Il se fend d’un rire à la réaction de Max. Evidemment, Tao se rengorge et ne s’en cache pas. Tout comme il est probablement le spectateur le plus enthousiaste de la soirée. Pour autant, Yuan n’est pas en reste et autant dire qu’il savoure le spectacle, même s’il est incapable de comprendre vraiment tout ce qui se passe. Et il n’a même pas le temps de répondre quoi que ce soit à la question de Max que déjà, le petit s’emballe. « C’était géniaaaal ! Surtout quand t’as fait ça ! Et puis ça ! » Tout en parlant, il mime, sans considération pour son plâtre ou les gens qui les entourent. Mais ça fait surtout sourire son père, alors qu’il se contente de souffler, fixant la rousse quelques instants. « C’était impressionnant. Vraiment. Ca donne envie de revenir. » Au vu de la réaction de Tao, assurément, ils seront de tous les prochains matchs.

Et le petit se met sur la pointe des pieds pour claquer une bise à Max avant qu’elle ne les laisse. S’il suit le mouvement vers la sortie, il arque un sourcil en voyant le SMS. J’aimerais beaucoup passer. Qu’elle lui donne son adresse est un pas de plus vers une relation qui le laisse encore perplexe. Il ne sait pas de quoi il a envie. Réellement. Il sait juste qu’il a envie d’être avec elle et ça, ça le perturbe beaucoup. Et, une fois dans la voiture, il a une hésitation avant de reprendre son téléphone. Je peux déposer Tao et revenir te prendre si tu préfères. Son fils baille sans retenue, déjà prêt à aller filer au lit dès qu’ils auront passé la porte de l’appartement. Il ne leur faut pas bien longtemps pour arriver et il continue de fixer ce maudit téléphone, réalisant qu’il attend un peu trop la réponse. Lui qui, jusque-là, se vantait d’avoir toujours le contrôle dans les relations extra-conjugales qu’il pouvait avoir, autant dire que là, il est dedans et jusqu’au cou.

Le pire ? C’est que ça ne lui déplait pas. Ou en tout cas, les moments qu’il a pu passer avec elle compensent cette perte de contrôle. Et puis, ce n’est pas comme s’il attendait réellement quelque chose de tout ça. Pour un peu, il arriverait presque à s’en convaincre alors qu’il échange brièvement avec la nourrice avant d’enfiler de nouveau sa veste, prêt à repartir.

L'adresse est finalement envoyée sans attendre. Appelle-moi quand tu es en bas. Elle pince les lèvres, sentant un temps ses joues chauffer avant de grogner quand elle fait un mouvement qui réveille ses douleurs. Les autres se moquent un peu, mais Max roule des yeux. Elle décline simplement le fait que Yuan ne vienne la rechercher ensuite. Elle va se débrouiller pour rentrer, et par chance, elle ne loupe pas le bus qui la conduit directement jusqu'à chez elle. C'est tout juste si elle a le temps de faire un peu de rangement. L'infâme bordélique qu'elle est aurait besoin d'un weekend pour remettre de l'ordre dans sa vie.

Elle abandonne après avoir balancé ses vêtements dans son placard en luttant pour refermer la porte derrière elle. Quand elle la rouvrira, c'est sûr, tout lui tombera dessus directement. Mais tant qu'elle peut maintenir l'illusion. Un soupir lui échappe, elle a le temps d'une douche à nouveau et de quelques gémissements douloureux quand son téléphone sonne. La rousse sort sur son "balcon" qui n'est finalement que l'issue de secours : Alors, on aimerait grimper ? Demande-t-elle à Yuan qu'elle aperçoit en bas : Tu pourrais au moins te la jouer Richard Gere dans Pretty Woman, plaisante-t-elle.

Le temps de défaire l'échelle et de la lui donner, elle le laisse grimper jusqu'à elle avant de lui faire signer : Viens, ils peuvent se glisser à l'intérieur, Max ne referme pas derrière elle la fenêtre, le frais lui fait du bien. Mais elle se tourne vers lui et glisse ses bras sur ses épaules pour que ses mains se posent sur sa nuque ensuite. Lui l'étreint et elle se raidit, comme si elle venait de mettre les doigts dans une prise : Ah !... N'appuie pas là, lui demande-t-elle doucement en grimaçant. Une autre caresse, qui la fait autant frissonner que grimacer : Ni là, articule-t-elle entre ses dents serrées. Ok, je suis juste un hématome géant, ça va être compliqué, souffle-t-elle.

C’est probablement une mauvaise idée. De lui avoir dit qu’ils viendraient voir d’autres matchs. De revenir la voir. Il ne fait jamais ça en temps normal et l’idée de ne pas avoir un contrôle total sur la situation lui déplait fortement. Et pourtant, il n’a même pas une hésitation quand le téléphone retentit.

Crétin.

Voilà ce qu’il est. Incapable de penser normalement juste parce qu’il a envie de se retrouver dans son lit. Autant arrêter de se persuader que c’est pour autre chose. Et, une fois garé au pied de l’immeuble, il a une hésitation. Pas uniquement parce qu’il ne retrouvera probablement pas ses jantes quand il sortira mais ça, c’est un détail. Une brève inspiration alors qu’il se décide finalement, après avoir pianoté sur son téléphone. Et de voir la tête rousse apparaitre par la fenêtre lui fait de nouveau perdre la quasi-totalité de ses capacités de réflexion.

Oui, c’est toujours aussi ridicule.

Peut-être autant que de devoir passer par l’échelle de secours. Et pourtant, ça le fait sourire. Même si d’entendre grincer le métal quand il pose le pied dessus n’est pas pour le rassurer. « Je dois m’attendre à être poursuivi quand je vais repartir ? » Sait-on jamais. Un baiser claqué sur ses lèvres à peine franchi le seuil et il ne prête pas attention à ce qui l’entoure. Mais, il la sent se raidir et impossible de ne pas la voir grimacer. « Hum. Tu as pris plus de coups que je l’aurais cru. » Un rire silencieux, comme si le karma se chargeait de lui rappeler à quel point il est idiot d’être là. Il se penche vers elle et l’embrasse sur la mâchoire. « Laisse tomber. Tu as de la pommade ? » Il attend quelques secondes, alors qu’elle va fouiller quelques tiroirs et il l’entraine sur le canapé. « Installe-toi, je vais m’occuper de toi. » Hum, ça semblait moins étrange avant qu’il ne le dise à haute voix, mais qu’importe. Visiblement, il n’aura pas ce qui lui a fait traverser la moitié de la ville et, dans le fond, ça va peut-être lui permettre de réfléchir – un peu – à tout ça.

Jambe repliée contre lui, il l’aide à enlever son pull et, avec autant de délicatesse que possible, il s’affaire là où les rougeurs sont les plus marqués. « Je confirme, tu es un hématome géant. Comment tu réussis encore à marcher, c’est la question que je me pose. » Et il ajoute, d’un ton amusé. « De ce que j’ai vu, tu as rendu tous les coups que tu as pris en tout cas. Rappelle-moi de ne jamais chercher à me battre pour de vrai avec toi. »

Tant pis pour les baisers ? Max a une autre grimace tandis qu'il assure qu'il s'occupera d'elle ce soir. Elle préfèrerait autrement. Le temps de trouver une crème pour la soulager, elle s'assoie à côté de lui sur le canapé, et a besoin de son aide pour retirer son t-shirt. Elle peine a lever les bras au-dessus de ses épaules, c'est un grognement frustré qui lui échappe. J'en ai pour une bonne semaine de douleurs mais on s'y habitue, annonce-t-elle simplement en haussant les épaules. Geste qu'elle regrette immédiatement.

Le talent, plaisante-t-elle simplement. Et puis, il en faut un peu plus que ça pour m'épuiser, tu sais ? Elle partage avec lui un regard entendu, qui donne l'impression de couver quelques promesses. Je comptais sur toi pour ça, glisse-t-elle même avec un air mutin, avant d'esquisser un sourire. Alors qu'il termine sa besogne, Maxine temporise avant de remettre son t-shirt. Il n'est pas venu ici pour rien. Certainement pas pour discuter. Il est évident que tu perdrais de toute façon, en fait, elle n'a pas vraiment envie de se contenter de ça. Tant pis pour les bleus et les courbatures : Je vais te montrer, souffle-t-elle en venant gagner ses lèvres.

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Honnêtement ? Elle ne sait pas si elle n'a pas eu plus mal que ressenti de plaisir. Mais ça valait totalement le coup. Maintenant que l'orgasme est atteint en tout cas, elle se paie le luxe d'un shot d'endorphine qui calme un temps ses courbatures. Ils en sont tombés du canapé ensemble, de quoi lui infliger quelques brûlures dues au frottement du tapis au sol en plus de ça. Classe, hein ? Je me demandais... glisse-t-elle, la tête contre son épaule, sans le regarder. Elle a tiré une cigarette de son paquet. Pourquoi tu es encore là ? Elle lui tend la cigarette l'instant d'après : Pourquoi tu reviens me voir ?

S’il est déçu de la tournure des évènements, il a tout de même un sourire amusé à la réaction de la rousse. « Je vois, je vois. Finalement, je ne m’en sors pas si mal sur un circuit. » Bon, il risque sa vie, mais ça fait partie du jeu. C’est même le pic d’adrénaline qui le fait appuyer sur l’accélérateur.

Ses doigts glissent sur la peau de la jeune femme et il s’efforce de ne pas trop se laisser emporter. Mais ce qu’elle lui raconte n’est pas pour l’aider à garder son flegme. C’est même tout le contraire. « Mmmh, tu crois vraiment que tu pourrais gagner ? » Et le peu de retenue qu’il avait s’envole au moment où ses lèvres touchent les siennes. Le reste n’a que peu d’importance et ça, c’est nouveau pour lui.

***

Sa main glisse distraitement dans les cheveux de Max alors que les battements de son cœur reprennent un rythme normal. Ca aussi, c’était nouveau pour lui. Cette façon de faire, cette absence de retenue. Ce plaisir partagé. Et l’envie qu’elle en profite autant que lui. Cette pensée lui arrache un bref froncement de sourcils alors qu’il laisse le silence s’installer sans avoir envie de le rompre. Il attrape la cigarette et à sa question, il a une ombre de sourire. « Parce que j’en ai envie. Et que je ne fais pas souvent ce dont j’ai envie. » Et il ajoute, après avoir tiré quelques lattes. « J’aime passer du temps avec toi. » C’est à la fois limpide et très compliqué dans son esprit. Mais il s’étonne lui-même d’avoir pu le dire aussi simplement. Un temps, alors que sa main continue de se perdre dans ses cheveux. « Et toi ? Pourquoi tu me laisses revenir ? » La question est légitime. Il n’a aucun doute sur le fait qu’elle pourrait trouver n’importe qui pour rouler sur le tapis. Même si la simple pensée lui déplait fortement, il n’est pas stupide. Alors, pourquoi lui avoir proposé de venir ?

Ses yeux se relèvent vers lui. Elle aimerait comprendre comment il fonctionne. Elle aimerait savoir pourquoi il s'échine à la retrouver. Et puis, elle comprend qu'il n'y a pas plus seul qu'un homme qui croit ne pas avoir besoin des autres. Elle ne sait pas si elle doit le plaindre ou non. Elle sait juste qu'en le regardant, elle n'a pas très envie de se moquer de lui parce qu'à dire vrai, elle n'est pas mieux lotie que lui, quand bien même elle aime affirmer le contraire.

Evidemment, je suis extraordinaire, répond-t-elle avec un sourire moqueur en plantant ses yeux dans les siens, pour qu'il avise de la lueur mutine dans son regard clair. Et elle, pourquoi le laisse-t-elle venir ? Elle fait mine de réfléchir, n'a pas vraiment de prétexte à lui donner. En fait, elle fait surtout ce qui lui plait, sans chercher plus loin. Aussi bizarre que ça puisse paraitre en tout cas, la rouquine n'est pas du genre à beaucoup se prendre la tête. Parce qu'elle ne prend pas grand-chose au sérieux non plus. Parce que je m'ennuie et tu es une distraction appréciable, souffle-t-elle.

A nouveau moqueuse, il lui semble impossible de se concentrer à cet instant : Et puis je me suis engagée à être ton amie aussi alors, il faut bien que je fasse ma part, ajoute-t-elle simplement en haussant les épaules, alors qu'elle récupère la cigarette. Fumée recrachée, elle vient fixer le plafond longuement. Bon après, je ne fais pas ça avec tous mes amis, ne nous méprenons pas ! Qu'il ne soit pas jaloux, il a un traitement de faveur. Il faut dire que je n'en ai pas beaucoup non plus, et qu'il lui arrive de se sentir un peu seul. Et puis tu es un coup plutôt correct, certifie-t-elle. Bon, il n'est pas bon, mais il n'est pas mauvais.

Son regard reste accroché au sien quelques instants, avant qu’il ne secoue la tête à sa réplique, non sans un sourire amusé. « Evidemment. Il faut au moins quelqu’un d’extraordinaire pour me donner envie de revenir. » Il continue de l’observer, curieux de la réponse qu’elle pourra lui donner. Et se fend d’un rire à sa répartie. « Une distraction appréciable ? C’est la première fois qu’on me qualifie de la sorte je crois. » De là à dire que des distractions, il n’en a pas tant que ça, c’est un pas qu’il n’a pas spécialement envie de franchir dans l’immédiat.

Du reste, il a un bref hochement de tête. « Il est vrai qu’on est amis maintenant. Et je compte sur toi pour me dire ce que je dois faire à ce niveau-là. » Un baiser posé sur son épaule alors qu’il finit par arquer un sourcil. « J’imagine que c’est malvenu de dire que j’aime autant que tu ne fasses pas ça avec tous tes amis. » C’est le cas pourtant. Il se surprend à ne pas aimer ça, sans réelle raison. « Donc… on pourrait passer plus de temps ensemble si tu n’as pas beaucoup d’amis non plus ? » Il se redresse tout de même un peu à sa répartie. « Plutôt correct ? Vraiment. On en est là. » Forcément, il voit ça comme un défi et, au regard qu’il lui lance, elle ne peut pas avoir trop de doutes sur le sujet.