Juliet s'était jointe à la grande escorte qui se détachait du camp à la recherche de matériel médical. C'est dans un silence observé qu'elle avait soudé son regard aux paysages. Elle en revenait sans cesse à sa décision de se joindre au groupe. Était-ce un choix juste ? Que signifiait "juste" dans cette situation ? Ou était le mal, le bien ? Le monde n'avait jamais été manichéen auparavant, l'érosion de la société ne l'avait pas simplifié. Perdue dans cet aléa de questionnements, elle s'était laissée porter par les cahots et n'avait pas vu le temps défiler. Elle en était venue à la conclusion, que son besoin d'apprendre et de découvrir était grandissant. Elle s'était également persuadée qu'elle avait besoin cette expédition pour savoir se débrouiller dans des situations auxquelles elle n'était pas habituée.  

Satisfaite de sa brève réflexion, elle suivit sa petite escouade qui se déroulait autour de deux inconnus. Affichant un visage impassible, elle suivit les articulations du discours de loin, sans jamais intervenir. Alors qu'un groupuscule se détachait pour mûrir une décision, la jeune fille se rapprocha d'Isaac. Il était en première ligne, essayant de modérer les propos et de ne pas envenimer la situation. Tout le monde paraissait aussi perplexe que Juliet, face à cette rencontre inattendue. Ce genre de hasard se faisait rare, d'autant plus lorsque cela n'impliquait pas de violence. Alors que Lisandro et Eli dévoilaient leur derniers atouts aux étrangers, Juliet lança un regard au reste du groupe attroupé un peu plus loin. Elle tenta d'accrocher discrètement un regard au sien pour faire comprendre que la situation venait d'évoluer. Comme ils ne paraissaient pas l'avoir vue, elle accompagna cela d'un léger mouvement de tête, espérant être comprise.  

Lorsque les certitudes des étrangers s'ébranlèrent franchement, la blonde concentra son attention sur eux. Elle était demeurée dans l'ombre d'Isaac, muette. Cette fois, elle fit un pas de côté et contempla franchement l'individu.  

Je crois que vous avez été crédule monsieur, voyez bien que la situation en elle-même parait étrange. Je ne pense pas que nous soyons intéressé par l'offre. Si vous tenez à ces personnes, elle fit un léger mouvement de menton en direction de sa fille, reconsidérez peut être la proposition

Équipement:

Résumé:

Spoiler:

Son approche avait permis d’obtenir les informations que les deux femmes avaient cherché à avoir. Au final, l’honnêteté avait payé. Mieux que la menace ou les faux-semblants. C’était couru d’avance que la manipulation n’allait pas fonctionner, dès le départ leur groupe avait paru suspect. Ils avaient été surpris par l’accueil de Liam, et l’homme n’avait pas mis longtemps à comprendre que quelque chose clochait dans leur attitude. La vérité ne pouvait pas faire de mal, surtout que l’expérience vécue par Eli ne mettait les habitants de la prison en danger. Ce camp n’existait plus après tout. Il était tombé, il n’y avait plus de secret à garder. Il sentait le regard d’Eli posé sur sa mère et lui, mais il ne pouvait rien y faire. Il y avait déjà eu discussion (ou bonnes engueulades espagnoles) il fallait juste attendre, le garçon s’y ferait.

Mais Liam semblait de plus en plus paniqué, il ne semblait pas comprendre l’importance de ce que venait dire Eli, il ne semblait surtout pas le croire. Il semblait persuadé que ces gens venus leur proposer l’asile étaient bons.

« On ne demande que ça… De se tromper, mais si ce sont bien eux… » Il n’eut pas le temps de continuer, Juliet et Duncan prirent la parole.

Le viking eut des mots plus rudes encore, n’hésitant pas à bousculer Liam par ses propos. Alors que la majorité semblait comprendre que l’approche douce pouvait fonctionner, Duncan décidait de lui rentrer dedans. Cela étant, il marquait un point, l’absence de son épouse était un peu inquiétante si elle était censée les accompagner vers un lieu plus sûr. Lisandro jeta un coup d’œil à la fille, étonnement imperturbable, puis reporta son attention sur Liam.

« Excusez-le, il s’adresse à tout le monde comme ça… » La main d’Alma se crispa dans la sienne. « Liam, tout va bien ? C’est vrai que votre femme devrait être ici si vous avez l’intention de partir… Tous les trois. » Il se tourna légèrement de côté, pour garder la fille dans son champ de vision, et surtout, se mettant légèrement devant Alma, par sécurité. Il regarda la jeune fille en fronçant les sourcils. « Où est ta mère, fillette ? »

Spoiler:

Entre le sale caractère de Duncan, l’oreille sourde de Liam et Lisandro qui se pavane avec ma mère, j’ai sincèrement juste envie de laisser tomber toute cette histoire pour en choper un et l’éclater dans les deux autres.

La discussion devient enfin intéressante, lorsqu’elle se fait interrompre par les moteurs approchants. Rapidement, les véhicules nous bloquent. Pas moyen de… fuir à l’arrachée. Boom, boom. Mon cœur s’emballe. Des machins de l’armée. Putain… Je n’dégaine pas. Pas le flingue, en tout cas. Juste un regard terrifié et acéré qui fond sur les hommes qui nous envahissent.

J’lève les yeux vers… Adrian. C’est à moi, qu’il s’adresse ? Putain. Pour une fois, j’aurais préféré être invisible. J’détaille ses compagnons, reviens vers lui, la voix paralysée un instant. Et puis ça revient. A moitié. « On est juste... de passage. » Alma ressent ma détresse, bien sûr. Elle pose la main qui n’tient pas celle du chilien sur mon bras et articule enfin, dans une fermeté réchauffée par son accent, « Nous allions partir. »

Personne n’eut le temps de fournir de réponse à ses questions car bientôt, les bruits de moteur retentirent derrière eux. Lisandro tressaillit et se retourna automatiquement vers les nouveaux venus, sa main libre venant se crisper sur son pied de biche, par automatisme. Son glock se situait du côté de sa main prise par celle d’Alma. Le dénommé Adrian s’approcha, suivit des autres militaires, armes au poing mais non menaçant – pour le moment. Mais Lisandro ne s’y fiait pas, il n’avait peut-être pas vécu leur visite au lycée, mais il savait les horreurs vécues par Eli et les autres. Leur hésitation leur avait coûté très cher.

Adrian s’adressa à Eli, qui aurait préféré disparaitre. Il fut néanmoins très vite soutenu par Alma et Lisandro se força à redresser ses épaules et de masquer son inquiétude. Ils auraient dû partir depuis longtemps. Sa main pressa celle d’Alma, en quête de réconfort et de courage. Ca allait mal finir.

« Nous ne savions pas que les lieux étaient habités en arrivant ici, puis votre ami nous a confondu avec vous, nous avons été un peu surpris. Nous n’avons pas l’intention de nous attarder plus que nécessaire. »

C’était inutile, il le savait déjà. Il voyait Adrian très intéressé par eux, et s’il s’agissait bien des mêmes pilleurs qu’au Lycée, la possibilité de débusquer un autre camp et de se servir dans leurs provisions et autres fournitures devait déjà lui travailler l’esprit. Il jeta un coup d’œil aux autres, s’arrêtant un peu plus sur Duncan et Sarah. Ça sentait mauvais, très mauvais pour eux.

Spoiler:

Murphy était plus ou moins resté en retrait, les gros yeux de Duncan lui avaient bien fait comprendre que ça ne servait à rien qu'il ouvre sa bouche maintenant. Il aurait pu aller parler à la fille de ce type qui ne lui inspirait pas confiance mais il avait simplement croisé les bras, écoutant la conversation des "adultes". Il regardait autour, se contentant de vérifier s'il n'y avait aucun mort. C'était raté pour l'exploration, il ne pouvait pas cacher sa déception, il aurait voulu s'aventurer un petit peu, se rappelant de ces semaines un peu ennuyantes qu'il avait passé à explorer la prison. Bon, il savait qu'il ne pouvait pas faire autrement mais l'optique de la sortie lui avait bien plu quand même. Tant pis, il suivrait toute cette petite histoire en se faisant sa propre idée, ne cachant clairement pas un regard assez dégoûté vers ce Liam, heureusement qu'il ne faisait pas attention à lui

Tout s'enchaîna assez rapidement et à peine avait-il réagi et réfléchi à Lisandro qui avait révélé qu'ils ne savaient pas qui ils étaient que les voitures s'étaient ramenés. Il avait manqué un épisode, clairement, fronçant les sourcils en voyant les types débarquer. Ah bah ils rigolaient pas, c'était sûr, c'était même flippant en fait et ça lui faisait penser à tout ce bordel qu'il y avait eu au lycée avant la tuerie et tout le reste, donc il ne voulait clairement pas voir ce genre de moment se rejouer une nouvelle fois.

Décroisant ses bras au cas où, il regardait Lisandro rapidement, lui montrant clairement qu'il était inquiet. Poussant un léger soupir, il marcha vers la voiture, quand bien ils étaient encerclés peut-être qu'en voyant qu'ils partaient ils allaient décoincer l'endroit. C'était plus judicieux de partir, d'autant que les autres étaient clairement en train de leur dire qu'ils n'allaient pas s'attarder et Murphy l'espérait, ces types étaient clairement plus armés qu'eux et il sentait mal à la situation, déjà avec l'autre et sa tête chelou, si maintenant y avaient des militaires ou des types qui jouaient aux militaires, c'était pire.

Spoiler: