Lorsque le jour se leva, ils se mirent tous au travail. Régulièrement, certains de l'extérieur ramenait des outils et du matériel pour pouvoir isoler complètement la Marina. Aux côtés de Romy et Shawna, Olivia se concentrait pour essayer de ne pas se clouer les doigts. Tenant l'une des planches, elle aida les deux jeunes femmes à venir à bout d'une fenêtre récalcitrante. Ils étaient plus ou moins limités sur ce qu'ils pouvaient faire, mais la créativité de Ludwig aidait à contourner les problèmes. Dans ce genre de moment, elle était admirative de l'esprit du rouquin, même s'il était mis à profil pour des choses pas forcément morales.

Ouais... soupira Olivia tristement en songeant à Daniella. De l'espoir, elle en avait pourtant. La jeune femme était une battante, elle saurait saisir les bonnes opportunités. Et, certes, elle ne se faisait pas d'idée : elle ne pourrait pas vendre l'emplacement du campement. Même si, du coup... ça faisait tout de même peur. Quant à Alexander... Ce qu'avait annoncé Raina à son sujet ne l'encourageait pas à croire que l'archéologue allait s'en sortir. Elle préférait ne pas y penser parce qu'instinctivement, les larmes lui montaient aux yeux.

Sur une même journée, c'était deux amis qu'elle perdait. Pourvu que ça se limite à ça.

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Alexander était mort. Selene se résigna à cette nouvelle, le visage fermé. C’était un gars bien, utile et très investi, mais pleurer sa mort n’allait pas les aider. Ils lui rendront hommage une fois sortie d’affaire, une fois certain que le fort n’était pas compromis. Au moins, ils tombèrent d’accord sur l’idée de défendre leur position et d’attendre pour envisager de s’éloigner. Les tâches se répartissaient convenablement mais la musicienne ne pouvait s’empêcher de laisser aller ses instincts d’ancienne leader.

- Rappelez-vous : s’ils arrivent, la priorité ne sera pas de tous les tuer, ce sera simplement de tenir « assez longtemps ».

Car un échange de coup de feu dans les rues allaient forcément attirer des charognes. S’il en venait assez, les Scarecrows seront obligés de battre en retraite. Certes, selon voudrait dire qu’ils seraient piégés à la marina avec un problème en décomposition sur les bras, mais l’ironie voulait que les morts soient désormais plus facile à gérer que les vivants. C’était un pari risqué, mais Selene n’en avait pas de meilleur. Quand elle étudiait leur troupe, elle ne comptait que cinq combattants. C’était bien trop peu.

- Il faut aussi qu’on fasse le point sur nos munitions pour savoir comment les rationner en cas d’attaque.

Inutile d’expliquer que les écueils étaient nombreux. S’ils canardaient tout dans le vide top tôt, ils se feraient avoir. S’ils faisaient mouche mais étaient en sous-nombre, ils se feraient avoir. S’ils venaient à bout de leurs ennemis mais n’avaient plus de balles quand viendront les morts, ils se feraient avoir. Revenant de l’extérieur avec un nouveau lot de planches à moitié moisies, son regard croisa celui de l’égyptienne. Elle ignora sciemment sa preuve de confiance à l’égard de Daniella et ressortit bien vite pour retrouver Clayton. Qui vivra verra…

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On lui laisse l’opportunité de se reposer, de boire et de manger surtout. L’amazone ne se fit pas prier, mais limita son repos à une sieste de trente minutes réparatrice. Cela ne vaudrait pas la bonne nuit de sommeil qu’ils avaient pu avoir, mais au réveil, elle sentait son esprit alerte et ses sens en éveil. De toute façon, dormir tout ce dont elle avait réellement besoin n’était pas un luxe qu’elle pouvait s’offrir.

En sortant, elle rendit sa veste et sa gourde au jeune homme qui l’avait aidé plus tôt dans la matinée. Puis elle se mit au travail, comme les autres. Et puis que le rouquin semblait savoir ce qu’il faisait, elle resta à ses côtés. « Dis-moi ce dont tu as besoin, je te l’apporte. » Elle pouvait voir sa créativité à l’œuvre, et puisqu’il l’avait aidée, l’amazone se mettait à son service, malgré ses airs féroces et ses sourires inexistants. De toute façon, Raina était un peu effrayante quand elle souriait, il ne ratait pas grand-chose. Concentrée sur la défense de l’avant-poste, elle ne parlait à personne, ne regardait personne. Elle s’occupait uniquement de ce qu’on lui demandait de faire, laissant son esprit se reposer encore un peu, avant … avant ce qui arriverait ensuite. Selene avait raison, il fallait plus les dissuader que tous les tuer. Au moins pourrait-elle se servir de ses flèches pour éliminer les plus hardis d’entre eux.

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Les révélations de Raina avaient glacé le sang de Shawna. La coiffeuse s’était contentée de regarder les autres interroger l’amazone, sans intervenir. Déjà apeurée par la possibilité qu’ils soient attaqués par ce groupe, elle avait fini par aller préparer de quoi nourrir tout le monde. Autant dire qu’ils allaient tous devoir prendre des forces pour la journée qui les attendait.

Après avoir discuté un peu avec Duncan, pour tenter de se rassurer, elle avait rejoint les autres pour les aider. Elle ne savait pas tellement comment ils allaient pouvoir consolider l’endroit. Cette situation lui rappelait l’horreur de l’attaque du ranch. Ça ne lui plaisait pas du tout. Mais elle ne pouvait pas rester dans un coin à stresser inutilement. Portée par la motivation de ses amis, elle s’activa en compagnie de Liv et de Romy. Clouer des planches pour protéger les fenêtres, c’était dans ses cordes, malgré les coups un peu maladroits qu’elle donnait pour enfoncer les clous. Elle manqua de s’écraser un doigt, d’ailleurs. Mais elle ne se plaignit pas, tout aussi attristée par les mauvaises nouvelles concernant Daniella et Xander… Elle eut une pensée pour Jimmy. Qu’allaient-ils dire au petit garçon si sa maman d’adoption ne rentrait pas ? Elle soupira. Liam commençait à lui manquer terriblement. Et dire qu’on approchait de ces deux ans…

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N’étant pas le mieux placé pour élaborer un plan de défense qui tienne la route contre un groupe aussi bien organisé que nos potentiels assaillants, je m’étais contenté de suivre les ordres aussi docilement que possible. Faisant de mon mieux pour me rendre utile à la fortification de l’avant-poste. Apportant mon aide, ici et là, afin de déplacer les bateaux et les voitures tout autour de la Marina. Irrigant des barricades et des postes de garde. Aidant à condamner et à renforcer les issues à l’aide de planche en bois et en tôle… Il y avait fort à faire !

Puis, j’ajoutai même mon grain de sel à l’organisation de notre « forteresse » en m’assurant qu’on ait suffisamment de véhicules prêts à décoller en cas de replis – ou d’offensive, si l’occasion se présentait. Faisant le plein d’essence et m’assurant de leur bonne santé mécanique. Laissant aller mon imagination jusqu’à faire ajouter des plaques en tôle et des piques en métal à la carrosserie de ces voitures. Les transformant petit à petit en véritable char blindé qui pouvait soit assurer notre protection, soit attaquer l’ennemi, soit les deux en même temps.

Selene avait cru bon de nous rappeler que la priorité ne serait pas de tous les tuer, mais plutôt de tenir jusqu’à ce qu’ils cèdent. Et bien que je sache qu’elle avait raison, j’avais pourtant cette envie irrésistible de les faire payer jusqu’au dernier ! Payer pour la mort de Dylan, certes, mais payer aussi pour le mal qu’ils avaient fait – ou allaient faire – à Dani et Xander si on ne les retrouvait pas à temps ! Je sentais encore cette boule d’angoisse me comprimer la poitrine à chaque fois que mes pensées se tournaient vers nos deux amis en danger. Ne pouvant – pour l’instant – faire plus pour les aider, mais me refusant catégoriquement de les considérer comme déjà disparu.

Lorsque le discourt de la pianiste tourna vers la nécessité de faire le point sur nos munitions, j’avais échangé un regard avec Serena. « Eh bien, j’imagine que le moment sera bientôt venu de passer mon examen final de tir, pas vrai ?! C’est là qu’on va savoir si j’ai eu un bon professeure ! » La plaisanterie avait été facile à lancer et c’était un peu rassurant de voir que j’étais encore capable de faire preuve d’humour dans le pareil circonstances. Le choc passé, je reprenais mes bonnes vieilles habitudes.

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Okay, très bien; Reena n'était pas du genre à rouspéter. Elle n'allait pas commencer à se prendre la tête, surtout pas avec Selene. Elle écouta donc Raina parler, en apprenant plus sur les Scarecrows qui pourrissaient la vie de bien des gens depuis trop longtemps, visiblement. Elle non plus ne savait pas qu'ils avaient autant de moyens, il fallait l'avouer. Livia donnait de quoi à manger à la miss, fidèle à elle-même, tandis que l'autre brune donnait plus d'explications à leur groupe. Et au final, Selene pensait comme elle. C'était la raison pour laquelle la militaire avait demandé à tout le monde de regagner leur abri, dès l'arrivée de l'inconnue.

N'empêche, il leur fallait quand même des yeux pour surveiller le périmètre. Peu importait les morts, peu importait les infiltrés - comme elle disait - l'important était de se démerder - de survivre, là, tout de suite. Et il fallait fortifier ce qu'ils avaient déjà. Duncan l'avait compris. Cora, Ludwig et Cameron aussi, dressant une barricade avec les voitures environnantes, question de les protéger davantage. Au même moment, Romy affirmait que Dani pourrait crever avant de lâcher l'emplacement du camp, et elle voulait bien y croire. Sauf qu'elle revivait le ranch, sans grande surprise. Et elle savait très bien que Shaw aussi, un peu plus loin. Nul besoin de le dire; c'était particulièrement angoissant.

Mais elle se rendait bien compte que d'être dehors était peut-être trop risqué pour son groupe. Mieux valait se rendre utile autrement. Fred déconnait, d'ailleurs, comme à l'habitude, concernant ses talents de tireur depuis les plus récentes leçons de Sere. Elle n'avait pas pu s'empêcher de rire, avant de l'inviter à gérer les stocks d'armement avec elle et Cora. Ce n'était pas le temps de se faire surprendre par un manquement quelconque. « Une équipe devrait tout de même rester de garde, au cas où. » dit-elle en regardant Hayley. Il faudrait bien savoir ce qui se passait dehors, pour être en mesure de réagir le plus efficacement possible. Et quelque chose lui disait que c'était loin d'être terminé.

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