Le retour fut long, et douloureux. La douleur du poing dans ses tripes, les poignets, la mâchoire et la tête qui avait prit un sacré coup, tout était douloureux. Un cauchemar dont on se réveille dans lequel on s’était fait tabassé du début à la fin. Elle entendait des voix qui résonnaient, pour la sortir de cette violente torpeur qui avait mit en danger tous ceux autour d’elle.  Elle avait mal partout. Et une envie de vomir, et un gout de fer dans la bouche et dans la gorge. Elle ne comprenait pas. Ses yeux vides reprirent un peu d’esprit. Et les choses se mettaient alors en place dans sa tête quand elle vit le sang gouter de sa bouche, la blessure de Clayton, et les airs horrifiés de tout le monde. La française demeurait hébétée, incapable d’expliquer ce qu’il venait de lui arriver, une boule au ventre qui se transforma en boule dans la gorge. C’était trop.

June s’interposa, la scène choqua aussi bien ses spectateurs que Valentine elle même, qui au bord de la crise de panique et de larmes, trouva dans les mots de June un réconfort bienvenue. Les gestes étaient fait machinalement. Elle regardait autour d’elle. Elle hocha la tête, quelles protestations y aurait-il pu avoir, face à l’aiguille. C’était toujours mieux que de se faire abattre comme un chien enragé. « Je ..sais. » répondit-elle à June qui devait, et faire le nécessaire, et partir. L’horticultrice ne sut dire pourquoi, mais faire flancher June dans ce genre de moment, ne lui faisait ni plaisir, ni vouloir demander plus.

Sa tête était plus lourde, et un long soupir s’échappa de ses lèvres. Ses mains tombèrent mollement. « Je suis désolée…Clayton… Misha, je suis désolée. »  balbutia t-elle en regardant ses mains puis la blessure de Clayton tour à tour. Elle avait encore le gout du sang dans la bouche, et elle savait qu’elle en avait avaler. Tout ceci lui connait la nausée. Assise à genoux, elle sentait le sédatif déjà faire effet. Elle était fatiguée, très fatiguée.

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Elle perdait la piste vers un coin plus peuplé? Merde. Ce n'était pas nécessairement la meilleure nouvelle du jour. Il ne fallait pas perdre cette trace. Dans tous les cas, elle avait enclenché à nouveau le talkie, pour que le militaire puisse aussi entendre ce que la russe avait à dire. Encore une fois, elle hocha la tête aux paroles de Roza - décidément, elle vivait vraiment une réalité alternative. Enfin, le trio avait écouté les paroles de Stan dans le silence le plus complet. C'était beaucoup d'informations à encaisser, du coup. Et même si la blonde faisait des efforts pour ne pas repasser en boucle la scène qui venait tout juste de se dérouler un peu plus tôt, elle avait de la difficulté à se concentrer. Les séquelles d'une certaine commotion cérébrale? Peut-être bien.

Ils recherchaient donc plus une bête qu'un humain. L'expression avait eu le mérite de la faire frissonner, au même titre que la pluie qui tombait toujours. Elle essayait de tout enregistrer, de la possibilité qu'ils soient plusieurs jusqu'aux sens augmentés, en passant par la sensibilité à la lumière. Elle leva les cils sur Adam, les choses faisant soudainement beaucoup plus de sens, dorénavant. Mais étaient-elles à l'abri d'une autre crise? La question se posait.

Liv planta ensuite son regard sur Roza, et elle n'avait pas eu besoin de lui parler pour comprendre que toutes les deux voulaient la même chose, à l'instant. Retrouver le coupable, faire cesser cet épisode irréel de leur vie. « Bien reçu. » dit-elle d'abord. « On a une piste qui mène vers une zone résidentielle, derrière le boisé. On va aller voir de quoi il s'agit. On gère jusqu'ici, mais des renforts ne seraient probablement pas de refus si vous avez du monde pour nous rejoindre là-bas. Garde le talkie pas loin. » Elle hésita. « Adam a eu une crise. C'est passé, il va bien maintenant. » Inutile de lui dire qu'elle était blessée, des plans pour qu'il l'oblige à rentrer.

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Stan avait déjà commencé à fouiller le bureau de Lawrence, quand Friedrich récupéra le talkie d’Arizona. Les yeux posés sur les calendriers que ce dernier avait maintenus jusqu’à ce jour, il résuma la situation au scientifique. Il lui précisa notamment que Davis pensait avoir trouvé la solution et essaya de lui expliquer vaguement à quoi ressemblait la formule en dessous, du moins le style de caractères qu’elle contenait. L’autrichien répondit avec calme, visiblement au fait des dernières expériences de son supérieur.

- Friedrich, qui sont les autres sujets ? Conclut le garçon. Il pinça les lèvres en entendant leurs noms. L’instant suivant, Arizona récupérait la communication. Ari, qui a un talkie au dispensaire ? Personne. Il lui demanda donc d’envoyer quelqu’un d’urgence pour les prévenir. Aux dernières nouvelles, Sasha se trouvait là-bas, il fallait les avertir que la jeune femme pourrait se montrer plus coriace que tous les autres réunis…

L’instant d’après, le jeune homme reprenait sa fouille. Il sortit des dossiers et finit par s’installer sur la chaise de Davis pour les éplucher. Il découvrit enfin les dessous du laboratoire. Leurs dernières découvertes, leurs derniers progrès. Le scientifique faisait référence aux cobayes, aux protéines de viande humaines. S'il n'avait jamais été réellement ignorant quant à ce qui se déroulait dans ce sous-sol, Stanley ne put s’empêcher de ressentir un certain malaise. Il n'arrivait pas non plus à chasser une colère sourde. Et pour s’ôter un doute sérieux de la tête, il décida de rechercher les dossiers datant de l’été. Juste avant leur grande campagne d’injection. Pour savoir réellement qui savait quoi, déjà, à ce moment-là…

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La rouquine échangea un regard entendu avec Arizona. C’était maintenant que les choses allaient devenir délicate car force était de constater que les survivants regroupés ici allaient être privés des meilleures forces de terrain. Ceux qui n’étaient pas aux abonnés absents allaient être tranquillisés sous peu. A ce sujet, l’avocate passa un message sur le canal utilisé pour la sécurité aux frontières :

- A tous ceux qui sont sur les postes de surveillance et ont été vaccinés l’été dernier, venez immédiatement à l’école. Vous serez remplacés par quelqu’un d’autre.

June accrocha ensuite le talkie à sa ceinture.

- Madisson, vous devez être la dernière à être sédatée. Tous le monde doit y être coché, sauf ceux qui se trouvaient à Agate… fatalement. D’ailleurs, ils n’avaient pas eu de nouvelles depuis cette histoire de phare, Friedrich, je vous laisse en charge de l’école en mon absence. Personne ne quitte le confinement sans une excellente raison. Clayton ? Si vous êtes encore en état, je vous charge de la sécurité des lieux. Autorisation de faire feu sur toute menace qui tenterait d’entrer.

Cette dite menace serait potentiellement une personne de chez eux dénaturé par l’une des expériences du laboratoire, mais après Agnes Dewitt, après Cathleen McNamara, après Quinn et la nonne, ils ne pouvaient pas laisser passer un autre incident collatéral.

- Zelda, elle interrompit l’adolescente qui poursuivait la lecture de sa liste et lui murmura à l’oreille, ne quitte pas des yeux le nouveau. Clyde. S’il tente quelque chose, s’il dit quelque chose d’étrange… préviens Clayton, si elle avait envie de redorer un peu son blason, c’était maintenant, John, avec moi.

Elle sortit alors affronter la pluie, direction le laboratoire.

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