plus de ça, je devais commencer à délirer. J’étais sûr d’avoir entendu Juliet, alors qu’elle était morte. Comme tous les autres.

Je me recroquevillai à nouveau, sans faire de commentaires. Peut-être que j’avais envie de mourir, moi aussi.

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