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Il avait sauté sur May avec une violence qui ressemble à celle d'un mordeur. J'dis «il» parce que c'est pas moi s'mec. C'est mon corps, mais c'est pas moi qui le contrôle. J'me sens comme à l'extérieur de ma tête et témoin d'une scène digne d'un film d'horreur. Le goût de la chair et du sang dans ma bouche me plaît, et psychologiquement ça m'donne envie de gerber.

J'suis plaqué au sol par une ombre rapide et j'suis maîtrisé par les bras frêles de la Russe. Mon égo devrait en prendre un coup, mais d'une certaine façon j'lui en suis reconnaissant. Alors que j'me débats encore et encore pour me libérer, j'sens que mes forces me lâchent. J'vois de plus en plus noir, mes muscles se ramollissent jusqu'à ce que j'lâche prise et j'tombe dans un état de semi-inconscience.

Lorsque mes yeux s'ouvrent à nouveau, la pirate est en train de faire un bandage à la blonde. J'sens l'espèce de rage à l'intérieur de moi qui s'estompe, la faim qui s'écarte. J'suis vraiment confus, mais j'ai aussi l'impression d'savoir pourquoi ça arrive. Enfin, j'ai mes doutes. J'dépose mes mains dans la boue pour me relever, tremblant sous l'effort physique que ça requiert. Dans cette position, j'ai comme un retour des saveurs dans ma bouche. Le goût du sang envahit mes papilles gustatives et j'suis à peu près sûr que c'est un bout de chaire que j'ai entre les dents. J'le crache allègrement et j'suis pris d'un haut-le-cœur qui s'termine en mon repas sur le sol.

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- Entendu, répondit simplement l’avocate à son talkie, bien joué Madisson, précisa-t-elle tout de même.

Déjà alors, elle anticipait la suite, délaissant Friedrich qui s’occupait de la jeune Summers. Tandis que les yeux verts de June toisaient la foule serrée dans la classe, elle remarqua Zelda. Comment rater l’adolescente prenant à partie le trentenaire qui avait effectivement tué l’une de leur ressortissante ? Inutile d’être douée d’empathie pour comprendre que le moment n’était approprié ni pour des enfantillages, ni pour les frasques d’une enfant.

- Zelda, viens ici, appela-t-elle sèchement – elle savait déjà que contraindre la jeune fille ne donnerait rien, il fallait juste lui donner suffisamment à faire pour qu’elle oublie de faire des bêtises, je vais avoir besoin de ton aide pour organiser la suite. Reste avec moi, dès que Madisson arrive, on va…

Sa phrase resta en suspens : cette fois, c’était Valentine qui s’en prenait à quelqu’un. L’avocate pourtant habituée à distancier tout et tout le monde ressentit un nœud dans l’estomac. Elle ne savait plus comment réagir « rationnellement » à une telle situation, elle ne voyait qu’une solution : intervenir personnellement avant qu'il ne soit trop tard. Autrement dit : avant que la femme qui partageait son foyer ne finisse comme Eve-Madeleine ou comme Cathleen…

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La ponction du liquide nécessita quelques ajustements et beaucoup de concentration. C’était une étape délicate – encore plus compte tenu des circonstances de travail. Au moins était-elle dans un abri, une pièce fermée, propre – ou presque vu les récents dégâts de Sacha avec Ismaël – et n’était-elle pas sous un potentiel feu ennemi. Elle avait déjà assisté un médecin militaire sur le terrain pour le même genre de blessure, sa situation actuelle était bien plus enviable. Ses mains ne tremblaient pas, son souffle était mesuré et contrôlé. Même les battements de son cœur s’étaient calmés. Si d’ordinaire, la chirurgienne ne tenait jamais en plus, pratiquer la rendait terriblement calme et sereine. Il fallait dire que ces femmes n’avaient pas besoin de ses émotions ni de son stress, elles avaient besoin de ses mains et de son expertise. Puisqu’à côté, Newton ne semblait pas aboyer de trop sur ses infirmières, elle supposait que les choses se passaient bien pour Quinn – aussi bien qu’ils pouvaient l’espérer. Il n’y aurait de toute façon que des miracles pour qu’elles s’en sortent tous les deux indemnes et sans séquelles.

Elle avait presque terminé la ponction quand un homme débarqua avec une jeune femme en main. « C’est Sacha, elle est mal en point ! » Parce que dehors, elle avait assisté aux échanges violents provoqué par les vaccinés et que Jackie se souvenait de son nom dans la liste, elle aboya rapidement. « Dans la pièce à côté, et attachez-là solidement. » Elle se remit à son travail, tout en expliquant à Ismaël : « Les vaccinés agressent les autres, tour à tour. Une femme est morte, agressée. Phelbs a rassemblé tout le monde dans l'école.» Elle avait un peu oublié de lui expliquer ce qu'il se passait dehors et ignorait qu’Ismaël venait justement de se faire agresser par la dite demoiselle. « Tu les connais mieux que moi, Newton, alors qui va stabiliser notre nouvelle amie pendant qu’on termine ? » Demanda-t-elle, concentrée. Ismaël envoya deux de ses infirmières pour procéder aux premiers soins sur Sacha, pendant que les deux chirurgiens terminaient. La ponction terminée, Jacqueline s’attabla à recoudre la plaie. « Je termine mes points, je pose un drain et je te rejoins auprès de Sacha. » Dit-elle à Ismaël qui semblait en finir avec Quinn. Après ces mots, elle garda le silence, travaillant avec rapidité et méthode.  

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Il n’y avait rien à comprendre et rien à faire. Chercher à l’arrêter, la réveiller n’aurait aucun effet. C’était son corp qui agissait par une cruel réflexe aussi bien pour ceux qui l’entouraient que pour elle. La scène qui se déroulait sous les yeux de chacun ne semblait pas réelle, comment Valentine avait pu se ruer ainsi sur Clayton, les yeux injectés de sang et l’envie viscérale de le dévorer, d’en faire de la charpie. Tout ce qu’il peut se passer autour d’elle n’a ni importance ni intérêt.

Valentine se rue sur Clayton comme une furie, elle en à l’air et l’expression. N’étant plus elle même, la scène semble surréelle. Sans logique, ni reflexion, les yeux de Valentine sont fixés sur l’objet de sa folie, trouver une manière de mordre au sang Clayton, peu importe les moyens, et peu importe les coups. L’avant bras de Clayton sous la gorge et le coup de poing dans le ventre ne semble pas l’arrêter. Malgré sa corpulence, elle réussit à se défaire de la défense de Clayton pour le mordre jusqu’au sang. Aussi incroyable que celui puisse paraître, Valentine avait réussi à atteindre son but, malgré le poing qu’elle venait de recevoir dans le ventre qui allait certainement faire plus de dégât que l’indifférence de la jeune française.

Si Misha n’avait pas eu la rapidité de réagir, Valentine aurait infligé plus qu’une méchante morsure, elle ne serait certainement pas arrêté là.

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