Andrea était passée de l’autre côté, quant à savoir ce qui bloquait réellement la porte, lui et Isaac n’avaient aucun moyen de le savoir – crier risquait d’alerter le Shérif de leur tentative d’évasion. Il n’y avait plus qu’à espérer que la régisseuse s’en sorte. Directement, Lisandro alla à la porte de secours, attendant le moment pour décamper, mais … rien. « Andrea, qu’est-ce que c’est ? » A travers la porte, il l’entendait pousser. Mais quoi ? Un bruit sourd l’arracha à son écoute alors que les morts se déversaient dans le commissariat et venaient se heurter à la porte du couloir … qui ne tiendrait pas très longtemps. Il fallait décider et vite.

« On peut pas rester là. » Dit-il en regardant Isaac. « Je sais pas ce que c’est, mais Andrea n’y arrivera pas dans l’instant. » Il sortit les clés qu’il avait récupéré avant qu’Andrea ne sorte par la fenêtre, puis alla soutenir Isaac afin de le tirer vers les cellules. La porte du couloir pliait, pliait… Nerveux, il mit deux tentatives avant de trouver la bonne clé ouvrant la cellule de Tessa. Isaac entra le premier, pile au moment où la porte du couloir céda sous les assauts des morts. Lisandro tira la porte de la cellule, la verrouilla en passant la main de l’autre côté des barreaux et se jeta en arrière au moment où un mort fit claquer sa mâchoire juste à côté de ses doigts. Il s’en était fallu de peu. Lisandro recula, avec Isaac, par-dessus le corps sans vie de Tessa qui, heureusement, ne se relèverait pas. Le chilien sortit son arme, et invita Isaac à faire de même. « Y’a plus qu’à tenter de vider les lieux jusqu’à l’arrivée d’Andrea. » Souffla-t-il, fébrile.

L’issue de secours resta fermée, Isaac et Lisandro, incapables de savoir ce qu’il se passait dehors. Visiblement, Andrea n’était pas parvenue à ouvrir la porte, pas encore. Inquiet, le cavalier échangea un regard avec le chilien, lui aussi n’était pas très rassuré. Et pour cause. Derrière eux, le craquement inquiétant de la porte résonnait inlassablement, jusqu’à plier complètement. Avec l’aide du doc’, les deux hommes se dirigèrent jusqu’à la cellule où avait été enfermée Tessa. Ils s’y enfermèrent juste à temps.

« J’espère qu’il ne lui ait rien arrivé… » Souffla l’éleveur à mi-voix, alors que la jeune femme ne leur donnait toujours pas de signe de vie. Son cœur battait violemment contre sa poitrine, n’arrangeant en rien son état. Et si l’adrénaline lui avait redonné un sursaut d’énergie pour venir se réfugier dans la cellule, il sentit ses forces s’affaiblir à nouveau. « Attention ! » S’exclama-t-il, en voyant la mâchoire menaçante d’une des créatures s’approcher de la main du chilien qui était en train de fermer la cellule. Heureusement, l’homme l’évita de peu. Toussotant légèrement, Isaac prit son couteau dans la main gauche. Ils allaient devoir se débarrasser de tous ces corps qui étaient à présent autour de la cellule. S’avançant un peu, l’homme prit une profonde inspiration, mais avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit il sentit une main s’approcher de son épaule. Pris d’un sursaut, il recula de quelques pas. Il fallait qu’il se concentre, qu’il oublie la douleur… Andrea n’allait pas tarder à leur ouvrir… Ils devaient les éliminer le temps qu’elle ouvre l’issue.

Dehors, il espérait qu’Andrea n’avait rien. Le même espoir, la même crainte, partageait le cœur des deux hommes. Mais ils ne pouvaient que faire confiance, et y croire suffisamment fort. De leur côté de la porte, ils étaient également en galère. Pour le moment, ils étaient en sécurité dans la cellule, les barreaux étaient solides, ils ne pliaient pas sous l’assaut des morts. Cela étant, ils étaient trop nombreux, beaucoup trop. Et ils ne pouvaient pas rester indéfiniment dans cette cellule. Ils prirent le temps de reprendre leur souffle, leurs idées, puis Lisandro enleva le cran d’arrêt de son arme en regardant Isaac. « Andrea va nous ouvrir. Il faut déblayer la zone. » C’était urgent.

Profitant du fait qu’ils étaient stables et en sécurité, Lisandro s’approcha suffisamment pour ne pas être à portée de mains décharnées pour lever son arme, viser calmement, comme on le lui avait appris au lycée et encore, à la prison, et tira. La balle se logea dans la mâchoire d’un mort qui s’écroula, vite piétiné par ses congénères, vite réduit en bouillie presqu’humaine. Ils étaient nombreux, mais ils pouvaient prendre le temps de le faire proprement, en économisant leurs balles. Lisandro recommença, visage un de ces visages écrasés contre les barreaux de la cellule ; il tira. Deuxième bouillie de mort. Un autre, encore. Il fallait dégager la zone pour quand Andrea les sortirait de là.