Nima n’était toujours pas revenue. Et si Tucker savait qu’elle allait bien. Il demeurait anxieux. Mais il arrivait à prendre ses repères dans son nouvel environnement. Son père était là, il avait une habitation à lui où il pouvait s’isoler si besoin. Frances était aussi bien présente malgré son air renfrogné habituelle. Il avait même pu se faire quelques amis et les tréfonds de son esprit commençait à ne plus se faire entendre ou voir. Hors période de rechute soudaine.

Il passait beaucoup de temps avec Quinn. Il avait l’impression qu’elle le comprenait comme personne. Et passer du temps avec elle était aussi une manière pour lui de continuer à se raccrocher à la réalité plutôt qu’à ses propres pensées parfois négatives. En fin d’après-midi, c’est Quinn qui arrive devant sa porte, proposant finalement une soirée. Et à la gène et timidité dont elle pouvait faire preuve, Tucker ne pouvait que sourire, attendrit par la rousse face à lui. Il n’avait pas vraiment envie de ce genre de soirée… Mais pour faire plaisir à Quinn ? Tucker irait.

- Je suis pas sûr d’être de bonne compagnie mais… je veux pas que tu y ailles seule alors je viendrais avec toi. Ca me ferait plaisir.

L’horaire était fixé et Tucker passa plus de temps à rouler dans son lit qu’à se demander ce qu’il pouvait bien porter. C’est donc au dernier moment que Tucker enfile son jean, son t-shirt et sa veste. Que des vêtements récupérés évidement, si ce n’est cette veste en cuir qu’il a réussi à préserver. Quinn l’avait même nettoyé et il en aurait pleuré à la vue de celle-ci. Vestige de son passé. Il était même à l’heure et était plutôt rassuré de voir que Quinn ne l’attendait pas depuis un moment.

En revanche, Tucker ne peut pas dire qu’il n’est pas surpris. Pas dans le sens négatif, évidemment. Mais la rousse est encore plus magnifique qu’elle ne l’est en temps normal. Alors qu’elle s’approche, son regard ne s’est trop où se déposer, admirant son amie armé d’un sourire. A sa question, il agite la tête de droite à gauche.

- Non, tu es magnifique.

Qu’il ajouta, avec honnêteté. A l’arrivée sur le lieu de ladite fête, Tucker remarque bien que certaines sont déjà ivres morts. Il avait l’impression de revenir dans un endroit sans difficulté, sans problème de rôdeur et autre virus complexe. Les verres sont passés encore et encore et Tucker est reconnaissant envers Quinn de rester asociales avec lui. Il trinque finalement avec elle et avale le verre sans détour, grimaçant presque instantanément.

- La vache, c’est pas censé être meilleure avec le temps, l’alcool….

Eh bien non. Visiblement. Et le verre est rapidement remplis à nouveau. Et Tucker apprécie l’insouciance de la fête mais aussi la façon dont l’alcool arrive à calmer ses angoisses. Au moins le temps d’une soirée. Attrapant la cigarette tendue par la rousse, Tucker aurait pu s’arrêter. Il faut dire que fumer n’avait pas été fait depuis la dernière fois, depuis 2015 finalement. Pour autant, reprendre avait été instinctif quelques jours après son arrivée ici.
Et alors qu’il allait l’allumer, il remarque le regard de la rousse se perdre sur son cou et Tucker n’a qu’un coup d’œil à jeter en direction de Quinn pour comprendre le sens de cette question.

- Récemment, non.

Qu’il ajoute. La cicatrice était un peu plus ancienne. Quatre mois, tout au plus. Il ne se souvenait pas réellement du moment exacte où il avait créé celle-ci. Glissant le cylindre entre ses lèvres avant de l’allumer, il préféra se taire quelques secondes avant d’ajouter.

- Quelques jours, c’était plus compliqué que d’autres. J’étais fatigué, je voulais que ça s’arrête et j’ai écouté la petite voix que je n’arrivais pas à faire taire.

Cette petite voix qu’il peut encore entendre de temps en temps mais sans plus lui accorder la moindre importance à présent. Il se sentait honteux d’avoir essayé sans terminé. Glissant l’index sur son cou, il ajouta.

- J’ai essayé de faire en sorte que ça s’arrête… Mais j’ai pas réussi à aller au bout.

Dit-il en glissant la main dans sa poche pour sortir le couteau donné par son père. Il pensait vraiment que c’était simple de venir à bout de sa propre vie. Mais pas du tout. Reposant son regard sur le couteau, il haussa les épaules.

- Je me suis arrêté avant.. mais je crois que j’y suis allé suffisamment pour qu’elle soit visible.

Son compliment la touche sans doute trop, alors qu'elle sent ses joues prendre feu, baissant le regard pour masquer ça. Elle ne devrait pas avoir à rougir, normalement. Pas avec Nash dans sa vie, si ? Pourtant, elle ne croyait jamais un seul mot que le Cheyenne pouvait sortir pour espérer la faire sourire. Et l'idée la rend silencieuse, proche de la culpabilité, s'efforçant d'oublier cette réalité au travers de l'alcool qui coule à flot dans la soirée, esquissant un rire à la remarque de Tucker.

Quand c'est du bon alcool, oui. Mais là ... C'est le truc que je buvais en soirée étudiante, coupé au jus de fruit. On était bien loin des bouteilles de vodka hors de prix, clairement. Mais qu'importait le flacon, tant qu'ils avaient l'ivresse, non ? Sauf que l'ivresse disparaît bien subitement quand il évoque cette cicatrice à son cou, trop blanche pour être récente maintenant qu'elle le réalise. L'écoutant sans mot dire, quoi qu'elle ne devine sans mal ses mains se resserrer sur son verre en écoutant cette histoire bien trop similaire à la sienne, avisant le brun en silence. Effleurant de ses doigts libres le couteau qu'il lui présente, devinant sans mal les dégâts qu'auraient pu faire la lame si il avait forcé de quelques centimètres supplémentaires, avant de relever les yeux vers lui, pinçant les lèvres. Ses yeux clairs fuyant le sien pour aviser le sol une seconde, avant de réagir sans vraiment réfléchir.

Lui tendant son poignet pour l'inviter à relever la manche, sa peau diaphane faisant ressortir sans mal les nombreuses coupures blanchies par le temps. Hésitantes, brèves, quoi que nombreuses. C'était au tout début. Je venais de perdre ma meilleure amie, et mon petit ami. Les morts les ont eu, juste... En face de moi. Et à chaque fois, Connor l'avait empêché de se laisser mordre. De justesse. J'avais peur, j'étais perdue. J'arrêtais pas de me dire que tout pouvait s'arrêter en quelque minutes et ... J'ai pensé à mon frère. Alors j'ai arrêté, et j'ai plus jamais osé recommencer.

L'aveu est rapide, tremblant de l'avouer à quelqu'un pour la première fois. Venant vider son verre d'une traite non sans grimacer, un rire sans joie s'échappant de ses lèvres.

C'était comme... Tu sais ? La sensation d'être dans une pièce pleine de monde, et d'hurler sans que personne s'en soucie. Cette vie les changeait, de toute manière. De par bien des façons. Et à l'inverse de Connor, elle ne s'était jamais vue comme une battante, ou une femme apte à affronter un tel monceau d'horreurs. Mais bon. Quelque part, on à bien fait de continuer, non ? Qu'elle tente avec un sourire timide, réalisant qu'elle le dit à voix haute pour la première fois depuis longtemps. Son coeur bat un peu plus vite d'y penser seulement, revenant ancrer son regard dans celui de Tucker alors que son rythme cardiaque semble augmenter d'un cran, et qu'elle s'efforce de mettre ça sur le mélange d'alcool et d'herbe qui circule dans la soirée, s'interdisant de réaliser que ce genre d'émotion n'existait plus avec Nash. Au début, peut-être. Mais ce souffle de vie qu'elle devine ce soir, elle doute de l'avoir eu depuis longtemps. Tournant la tête vers les autres membres du camp qui se laissent porter par la musique non sans pouvoir s'empêcher de rire, avant de revenir à lui.

Tu sais quoi ? Ce soir, on oublie tous nos problèmes, et on se contente de se laisser vivre. Et ça commençait par resservir une tournée, faire tinter son verre contre le sien, et le descendre d'une traite. Je parie que Bill vomit en premier. qu'elle fait d'ailleurs remarquer en avisant le blond qui devient subitement trop pâle avant de sortir hors de la pièce, confirmant la théorie. Et toi, avant moi. Ca par contre, elle en était étrangement moins sûre, la tout de suite.

Maintenant qu’il y pense, il est heureux de ne pas avoir été au bout. De ne pas avoir continué jusqu’à ôter sa vie. Parce qu’il avait retrouvé Nima, Frances et Adrian. Qu’il avait finalement rencontré des personnes qu’il affectionnait tout particulièrement. Et si Tucker était honnête avec Quinn, très peu de gens connaissaient cet épisode. Il en avait parlé à Nima, n’avait rien caché. A Frances aussi et Adrian. Mais le reste du monde ne connaitra pas cette faiblesse de sa part.

Lorsque Quinn lui tend le poignet, Tucker ne comprends pas tout de suite la raison. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’il repousse finalement la manche pour découvrir les marques faites dans un moment complexe. Son index glisse finalement sur les marques, un effleurement tout simple alors qu’elle décrit finalement les raisons de cette tentative.

- Je suis désolé. Ca devait être compliqué pour toi, j’ose pas imaginer…

Tucker avait l’impression de ne pas avoir réellement perdu de gens. Pas autant que la plupart, en réalité. Pas comme Quinn et son histoire. Elle vide son verre et Tucker ne fait que poser la main sur son épaule, un sourire rassurant sur le visage. Il adorait Quinn et la voir aussi mal n’était pas une chose appréciée.

- Je suis content que tu sois encore là.

Dit-il simplement. Il n’y avait pas d’autres choses à dire, de toute façon. Comme le dit Quinn, ils ont finalement bien fait de ne pas aller jusqu’au bout, de tenter encore un peu. Un jour après l’autre. Il y a un petit silence agréable où Tucker se contente de fixer le visage angélique de la rousse. Il avait toujours l’impression qu’elle avait été créée par une force plus haute qu’eux. Même si elle sortait avec un sombre crétin, selon lui. Peut-être était-ce juste une pointe de jalousie, au fond.

Il suivit son regard vers les autres membres du groupe, occupé à s’amuser comme des gamins. Beaucoup était déjà rond comme des billes. En revanche, il était bien d’accord avec elle. Ce soir, rien ne pourrait gâcher la soirée. Tucker rigole alors, sourire aux lèvres et descend le second verre d’une traite. Même grimace, même frisson.

- S’il peut se casser une jambe en même temps, mes prières seraient exaucés, ce que je déteste ce con.

Toujours à lui chercher des noises en plus de ça. Qu’il réplique ou pas. Mais Tucker le déteste au plus haut point. En revanche, quand la rousse ose dire qu’il vomira avant elle, Tucker plisse les yeux. Alors là, il était sûr que non. Il pouffa alors de rire, agitant la tête de droite à gauche.

- Tu veux parier ?

Qu’il ajoute déjà. Pour côtoyer Quinn depuis un petit moment maintenant, Tucker savait que la rousse avait tout de même un bon esprit de compétition. Alors de grande chance qu’elle accepte ce petit pari et qu’ils ne finissent par boire abondamment sans forcément regarder la consommation de nourriture en parallèle.

Et Tucker tape dans le mille. Tout deux enchainent les verres, au point d’être quasiment les derniers.

L’alcool lui monte à la tête et il sait d’ailleurs que Quinn est tout aussi bien partie. Ils ont désertés pour rejoint la caravane de Tucker. Affalé sur son lit, Tucker rigole en fixant le plafond suite à une énième blague stupide. En se calmant après quelques secondes, Tucker relève la tête vers la rousse.

- Nima va me buter demain. J’aurai la gueule de bois et elle va tenter de me tirer à l’entrainement. Faudra que je me cache quelques parts ! Viens t’affaler, tu tangues !

Qu’il ajoute finalement. Le brun roule sur le côté et rampe sur son matelas pour attraper le poignet de la rousse et l’attirer sur le matelas. Ok, un peu trop fort puisqu’elle lui tombe dessus. Ce qui déclenche une hilarité supplémentaire de sa part.

- J’crois que le matelas sera plus confortable que mes vieux os.

Sa remarque lui arrache un sourire, avant de baisser le regard timidement. Moi aussi, je suis contente que tu ne l'ai pas fait. Parce que quelque part, ça leur avait permis de se rencontrer. Quoi qu'elle n'ait jamais été spécialement ancrée dans le domaine de la spiritualité, certains faisaient ça bien mieux qu'elle. Et surtout, l'alcool aidant, elle évite ce regard qu'il lui offre, qui lui donne envie de s'y plonger. Trop, bien trop, pour qu'elle puisse assurer que ce soit anodin. Quoi que ça ne l'empêche pas d'esquisser un sourire complice à ce duel d'alcool dans lequel ils se lancent finalement. Et quel duel. A quand remontait sa dernière possibilité de faire la fête comme ça ? Pas depuis ce départ d'épidémie, non. Et si elle entend qu'il faut protéger la nourriture et se contenter d'alcool, son estomac peu rempli fait rapidement grimper l'ivresse. Inhibant sa timidité pour se laisser aller au jeu et aux rires, se surprenant même à ne pas sentir le temps passer, quoi qu'elle ait au moins tenu son pari. Riant aux remarques de plus en plus stupide des autres, se surprenant même à montrer une facette de sa personnalité qu'elle n'avait plus eu l'occasion de retrouver depuis ce maudit mois d'Octobre 2015, sans pouvoir s'empêcher de sourire quand son regard croise par hasard celui du brun.

Et ce, jusqu'à ce qu'ils ne soient que tous les deux, ayant visiblement couchés les autres participants un à un, alors qu'ils regagnent finalement le chemin de la caravane de manière complètement hasardeuse en essayant de rire silencieusement - sans grand succès il est vrai - jusqu'à ce que la porte ne se referme. Eclatant de rire en le voyant s'affaler sur le lit alors qu'elle découvre l'intérieur de sa chambre de plus près pour la première fois, secouant doucement la tête à sa remarque.

Et elle n'a jamais entendu parler des congés p- sa phrase meurt dans sa gorge sitôt qu'il vient se saisir de son poignet, déclenchant une nouvelle hilarité de sa part sans réaliser immédiatement cette promiscuité nouvelle entre eux, ne pouvant s'empêcher de lui sourire. Ils étaient proches, trop proches. Et si elle songe à Nash à cette seconde, c'est uniquement pour réaliser que ce genre d'instant entre eux n'existe plus. Ou n'a sans doute jamais existé. Retrouvant un semblant de souffle dans leur hilarité, essayant vainement de se faire raisonnable.

J'ai vraiment passé une bonne soirée avec toi. Qu'elle entame, malgré l'alcool qui lui tourne la tête, ou sa main qui vient se poser contre son épaule dans une volonté vaine de se relever. Mais la geste l'amène à se lover un peu plus contre lui, retenant un frisson qu'elle ne devrait pas ressentir. J'ai ... Je dois rentrer. Sans doute est-ce l'alcool, la fatigue ou les restes de cette sensation de liberté ressentie depuis qu'ils ont commencé à se connaître, mais les mots ne parviennent pas à sortir, prenant un tout autre sens.

Je n'ai pas envie d'y retourner. Dans cette chambre qu'elle partage avec Nash, quoi que son absence lui convienne aisément en ce moment. Croisant son regard quand l'aveu s'échappe, baissant à nouveau le regard, sans trop savoir si c'est par précaution ou cette franchise un peu abrupte, alors qu'elle reprend sans s'arrêter. En fait ... Je ne veux pas qu'il rentre. C'était plutôt ça. Et l'admettre de la sorte à voix haute, alors que les non dits s'enchaînent entre et elle son petit ami aurait dû l'attrister, l'agacer. Pas l'inciter à rester si proche de Tucker, à revenir chercher son regard en connaissant les risques pour les avoir ressenti tout le long de cette soirée. Ou à venir poser son regard clair sur ses lèvres une courte seconde, avec cette envie de se laisser entièrement aller. L'alcool n'était pas sensé être une excuse.

L'hilarité s'évapore lentement lorsque Tucker se rends compte de cette proximité avec Quinn. Cette proximité qui lui faisait plus plaisir qu'il n'aimerait finalement l'avouer.  Il s'agissait peut-être de l'alcool dans ses veines ou peut-être quelque chose de plus profond qu'il refusait de s'avouer.
Lui aussi se disait que la soirée avait été agréable. Il n'avait pas eu ce genre de soirée depuis des années. Tucker se sentait en sécurité et écouté auprès de la rousse.

- Moi aussi...

Qu'il murmure alors que Quinn se rapproche de lui. Ne voulait elle pas se redresser à l'origine ? C'est ce qu'elle semblait vouloir faire ? Pour autant, il n'avait pas envie de la voir partir. Pire encore, il voulait qu'elle reste ici, qu'elle reste à côté de lui. Autant que possible. Lorsqu'elle avoue ne pas vouloir y retourner, Tucker fronce lentement les sourcils, glissant finalement sa main droite sur la sienne.

- Alors, n'y retourne pas..

Tucker ne pouvait pas apprécier Nash. La jalousie qui lui crevait l'estomac à l'idée qu'il était celui qui obtenait baisers, étreintes de la rousse. Que les regards qu'il voulait sur lui n'arriveraient jamais. Il maudissait le natif d'avoir eu la chance de rencontrer Quinn avant lui. Elle ne veut pas qu'il rentre et Tucker ne peut s'empêcher de penser à mal. Est-ce qu'il a eu des gestes, mots négatifs à son encontre ? Pourquoi ne pas vouloir que son petit ami rentre ? Tucker ouvrit la bouche pour pouvoir poser la question. Mais la question meurt sur ses lèvres lorsque le regard de la rousse s'y pose.  

- Je veux pas que tu t'en ailles.

Qu'il murmure finalement, redressant son visage pour franchir la distance qui pouvait bien demeurer entre eux. Et ça pour rejoindre ces lèvres tant désirées. L'alcool lui donnait le courage de prendre le refus en pleine face si la rousse en jugeait la nécessité. Et pourtant, rien ne vient. Pas de claque, pas de recule, pas de refus. La main droite de Tucker s’installe sur sa hanche alors que sa jumelle presse le matelas pour donner une simple impulsion pour se redresser un peu sur le matelas. Juste quelques secondes pour pouvoir faire rouler la rousse avec lui et échange leurs positions. Mais était-ce vraiment une bonne idée ?

N'y retournes pas.

La remarque lui arrache un sourire désolé, quoi que toute capacité à réfléchir semble subitement avoir disparu de son esprit, liant presque par automatisme ses doigts aux siens quand sa main vient se poser sur la sienne. C'est ... Difficile. Compliqué, répréhensible même. Pourtant, cette bulle crée autour d'eux lui donne l'envie que le temps s'arrête subitement sur cette seconde, et la transforme en éternité. En suspens de cette question qu'il semble vouloir poser avant de se raviser, pour ce nouveau murmure qui lui donne la sensation que les rythmes de son coeur augmentent d'un cran qu'il n'avait plus approché depuis bien trop longtemps quand ses lèvres viennent rejoindre les siennes dans une impulsion soudaine.

Avait-elle seulement jamais ressenti ça, quand Nash l'avait embrassé pour la première fois à l'infirmerie ? Ne serait-ce que ce réflexe à fermer les yeux, ce frisson qui descend le long de son cou et qu'elle se surprend à ne même pas tenter un mouvement de recul face à cet échange soudain ?

C'est finalement le coeur qui prend le pas sur sa raison, l'étouffant avec force quand elle vient lui rendre ce baiser sans réfléchir. Oubliant l'idée d'un potentiel lendemain quand la main du brun se pose contre sa hanche, accompagnant le mouvement quand ils échangent leurs place. Ne disjoignant leurs lèvres que pour reprendre un souffle bref, croisant son regard en hochant silencieusement la tête pour cette demande à laquelle elle réponds par le regard pour revenir réclamer une étreinte. Forte, presque irréelle. Et rapidement, la passion l'emporte sur la timidité des derniers instants, quand ses bras s'accrochent à son cou pour le tenir au plus proche d'elle. Redécouvrant dans cette étreinte une facette d'elle qu'elle pensait morte et enterrée, alors qu'elle réalise à quel point sa présence lui paraît indispensable. Comme peut-être depuis ce premier jour, ou il l'a prise pour une hallucination. Ou ces discussions timides, ces rires presque enfantins un peu plus tôt dans la soirée. Creusant ses hanches pour s'installer plus confortablement sous lui, alors qu'il ne se séparent qu'une courte seconde pour retirer mutuellement leur hauts.

Revenant embrasser sa mâchoire, son cou pour en goûter le derme quand ses ongles glissent dans son dos, brisant l'ivresse de l'instant en réalisant. Nash. Il allait forcément rentrer à un moment. Et surtout... Le manque d'amour à son égard, excusait-il réellement qu'elle l'ait trouvé dans les bras de Tucker.

Attends... Attends. Murmure subitement la rouquine en se relevant sur un coude, essayant de reprendre ses esprits tout en venant pourtant lui voler un nouveau baiser. Incapable de se tenir réellement, s'accrochant à lui avec la force et l'envie de vivre, de retrouver ce souffle vital dans ses bras, quand la question se pose malgré tout avec amertume. On peut pas faire... Je peux pas faire ça. Même si tout le contraire de ses mots se devine dans son regard, dans ses gestes saccadés alors qu'elle jette plus loin leurs hauts respectifs quand ses mains glissent à son visage, posant son front contre le sien en cherchant un souffle qui commence à lui manquer dans la danse qu'ils entament. Revenant ancrer son regard dans le sien avec un air désolé, reprenant. Et en même temps... J'ai très envie que ça ne s'arrête pas. Même si ça incluait de déchaîner les enfers, la colère de Nash, et les difficultés d'une rupture déjà silencieusement entamée avec le Cheyenne.

Il aimerait que Nash n'existe pas. Il aimerait être arrivé avant lui. Pour avoir les yeux de la rousse uniquement sur sa personne. A l'instant T, il a l'impression de pouvoir l'obtenir. Un simple échange de regard qui en dit long, qui ne nécessite pas de mot pour communiquer. Un sourire trahit les traits du musicien avant qu'il ne repart finalement à l'assaut de ses lèvres, laissant son monde prendre un peu de sens. Ce qui n'est pas arrivé depuis un temps. Plus depuis des mois voir des années maintenant. C'est à contre coeur que Tucker se détache de la rousse, pour faire sauter leurs hauts respectifs, dévoilant peau parfaite à ses yeux.

Et puis. Stop.

Quinn murmuré d'arrêter et les mains de Tucker délaisse sa peau, se redresse légèrement pour laisser de l'espace que la rousse semble refuser. Glissant les mains sur le matelas alors que son souffle rapide soulève son buste.
Les remords semblent la prendre de court et Tucker ne peut lui en vouloir. Un moment que ce genre de remords ne l'impacte plus du tout.

- Je ne t'obligerais à rien..

Qu'il murmure simplement. Pourtant, Tucker n'a pas l'impression de voir de refus chez la rousse. Mais pour autant, il refuse d'aller plus loin tant que ses mots ne sont pas les bons. Les mains sur ses joues, Tucker prend le temps de fermer les yeux, savoure ses quelques secondes de flottement. Tucker essayait de garder la raison, d'écouter Quinn dans ce moment de doute évident. Mais l'entendre lui dire qu'elle n'a pas l'envie que ce moment s'arrête suffit à ce qu'il tente.. Glissant sa main sur sa joue, son pouce traçant sa lèvre inférieure, Tucker murmure.

- Je ne peux pas décider pour toi.

Il n'en a, visiblement, pas le droit non plus. Pour autant, il ne veut pas que le moment s'arrête, veut continuer de se laisser aller à cet échange. Embrassant à nouveau les pulpes de la rousse, Tucker ajoute finalement.

- On peut juste.. se reposer et dormir. Si c'est mieux.