Tucker n'avait pas l'envie de donner toutes les indications à la native. Parce qu'il savait ce que ça signifiait. Elle allait les courses, les tuer. Oh Tucker serait heureux de les voir tous morts, c'est une certitude. Mais pour le moment, il voulait du calme. Si possible.

- C'était il y a des semaines, Nima. Je ne sais plus d'où j'ai fuis. Mais.. quatre. Arthur, Gabriel, Tom et Marc.

Et Nathalie... Elle qui n'avait pas du survivre bien longtemps durant sa fuite. Mais il se focalise sur Nima. Nima qui lui assure que les personnes les plus importantes pour lui sont toutes en vie. Son père, Frances, Kaya. Nima ne lui laisse pas le choix, il glisse son bras autour de ses épaules. Pas le choix de se faire aider. Pas le choix de donner le maximum d'information à Nima. Il sait qu'elle n'essuiera finalement aucun refus.
Un soupire lui échappe et lorsqu'il s'apprête à commencer. Mais un râle venant d'un rôdeur l'arrête. Sa main glisse dans sa poche pour donner son couteau à son amie.

Le rôdeur est rapidement massacré. Son corps s'écroule dans un fracas dû aux quelques débris sur lesquels il tombe. Les lèvres gercées, pincées, Tucker hoche alors la tête.

- J'ai fuis vers la forêt. Je pensais pouvoir trouver un abri, là-bas. J'essayais d'éviter les rôdeurs. Et de trouver de quoi manger et boire.

Les premiers temps, ce n'était pas trop compliqué de limiter la nourriture. Il avait eu ce qui se trouvait dans son sac à l'époque. Mais après un temps.. Ce n'était plus que des souvenirs.

- Au début, ca allait. Mais plus j'avancais, moins j'arrivais à trouver de chose. J'ai cherché des plantes. Comme tu m'as montré. Puis j'ai réussi à trouver des gens. J'étais heureux.

Pour un laps de temps seulement, évidemment. Mais il l'avoue. Qu'aucun des quatre ne montraient d'animosité au départ. Il avait l'impression de se faire des amis. En attendant de retrouver Nima et les autres.

- Ils étaient géniaux au départ. Je pouvais manger plus ou moins correctement. Et puis, ils ont commencés à me menacer. J'ai fais des choses horribles Nima. J'ai provoqué la mort de tellement de personne...

Sa voix craque, la culpabilité encore présente chez lui. Chaque visage alors qu'il gagnait leurs confiances. Tucker s'arrête de marcher avec Nima pour se tourner vers elle.

- J'ignorai que c'était des pillards. J'ai servi d'appât. Tout le temps. Je devais faire pitié ! Il m'a rasé la tête, empêché de manger. A-Alors, j'avais pas le choix. Il m'a fallu des mois pour m'enfuir.

Il avait beau rester flou, il n'empêchait. Elle sentait déjà cette envie presque viscérale de les traquer tous, jusqu'au dernier alors même qu'elle ignorait leurs visages. Se forçant à rester concentrée sur l'instant présent en l'écoutant évoquer cette fuite qu'elle avait forcé en ne retournant pas le chercher, le regard en alerte du moindre mouvement alentour. Si les rôdeurs semblaient absents de l'endroit, il n'empêchait. Personne n'était à l'abri d'une mauvaise surprise. Offrant un bref regard au brun et cette histoire qu'il continue, repoussant du pied des restes d'ossements sur le bord du trottoir. Arthur, Gabriel, Marc, Tom. Mémorisant les prénoms sans perdre une seule seconde de son récit, alors qu'il les décrit dans un premier temps comme des types sympa, lui arrachant un bref rictus.

Sympas, ouais. Mais la réalité semble tout autre, sitôt qu'il évoque ces menaces à son encontre. Restant profondément silencieuse pour ne pas couper, quoi que le sang dans ses veines ne semble bouillir à nouveau face à ce nouvel aveu. Les menaces, les cheveux rasés. Jusqu'à cette vérité qui lui donne une seconde l'impression que son coeur manque un battement dans sa poitrine, malgré l'adrénaline de l'extérieur. Stoppant une seconde leur avancée quand lui même vient se tourner vers elle pour la suite du récit, alors qu'elle réalise lentement l'ampleur de l'horreur qu'il à dû traverser et que son regard croise à nouveau le sien, dans un reflet qu'elle peine à reconnaître sur le moment.

Alors, quand elle entend ce déchirement dans sa voix, c'est comme si un tonne d'eau venait se déverser sur ses épaules à cette idée. Il n'avait pas eu le choix, non. Mais ça n'en restait pas moins l'enfer. Sans doute pire encore, sitôt qu'il vient tenter d'expliquer son geste.

Tucker... tente la brune, alors qu'il insiste à nouveau. Il n'avait pas eu le choix. Fronçant un peu plus les sourcils à l'évocation de nouveaux sévices, venant poser ses mains sur les épaules du survivant avec lenteur, le forçant à croiser son regard et rester ancré dans l'instant présent.

Je sais. Je sais, que tu ne l'as pas fait par plaisir. C'était inconcevable. Pas avec cette détresse, ou cette crainte à les évoquer. Parfois, on à pas le choix. N'avait-elle pas elle même du sang sur les mains ? Cette femme, qu'elle avait poussé sur les rôdeurs pour sauver sa fille, d'autres encore qui avait tenté de les voler avec Frances ? Tu as fais ce qu'il fallait pour survivre, et c'est tout ce qui m'importe dans l'immédiat. D'accord ? Il ne devait pas s'alourdir d'un poids supplémentaire. Elle le prendrait pour deux. Car si elle n'avait pas hésité, sans doute aurait-elle pu lui éviter ce chemin ci. Celui ou la violence avait primé sur tout le reste. Son regard restant ancré au sien une seconde supplémentaire, avant que des râles ne se fassent entendre au bout de la rue, pestant en remarquant six nouveaux rôdeurs s'approcher. Frances n'a pas dû les voir... Ou alors était-elle occupée ailleurs. Mais au moins ceux là semblaient assez abîmés pour leur permettre une longueur d'avance sans forcer. Revenant soutenir le brun de sa main libre, l'incitant à s'appuyer d'avantage contre elle, reprenant.

Et quand tu t'es échappé. Ils ont essayé de te suivre ?

C’est difficile de revenir sur tout ça. Parce qu’il se sent coupable même s’il n’avait pas eu le choix. Alors même lorsque Nima tente de l’arrêter, Tucker continue, tente de faire entendre à Nima qu’il n’avait pas eu le choix, quand bien même il savait que jamais Nima ne douterait de sa parole. Le brun s’arrête lorsque les deux mains de la jeune femme se posent sur ses épaules.

Tucker détourna son regard du vide pour fixer Nima droit dans les yeux et tenter de se focaliser au mieux sur elle. Que la brune lui confirme finalement qu’il n’avait pas le choix, que ce n’était finalement pas par plaisir qu’il avait fait toutes ces choses. Et quand bien même sa vie en dépendait, il aurait peut-être dû tout arrêter et se laisser mourir. Mais il se garde bien de lui dire puisque ses mots indiquent bien qu’elle préférait qu’il agisse de cette façon pour préserver sa vie à lui. Les yeux encore larmoyants, Tucker préféra ne pas renchérir une seconde fois. A la place, il tourna la tête à l’entente des râles des rodeurs. Bien abimés qui permet d’ailleurs de ne pas forcément devoir les tuer dans l’immédiat.

La brune l’incite à se poser contre elle et Tucker n’a pas l’envie de reposer son poids de cette manière. Mais elle ne lui laisse pas vraiment le choix. Son bras autour de ses épaules, Tucker suivit la native sans broncher, se demandant d’ailleurs si le camp était encore loin. Mais visiblement, Nima a encore des questions et Tucker agite la tête de droite à gauche à celle-ci.

- Non... Je suis parti pendant la nuit. J’ai essayé d’emmener quelqu’un...

Essayer oui. Mais sa faiblesse était trop poussée, sa vie n’allait pas tarder à s’éteindre non plus malgré le fait que Tucker avait tout fait pour tenter de la faire remonter. Il n’avait pas de compétence en médecine alors il le faisait au mieux qu’il pouvait. Autant dire que tout a été un sombre désastre.

- Nathalie. E-Elle était si faible. J’ai essayé de la prendre avec moi ! Parce que je voulais pas qu’elle reste avec eux ! Mais ils m’ont entendu et elle m’a dit de la laisser pour m’enfuir... Et.. Et c’est ce que j’ai fait...

Parce qu’il n’aurait pas eu la force de la maintenir, pas la force de s’enfuir avec elle quand le groupe était plus qu’en bon état. Quand les pilleurs étaient en bonne santé et armé. Une chance d’ailleurs qu’il n’est pas reçu de balle par la suite.

- Elle les a empêchés de me poursuivre... Je crois qu’elle est morte, Nima. Elle ne souffrira plus à cause d’eux.

Il avait essayé d'emmener quelqu'un ? Son regard se pose sur lui avec une interrogation précise, alors qu'il mentionne une femme. Nathalie, donc. Contractant ses muscles pour essayer d'avancer un peu plus vite, alors qu'il évoque la victime qui avait parcouru un bout de chemin avec lui, et qu'il avait visiblement dû abandonner sur place. Et si elle était dans le même état que lui... Ca n'avait rien de surprenant.

D'accord, je vois. Y'avait-il quelque chose à rajouter ? Bien sûr que non. Mais la possibilité qu'elle soit encore en vie, quoi qu'infime, pouvait toujours subsister après tout. Tucker en était l'exemple vivant, dans l'immédiat. S'engouffrant dans la rue perpendiculaire, alors qu'elle repère enfin les pas de son équipe qui ne devrait plus être si loin, s'autorisant à ralentir l'allure une courte seconde pour reprendre son souffle. Je vais la chercher. On à ramené une voiture avec Frances, on devrait pour voir faire le trajet en sens inverse si tu te rappelles à peu près des chemins que tu as emprunté.

Et si elle entendait la possibilité que cette femme ne souffre plus, il n'empêchait. Relevant les yeux vers lui, reprenant. Tu es la preuve qu'on peut penser les gens morts, et réaliser qu'ils ont survécu. On ne laissera pas passer cette possibilité. Même si des semaines s'étaient écoulées, rien n'empêchait la possibilité que cette fille ait pu survivre dans la nature. Si elle avait survécu, ou n'avait pas été rattrapé par ce Arthur. C'est finalement un sifflement qui lui fait relever la tête, main sur le manche de son tomahawk avant de reconnaître le Cheyenne, hochant la tête à son arrivée.

Je te ramène chez toi. Mais avant... Je te laisse retrouver quelqu'un. Et enfin, il y à une étincelle de soulagement dans son regard, alors qu'elle avise la silhouette de Frances qui arrive dans leur direction, laissant l'afro américaine et le brun se retrouver. Ne s'effaçant qu'une courte seconde pour venir saisir l'épaule du cheyenne, reprenant à son égard.

Emmènes le à l'infirmerie, il à besoin de soins en urgence. Ta copine saura gérer, non ? le hochement de tête de Nashoba le lui confirme, alors qu'elle aide Frances à amener Tucker dans la voiture, refermant la portière derrière lui. Je prends la seconde voiture. Frances, ramène le au ranch. Et avant que Tucker ne puisse protester, elle reprend à son égard. Je reviens dans cinq jours. Pour l'heure, repose toi. Sans doute que les retrouvailles étaient courtes, mais il n'empêchait. Autant remonter la piste tant qu'elle était encore viable. Venant serrer l'épaule du brun une ultime fois avant de se détourner, faisant signe au Cheyenne de la suivre dans l'autre voiture, jetant un dernier regard à Tucker et Frances.

Elle ralentit et Tucker pousse finalement un soupire. Pas par ennuie de la conversation, pas par envie de changer de sujet de conversation mais plutôt par fatigue. La cadence de Nima était différente de la sienne et la fatigue du brun était un peu plus poussé de jours en jours. Le sommeil n'était pas tant reposant puisqu'il se devait d'être toujours sur le qui-vive en cas de pillard, en cas de rôdeurs, en cas de problème tout simplement. A l'espoir de Nima, Tucker ne peut qu'agiter la tête de droite à gauche.

- Pas dans son état, Nima... Si j'ai pu faire.. faire de mon mieux pour guérir les blessures externes, je pouvais rien faire.. rien du tout pour celles internes..

Il n'était pas médecin et ne savait même pas si ce qu'il avait fait n'avait pas accélérer la marche vers le nom retour. Un sifflement se fait entendre et Tucker ne peut que se crisper violemment. Quelques secondes à peine en levant le regard vers une silhouette connue. Nash. Ses sourcils de lèvent sous la surprise et il ne peut que sourire légèrement. Il avait encore du mal à se dire que Nima était bien présente à côté de lui, qu'il allait pouvoir revoir son père, revoir Kaya ainsi que Frances. Il allait pouvoir dormir, manger sans trop se soucier d'un potentiel meurtre.
A la vue de Frances et pousser quelques peu par Nima, Tucker avant vers Frances pour glisser ses bras autour d'elle et la serre avec la même force que Nima quelques minutes avant.
Il avait envie de fondre en larme comme un gamin lorsqu'elle le serra à son tour. Il savait d'ailleurs que s'il n'était pas déshydraté, il ne pourrait retenir son émotion.

Il allait pouvoir rentrer et il en était heureux. Suivant Frances vers la voiture, Tucker regarda Nima et Nash. Il n'avait pas l'envie de voir Nima s'en aller. Pas du tout même. Il allait d'ailleurs protester. Lui dire qu'il voulait qu'elle rentre avec lui. Mais elle lui coupe la parole alors qu'il fronce les sourcils avec lenteur.

- Où tu vas...? Tu reviens quand ? J'ai besoin de toi.

Qu'il ajoute rapidement, tenant son poignet pour l'empêcher de s'en aller comme elle a l'envie de le faire. Elle serre son épaule et Tucker pousse finalement un soupire. Il sait qu'il n'arrivera pas à la retenir dans tous les cas. Alors, il se laisse faire et grimpe finalement dans la voiture. Frances prend le volant et Tucker se recroqueville un peu dans le siège, glissant la ceinture de sécurité avant de regarder dehors.
Le trajet se passe sans trop d'encombre et les portes du camp arrivent bien rapidement à sa vue. Il y a du monde, beaucoup de monde.
C'est à l'infirmerie que Tucker est emmené et le brun s'assoit sur un des lits alors que Frances le délaisse finalement.

Le brun pèse le pour et le contre. Il a envie de s'allonger, de dormir quelques heures mais la soudaine solitude le fait un peu paniquer. Il ne cesse de regarder autour de lui comme si quelqu'un pouvait finalement apparaitre de sous le lit, du placard ou de tout autre endroit.

- Tu crois que c'est vraiment réel ? Je sais pas trop. Nima est reparti, c'est pas elle. Et puis Frances aussi.

Dit-il en se redressant finalement du lit pour marcher vers la porte. Le but ? S'en aller. Ou la fermer à clé, il n'en a aucune idée. Alors lorsque des pas se font entendre, le brun recule subitement vers le lit et sort son couteau. C'est une rousse qui entre dans la pièce. Une rousse magnifique. Des yeux bleus profonds et Tucker se fige simplement. Elle était là ? Non ? Elle était pas là ? Peu sûr de lui, Tucker laissa échappé.

- Tu peux être qu'une hallucination pour être aussi jolie... c'est pas possible autrement.

Il repose son couteau à côté de lui, tournant la tête vers le reste de la pièce avant de fixer ses mains sales. Il aimerait une douche, c'est sûr. Frottant ses mains contre son pantalon d'autant plus sale alors qu'il entend du mouvement. Il tourne à nouveau la tête vers la rousse.

- On dirait une princesse de disney. Je crois pas avoir vu de gens pas là aussi beau que toi. T'es propre aussi. C'est surprenant. Je voulais voir Nima mais elle est parti, tu sais comment je peux la faire revenir ?

Comment ça, Nash est parti ? Elle en avait rabattu le plaid qui la protégeait du froid malgré la température douce du mois, avisant Frances sans comprendre. Glissant une main dans ses cheveux encore courts alors que l'afro américaine lui évoque seulement le besoin de soins à l'infirmerie et qu'elle émet un bref soupir, laissant tomber le plaid à ses pieds en pestant en silence. Pourtant, ce n'était un secret pour personne ici, qu'elle peinait encore à reprendre le travail. Se décidant à sortir du ranch en venant rabattre sa veste en jean sur sa silhouette trop amaigrie par l'absence de faim, grimaçant en sentant la cicatrice de sa jambe la lancer. Avisant vaguement Connor et Elena visiblement en grande discussion avec l'un des dirigeants du campement pour se décider à rejoindre l'infirmerie en traînant un peu en chemin, tirant nerveusement sur sa cigarette.

Ca faisait bien longtemps qu'elle avait abandonné l'idée de retrouver un semblant de bonne humeur un jour. Et même si Nash était d'une patience infinie avec elle, il n'empêchait. Il ne pouvait pas comprendre certaines choses qui continuaient d'hanter son esprit. Terreur nocturnes, panique inexplicables, ou encore les flash de l'incendie qui l'amenaient malgré elle à créer un fossé entre le deuil trop lourd à porter pour elle, et les vivants qui petit à petit, s'efforçaient d'avancer. Bloquée devant la porte de l'infirmerie, alors qu'à nouveau des souvenirs d'Evergreen remontent à son esprit torturé. Les conseils appliqués de Rose, les rires qui parfois étaient survenus, ou encore les discussions avec Alan, entre deux patients. Une époque ou elle avait réellement cru pouvoir stopper le temps, retrouver un semblant de bonheur dans l'horreur quotidienne. Sans y arriver, finalement. Tout avait fini en cendres, et l'idée de devoir aujourd'hui reprendre un rôle qui un jour l'avait passionné, l'effrayait au plus haut point. Se décidant finalement à jeter le mégot de sa cigarette pour entrer en inspirant profondément, glissant une mèche court à l'arrière de son oreille avant d'aviser le nouveau venu qui manque de la faire sursauter. Tant par la proximité, que le couteau dans sa main, alors qu'elle l'observe sans réellement comprendre, s'attardant finalement sur son regard.

Qu'importait la maigreur, ou l'état dans lequel il était sur le coup. C'était bien ces yeux bruns qui l'avaient laissé coite une courte seconde, alors qu'elle avait presque l'impression d'y reconnaître les même fantômes qu'elle devinait dans les siens. L'avisant sans comprendre avant qu'il ne reprenne finalement la parole, et que la remarque ne la laisse presque interdite. En d'autres circonstances, sans doute aurait-elle éclaté de rire. Mais là ? Elle est incapable d'aligner deux mots, quoi que le compliment ne la fasse quelque peu rougir, baissant brièvement le regard à cette idée en secouant doucement la tête.

Mais quelque part, elle comprenait mieux ce que Frances avait pu dire, en assurant qu'il avait besoin de soins en urgence, oui. Le laissant reposer le couteau à son grand soulagement, alors qu'il insiste encore et qu'elle revient capter ce regard. Un tel compliment ne te permettra pas d'avoir double de nourriture, tu sais ? qu'elle demande presque trop premier degré, alors qu'il évoque la native qui traîne sans arrêt avec Nash. Un peu perdue par le discours qu'il lui sert, fronçant légèrement les sourcils à cette idée avant de faire signe de négation, faisant voler ses mèches rousses.

Elle est partie en extérieur, elle ne sera pas de retour de sitôt de ce que m'a dit Frances. s'excuse finalement Quinn, pinçant brièvement les lèvres. Je viens pour tes soins, en fait. Je m'appelle Quinn. se présente sommairement la rousse en venant lui tendre la main après une brève hésitation, dans l'optique qu'il vienne la serrer et s'assurer qu'elle est bien réelle, reprenant avec une esquisse de sourire. Tu peux la serrer, hein. Ca te prouvera que je suis pas vraiment une hallucination. Et puis, j'aime bien tes yeux, moi. tente t-elle même la discussion, avant de lui indiquer le lit présent dans la pièce.

Tu... Tu m'expliques d'ou tu viens ? On ne m'a rien dit, juste que tu étais dans un sale état et ... Et elle redécouvrait petit à petit un travail qui pourtant, avait un jour été le sien. Accessoirement. Mais t'inquiètes pas hein ? Elle va revenir ton amie, c'est juste... Une question de jours.

Nima était parti. Tucker n’était donc pas bien content. Il ferma les yeux quelques secondes, pour tenter de la faire apparaître à nouveau. Mais alors qu’il ouvre les yeux, il ne voit que la silhouette amaigrie de la rousse qu’il ne connait pas. Fronçant lentement les sourcils, Tucker glissa les doigts sur la lame pour fermer le couteau et le glisser dans sa poche. Il ne voulait pas le perdre. L’objet était important pour lui.  

- Je m’appelle Tucker.

Dit-il en reposant les yeux sur la main tendue dans sa direction. Il hésite. A chaque fois, il les traverse. Ça ne dure jamais longtemps cette illusion. Le sourire que la rousse lui offre le laisse un peu planer. Ce qu’elle est jolie, qu’il n’arrête pas de se répéter. Baissant les yeux sur ses mains sales, Tucker pinça ses lèvres entre elles. Frottant sa paume sur son pantalon pour essayer de la rendre la plus propre possible, c’est dans un geste lent qu’il vient finalement glisser la main dans la sienne pour la serrer. Et se rendre compte que oui, il peut la toucher. Son regard se lève sur la rousse alors qu’il hoche la tête.  

- J’aime bien tes yeux aussi.  

Qu’il ajoute, affichant un léger sourire dans sa direction. Il marcha finalement vers le lit pour s’y asseoir. Le moelleux lui était déjà agréable. Mais il voulait une douche, manger, boire et dormir. Tirant sur son sac à dos, il le laissa tomber à ses pieds alors que la rousse lui pose les premières questions.  

- Nima m’a trouvé à Renton. Et j’étais à la scierie avec elle avant. On a dû se séparer et j’ai un peu... erré...

Pour ne pas dire un peu beaucoup. Il ne savait pas s’il avait l’envie de raconter toute l’histoire. Arthur et les autres. Alors, il préféra limiter le nombre d’information dans l’immédiat. Il n’avait pas vu son reflet depuis un petit moment mais la nourriture que Nima lui avait donnée lui avait fait du bien. Bien qu’il eût un peu mal à l’estomac. L’abondance après un temps certain de trop peu, il s’en doutait. Pour autant, il savait qu’une petite voix dans sa tête le pousserait à continuer à manger s’il le pouvait. Quinn tente de le rassurer et Tucker hausse les épaules avec lenteur.

- On est tout seuls ?

Qu’il ajoute, sa question sortant de nulle part. Il voulait s’assurer que les quelques ombres qu’il pouvait voir parfois dans un coin de ses yeux n’étaient vraiment pas présentes. Qu’il était simplement fatigué.  

- Est-ce que je peux prendre une douche ?