Spoiler:

Joann rouvrit les yeux lorsque sa voix caressa les contours de son oreille, qu'elle le sentit se tendre conte elle. Cette fois Mark n'était plus présent, ne demeurait que cet homme qu'elle aurait du crever quand elle en avait l'occasion. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait actuellement, de le planter profondément dans la cuisse où ailleurs, mais quand il parvint à lui faire lâcher la lame pour se l'approprier...

Désormais, son propre couteau était retourné contre elle, contre sa gorge qu'il suivit des yeux comme un fauve sur le point d'y planter les crocs. Joann le sentait, sa vie ne tenait plus qu'à un fil et ses pensées vacillaient à mille lieux d'elle, à des kilomètres ailleurs, dans cet hôpital en particulier... Puis, Lisandro reprit, lui coupant le souffle, forçant sa respiration à se saccader comme un disque rayé, elle le craignait en un sens, elle le craignait subitement car il était capable de lui faire ressentir ce qu'aucun autre, avant « lui » n'avait su lui arracher. Il était vile, son timbre était froid et sombre comme la mort qu'elle entrevoyait au bout du chemin. Jamais personne ne l'avait faite pleurer avant, mais à ce moment précis où elle l'entendit « le » menacer, son cœur battit à tout rompre.

L'évidence subite martyrisait son crâne, son corps entier qui se mit à frémir de terreur, à brûler qu'il ne lui fasse du mal, à imaginer crever de rage si on le lui retirait. Jusqu'ici elle n'avait pas compris, jusqu'ici elle avait mit sa sur le compte de tout un tas de choses sans véritable sens, alors que tout était clair à présent et rythmé par la voix monocorde du croque-mort. La lame contre sa peau ne l'effrayait pas non, c'était les ressentis, le fait de manger – émotionnellement – un mur de plein fouet sans pouvoir s'arrêter. Elle le voyait parcourir son esprit, elle l'entendait parler, elle le connaissait parfaitement et pourtant elle l'avait laissé s'éloigner, l'avait encore et encore repoussé... La nausée lui montait en bouche, elle en était malade, malade de comprendre enfin et de ne peut-être pas avoir d'autre occasion pour le lui dire. « Il » ne saurait jamais et, en un sens, alors qu'une larme perlait à ses cils tandis que la lame lui arrachait tremblements et sang, qu'elle resterait marquée par cet enfoiré, Joann remerciait quiconque avait choisi qu'il ne soit guère dans son champs de vision à l'instant. S'il l'avait vu, cet Hispanique, s'il l'avait vu croiser « ses » yeux, alors il aurait comprit, tout comme elle, et peu importait les morts qu'elle entendait vaguement approcher, il l'aurait sans doute tué... « lui ».

Ne lâchant rien, sentant simplement la perle rouler sur sa joue quand il riva ses lèvres aux siennes, Cain ferma fiévreusement les yeux et serra les poings. Le baiser de la mort, une promesse, une horreur qu'elle savait se produire un jour si, toutefois, elle ne le mettait pas à mort avant qu'il « le » tue.... Quand il la relâcha, puis la repoussa violemment. Joe embrassa l'asphalte de tout son poids et ancra les mains au sol tant la douleur la saisissait, cette douleur que d'être sauve et de savoir qu'il lui faudrait agir ensuite... En un sens, malgré tout, ce connard lui avait fait un immonde cadeau, le fait de ressentir, il avait décadenassé son cœur et elle sentait les maillons des chaînes céder un à un sans aucun contrôle. Ça faisait mal, malgré tout son cœur battait encore, et rien que pour ça, il fallait que le « sien » continue à pulser encore, qu'il rentre au Fort tout comme elle, malgré ce qu'il avait enduré...

Spoiler:

L'amertume se mêlait aux mots sur ses lèvres. Ses cheveux étaient encore tiraillés et sa joue brûlée par le souvenir. Isaac l'avait brusquement tiré derrière elle dès qu'elle avait été relâchée. Son dos large lui procurait un sentiment de sécurité -toutefois relatif. Dès qu'il s'était engagé à venger les gestes humiliants de l'ennemi, la situation avait dégénéré. Les cheveux éparpillés, le regard vide, la vie avait quitté Alma. Lisandro semblait vouloir franchir les portes de la mort pour en extirper son amour. Juliet avait encore beaucoup de mal avec la faucheuse. C'était la question d'un instant avant que la mort distille les derniers éclats d'une âme. Elle avait du mal à enregistrer l'information. Elle n'arrivait pas à comprendre. Elle porta une main à sa bouche, reculant lentement. Elle n'arrivait pas à détacher son regard du chillien prostré devant le cadavre.

Elle fut violemment projetée sur le sol. Elle accusa durement le choc. Le temps qu'elle prenne conscience de la situation, un soldat avait appuyé ses genoux contres ses coudes pour l'empêcher de se défendre. Elle eut le temps d'ancrer son regard désespéré dans le sien avant qu'il n'enserre sa gorge de ses mains puissantes, comprimant sa trachée.

La course de son cœur affolé, la respiration sifflante, elle ferma les yeux. Les battements envahirent ses sens. Elle ne devait rien à personne. Ici dans le silence, il n'y avait aucun spectateur. Seule sa vie était en jeu. Un frisson partant de ses extrémités, remonta jusqu'à sa poitrine douloureuse. Elle était sereine alors qu'elle pensait vider ses poumons pour la dernière fois. Avant de se faire happé par les abysses, elle se souvint de paroles.

It's always around me, all this noise, But not nearly as loud as the voice saying, "Let it happen, let it happen, It's gonna feel so good, Just let it happen, let it happen"

Le poids disparut. Elle ouvrit les yeux. Sa poitrine montait et descendait à une allure folle. Une larme singulière dévala sa tempe pour se perdre dans ses cheveux. Elle contempla les nuages à travers ses cils. La réalité la frappa de plein fouet alors qu'elle reprenait doucement conscience. Elle s'appuya sur ses coudes. Un bourdonnement avait remplacé le silence. Le ciel et la terre menaient une danse endiablée. Elle avait l'impression d'être allongée sur un matelas de coton, elle remua lentement ses doigts agités de fourmillements, puis tourna la tête vers le soldat qui s'en était prit à elle. Son visage ondoya de tristesse lorsqu'elle aperçut la femme de Liam, furieusement agrippée au dos du soldat. 

Elle décrocha son corps du sol, tanguant sur le bitume. Appuyant ses mains contre ses genoux, elle se rendit compte que tout son corps tremblait. Elle dégaina son couteau et s'approcha du soldat et de sa furie. Il ne paraissait pas même la voir, elle planta le couteau de son bras. Le mouvement mou lui valut un regard brûlant de la part de l'homme. Il donna un coup à son assaillante et concentra son attention sur la lycéenne. Elle eu un éclat de terreur, déglutissant, elle se savait faible face à la masse qui la dominerait rapidement. Elle brandit son couteau tremblant lorsque leur leader annonça la venue de mordeurs. Le soldat fit alors face à la nouvelle menace, mais la veuve ne l'entendait pas de cette oreille. Elle endossa son rôle de harpie et lui planta un couteau dans le dos. Elle lança un regard à Juliet, refusant l'invitation que l'adolescente lui faisait. Elle se détourna d'elle, se destinant à une mort dans la hargne du combat.

Quant à Juliet, elle comprit qu'il était temps de quitter les lieux. Andrea lui intima de s'occuper de Isaac. C'est seulement à cet instant qu'elle aperçut la figure paternelle. Il était blessé et paraissait résigné. Juliet s'empara de son bras non blessé, qu'elle disposa sur son épaule. Elle était incapable de le soulever.

J'ai besoin de toi. S'il-te-plaît, aides moi. Ne me laisses pas. Si tu restes, je reste.

Résumé:

Spoil:

Spoiler:

Résumé:

La partie était terminée. Le polynésien avait attrapé Isaac au niveau du menton, compressant de sa main sa mâchoire. Le cavalier faisait tout son possible pour essayer de le repousser mais il sentait ses forces le laisser tomber, peu à peu. Et lorsque les genoux de l’autre homme vinrent le bloquer encore un peu plus contre le sol, le vieux Greene se résigna sans pour autant détacher son regard de celui de son agresseur. Il détourna seulement ses yeux vers l’arme que son bourreau venait de saisir, ne laissant peu de doute à son sort. La lame aiguisée appuyée contre sa gorge, il n’avait plus qu’à attendre, attendre son dernier souffle. Le regard défiant toujours celui de son adverse, il pensa à Joachim, à Juliet, à tous les autres. Qu’ils s’en aillent, qu’ils sauvent leurs vies. Le temps était venu pour lui de rejoindre Nora. Dans son malheur, c’était la seule consolation qu’il pouvait avoir, retrouver sa fille. Il ne doutait pas du fait que les autres prendraient bien soin de son fils, de Juliet, de ses chevaux. Selene, Andrea, Sarah, Duncan, Lisandro, Eli ; il pouvait leur faire confiance.

Elias s’exécuta alors, bien décidé à lui trancher la jugulaire. Mais un coup de feu l’empêcha d’aller jusqu’au bout de son idée. Paupières closes, Isaac sentit alors le poids qui le compressait disparaître ainsi qu’une douleur vive. La lame l’avait effleurée, suffisamment pour lui laisser une belle cicatrice, mais il respirait toujours. Autour de lui, c’était toujours l’effervescence. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il aperçut Elias se jeter sur Sarah. Etait-ce elle qui venait de le sauver ? Isaac était incapable de faire le moindre mouvement, sonnée par ce qu’il venait de vivre.

Doucement, il se redressa jusqu’à s’asseoir, portant une main à sa gorge. Les doigts tachés de sang, il finit par relever la tête alors qu’une main vint brusquement empoigner son bras valide. Isaac croisa alors le regard d’Eli, lui demandant s’il pouvait marcher. Acquiesçant d’un signe de tête, l’homme se remit sur pied. « Eli… Je… » suis désolé. Le cinquantenaire n’eut pas le temps d’en dire plus, le poing du mexicain venait de s’écraser contre sa narine, violemment. Le choc avait été puissant, et l’éleveur de chevaux se plia, venant poser sa main contre son nez douloureux. C’était mérité, amplement. Et l’homme ne trouverait certainement jamais les mots pour apaiser la rage du jeune Delgado. Mais pour l’instant, ils devaient fuir. Ils régleraient leur différent, plus tard.

Le nez en sang, Isaac ne bougea pas. Avait-il réellement envie de les suivre ? De devoir porter tout ce poids sur ses épaules, supporter les regards d’Eli et de Lisandro ? Il ne sut le dire, et il fallut l’intervention de Juliet pour le tirer de ses songes. La jeune fille venant lui apporter son aide. L’épaulant comme elle put, l’homme finit par se redresser et ils se mirent en route. Son regard fixé vers la seconde voiture, il souffla quelques mots à l’adolescente « Je ne te laisserais pas ici. Je ne te laisserais pas tomber… Jamais… » Des paroles qu’ils avaient déjà prononcées auparavant, à Nora… Mais cette fois, il comptait bien tenir parole. Retrouvant peu à peu ses esprits, ils avancèrent jusqu’à la voiture dans laquelle Eli venait de s’installer au volant. Prêt à partir.

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