Oh wow, un homme à l'égo plus fragile que du sucre, elle lui adresse un sourire moqueur en le fixant, avant de souffler du nez. Très honnêtement, elle pourrait presque lui rire au visage si elle ne faisait pas montre actuellement d'une sacrée maitrise d'elle-même. Je n'en avais jamais vu d'aussi près, c'est... Fascinant, analyse-t-elle avec le même air provocateur, histoire de bien lui rappeler qu'elle ne le prendra pas au sérieux de cette manière. Et le temps de s'esquiver et de le laisser à ces entrefaits, la rousse est déjà sur une autre occupation.

Pendant que les plats se préparent, elle tapote sur son téléphone avec un sourire de circonstances. Et comment tu comptes te faire pardonner ? La question se pose silencieusement. Elle entend de sa position la notification, en fourrant son téléphone dans la poche de son pantalon. Le cuisinier termine, elle embarque les plats avec un sourire, les plaçant avec habilité sur son plateau. Et au passage, embarque un feutre noir pour se rendre, juchée sur ses rôleurs jusqu'à la table.

J'ai pris ce qu'il faut pour le message, annonce-t-elle à Tao avec amusement, servant ses deux clients. Elle a un bref regard pour Yuan, avant de s'accroupir à côté du garçon : Tu me prêtes ton bras ? Demande-t-elle. Et c'est avec concentration, une fois le plâtre devant elle, qu'elle s'applique à faire une illustration. Qu'elle signe de son surnom de Derby : Mad Max. Avec ça, tu vas être le garçon le plus cool de l'école ! Et c'est quand que tu m'apprends à faire du roller ?! Elle hausse les épaules : Quand tu veux !

Si elle se moque, il arque un sourcil en soufflant dans sa direction. « Tu attendais quand même que ce soit moi qui envoie un message donc. » Quant à son égo, autant dire qu’il est bien trop gonflé pour qu’il puisse vraiment nier quoi que ce soit et rester un tant soit peu crédible. Il n’a pas le temps d’en dire plus qu’elle s’est esquivée et qu’il se retrouve un peu le bec dans l’eau, le regard amusé de son fils pesant sur lui. « Tu l’aimes bien hein. » Il bat des cils. « Pardon ? » « Max ! Elle est cool. Je l’aime bien moi aussi. Vous pourriez être amis. J’aime bien comment tu souris quand elle est là. » Et il repense à leur discussion d’il y a quelques jours, quand elle lui a dit qu’il aurait besoin d’une amie.

Un sourire plus large quand elle lui répond et il tapote du bout des doigts la table, alors que de nombreuses idées lui viennent, toutes plus improbables les unes que les autres. Il se rend compte que c’est aussi parce qu’il n’a pas la moindre idée de la façon dont il soit se comporter avec elle. Parce qu’il n’a jamais chercher à revoir qui que ce soir. Ou à se faire pardonner comme elle le dit si bien. Je peux te proposer la meilleure pizza de tout le pays.

Son regard se fait plus attendri quand elle revient et s’attèle à décorer le plâtre de son fils. « C’est vachement mieux que la signature de Bàba. Les copains vont être trop jaloux. Regarde ! » Le voilà qui montre son bras à son père, ce dernier le fixant un instant avec curiosité. « Je sais reconnaitre quand je suis vaincu. Impressionnant Mad Max. Je suis même tenté de demander un autographe. » A la question de Tao, alors qu’il boit lui-même une gorgée de sa bière, il souffle, fronçant les sourcils. « Mmmh il vaudrait mieux attendre qu’il n’ait plus son plâtre non ? » Forcément, le principal intéressé arbore une mine contrariée. « C’est pas juste ! Et sinon, on peut te voir jouer au derby alors ? Ce serait trop cool. » Il aurait presque envie de dire à son fils de ne pas s’emballer, qu’elle ne veut peut-être pas d’eux dans leurs pattes mais, pour être honnête, il a très envie de voir ça aussi.

Tu poses la question parce que tu considères que je ne mérite pas d'être rappelé ? Rétorque-t-elle sèchement, sans un sourire, le froncement de sourcils qui va avec. Elle attend une réponse là, et gare à ce qu'il va dire. Alors qu'elle s'éclipse, son téléphone recommence à vibrer et elle le saisit avant d'avoir une risette de circonstances. La meilleure pizza du pays ? Elle a comme un doute bizarrement. Impossible, je sais où elle se trouve, et tu ne connais pas l'adresse, écrit-elle en conservant une moue joueuse.

Alors qu'elle retrouve le duo, Max n'est pas peu fière du rendu de son dessin. Il faut dire qu'elle s'est drôlement appliquée, et c'est sûr : ça a plus de classe qu'une signature toute bête, non ? Je fais un match la semaine prochaine, si vous voulez venir, ajoute-t-elle alors avec un sourire, surtout pour Tao qui semble particulièrement enthousiaste. Mais elle ne se cache pas d'invité aussi Yuan, elle imagine mal le petit garçon venir tout seul, ou alors pire : avec sa mère !

On pourra sans doute rester un petit peu après si tu veux apprendre à monter sur des rollers, suggère-t-elle en haussant les épaules. La proposition semble mettre des étoiles dans les yeux du petit : On n'est pas obligé de faire du derby, on peut juste faire du roller, précise-t-elle en lançant un regard perçant vers Yuan : Ton père est un petit peu rabat-joie, je me trompe ? Trop ! Depuis la semaine dernière, il a peur de tout ! Elle fait une petite moue : Alors que toi, tu es super courageux ! Et qu'il n'a pas l'air du tout traumatisé.

Un froncement de sourcils en réponse. « Je n’ai jamais dit ça. Juste que tu ne comptais visiblement pas me recontacter non plus. Alors c’est peut-être toi qui considères que je ne mérite pas d’être rappelé. » C’est tout de même effarant de voir à quel point elle arrive à lui faire déjà perdre son flegme et sa distance habituelle. Il évite avec application le regard de Tao qu’il est à peu près sûr d’avoir entendu glousser. Et il se contente d’un soupir, avant d’aviser de nouveau le téléphone. Je crois qu’on va être obligés de tester les deux pour voir qui a raison.

Et il continue d’observer la rouquine pendant qu’elle s’occupe du plâtre de son fils. Définitivement, dire qu’elle est jolie n’est pas suffisant à ses yeux. Mais il garde cette réflexion pour lui et, après un bref regard à Tao, hoche la tête. « Ca doit pouvoir se faire. Ce serait quand au juste ? » La bouche pleine de nachos, le petit ne cherche même plus à cacher son entrain. « T’arriverais à te libérer du travail pour ça ? Ce serait TROP cool ! » Et il ajoute, à l’intention de Max. « Bàba arrête paaaas de travailler. Tous les soiiirs à la maison, quand je fais mes devoirs, il fait les siens à côté. Et il continue après. Je pensais pas qu’on devait faire autant de devoirs une fois adulte. » Il secoue la tête, visiblement atterré de cette révélation sur la vie des adultes, alors que Yuan se fend d’un rire.

Rire qui disparait alors que Max semble se liguer contre lui pour embarquer le petit sur des rollers. « Je n’ai pas… » En fait si, il est terrorisé à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose à son fils. Mais il sait qu’il doit passer outre, pour Tao. « Juste un peu alors. » Lâché du bout des lèvres, avant qu’il n’aille boire quelques gorgées de bière pour faire passer tout ça. « Si tu te fais mal, tu pourras toujours rêver pour remonter sur des rollers un jour. » Et là, ce n’est clairement pas négociable.

Tu comptes retourner toutes mes déclarations contre moi et ne jamais te mouiller sur rien ou comment ça se passe ? Elle fronce les sourcils en le fixant, à la recherche d'une explication. Mais elle n'aura rien, sinon le rire joueur de Tao en réponse. Samedi après-midi, annonce-t-elle simplement pour le jour où elle va justement joué pour une belle compétition très féminine. Elle trépigne. Sait qu'elle boitera sans doute le lendemain, se cassera peut-être quelques côtes mais franchement, c'est limite accessoire !

Et ça t'embête qu'il travaille autant ? Demande-t-elle à Tao avec un sourire tendre, en attendant sa réponse. Cependant alors que Yuan admet qu'il craint pour son fils, et le menace activement, Max a un temps : Tu sais... elle esquisse une petite grimace. Elle a été cette enfant casse-cou. Elle sait ce que ça fait. Ce genre de phrase, ça n'apprend pas la prudence. S'il aime ça, ça lui apprendra juste à faire les choses dans ton dos, lui annonce-t-elle.

Et ça n'est pas ce qu'il veut, n'est-ce pas ? Elle doute seulement qu'il apprécierait voir son enfant lui mentir. Qu'importe. Je t'apprendrais à bien en faire, tu verras, fait-elle à Tao avec un sourire amusé : Le secret, c'est de ne pas craindre de se faire mal, et elle échange un regard complice : Contrairement à ton père qui est pété de trouille pour ça !

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La salle est comble, comme à chaque show. Elle remonte la piste à toute vitesse, l'échauffement est passée, l'équipement ajusté, il va falloir se tenir prête à commencer. Cependant, elle capte la présence de Tao dans la foule, et de son père à côté. Un petit détour, elle vient se planter en face de leur place avec un grand sourire : Si tu veux me parler, c'est avant que je foute le protège-dents ! Annonce-t-elle avec un air amusé, le protège-dents en main justement.

Il lui rend un de ses sourires qui doivent probablement agacer la rousse. « C’est pour ça qu’on me paie en règle générale. » Retourner les propos des gens avec qui il travaille contre eux ou, au contraire, leur faire croire qu’ils contrôlent la situation. C’est ce qui fait son quotidien, même s’il n’a pas encore vraiment eu l’occasion de montrer cette facette de sa personnalité à Max. Pas trop en tout cas. Et, quand elle évoque le samedi après-midi, il attrape son téléphone, pianotant dessus avant de souffler, en direction de son fils. « C’est noté. »

Mais il se pince l’arête du nez au reste, bien conscient qu’il va perdre cette bataille avant même qu’elle ne commence réellement. Son regard passe de Tao à Max et il finit par lever les deux mains pour s’avouer vaincu. « J’aurais juste aimé qu’il attente au moins une semaine avant de se jeter sous les roues du bus. » Ou quelque chose du genre. Mais il ne pourra pas y faire grand-chose et il a envie de faire confiance, sans trop arriver à savoir exactement pourquoi. Parce que le weekend qu’ils ont passé ensemble ne l’incite pas forcément à penser qu’elle peut être prudente.

Et pourtant, les heures qui suivent au skate parc le détrompent. C’est un Tao ravi qu’il ramène à la maison et qui en vient même à barrer les jours jusqu’au fameux samedi.

Quand Max les rejoint, Yuan l’observe un instant, alors que son fils lui montre la pancarte qu’il a faite pour elle. « T’as vu ! Y a même votre euh… mascotte ? » Il bat des cils, sans être bien sûr du terme. Et se focalise sur le splendide MAD MAX qui prend la quasi-totalité de la feuille. « C’est bàba qui m’a aidé à la faire ! » Un vague sourire de la part du concerné qui se penche vers la rousse pour murmurer à son oreille. « Essaie de finir en un seul morceau, j’ai plein d’idées pour occuper le reste du weekend. »

Autant dire que la suite est… sportive. Les coups vont bon train et il a plus d’une fois une grimace quand il voit Max valdinguer dans les airs. « C’est TROP cool ! » Cool n’est pas le terme qui lui viendrait à l’esprit. Pour être honnête, c’est à peine s’il suit le match tellement il est focalisé sur l’état de la rousse. Le pire ? C’est qu’elle se relève à chaque fois, encore plus hargneuse si tant est que ce soit possible. Et le coup de sifflet final le surprend alors qu’il est en train de vociférer des encouragements avec Tao. « Tu connais le score ? » Le petit souffle, ravi. « AUCUNE IDEE ! Regarde ! Elle arrive ! » Au moins, elle est toujours entière.

Ta pancarte est la meilleure, il n'y a même pas besoin d'en discuter, souffle-t-elle avec un sourire amusé, en portant finalement le regard sur Yuan un instant. Elle doit y aller, un match lui demande une préparation physique et surtout psychologique. Mais il se penche à son oreille, et elle n'a pas le choix que de relever le nez vers lui en fronçant les sourcils. Va-t-il se montrer étonnant, vraiment ? Elle hausse les épaules et s'y met, volontaire dans cette partie qui est interminable et où aucune ne lâche le morceau.

Il a plusieurs fois où elle valdingue dans le décor, mais se relève toujours. Elle ne comptera pas les beaux en rentrant le soir, de toute évidence. Mais ça ne sera pas pour rien, si on lui donne le surnom de la Schtroumpfette. Lorsque le temps est écoulé et qu'elles peuvent rentrer au vestiaire, Max se permet d'abord un détour pour aller voir les seules personnes qui ne sont jamais venues la voir jouer. Elle a un sourire : Alors, qu'est-ce que vous en avez pensé ? Impossible de taire l'enthousiasme de Tao, qui y va de toutes ses observations.

Elle a un rire amusé en l'écoutant faire, renchérissant rapidement pour donner de l'eau à son moulin. Mais si elle doit être totalement honnête avec elle-même : Max se sent épuisée et douloureuse. Une douche bouillante ne sera pas de trop, rejoindre son lit non plus. Il y a eu quelques mauvais coups qui l'ont sonné, et malgré son casque, la rouquine a l'impression qu'une sale migraine lui noue la nuque et les épaules. Elle les abandonne, mais dans les vestiaires, se permet un message à Yuan. Je ne resterais pas ce soir. Vous devriez rentrer. Et si tu veux passer plus tard, je peux te donner mon adresse.

Les reins douloureux, la discussion s'anime tandis qu'elle se rhabille. Elles ont gagné, et ça n'est pas passé loin de la défaite pourtant, il faut dire que leurs adversaires étaient redoutables. Tu te sens de nous suivre pour une bière ? Honnêtement, ce soir, non... Un rire. J'ai cru voir que tu avais des visiteurs ! De quoi amener ses copines à glousser de plus belle en demandant les détails. Et ça restera chaste avec mon visiteur, si tu veux tout savoir ! Elle hausse les épaules, avant d'esquisser une grimace : Ah oui, tu as pris cher. Tu devrais te faire raccompagner, Max... Elle soupire. Je vais voir. Non, elle se débrouille, comme une grande.