Une ombre fugace passe sur mon visage et me pousse dans un mouvement brusque mais sans douleur. J'en perds mon agrafeuse qui me semble exploser en plein de petits morceaux dans mes doigts. Mince... Je sens également ma vision tourner, s'assombrir encore, et mes jambes trop cotonneuses finissent par lâcher. Je glisse dos contre le mur derrière mois, et descends, descends, jusqu'à m'enfoncer dans le sol. J'entends les voix qui résonnent tout autour de moi, je vois les corps qui bougent mais il fait de plus en plus noir. Tout est de plus en plus lent.

Je suis lourde, comme aux portes du sommeil, et je sens ma poitrine s'enfoncer progressivement, comme si l'on y faisait peser quelques sacs de briques. Je regarde mes mains se fondre dans le carrelage dont le blanc illumine dans un tas de reflets multicolores. Curieuse, je pousse doucement la matière qui se replie comme de la cire molle pour révéler ce qu'il y a en dessous. "Non..." Mon coeur est piqué d'une désagréable décharge.

J'aperçois dans l'ouverture un cadavre encore animé qui me fixe de ses deux grands yeux bleus, affamés mais familiers. Elle est loin, mais je reconnais immédiatement ma petite soeur. "Mary ?!" Je détourne le regard vers les personnes à côté de moi, suppliant, "Il faut la sortir de là..." Quand je reporte mon attention sur elle, le carreau qui se déformait mollement se brise net sur son visage brusquement rapproché. Les éclats s'enfoncent dans ses joues déjà très abimées. Ils lui arrachent des éclats de sang et un cri strident, effrayant. J'ai un mouvement de recul mais me sens prise au piège. Je m'appuie sur le mur qui bascule comme un décor de théâtre mal fixé, et tombe dans une chute sans fin.

Dans la vraie vie:

Elizabeth prit en charge "l'interrogatoire" pour essayer de sauver la vie d'Alice. S'il y avait encore quelque chose à faire, c'était maintenant ou jamais, l'israélien avait une autre priorité pour l'instant et il tenait absolument à aller vérifier ses doutes. Car comme le disait Calypso, il y avait en effet des râles mais ils ne venaient pas dans leur direction. C'était donc à eux de se déplacer et de comprendre ce qu'il se passait sur place. Mais avec un fou sur les bras, Levi n'était absolument pas en confiance pour laisser les deux scientifiques derrière et leur pilote d'hélicoptère.

On va s'occuper des morts, trancha-t-il alors en s'adressant aux autres : Jackson, Adrienne et Tom, avec moi, fit-il fermement.

Elizabeth ayant la situation en main, Calypso pouvait potentiellement faire quelque chose pour Alice, ça leur laissait suffisamment de quoi couvrir leurs arrières. Et à quatre pour gérer des rôdeurs - minimum deux de ce qu'il en savait, peut-être plus puisque ce type avait eu le temps d'installer des pièges partout - c'était normalement suffisant. D'autant que sur la configuration, il avait choisi des gens sachant tirer, il faudrait sans doute le faire si les morts n'étaient pas dans leur cage.

Les choses s’enchainent rapidement alors qu’à côté de lui monte le rire surprenant et malaisant d’Alice, probablement aux prises avec une dose assez élevée d’une substance hallucinogène. Il est en train de bander sa jambe après l’avoir rapidement désinfectée quand la voix de Calypso lui parvient, juste avant un coup de feu retentissant. Son cœur s’arrête un instant, de peur de voir la scientifique s’effondrer en arrière. D’un bond, il se relève et s’avance vers elle pour ne découvrir – à son plus grand soulagement – qu’une éraflure sur son bras.  

Déjà Calypso et Adrienne se mettent de concert pour se rapprocher d’Alice et essayer de voir ce qu’elle a. Friedrich observe le couloir d’où monte les râles quand Levi décide de prendre Jackson et David pour aller s’occuper des monstres qui s’énervent dans l’ombre, à quelques pas d’eux. L’autrichien finit alors par venir prêter main forte à Adrienne, quand il entend leur hôte répondre à Elizabeth qu’il n’y avait plus rien à faire pour leur amie. Vu à quelle vitesse Alice s’était mise à délirer, il le croyait aisément.

Serrant les mâchoires, il s’accroupit à côté d’Alice, en même temps qu’Adrienne pour la maitriser, venant poser ses mains sur son épaule fermement. « Alice, concentre-toi, regarde Calypso devant toi… Alice… Je… Ne t’en fais pas, on va aider Mary. » Aucune putain d’idée de qui était Mary, mais soit. Sa voix est tendue, son regard inquiet. Il est probablement trop tard, mais, maitrisée ainsi, ils permettaient à Calypso de s’approcher suffisamment pour observer un peu mieux son état.

Spoiler:

Le bruit des morts l'attirait inexorablement, il avait besoin de savoir ce qu'il se passait, de comprendre, de vérifier ses doutes. En tête de peloton, il avança avec précaution en demandant à ses partenaires de bien se couvrir. Adrienne devait impérativement rentrer entière mais plus encore, il fallait faire en sorte que tout le monde revienne. Même Alice dont il ne connaissait pas encore le sort et la gravité de sa situation. Ils remontèrent le couloir et trouvèrent finalement les cellules que Levi avait déjà eu l'occasion de voir. Dans la première, un mort là depuis apparemment plusieurs années, un squelette animé, la décomposition ralentit mais qui n'avait pas résisté aux affres du temps. Dans la seconde, Levi eut un choc.

C'est le même, il n'a pas bougé, lâcha-t-il entre ses dents. Un an avant, Stan, Clyde et lui avaient trouvé quasiment le même spécimen. La peau avait gonflé, mais l'énergie dont il faisait preuve était exactement la même. Un frisson d'horreur lui remonta l'échine, à quoi avaient-ils à faire ? était-ce cet homme qui avait créé ce monstre ? Fait chier !

Il regarda autour de lui, les annotations aux murs, les feuilles, mais surtout la charte accrochée à côté de la porte de la cellule. Denis Smith, la date de son inoculation avec.

Récupérez tous les dossiers, tout ce que vous pouvez, prenez ses notes et fourrez les dans vos sacs, ordonna-t-il. Mais d'abord, on va abattre celui-là, on peut pas le laisser vivant, fit-il par principe et sécurité.

Un jour, Bastien m’a dit que l’endroit le plus sûr du monde c’était derrière quelqu’un qui savait utiliser son fusil. Je dois reconnaitre la justesse de son propos maintenant. J’ai donc suivit Levi dans les labos, à la recherche des bruits de rôdeurs. Un dernier regard sur Alice, je ne peux rien faire pour l’aider, j’espère que ça ira pour elle quand même.

Nous entrons donc dans le laboratoire avec Levi et Jackson, il y a des rôdeurs en cage et l’un d’eux attire l’œil, il n’est pas comme les autres… Je m’en détourne pour observer un carnet qui était sur une des tables, il est plein de notes et j’en comprends assez pour être en mesure de m’alarmer, non sans avoir suivit la consigne de Levi sur le fait de récupérer les informations. Je m’approche de l’israélien et je lui murmure : « Ce rôdeur n’est pas normal Levi, il est… capable de réflexion primaire d’après ce carnet. Plus fort, rapide et agile. » C’est inquétant évidement et ce qui l’est le plus arrive : « C’est une mutation consécutive du virus. »

Tous les virus changent et c’est toujours une course contre la montre pour les combattre, une course qui pourrait aller à l’avantage des morts à mon sens : « Il pourrait remettre en cause tout le travail avec le vaccin. » Friedrich allait faire une attaque cardiaque en apprenant ça. Je ne pouvais pas me permettre de louper ça.

Spoiler:

Qu'est ce que tu lui as injecté !

Elle ne peut pas s'empêcher d'insister face à l'état alarmant d'Alice, de cette crise de panique qui semble gagner de l'ampleur. Jetant un bref regard à Fried qui rentre dans le jeu de la motarde, alors qu'elle vient poser avec douceur ses doigts à sa gorge, s'alarmant de son rythme cardiaque.

Alice, regardes moi. qu'elle supplie presque la brune, réussissant à capter le regard un peu flou qu'elle possède encore, venant poser une main apaisante contre sa joue. On va te sortir de la, d'accord? Mary est en sécurité, maintenant je veux que tu reste avec moi. il faut qu'elle reste consciente. Mais son cœur a depuis longtemps abandonné un rythme cardiaque synonyme de bonne santé, alors qu'elle fit à Fried. Je ne peux rien faire si ce connard ne nous donne pas la source de ce qu'il y avait dans la seringue. et sur elle, rien qui ne puisse faire simulacre d'antidote... Ça pouvait tout aussi bien être une drogue, qu'un mélange explosif. Et la rigidité des muscles d'Alice n'aidait en rien à lui assurer que son corps pouvait reprendre le dessus sur cette injection.

Elle sent sa gorge se nouer, en colère envers elle même d'être aussi impuissante.