- Ne trainez pas.

Stan regarda ses partenaires partir dans la nuit, sous la pluie, le sac plein de sédatifs. Il espérait sincèrement que cela suffirait à limiter les dégâts à l’école. Il préférait ne pas penser à ce qui pouvait être encore en train de se passer là-bas. Pour l’heure, son objectif à lui était ailleurs. Il se retourna vers le complexe scientifique, parfaitement silencieux. Il cala son automatique dans son dos, pour prendre son Beretta en main.

Arrivé dans le sous-sol du laboratoire, son cœur tambourinait dans sa cage thoracique, mais habitué il n’y prêtait aucune attention. Tous ses sens étaient en alerte. Ce décor était glauque et d’autant plus sous ces néons blafards. Il posa ses yeux sur les cages un peu plus loin. Dès le tout début de l’épidémie, alors qu’ils maintenaient l’existence même des rôdeurs secrète pour leur population, le jeune homme avait travaillé avec Alec Jensen pour ramener des sujets d’étude à Davis. Des morts surtout, beaucoup, des animaux. Et dernièrement quelques vivants. Une part de lui avait envie de vomir. Parce qu’il avait tellement cru en ce vaccin et qu’il n’arrivait pas à croire qu’ils en soient là ce soir.

Il arriva au niveau des cages. Attentif pourtant, il manqua de se faire surprendre par une présence sur sa droite. Mécaniquement, il brandit le canon de son arme sur l’individu. Il aurait tiré sans hésiter si les barreaux n’étaient pas là pour le protéger. Son taux d’adrénaline grimpa d’un échelon. Il baissa son arme et dévisagea un instant celui qu’il était venu chercher. Un mot suffisait à le décrire : dépossédé. Pourtant l'homme ne faisait pas parti des vaccinés... Il garda son regard dans le sien et sa mâchoire se crispa. Quand ses yeux glissèrent vers la feuille au sol, il savait déjà ce qu’il allait faire. Certainement le savait-il même déjà au moment où Maddison avait prononcé le nom de Lawrence dans l'école.

- Il est où le génie, maint’nant, hein ? Siffla-t-il, méprisant, entre ses dents, avant de relever son bras pour tirer froidement une balle dans la tête du scientifique. Ce serait sa dernière erreur.

Le coup de feu résonna.

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Vite, la piste, la putain de piste ! Toujours en plein bain d'adrénaline, la slave remonte jusqu'à la dernière trace, celle repérée avant le pétage de plomb du chasseur. Elle la retrouve dans un sale état, noyée au milieu d'une flaque et lève le museau vers les précédentes, ou tout du moins, ce qu'il en reste, à savoir : plus rien. Rageuse, elle tombe genoux à terre et tente de lire les reliefs dans la terre boueuse en y glissant le bout de ses doigts comme un aveugle sur une plaque en braille. Mais rien à faire, la lecture au toucher sous cette flaque d'eau n'est pas aussi efficace qu'elle l'aurait espéré.

"Putain !" La piste s'est définitivement refroidie. Avec agacement, elle se redresse et donne un coup de pied rageux dans le premier buisson qui passe avant de se rapprocher de May qui semble en peine avec sa veste. Elle fait pitié la meuf.

Retour au réel maintenant que l'adrénaline est au plus bas. Oui, y a un truc qui cloche, elle l'a bien vu et elle hésite même toujours un peu à planter le crâne d'Adam. Cependant, c'est l'embrouille de May si son mec pète un plomb, pas la sienne. La voyant néanmoins en peine, elle dé-zippe rapidement son sweat. "M'bouge pas..." Elle attrape le pull par les manches et se positionne pour le nouer autour de Blondie, du cou blessé à la hanche opposée comme une bandoulière. "Là, enlève ta main et serre les dents." Et elle serre le tissu en insistant bien sur le noeud pour s'assurer de correctement appuyer sur la plaie, ça doit faire mal, bien fait. "Voilà, je te laisse gérrrer ton mec maintenant. Je vais m'enfoncer dans les bois moi, il doit êtrrre pas loin...." Bonne action de faite, Blondie à ses mains libre maintenant et Roza n'a plus besoin de s'en préoccuper. En revanche, elle doit à tout prix trouver le coupable si elle veut continuer son intégration parmi la faune de Fort Ward, on lui a confié une mission, elle doit aller au bout... à chacun ses priorités, ouais.

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Sean a beau lui jurer qu'il ne voulait pas lui faire de mal, les quelques hématomes et le nez maltraité de Zelda viennent prouver le contraire. Oui, d'accord, l'australienne se doute bien que son camarade n'était plus lui-même, qu'il était soumis aux affres de ce vaccin qui aura fini par rendre les gens fous. Mais la douleur l'empêche de faire preuve d'une magnanimité qui serait pourtant de bon ton. Elle toise l'irlandais et pose les mains sur ses hanches. « Eh oh ! Tu vas pas commencer à faire comme l'autre, hein ! » le réprimande-t-elle en désignant du menton le jeune adepte de la théorie du complot. C'est une personne qu'elle apprécie. Mais le voir ainsi prostré dans son coin, priant un dieu qui, s'il existe, se fiche pas mal du sort de ses enfants, lui hérisse le poil. « Arrête de faire l'idiot, Cole ! Et ressaisis-toi ! » l'engueule-t-elle. « Ou alors fais au moins semblant d'pas être le fragile du groupe ! » Elle s'en veut un peu, sur le moment, de faire preuve de si peu d'empathie à son égard. Mais si tout le monde commence à se lamenter alors ce foutu vaccin a déjà gagné !

Et voilà que Sean semble soudainement se rendre compte que son père est absent. Non, qu'il se rassure, elle l'a vu en allant demander une arme à Arizona. Mais elle n'est pas très pressée de le lui avouer, en fait. Il a qu'à flipper un petit peu. Ça lui apprendra à se jeter sur la future cheffe du camp ! « C'pas mon problème ! » maugrée-t-elle en haussant les épaules. « Pis c'est pas un gamin ! Il s'débrouillera ! » Ou pas... Le fait est qu'elle ne compte pas aller chasser un autre vacciné. Y'en a déjà bien trop dans l'école à son goût... Elle laisse passer quelques secondes puis s'autorise un sourire carnassier. « T'en fais pas, va ! Il est dans la salle d'à côté, ton papounet ! Préviens-moi si tu vas lui faire un câlin, ok ? J'suis curieuse de voir qui bouff'ra qui en premier ! » Ils pourraient peut-être prendre des paris ? Elle finit par croiser les bras, partagée entre le désir de le faire souffrir et celui d'apaiser au moins ses inquiétudes par rapport à leur relation. « Dis, par curiosité... T'es prêt à quoi pour t'faire pardonner ? » Est-ce qu'il serait capable de voler une arme pour elle ? Après tout, lui, il est plutôt apprécié dans le groupe. C'est sûrement dans ses cordes, non ?

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Valentine restait silencieuse, en regardant autour d’elle les mines défaites des habitants. Il n’y avait rien à faire, sauf attendre. S’armer de cordage plutôt que d’armes, car il était clair qu’elle n’était absolument pas capable d’apporter la moindre aide avec une arme à feu au poing. Ça n’avait pas de sens, supporter le recul lui briserait certainement le poignet. L’horticultrice préférait accepter son impuissance plutôt que de jouer les cow boy borgne.

Misha la sortit de ses pensées, son regard se posa sur elle et elle hocha la tête , signe qu’elle l’avait entendu, mais qu’au demeurant, elle restait encore un peu dans  la lune. Elle était malade depuis plusieurs jours selon ses dires. Rien qui ne semblait l’inquiéter,  alors Valentine ne préféra pas enquêter plus longtemps sur le sujet.

La française capta alors le regard de June, l’espace de quelques secondes avant que les choses ne dégénèrent. Il n’y avait rien à dire, sauf un sourire, et puis ensuite, elle se sentit partir. L’estomac vrilla, tout portait en vrille, il n’y avait plus rien, plus personne, les yeux révulsés, quelque chose d’inconnu et d’effrayant prit le contrôle entier de son corp et de son comportement, c’était le genre d’expérience de dépersonnalisation dont on avait pas envie. Comment expliquer ensuite qu’on avait envie de dévorer la personne la plus proche de vous, gratuitement ? Valentine se redressa, avant de se jeter sur Clayton, la bouche béante et la rage au fond de la gorge.

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