Je ne peux plus bouger. Des mains sur moi. Des mains partout sur moi me contraignent et me retiennent. Ne t'en fais pas... Une voix résonne devant moi, mais je ne vois plus rien. Tout est noir, tout s'enfonce par lourds à-coups. Aider Mary...

Je suis happée vers le bas dans un tourbillon glacé et puissant, agrippée par ces centaines de doigts qui m'y entraînent sans violence. Prisonnière d'un songe qui me détache totalement du réel, emmenée ailleurs sans que je n'ai mon mot à dire, sans que je n'ai envie de lutter à vrai dire. Regarde... La voix de Mary, sa chaleur apaisante sur ma joue. Reste avec moi... J'entrouvre faiblement les yeux, captant dans un faisceau de lumière son visage blanc, et bien vivant cette fois.

Je la sens tout contre moi, referme les yeux en me lovant dans ce contact et vois défiler sous mes paupières les souvenirs fragmentés de nos vies emmêlées. Les parents, les courses, les voyages, les accidents, la douleur, l'hôpital, les plâtres décorés, les disputes, les hommes, les trahisons, les pleurs, le bruit des moteurs, la peur, les morts. J'aperçois même furtivement la tronche cet abruti d'Aodhan...

Bien sûr que je lâcherai tout ça pour la rejoindre.

Je crois que j'en ai fait le tour.

Dans la vraie vie:

Alice semble s’accrocher à leurs voix, à se laisser aller dans leurs mains. Calypso s’avance, prend ses constances, malheureusement aucune précieuse information ne sort de la bouche du cinglé qui l’a mis dans cet état. La main du généticien glisse jusqu’à son poignet alors qu’il voit son homologue féminin paniquer devant l’impuissance qu’elle devait ressentir dans cette situation ; ils n’avaient aucune information, ils n’avaient probablement pas l’antidote, dans leurs bagages pour sauver la jeune femme. Vu les puissantes hallucinations dont elle souffrait, l’autrichien n’avait pas grand espoir. Si la dose injectée était trop élevée – ou trop pure. La jeune femme n’avait aucune chance.

Sous ses doigts le cœur d’Alice eut quelques soubresauts, une subite accélération avant qu’il ne finisse par ralentir, brusquement. « On est en train de la perdre. » Calypso est déjà sur elle, à essayer de la ramener, de la garder éveiller mais l’autrichien savait déjà. Au lieu d’essayer de la sauver – inutilement – il glissa sa main dans la sienne, exerçant une pression qui se voulait réconfortante. Malgré tout la bonne volonté du monde, ils la regardèrent partir, le cœur glacé par cette mort qui resterait gravée dans leur mémoire – à lui et à Calypso. Quand la quarantaine s’acharna encore, alors que depuis quelques instants la pression de la main d’Alice s’était levée, Friedrich lâcha cette dernière pour prendre Calypso par les épaules et la tirer en arrière. « C’est fini. » Lui murmure-t-il, dans son dos. S’il attend quelques instants, les mains toujours autour d’elle pour l’éloigner et la réconforter, son regard ne quitte pas celui de la jeune femme qui a rendu son dernier soupir.

A un moment, il lâche son amie et sa colocataire, pour s’avancer vers Alice, et s’agenouiller à côté d’elle. La plaie à son mollet le fait grimacer, mais qu’importe. D’une main, il vient fermer les yeux de la jeune fille, tandis que l’autre vient prendre son couteau à sa ceinture. Entourant ses épaules d’un bras, il penche son buste vers l’avant, contre lui pour avoir accès à l’arrière de son crâne. Son corps est encore chaud et le geste qu’il s’apprête à faire lui est compliqué. Pourtant il prend une lente inspiration, avant de finir enfoncer sa lame jusqu’à la garde à l’arrière de sa tête. « Je suis désolé. » Il murmure, juste pour elle, avant de la ré adosser contre le mur, un peu maladroitement. Ses mains étaient poisseuses de son sang qu’il essuya contre son pantalon, avant de se tourner et de regarder Calypso, cachant au mieux le trouble qu’il ressentait au plus profond de lui. « C’est terminé. » Dit-il sombrement, autant pour elle que pour Elizabeth, qui n’avait rien su tirer de leur hôte.

Spoiler:

La réponse de l'homme ne tarde pas, et tombe, comme une véritable sanction. Eliza ne voit donc pas les regards successifs de Calypso, puis de Fried. Elle n'entendra que la sinistre constatation de ce dernier, prouvant la véracité des dires de leur prisonnier. C'est fini. Encore une perte, encore un départ ; et pourquoi ? Elle se perd un instant dans les prunelles égarés de l'aliéné, avant d'enfin se décider.  Elle éteint sa torche, et sa lueur disparaît aussi vite que celle de la vie de son ancienne alliée maintenant décédée.

Elle annonce d'une voix au ton calme, mais si inexpressif qu'il en est glacé :
" Retournez le " aux hommes qui le maintiennent au sol.

Elle laisse glisser son sac de ses épaules en rangeant sa torche, y récupère sans même chercher sa paracorde. Elle compte ligoter l'homme, avant de le soigner et de le fouiller. Son sang est en train de se déverser sur le sol devenu poisseux, il souffre visiblement, mais prend peu en compte son bien-être alors qu'il vient de tuer l'un des leurs. mais il serait dommage que cette perte soit vaine, alors elle annonce à voix haute :

" Une fois restreint, il va falloir le soigner " à l'intention des deux qui venaient de ne pas réussir à garder en vie la pauvre Alice.

Elle ne se tourne pas, non pas pour éviter le regard probablement chargé du duo, mais plutôt parce qu'elle est bien décidée à ne pas quitter les yeux du lunatique qu'elle s'apprête à ligoter. S'ils sont en colère, ce qui est légitime, leur raison va devoir primer pour réaliser que ce type a encore des choses à leur révéler.

C'est pas le moment pour la lecture, fit-il d'un ton sec à Adrienne.

Il savait ce qui était en train de se passer, il savait à quoi il avait à faire. Il n'avait pas besoin de lui rappeler qu'un an avant, il était au même endroit, avec le même rôdeur en face de lui qui n'avait quasiment pas changé d'un pouce. Alors, elle pouvait bien lui apprendre ce qu'il savait déjà, Levi ne voulait pas perdre de temps. Car comme elle le disait : c'était trop grave. Il sortit dans la foulée son arme de poing et visa sans attendre le crâne de la créature qui s'agitait derrière ses barreaux. Là, une simple inspiration, et deux balles plus tard, le crâne explosa dans une gerbe de sang incroyable.

Tom, relève tout ce que tu peux de sur les murs, note-les, ordonna-t-il avant d'élever la voix : Friedrich, Calypso, Elizabeth ! ramenez-vous !

Il hurlait si fort qu'il ne pouvait qu'être entendu par les autres. Il ne savait pas encore le sort d'Alice mais qu'importait, elle pouvait bien survivre, ici il avait besoin de petites mains pour noter tout ce qu'il y avait, même si ça semblait fou. Quand ils arrivèrent, l'israélien était encore intransigeant :

Aidez Tom, un mur chacun et faites vite, indiqua-t-il alors en leur désignant la pièce. Les autres allaient s'arranger pour vider intégralement la pièce de ses feuilles volantes et tout ramener, le scientifique avec eux.

Mes oreilles protestent aux coups de feu de Levi, mais c’était nécessaire, je le sais. Les autres nous rejoignent et commencent à faire leur travail. En ce qui me concerne, je rassembles quelques papiers. Jusqu’à ce que nous entendions nos radios grésiller et qu’une femme nous parle : « Comment ? » Comment avait-elle eut notre fréquence ? Qui était-elle, était-ce seulement la vérité ? Mon expérience dirait que le pire est souvent la réalité dans ce monde, si bien qu’il fallait envisager que cette personne ne dise la vérité et si c’était le cas, alors je me devais de donner nos options aux autres :

« Il me faut au moins 5 minutes pour faire décoller le Blackhawk.  Avec le prisonnier, serions-nous en mesure de faire le trajet en moins que 15 minutes ? » Je ne suis guère une adepte de la course à pied et encore moins contre la montre et affligé d’un poids mort comme cet homme, ce serait peut-être impossible de faire le trajet en temps voulu.

J’eu néanmoins une autre idée, peut-être plus rapide et peut-être plus sécurisante pour tout le monde : « Si vous êtes en mesure de vous barricader sur le toit avec lui, alors la question peut-être caduc, je serai en mesure de venir vous chercher et vous faire embarquer en toute sécurité. » Même si la décision finale ne me reviendrait pas, il est important que j’expose une solution viable. Encore que si cette solution est acceptée, en partant du principe qu’on n’abandonne pas le prisonnier, ni Alice, il me faudrait une escorte.

Spoiler: