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Ils avaient réussi à rentrer jusqu’au Fort. Malheureusement, ils n’étaient pas à l’abri pour autant. La masse grouillante qu’ils avaient aperçu sur le chemin du retour ne présageait rien de bon. S’il y avait bien des milliers de rôdeurs dans la ville et qu’un grand nombre d’entre eux parvenaient jusqu’à eux, le vieux Greene ne savait pas comment tout ça allait finir. Lui aussi aurait aimé pouvoir aller à la recherche du groupe de Serena, mais c’était impossible. C’était trop risqué de sortir avec cette immense horde qui arriverait certainement sur eux. Ils devaient rester à l’abri, il n’y avait plus qu’à espérer que les barricades tiennent bons. S’ils restaient discrets, ils avaient peut-être une chance.

Une fois sorti de la voiture, l’homme sentit la fatigue le prendre. Après une bonne partie de la journée passée à l’extérieur, puis les événements stressants de la soirée, il ne pourrait pas se reposer tout de suite malheureusement. Le cavalier aperçut alors Juliet visiblement paniquée. Tous devaient pourtant garder leur calme. Et certains ne tardèrent pas à la rassurer. Isaac s’approcha à son tour, acquiesçant les propositions de Cassidy et de Selene pour que la jeune femme aille s’occuper des chevaux. L’homme se retourna alors, cherchant son fils du regard. Il fit signe à Joachim de s’approcher puis il lui demanda en chuchotant. « Va avec Juliet, gardez un œil sur les chevaux. Mets Anoki dans le box de Snow, ça le rassurera. Et tiens-toi prêt à les préparer au cas où… S’il y a le moindre problème, tu viens me chercher… »

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Selene fut la première à balayer ma proposition du revers de la main – pire encore ; de la jeter au sol en se faisant un réel plaisir de la piétiné sans ménagement. J’avais alors soutenu son regard qui me foudroyait, me tenant droit devant elle en grinçant des dents sous son ton dénigrant. Elle ne m’aimait pas et moi non plus. Et si j’avais été prêt à – peut-être – abandonner mon idée à la première contre-argumentation logique, là, toutefois, elle me donnait toutes les raisons du monde de la défendre jusqu'au bout ; « Sûrement pas vers la ville, puisque c’est de là qu’elle arrive ! Lâchais-je sur le même ton mauvais qu’elle. Par le sud. Il y a un pont pas loin d’ici, on pourrait l’utiliser pour les faire passer au compte goute et donner plus de chance au conducteur de les semer de l’autre côté. »

Puis, Cora se mit également de la partie pour essayer de me convaincre que mon idée était ridicule… « Et s'en est pas un, suicide, que de rester terrer ici ?! On ferra quoi lorsqu'ils nous auront cernés comme des raz et que nos murs menaceront de tomber ?! On leur foncera dessus en espérant pouvoir leur passer sur le corps ?!  Ou on se repliera vers la pointe parce que ce sera la seule issue qu’il nous restera ?! Parce que si c’est deux seules routes sont valables pour mon plan, elles le sont aussi pour notre possible remplis si votre plan échoue ! » J’avais déjà les nerfs à vif avec cette situation, et là, j’étais aussi en rogne.

J’avais surtout cherché à convaincre les autres, par mon discourt qui n’en avait rien d’un optimiste – ce qui était plutôt rare venant de moi. Même si je savais, qu’au final, j’allais me plier à la décision générale ; quelle qu’elle soit… D’ailleurs, les choses commençaient déjà à se mettre en place pour un siège. Grognant en tentant d’expirer mon angoisse qui menaçait d’exploser en moi, j’avais alors mis la main à la pâte. Allant récupérer les véhicules pour en bloquer le portail. M’activant en ayant surtout l’impression de celer notre cercueil.

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Autour d’eux il y avait la panique, l’angoisse, la nervosité et la colère aussi. Pour autant – et même si l’un des leurs s’évertuait encore à rouspéter son idée – tout le monde se mit en marche pour consolider le portail et se répartir aux endroits stratégiques. Lisandro lui-même prit une voiture pour la garer au plus près du portail. Un silence complet, une immobilité presqu’absolue, c’était un pari risqué, mais qui l’était bien moins que l’idée suicidaire de Fred. Il y avait beaucoup trop d’enjeux pour miser sur ce genre de tactique.

Juliet avait été envoyée aux écuries, avec Joachim, ce qui le rassurait. Il alla remettre son sac de premier secours à l’infirmerie, avant de ressortir, son pied de biche à la main. Dehors, il avisa Sari : « Avec Shawna et Erika, vous devriez rester avec les enfants, et barricadez les portes et fenêtres… » Il ôta l’écharpe à son cou pour la donner à la jeune femme. « Vérifie qu’Annabella a toujours le foulard d’Andrea, rajoute ça avec… Si ça peut l’empêcher de pleurer. » Dit-il un peu anxieux. Il aimerait dix fois mieux être avec sa fille, mais il serait plus utile dehors pour accueillir ceux qui passeraient potentiellement la porte. Il finit par se rapprocher de Duncan et d’Andrea. « J’irai dehors avec vous, récupérer l’équipe de Serena. » Dit-il au viking avec assurance. Sait-on jamais, s’ils ont besoin de soin. Puis il se rapprocha de la régisseuse qui supervisait la mise en place du plan. Presque côte à côte, il lui effleura la main. « Ca peut marcher… » Dit-il, juste pour elle, avant de la regarder. « Tout ira bien pour Annabella » Parce qu’il avait décidé de s’en convaincre. Il n’y avait plus qu’à se tenir prêt. En silence.

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