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L'inquiétude remplace peu à peu la légèreté que Zelda aime tant afficher. Sean n'a vraiment pas l'air bien et elle le connaît maintenant assez pour savoir qu'il n'est pas en train de jouer la comédie. L'ennui c'est qu'elle peine de plus en plus à le tirer derrière elle et que seule, elle se sent bien incapable de lui prodiguer les soins qui pourraient soulager sa souffrance. « Encore un p'tit effort ! » l'encourage-t-elle. « On y est presque ! » L'école n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres. L'adolescente croit discerner son toit qui émerge difficilement dans l'obscurité. Mais elle est brutalement attirée en arrière lorsque l'irlandais chancelle et emporte l'équilibre de l'australienne dans la foulée. Elle se retrouve à moitié allongée sur lui avant de se redresser pour se mettre à genoux à ses côtés. Elle l'enveloppe à son tour de son bras tandis que la main du jeune homme se pose sur son épaule. « Je sais, je sais... » répond-t-elle sobrement lorsqu'il lui avoue qu'il souffre le martyr. Elle lui tapote la tête d'un geste rassurant, trop gênée pour faire quoi que ce soit d'autre. « Viens, on va à l'infirmerie ! » Zelda sait bien que c'est contraire aux ordres mais elle ne peut pas non plus rester là, à regarder Sean s'enfoncer dans la douleur, sans rien faire. Ils ne pourront sûrement pas soigner sa crise d'appendicite à l'école... « Tu t'souviens de c'que Sam dit à Frodon quand c'boulet s'effondre sur l'volcan ? » glisse-t-elle. « Quand il dit qu'il peut pas porter l'anneau mais qu'il peut le porter, lui ? Ben on va faire un remake du pauvre ! » Sans effets spéciaux !

La gamine sert les dents quand elle se redresse en hissant le bras de son camarade autours de son épaule. Il n'est pas si léger que ça ! Ou alors elle est moins forte qu'elle le pensait... Elle disserte en silence sur la question tout en avançant péniblement vers l'infirmerie. « Eh ! Par ici ! » hèle-t-elle un groupe d'adulte qui se dirige dans la même direction qu'eux. Leur aide providentielle leur permet de rejoindre... l'école plus rapidement. Ce n'est pas comme si on leur laisse le choix, de toute façon. Une fois sur place, Zelda confie l'irlandais aux bons soins de l'Armée de June et rejoint Arizona qui, elle l'a remarqué, distribue des armes aux gens qui savent s'en servir. « J'sais en utiliser une ! » insiste-t-elle quand la femme lui refuse l'accès à un pistolet. « Tu fais chier ! » Mais rien n'y fait : elle revient bredouille vers les autres. Puis c'est l'apocalypse : Eve saute sur Hokulani et en parallèle, Cole cherche à se farcir Cathleen. La soudaineté des assauts et leurs dénouements laissent l'adolescente pantoise. Elle s'attarde un instant sur le vomi de Casey - elle est toujours solidaire, elle ! - puis retourne vers les autres en tentant de ne pas trop s'attarder sur le cadavre de Eve.  « Faut quelqu'un pour trépaner la nonne ! » souffle-t-elle. Le choc la plonge dans un curieux mélange d'indifférence et de calme. Elle se sent déconnectée de cette situation. Si bien que c'est avec un petit sourire absent qu'elle revient vers Sean et les autres jeunes du camp. « Comment il va ? » demande.-t-elle à Kassidy avant de reprendre son flambeau aux côtés de l'adolescent dévoré par les maux de ventre.

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Je sais pas trop comment on en est arrivé là. Je sais juste que je frappe, je frappe encore, jusqu’à entendre ce crac sonore. La bassine entre les mains, le souffle court, la douleur encore au ventre et cet instinct oppressant de la protéger. Ses pleurs résonnent encore derrière moi, pendant qu’Hokulani serre ma fille contre elle pour l’empêcher de voir ça. J’ai pas hésité une seule seconde, c’est sûrement ça le plus terrifiant : dès qu’Eve-Madeleine a renvoyé un coup mauvais au visage du docteur, je me suis jetée sur elle. Ses yeux injectés de sang rivés sur ma fille m’ont fait réagir au quart de tour.

Je comprends pas ce qu’il lui a pris, mais si je l’ai fait, c’était parce que je pouvais pas permettre qu’il lui arrive quoi que ce soit. J’en tremble encore, balançant la bassine loin. La nausée est passée sous le coup du choc, mais les maux de ventre sont encore là. C’est un regard hagard que je rive autour de moi, alors qu’Eve a fermé les yeux, que son visage est tuméfié, et que je réalise. Mes épaules sont secouées de spasmes, j’arrive pas à redémarrer la machine à penser. Autour, c’est comme le chaos, je crois que je pige pas ce qu’il se passe.

Je regarde mes mains, longuement, en me demandant comment c’est possible. Mes yeux s’emplissent de larmes, je me sens comme une gamine perdue en pleine rue bondée de monde, pas un qui se tourne pour comprendre ce que je fous là.

Aidez-moi… que je murmure d’une voix étouffée, attrapant les épaules d’Eve-Madeleine pour la secouer. Réveille-toi, allez, j’enchaine, mais ça semble pas trouver sa source. Mes doigts se crispent sur ses épaules, elle ne réagit toujours pas malgré les ordres lancés d’une voix étranglée : REVEILLE-TOI, EVE ! AIDEZ-MOI BORDEL !

Hokulani me relaie, et lui offre les premiers soins qu'elle peut lui donner, encore sous le choc elle aussi de ce qu'il vient de se passer.

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Ils avaient ramené tout le monde à l'école – enfin presque - et Stan s'était empressé de transmettre les informations que lui avaient données John à June et Arizona. Pour l'heure, Sacha était disparue et pouvait être une potentielle victime au même titre que la vieille Dewitt. Ils avaient averti leurs pisteurs. Quant à ces mystérieux maux de ventre, ils allaient bientôt découvrir le problème ! Mais pour l'heure, les responsables s'organisèrent pour sécuriser l'école.

Du coin de l'oeil, à distance, le jeune homme s'assurait régulièrement que tout allait bien du côté d'Esther et de sa mère. La petite s'était enfin calmée, il en fut rassuré. Pourtant, il remarqua que Casey ne se sentait pas bien, alors qu'il discutait avec John en gardant l'une des entrées.

- Hum tu m'donnes une minute ? Certes la situation était angoissante, mais rien qui ne pouvait sciemment rendre sa belle malade. Il voulait juste vérifier que ça allait.

Il n'était pas arrivé jusqu'à elle qu'Eve-Madeleine revenait avec une bassine et que les choses dégénérèrent. Comme transformée, la bonne sœur s'en prit à Hokulani qui portait sa fille. Il se mit à courir, bousculant au passage une pauvre civile. Au même moment, Cole vrilla également devant lui pour attaquer le bras de la Cathleen. D'instinct, et puisque Casey s'occupait de la première, il attrapa le geek autour du buste pour l'éloigner de la jeune fille.

- Mais qu'est-ce que tu fous, bordel ? Il réussit à le faire reculer une seconde. Cole n'étant pas un athlète sur-entrainé,  le paramilitaire ne pensa pas un instant peiner à le retenir. Pourtant le garçon dévoila une force inattendue et prit son ainé par surprise. En une fraction de seconde, Stan le fit se défaire de son blocage pour se ruer de nouveau sur Cathleen, qui était restée figée, gémissant en regardant son bras déjà abimé. Non !

Mais déjà Cole collait ses dents dans le coup de la fille, qui eut à peine le temps de pousser un nouveau cri. Stanley lui sauta de nouveau dessus pour l'arrêter, mais c'est trop tard. Le sang gicla. Le jeune homme réussit cette fois à maintenir le garçon – puisque la chair le calma – et ses bras toujours autour de lui, à terre, il posa des yeux écarquillés vers le corps de la petite brune. Celui-ci tressauta quelques secondes, avant de se figer. Puis vers Casey qui hurlait à côté de celui d'Eve. Son cœur tambourinait violemment dans sa poitrine, alors que la mare de sang qui s'étendait sous le corps de Cathleen vint imprégner son pantalon.

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Pendant qu’elle veillait au bon rapatriement des survivants dans l’école, l’avocate ne pouvait oublier l’information que lui avait donné Arizona. Des phares à Agate. La coïncidence tombait mal et la donnée que lui transmit Stanley, à propos de la disparition de Sacha, ajouta à la suspicion. Était-il possible que des ennemis se soient infiltré chez eux pour les dérouter ? Immédiatement, June pensa Connor et exilés. Elle pensa Clyde. Et comme par hasard, ce dernier était sur la piste du coupable/témoin… le meilleur rôle pour effacer des traces compromettantes.

- Arizona, elle arrêta son amie qui armait et donnait les consignes aux volontaires pour défendre l’école, il faut trouver Clyde et le ramener ici.

Pour l’instant, la rouquine voulait au moins l’isoler, l’interrogatoire viendrait plus tard. Elle-même armée d’une arme de poing, elle supervisait toujours que les ressortissants du fort arrivaient bien. L’école n’était pas prévue pour accueillir autant de monde à la fois mais il faudrait se serrer un peu. Malheureusement… la promiscuité n’était pas leur seul problème. Les crises de douleurs se multipliaient et quand ce n’était pas ça, c’était carrément la violence. Jusqu’à maintenant, ils n’avaient jamais eu de cas grave suite aux pertes de contrôle des vaccinés mais là… c’était un drame.

June n’arriva que trop tard sur les lieux, alertée par les cris. Elle découvrit Cathleen qui rendait l’âme, Eve-Madeleine aux soins fébriles d’Hokulani, une flaque sombre sous la tête. Ses yeux glacés détaillèrent la scène. Garder son sang-froid, c’était l’essentiel ; et heureusement, ses parents devaient l’avoir croisée avec un reptile. Changement de plan.

- Faites venir un brancard. On l’évacue d’ici ; il faut une équipe médicale pour la prendre en charge au dispensaire, sauf le personnel qui été vacciné, ça mettait Maeve et ses talents hors-jeu, mais c’était probablement préférable, Stanley, le jeune homme venait de maîtriser Cole mais son travail n’était malheureusement pas fini, il manque quelques personnes, notamment le personnel du laboratoire, et il faut savoir ce qui s’est passé chez Sacha.

Au moins il y aurait de survivant dispersé, au mieux ils pourraient gérer cette crise. Même si… peu à peu, son encéphale surmené mettait les bouts ensemble. Si les effets secondaires s’exprimaient tous ensemble sous leur jour les plus vicieux, c’était qu’il fallait s’inquiéter de toutes les personnes ayant été vaccinées – c’est-à-dire un tiers de leur population. Ce rassemblement était une bombe latente et le temps jouait contre eux.

- Faites-moi venir Quinn, exigea-t-elle.

Quand ce n’était pas Lawrence, elle s’adressait en priorité à l’épidémiologiste et l’avocate avait une question très simple : pouvons-nous envisager une sédation généralisée de tous les malades le temps de trouver une solution pour les contenir.

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