Lorsque Soo prit la parole, Shawna la regarda avec un air désolé. Elle avait envie de bien faire, de s’impliquer mais était-elle réellement à sa place ici ? Non, évidemment. La métisse s’apprêta à lui répondre, bien décidée à la rassurer mais les mots de Kaya pour la fillette la prirent de court. La coiffeuse, instinctivement enlaça la plus petite avant de se retourner vers l’adolescente pour lui lancer un regard noir. « Ferme-là Kaya ! Franchement on n’a pas besoin de ça ! » Elle comprenait que la disparition de sa mère était forcément difficile, elle comprenait l’état dans lequel elle était mais s’en prendre à Soo n’était clairement pas la solution.

Mais la fille ne Nima ne s’arrêta pas là. Bientôt elle passa ses nerfs sur Denise, rendant Shawna folle de rage. « Putain Kaya, c’est pas vrai ! Arrêteeee ! » Ruben intervint pour l’éloigner mais la métisse remarqua bien vite que leur « prisonnière » ne réagissait plus. Le neveu d’Andrea se précipita pour la réanimer et après d’interminables secondes, heureusement, il parvint à la faire revenir. Prenant sur elle, Shawna se tourna à nouveau vers Kaya avant de lui souffler à mi-voix « Je sais que tu as envie d’aller sauver ta mère mais… Ce n’est pas comme ça que tu vas nous aider. Il faut que tu te reprennes… » Elle avait parlé d’une voix plus calme, cherchant surtout à la calmer.

Puis elle écouta Aurora. « Il faut qu’ils soient au courant pour New Eden… Peut-être que ça fera peur à Marlon et sa bande ? » L’idée de retourner au Fort n’était pas forcément mauvaise mais évidemment, la réaction de Joachim ne tarda pas. Le voir dans cet état lui fendit le cœur… Il fallait qu’il soit soigné au plus vite mais elle comprenait qu’il ne veuille pas retourner là-bas… Elle soupira avant d’aller fouiller à son tour dans les quelques meubles qui se trouvaient là. Après quelques minutes, elle revint « J’ai trouvé un rouleau de gros scotch et quelques balles… » Elle posa ses trouvailles sur la table… Ce n’était pas grand-chose… Mais ça serait forcément utile.

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Je m'esquive rapidement pour trouver de quoi faire dans une autre pièce. Je cherche avant tout une couverture mais au final, je trouve autre chose. Une compresse de gaz coupée et deux lampes. Attrapant tout ça, je reviens vers les autres, et c'est à Juliet que je confie le tout, elle saura quoi faire avec sa nouvelle amie là.

Si on doit aller sauver Selene et les autres, on a besoin des armes de Nisqually, c'est tout, que je souffle aux autres, m'installant à côté de Denise pour faire barrage si quelqu'un essaie encore de l'approcher. Alors personne ira très loin sans elles de toute façon, et ça servira à rien de se disperser, si y'a plus de camp quand on revient, on est quand même dans la merde, que j'ajoute.

J'essaie de relativiser. Les mots de Joachim m'aident pas, mais bon... C'est comme ça... P't'être qu'il va falloir faire le deuil. Mais j'ai du mal à réaliser...

Faut qu'on trouve comment revenir au campement, on a Denise, on peut s'en servir comme monnaie d'échange, Albert fera rien sans sa mère, on l'sait, je réfléchis à haute voir je crois. Avec ce qu'on trouve là, on... On pourra p't'être réussir à faire quelque chose, s'ils sont tous dans la salle principale, on peut l'encercler et attaquer de plusieurs côtés, ou essayer en tout cas d'le faire avec une distraction - genre avec Denise, puis euh... puis j'en sais rien ! Moi, j'ai une arme à feu, et un scalpel, que je leur souffle en les sortant. Pour les tendre à Serena : Et maintenant, ça... On peut sans doute arriver à faire quelque chose avec tout ça, c'est sûr, que je dis en désignant ce qu'on a trouvé.

Je souffle un coup, ramenant mes jambes contre moi.

On peut pas tuer des gens par contre, on doit laisser ça au conseil et aux responsables de rendre Justice, j'en suis convaincue. Si on fait ça nous même, ça sera sans retour, on tuera Nisqually.

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En arrivant ici, Joey était entré dans un mutisme concentré. Occupé à rendre l'endroit habitable, il avait fait des kilomètres à crapahuter dans toute la maison dans l'espoir de trouver une solution. Son cerveau carburait sans qu'il ne parvienne à verbaliser ses pensées. Il fallait retrouver Duncan. Qu'ils gardent cet endroit maudis, on avait pas besoin d'eux. Tout ce que j'espérais, c'était qu'on retrouve Duncan et les autres. Même Selene et le reste de l'équipe disparue était arrivée en second plan dans l'esprit du jeune photographe, qui était simplement inquiet à l'idée de savoir Janessa, les enfants et les autres, entre les mains de cet homme ; cet homme qui représentait tout ce qu'il détestait.

Quand Kaya explosa contre Denise, Joey se figea, les yeux rivés sur le regard assassin de l'adolescente. Un choc pour le jeune photographe qui chercha du regard Soo. Une fillette si jeune, privée de nourriture consistante depuis aussi longtemps, ne tiendrait pas encore très longtemps dans cette situation. Joey accepta sa tasse d'eau après que Ruben et les autres se soient chargés de réanimer Denise, en état de choc. Après la remarque de Serena, Joey hésita. Il n'avait pas décroché un mot et savait qu'il était, aux yeux de certains, un élément purement usuel, une paire de bras et un esprit vif au service des autres. Mais pour une fois, Joey se mit devant le groupe :

« Je... J'ai une idée. » Il se stoppa net en voyant quelques têtes se tourner vers lui, mais ne rougit pas – ce qui était assez exceptionnel de sa part. « Joachim a besoin de soins, Soo a besoin de retourner au campement pour se nourrir... Nous aussi. Denise a besoin d'assistance. Pourquoi ne pas se servir de le talkie pour écouter Marlon ? On retourne au campement, discrètement, on reste caché, les armes prêtes... Et on peut se servir de Soo comme diversion... » Souriant à la fillette qu'il invita à venir vers lui, Joey jeta un regard à Shawna, en penchant la tête sur le côté. « Tu peux te présenter avec Soo auprès de Marlon, en lui disant que vous avez besoin d'assistance, la petite est mal en point, quelque chose dans le genre. Et nous pourrons nous servir des fumigènes au bon moment pour frapper. »

Joey écarquilla les yeux, presque surpris de lui-même et de l'audace de son plan, qui semblait risqué mais pas si tiré par les cheveux que ça.

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