Tu les vois ? murmure le Cheyenne à ses côtés, hochant la tête en venant effleurer les empreintes à même le sol. Elle les voyait pertinemment. Un homme seul. Blessé, ou au moins épuisé.. qu'elle lâche dans un souffle, relevant les yeux sur la route dont la végétation prenait petit à petit possession. Elles sont plus que récentes, en prime. Pas un souffle de vent n'avait tenté de les recouvrir. Croisant le regard du natif à ses côtés, reprenant à son attention. Rejoint Frances et Kaya. Je m'assure qu'il ne s'agit pas d'un ennemi, et on retourne s'occuper du ravitaillement. qu'elle assure en se relevant, faisant signe à sa partenaire que la voie était relativement libre de leur côté, avant de s'engager dans l'ancien quartier de la ville, nettoyé de tout rôdeurs. Pour l'heure, du moins. Terminant de ramener ses cheveux nattés à l'arrière de son dos pour reprendre la route, récupérant sa hache dans sa main en prévision d'une potentielle rencontre d'infortune. Si auparavant, aider les survivants esseulés avait été un acte qu'elle pratiquait, les temps étaient différents. Le ranch lui donnait un regain de confiance, certes. Mais les cannibales de la scierie n'avaient que trop détruit sa confiance envers l'homme, pour tenter uniquement la gentillesse face à un inconnu qui faisait cavalier seul.

Mais ce jour là, le vent n'était pas annonciateur de bonnes nouvelles. Le relent douceâtre caractéristiques des morts stagnait dans la ruelle, alors qu'elle grimaçait légèrement à cette idée. Longeant la rue jonchée uniquement de corps semi décomposés, avant qu'elle ne baisse le regard vers l'un d'entre eux. Du sang noir. Effleurant le liquide visqueux qui semblait tout juste récent, avant d'entendre quelques grognement à l'intérieur d'un bâtiment, tournant la tête vers une vieille boutique d'ou provenaient les râles. Soupirant silencieusement avant de s'engouffrer à leur suite, visiblement divertis suffisamment pour ne pas la deviner. Le propriétaire des empreintes ? Elle ne cherche pas trop alors que sa hache vient fendre l'air une première fois. Au moins, ces morts là doivent dater du début de l'infection, vu comme ils semblent aisé de leur fracasser le crâne. Les trois corps tombent finalement au sol dans une gerbe de sang, se reculant tout juste pour éviter d'en avoir en plein visage, reconnaissant enfin une silhouette humaine. Se sermonnant en silence de se laisser aller à la charité, une nouvelle fois.

Tu n'as rien ? Mais la suite de ses questions se bloque dans sa gorge, alors que son regard se fait plus perçant. Malgré la fatigue, le sang ou ses joues creuses, elle reconnaît sans mal ce regard qu'elle pensait ne plus jamais croiser, depuis l'attaque de la horde. Son souffle se bloquant dans ses poumons alors qu'elle l'avise en silence, sidérée de le voir surgir d'entre les morts à l'instar d'un fantôme du passé.

- Je sais pas s’il y aura à manger… Mais si, il y a forcément quelques choses.
Qu’il murmura pour lui-même. Des semaines qu’il érait. Des semaines qu’il avait réussi à se défaire du groupe non sans prendre ses jambes à son cou. S’il n’avait déjà pas la possibilité de manger à sa faim lorsqu’il était avec le groupe de pillard, Tucker avait eu encore plus de difficulté une fois seul. Devoir trouver de la nourriture, de l’eau sans finir malade avait été d’une certaine complexité. La solitude des dernières semaines travaillaient énormément son esprit fatigué et parler à lui-même avait été la seule chose à faire pour entendre encore une voix. Même s’il s’agissait de la sienne.

Marchant depuis un moment aux abords de Reyton et avait finir par s’engouffrer dans la ville silencieuse pour essayer de chercher un abri pour la nuit et de quoi sustenter son estomac vide. Les gargouillis habituels étaient douloureux et sa fatigue était suffisamment présente pour que sa capacité à être discrèt ne soit finalement amoindris. Il ignore comment il a pu venir à bout du rôdeur barrant la ruelle mais Tucker n’attend pas plus que ça pour pénétrer dans le magasin, ignorant les râles présents dans son dos pour se concentrer sur la nourriture tant convoité. Tucker fait du bruit, beaucoup. Fouillant les cartons, étalages jusqu’à ce qu’un râle trop proche de son oreille ne le fige. Un cri de surprise alors que Tucker recule, à la recherche de son couteau. Couteau qu’il a laissé tomber juste derrière eux.

- T’es dans la merde, Tucker… Je sais, je sais.

Qu’il murmure. Au fond, ce n’est peut-être pas si mal, se dit-il. Il cessera de devoir manger, boire et toutes ces choses qui le rendent encore humain. Alors qu’il pensait son heure enfin venu, Tucker ferma les yeux. Mais le bruit entendu ne fut rien de semblable à ses entrailles dévorés, pas de douleur vive. Lorsqu’il ouvre les yeux, c’est sur une silhouette qu’il ne connait que trop bien. Pour autant, la vision des cadavres au sol lui semble plus surprenante.

- Je sais que t’es pas là.

Qu’il ajoute simplement avant de se détourné pour aller dans le rayon à sa droite. Il continue sa recherche de nourriture tout en regardant par moment vers la silhouette de Nima. Comme pour voir si elle est encore présente. Tucker plisse les yeux, les yeux sur la native, avant de plonger les mains dans un carton pour jeter en arrière les quelques emballages vides.

- Et si elle était vraiment là ? Non, non. C’est pas possible de toute façon. J’ai vu personne… Elle va partir, c’est juste moi. Elle va partir.

Qu’il continue de murmurer. Pour autant, il récupère une bouteille d’eau vide et avise la native encore présente. Dans un geste désespéré, Tucker lance celle-ci vers le buste de la jeune femme. Lorsque l’objet ne la traverse pas, ses yeux remontent enfin vers Nima. Des yeux larmoyants alors qu’il étouffe finalement un sanglot.

- Je t’ai trouvé… Je t’ai enfin trouvé.

C’était impossible. Elle avait fait le deuil, douloureux et difficile de cet homme, quand la horde les avaient submergés. Elle avait tenu Adrian contre elle pour l’empêcher d’y retourner, accepter l’idée qu’elle n’avait pas pu le sauver lui non plus. Avait accepté l’idée d’être hantée par son regard de longs mois durant, jusqu’au jour où la douleur avait accepté de diminuer d’elle, ne refluant que par vagues, quand son regard se posait sur un objet potentiel de raviver quelques souvenirs. Un rire, une remarque acerbe, cette expression figée sur son regard en réalisant qu’elle lui avait coupé les cheveux de force. Des disputes séparées par là poigne de Frances, et des rires sincères au coin d’un feu, quelques heures avant la nuit noire. Elle avait accepté cette mort plus difficilement que toute les autres, et maintenant il était là ?
Elle ne se sent même pas capable de répondre, alors qu’il semble décidé à croire qu’elle n’est pas présente. Tucker… qu’elle tente, la gorge serrée d’une émotion qu’elle s’était interdite si longtemps. Mais rien n’y fait, et le brun continue son monologue comme si elle n’était qu’un élément du décor, alors qu’elle n’ose s’approcher davantage. Tout dans son allure famélique ou sa manie de parler seule la conforte dans l’idée qu’il a du vivre un enfer sans précédents, alors qu’elle l’observe continuer de fouiller sans trouver l’objet de ses recherches. Jusqu’à ce moment précis où il en vient à lui jeter un objet qu’elle n’as pas le temps d’esquiver, pestant dans sa langue natale avant de relever les yeux vers lui, et que ce barrage qu’elle serait acharnée à construire ne se fêle à la vue de son regard, et des mots qu’il lui souffle. N’avançant que d’un pas pour avaler cette distance imposée et venir le serrer dans ses bras avec force, contenant comme elle le peut les larmes de soulagement qui manquent de poindre à ses yeux en les relevant vers le plafond fissuré.

Tu m’as trouvé. qu’elle parvient à articuler avec peine, resserrant sa prise en s’alarmant en silence de cette silhouette amaigrie qu’elle peine à reconnaître. Il avait réussi, là ou elle avait échoué si longtemps. C’est fini, c’est fini. murmure prononcé tant pour elle que pour lui, étouffant un sanglot dans son épaule pour ne pas céder devant lui. Il avait survécu. Les Esprits semblaient l’avoir pris davantage en sympathie qu’elle ne l’aurait supposé, alors qu’elle revient l’étreindre avec force, se passant de mots. Ne se reculant qu’à contre cœur pour mieux l’observer, le cœur serré par cet épuisement général qu’elle devine, secouant doucement la tête. Ou étais tu tout ce temps… Qu'avait-il fait, pour s'en sortir ? Ses yeux noirs le détaillant sans se douter qu'ils ne sont embués, reprenant, fébrile. On va... On va te soigner. Ils ont une médecin, au camp, elle saura faire le nécessaire. La rouquine pas aimable, là. La petite soeur du sportif toujours contrarié, dont le prénom lui échappait. Elle saurait forcément quoi faire. Avisant le couteau au sol pour le récupérer et le lui tendre avec douceur, n'essayant même pas de discuter avec lui quand elle vient le forcer à s'asseoir à même l'un des tabourets du magasin encore debout, dégageant du plat de la main le plan de travail pour vider son sac et lui tendre eau et vivre. A son stade, ça semblait même vital. Je te sors de cet enfer, et je ne te quitte plus. qu'elle promet avec une douceur rare, venant faire courir ses doigts dans ses cheveux ébouriffés, ne pouvant s'empêcher de rire avec une émotion qui lui serre la gorge. Tu as gardé les cheveux courts...

C’était impossible aux yeux de Tucker. Il avait eu l’impression de tourner en rond, de s’arrêter toujours aux mêmes endroits. Manger à sa faim était un luxe qu’il avait arrêté de s’offrir depuis bien longtemps. Il privilégie l’hydratation et poussait sa faim à certains extrêmes pour s’assurer de garder le peu de chose trouvé. Il avait perdu du poids, c’était une certitude mais il n’avait pas vu son reflet depuis un bon moment. Probablement par peur d’un changement trop grand. Les dernières semaines ont été complexes. Mais se retrouver seul avait été la chose la plus appropriée compte tenu du groupe dans lequel il avait finalement élu domicile. Pillards, des idiots qui avaient le mérite d’avoir leurs poings pour compenser le manque de neurone.

L’étreinte de Nima est une façon d'ancrer un peu plus ses pieds dans cette réalité qu’il pensait disparu depuis un moment. Il avait essayé de la chercher jusqu'à finalement abandonner sans savoir quel chemin prendre. Survivre seul avait été pour lui la chose la plus difficile à faire. S’entourant d’image factice pour avancer, se parlant à lui-même pour avoir ne serait-ce qu’une voix à entendre et à répondre. Ses bras entourent son buste alors qu’il sert Nima fermement.

- Je t’ai trouvé..

Qu’il murmure à nouveau, comme pour accroitre un peu plus l’idée dans son esprit, imposer celle-ci encore un peu plus. Il avait encore peur d’une farce de son esprit fatigué. Peut-être qu’en rouvrant les yeux, il se retrouvera à enlacer un arbre, une pancarte ou ses propres genoux. Mais même en ouvrant les yeux, en chassant à peine les larmes de son champ de vision, elle est bien là, la native. Et Tucker ne peut que renifler davantage lorsqu’elle lui indique que tout est fini. Tout est enfin fini.

- Tu m’as tellement manqué...

Qu’il murmure encore, se reculant sous l’impulsion de la native. Il savait qu’il ne devait pas être beau à voir. Entre la fatigue, la saleté et ses traits creusés, il savait que Nima ne devait pas avoir une vision de lui bien sympathique. Mais dans l’immédiat, c’était le cadet de ses soucis. Il avait tellement bougé aux alentours qu’il n’était plus réellement sûr des endroits qu’il avait fréquentés.

- C’est une longue histoire… J’aime pas quand tu pleures.

Finit-il par avouer, son regard plongé dans celui de Nima. Il ne l’avait jamais aussi inquiété, le regard aussi larmoyant. C’était lui qui provoque une telle réaction ? Un bruit un peu plus loin se fait entendre et Tucker tourne la tête, ignorant royalement ce que pouvait bien dire son ami quant à un médecin. Rien qu’un rat cherchant aussi à se nourrir dans une boîte de conserve.

- J’ai réussi à leurs échapper. Mais je sais pas où ils sont. Je pense pas qu’ils m’aient suivi.

Qu’il indique sans détour, sans donner plus d’information que ça. Il était trop loin maintenant, n’est ce pas ? Son regard se pose sur Nima alors qu’il récupère le couteau qu’elle lui tend. Son pouce abimé glisse sur ses initiales avant de fermer celui-ci pour l’installer dans sa poche tout en se laissant asseoir en silence. Tucker laissa retomber son sac. Qui n’avait finalement qu’en contenance, sa matraque ainsi que sa bouteille vide depuis quelques heures maintenant. Lorsqu’elle vide le sien, contenant ce que Tucker recherche depuis un bon moment, il freine l’envie de se jeter dessus comme un sauvage, serrant légèrement les dents durant quelques secondes avant que Nima ne lui donne ses choses précieuses. A ses yeux, du moins. Tucker récupère d’abord la bouteille d’eau pour étancher sa soif présente depuis un petit moment. Il ne savait même pas ce qui était le plus dérangeant. La faim ou la soif. Quelques gouttes s'échappent pour dégringoler sur son menton et son cou mais il s’en fiche. Nima l’avait vu dans des situations inimaginables.

La nourriture fut sa source de désir dès la bouteille d’eau à moitié vidé. Ses doigts étaient sales et il était persuadé que sa façon de manger n’avait rien de bien poli. La bouche pleine, il leva le regard vers Nima lorsqu’elle lui promet de ne plus jamais le laisser s’enfuir de la sorte. Respirant fortement après avoir avalé le contenu de sa bouche, Tucker leva le regard vers Nima qui commente ses cheveux. Ils ont poussé depuis la dernière fois. Il avait égalisé avec ce que Nima avait pu couper. Puis ses cheveux ne plaisaient pas et ont disparu en un coup de tondeuse. Les quelques centimètres qu’il avait sur le crâne lui étaient suffisants. Néanmoins, il lève finalement la main pour glisser les doigts sur quelques mèches.

- D’autres personnes n’aimaient pas mes cheveux.. Mais je vais les laisser pousser, t’habitue pas trop.

Un léger sourire espiègle sur le visage malgré la fatigue bien présente sur ses traits. Se nourrir lui fait du bien. Même s’il aurait aimé continuer à manger, voir avaler son poids en n’importe quoi. Il laissa retomber ses épaules, fixant le plan de travail avant de lever les yeux vers Nima.

- Est-ce qu’on peut rentrer à la maison, Nima.. Je suis fatigué.

Son aveu lui serre un peu plus le coeur, lui donnant même la sensation d'étouffer alors qu'elle s'interdit un sanglot supplémentaire, resserrant un peu plus sa prise au risque de l'étouffer contre elle. Toi aussi... Tellement. admet-elle d'une voix basse, suffisamment pour que lui seul puisse l'entendre, fermant un court instant les yeux. Un rire bref s'échappant de ses lèvres quand ils se séparent enfin, et qu'il remarque les larmes à ses yeux. Hm... Je tâcherai de m'en souvenir. Sans doute que toutes ces larmes contenue pour son deuil avaient besoin d'être évacuées, désormais ? Mais déjà, elle oublie de les chasser de ses yeux alors qu'il évoque une longue histoire et une échappée qui l'amène irrémédiablement à froncer les sourcils.

Ils ? Des morts ? Non, ça lui paraissait improbable en l'état, surtout en l'ayant trouvé coincé ici avec eux... Tournant rapidement la tête vers l'extérieur, ou elle n'avait trouvé que ses empreintes avant de reprendre à sa suite. On à une patrouille qui sillonne le quartier. J'ai retrouvé tes empreintes, mais celles de personne d'autres. le prévient la native avec douceur, ne pouvant s'empêcher de culpabiliser en le voyant se jeter sur la nourriture comme il le fait. Restant silencieuse pour lui laisser le temps de se remettre, quoi que de le voir avaler si vite l'inquiète sur son état de santé, peu sûre que ce soit une bonne chose pour son estomac sans doute vide depuis longtemps. Mais elle n'ose faire la remarque, pinçant brièvement les lèvres en venant chasser un rat trop proche d'un coup de tomahawk, écrasant ce dernier sous la lame. Désolée... Sans doute peu ragoûtant, mais moins pire qu'un rat qui aurait tenté de se nourrir à même ce qu'elle lui à apporté.

Au moins semble t-il reprendre ses esprits, alors qu'il évoque ceux qui n'aimaient pas sa coupe, et qu'à nouveau ses sourcils se froncent à cette idée.

Qui ? elle insiste, le pressant de mettre des mots sur sa réponse, malgré son état de fatigue, sitôt qu'il demande à rentrer. A la maison. Et la demande achève de rouvrir cette blessure qu'elle avait veillé si longtemps à maintenir protégée, baissant un court instant le regard vers le sol. Je suis désolée. souffle t-elle finalement, relevant ses yeux noirs vers lui. J'aurai dû te chercher d'avantage, insister pour retrouver tes pas. Pas te laisser vivre un tel enfer ... Fermant les paupières pour qu'il ne devine pas l'afflux de larmes qui menace d'y poindre, préférant se concentrer plutôt sur le positif de leurs retrouvailles.

Laisse les pousser autant que tu veux, je suis trop chamboulée pour te contredire. admet-elle finalement avec un sourire sincère, venant ebouriffer ses cheveux courts de sa main libre avec une tendresse qu'elle ne réservait qu'à sa fille. On à trouvé un groupe. Il y à Frances, Kaya, et même ton père. annonce t-elle dans l'espoir de lui arracher un sourire. Mais je t'emmène d'abord voir un médecin. Hors de question que tu restes dans cet état. Tu as besoin d'aide pour marcher ? qu'elle s'inquiète immédiatement, venant contourner le plan de travail pour être à sa hauteur. Et je veux que tu me racontes tout.

- J'ai plus peur des vivants que des morts.

Qu'il ajoute pour seule réponse à sa question. Enfin, les morts restaient horribles pour lui mais la peur dans son estomac n'était lié que par un seul petit groupe qui avait fini par lui ôter complétement ce sentiment d'être un être humain. Il avait l'impression de naviguer dans une carcasse depuis des semaines. La notion de patrouille le rassure un peu, surtout le fait que Nima n'ait trouvé que ses empreintes à lui. La mort du rat trop proche ne lui fait plus rien. Il se contente d'agiter la tête, la bouche pleine. Il sait qu'il aurait rapidement mal au ventre à s'empiffrer autant mais il n'arrive pas à s'arrêter, comme si une petite voix dans son esprit lui répétait que cette nourriture serait peut-être la dernière en abondance.
Nima veut des informations et Tucker se perd un peu, le regard dans le vide. Il ne veut pas lui mentir. Il sait que ça ne marche pas avec Nima. Ca ne marchera probablement jamais avec elle, c'est une certitude.

- Arthur. Il disait que c'était moche et puis que ça servait pas à grand chose vu que j'étais un moins que rien. Les lâches ont pas besoin de ressembler à quelques choses.

Qu'il murmure avant de se redresser. Glissant les mains dans la poche centrale du pull trop grand maintenant, Tucker agita la tête de droite à gauche. Il n'en voulait même pas à Nima. Parce qu'il se doutait qu'elle avait du avoir des difficultés aussi de son côté. Beaucoup de monde. Et puis, il était en vie. Bien qu'il ait prié à un dieu inconnu de le laisser mourir rapidement si vraiment sa fin devait être aussi proche. Si vraiment il devait mourir sans qu'il n'est le choix.

- Trop de mort. T'aurais pas trouvé mes pas.

Il se redresse un peu, frottant son visage de sa manche sale alors que les doigts de Nima se perdent à nouveau dans ses boucles indisciplinées. Son regard s'attarde un peu partout, pour rassurer sa paranoïa, se rassurer que les ombres qu'il voyait n'était que le fruit de son imagination.

- Il n'y a personne à part nous.. hein ?

Demande t-il dans l'espoir d'être rassuré. Savoir que Frances, Kaya et son père sont encore en vie lui arracher un sourire. Un sourire rassuré qu'il ne peut même pas camouflé. Parce qu'il s'était finalement raccrochés à ça, savoir qu'ils étaient encore envie quelques parts. Tucker se leva de la chaise, agitant la tête quand à de l'aide pour marcher. Il pouvait, ce n'était pas problématique.

- Je suis juste.. plus lent que toi.

A coup sûr de toute façon. Il n'avait pas toutes ses forces et il était persuadé que la digestion allait lui bouffer un bon niveau d'énergie. De ce fait, il préférait prévenir. Il pouvait marcher mais il était lent, fatigué et paranoïaque. Il avise la sortie du regard, glissant finalement sa main dans sa poche pour attraper le couteau. Il l'avait toujours à la main. Constamment.

- Tout à partir d'où ?

Parler à Nima lui faisait du bien. Après des semaines à parler seul, il avait l'impression de pouvoir chasser un peu cette manie pour un temps. Il espérait toutefois que le camp n'était pas trop loin. Parce que ça voudrait dire marcher trop longtemps.

Compréhensible. Les vivants étaient devenus rapidement pires que les morts après tout... Mais son regard se fait plus sombre, alors qu'il donne enfin un prénom, et des sévices qui l'amènent à se faire plus froide. Silencieuse, le laissant évoquer ces hommes dans un murmure presque craintif alors qu'elle reprend d'une voix acérée. Leur nombre, leur prénom. Leur dernière localisation. Et elle n'attendait pas de refus de sa part. Hors de question qu'un groupe pareil se trouve dans les environs avec le ranch. Les dirigeants ne laisseraient de toute manière, jamais laisser passer ça. Mais le poids de la culpabilité reste présent, alors qu'il assure pourtant qu'elle n'aurait jamais pu le retrouver. Ayant cette sensation désagréable que la cicatrice à son dos brûle sous le poids du remord, venant machinalement masser sa nuque ou elle est résolument cachée. Je n'ai même pas essayé... Pardonne moi. Sa voix brisée la trahissant une courte seconde, avant de relever la tête à sa question inquiète.

Un autre éclaireur, il est parti devant avec Frances. Ne pouvant s'empêcher de sourire avec mélancolie à l'évocation de la militaire, reprenant. Tu vas pouvoir la serrer dans tes bras d'ici peu. Et son père, et Kaya. Et à cette idée, c'est elle qui vient finalement lui exiger une étreinte, quoi que rapide. Laisse toi faire, alors. Qu'elle lui exige quand il assure être plus lent qu'elle. Rien d'étonnant à ça au vu de son allure après tout. Se levant fluidement pour venir glisser un bras autour de son cou, l'incitant à s'appuyer quand elle vient soutenir sa taille, se glaçant en silence de sentir ses côtes sous ses doigts. Et si elle n'en dit rien, il n'empêche. Elle aurait le scalp de ces hommes. Promesse silencieuse, alors qu'elle l'aide à se relever en contractant ses muscles pour le maintenir au mieux, tomahawk en main au cas ou d'autres morts seraient dans les parages.

Ses yeux noirs s'attardent sur lui une seconde, reprenant avec sérieux. Au commencement. A la minute ou tu m'as perdue de vue. Et tant pis, si elle en souffrait. Elle avait ce besoin impérieux de savoir par quoi il était passé, pour finalement atterrir dans cet état.
Un râle la sortant de son calme alors qu'elle avise un rôdeur tituber dans leur direction, venant ranger le tomahawk à sa hanche pour tendre la main à Tucker, demandant silencieusement son couteau. Moins de mouvement, ça serait mieux pour l'heure. Se décalant légèrement pour faire face au mort, la lame s'enfonçant dans un bruit de succion dans la tempe du rôdeur pour faire taire ses râles, le laissant s'écrouler au sol dans un bruit mat.

Ignore le reste, je le gère. Raconte moi tout, sans omettre un seul détail. D'accord ?