Lucy appréciait de pouvoir quitter un peu le motel, de sortir de la routine qui s’était installée, de pouvoir oublier un peu les difficultés de ces dernières semaines. C’est exactement ce que le sourire naïf et la paume de la main d’Otis dans la sienne lui faisait ressentir. Elle se sentait mieux en sa présence, le suivant sans trop d’hésitation, heureuse de pouvoir laisser ses soucis, principalement Alba, derrière elle. C’est presque en riant telle une adolescente qu’elle demande à son petite amie : « Où tu m’emmènes ? »

La réponse tint en une petite maison où il l’invita à rentrer. L’endroit sentait le propre, le rangé, en dépit de ces dernières années laissés à l’abandon. Visiblement le jeune homme était venu pour faire le menage, prévoyant depuis un moment de l’inviter à cet endroit. Il semblait s’excuser de ne pas être resté au motel, mais en réalité, ça lui convenait tout à fait. La rousse s’approcha de lui, après avoir déposé son sac et lui dit d’une voix reconnaissante : « Tu as raison Otis, j’avais aussi besoin de changer d’air. » ça oui… Besoin de changer d’air et peut-être, vulgairement dit. De s’envoyer en l’air. Ils avaient une relation un peu distante, mais elle commençait à s’étaler dans le temps. Peut-être qu’il serait temps de passer à la vitesse supérieure.

Lucy déposa sa tête contre l’épaule de son petit ami, avant de l’embrasser dans le cou et de remonter un peu, lui susurrant : « Tu sais… Je crois que tu as été très patient avec moi. Une surprise comme ça… » elle laissa le filet de sa voix se perdre doucement dans le creux du cou du jeune homme, ses lèvres effleurant sa peau, un sourire s’étirant doucement sur le carmin alors qu’elle sentait Otis réagir tendrement à ses caresses. Elle passe ses deux mains sur le torse de son amant, car il allait le devenir sous peu. Une forme d’excitation prenait le cœur de la jeune femme, emballant son rythme cardiaque, sa respiration. Si elle faisait tout pour être maitresse d’elle-même, pour jouer un peu, sembler digne. Une pulsion lui ordonnait de plaquer cet homme contre le mur.

Ses lèvres trouvèrent finalement celles d’Otis, elle lui donna un long baiser, parsemé de petite touches, goutant le jeune homme soufflant sur des braises déjà ardente. Il avait préparé cet endroit pour elle et elle comptait le partager avec lui. Elle rompit l’étreinte, s’éloignant d’un pas, pour observer ce qui lui appartenait à cet instant, avant de le repousser contre le mur, l’embrassant encore et encore.

« C’est une surprise. Je te l’ai dit. » Il croise le regard de la rousse, un léger rire se mêle au sien alors qu’ils ne sont plus très loin. Une fois arrivés devant la maison qu’il a soigneusement nettoyée pour l’occasion, il laisse Lucy passer devant, lui ouvrant la porte tel un gentleman. Le métis ne peut s’empêcher de sourire, heureux de lui faire découvrir ce lieu. Quand ils sont enfin à l’intérieur, le duo rejoint le salon. Quand la jeune femme se tourne enfin vers lui pour faire part de ses premières impressions, il est ravi de savoir que cette initiative lui plait. Soulagé, il la laisse venir poser sa tête sur son épaule, sentant un doux frisson lui parcourir l’échine alors qu’elle vient l’embrasser dans le cou.

La tête toujours enfouie contre sa peau, la voix suave de la rousse lui souffle quelques mots au creux de l’oreille. Des paroles emplies de sous-entendus qui font sourire le jeune homme alors que les lèvres fines et douces de sa petite amie viennent réchauffer sa peau. Le cœur du dessinateur s’emballe alors que ses mains se posent sur les hanches de la jeune femme.

L’instant d’après, il se retrouve dos contre le mur alors qu’elle prend les devants, venant s’emparer de ses lèvres pour lui offrir un baiser brûlant. Quand elle s’éloigne légèrement et que leurs regards se croisent à nouveau, il ne faut qu’une fraction de seconde pour que le duo s’entende sur ce qui va suivre. Un accord silencieux qui est bien vite balayé par les baisers fiévreux de l’ancienne astronome. Otis se laisse rapidement enivré par le goût de ses lèvres, l’odeur agréable de sa peau. Des sensations oubliées depuis des mois mais tellement plaisantes.

Les mains toujours posées sur les hanches de Lucy, il les laisse glisser le long de ses formes jusqu’à s’attarder sur ses cuisses puis ses fesses. Ses doigts se referment légèrement sur les parties charnues de sa belle jusqu’à ce que l’une de ses mains remontent le long de sa colonne vertébrale pour venir se poser sur sa joue. Il se détache alors de ses lèvres, croisant encore une fois son regard azuré. Puis sa main glisse finalement jusqu’à sa clavicule pour passer son le tissu de sa veste. D’un geste assuré, il découvre l’épaule de la rousse, venant à son tour goûter avec envie la peau claire de sa douce.

Lucy se laissa à soupirer dans les bras d’Otis, se serrant contre lui, l’invitant à la caresser encore un peu. EN elle, c’est comme si elle retrouvait de vielles sensations oubliés, un quelque chose qui lui avait souvent fait défaut dans ses relations intimes : la spontanéité. Cette envie pressante de glisser ses doigts dans les cheveux de son petit ami, l’obliger à pencher la tête et à lui mordre la base du coup. Le guider pour qu’il l’aide à retirer son haut, qu’il puisse acceder à sa peau et à son tour l’embrasser tout son saoul.

Elle détourna une seconde la tête, cherchant un endroit où leurs deux corps entrelacés pourraient s’étendre. Le canapé ! Elle retint un baiser d’Otis, posant un doigt sur ses lèvres :   « Attends… » Puis elle le saisit par le col jusqu’au canapé. La rousse se laissa tomber en arrière et invita le métis à la rejoindre à s’entendre au-dessus d’elle. Redoublant d’ardeur et de passion dans les baisers qu’ils échangeaient. Plus d’une fois, la main de la rousse s’égara, serrant l’intimité de son amant. Finalement, elle se redressa un peu, riant à moitié, posant une main sur la joue d’Otis :

« Laisse-moi faire. » Elle repoussa Otis sur le dos, finissant de lui retirer son t-shirt. Petit, pas spécialement musclé, presque à l’image de sa personnalité et de son esprit. Elle déposa un baiser, puis un autre sur le torse de son compagnon, descendant au fur et à mesure. Le flattant de la main, les yeux fermés pour qu’elle puisse sentir ses mouvements plus que les voir. Jusqu’à ce que ses lèvres approchent le pantalon d’Otis. Une bosse semblait indiquer qu’il n’était pas indifférent à ces attentions. Ce qui arracha un sourire à la jeune femme, avant qu’elle ne se remette à califourchon sur son amant et qu’elle laisse le rideau roux de ses cheveux cascader en direction d’Otis.
Elle lui sourit, les yeux dévorants d’une envie qu’elle n’avait que trop rarement connue. Elle s’approcha de lui, pour lui mordiller doucement le lobe de l’oreille, lui ordonnant : « Déboutonne ton pantalon. » Elle avait envie de lui donner des ordres, n’était-elle pas la plus âgée des deux ? La plus expérimenté ? Encore qu’elle pouvait avoir un sérieux doute sur ce sujet. Mais n’était-ce pas non plus son côté décideur qui avait plus à Otis quand elle avait dansé pour lui ? Il devait

Un soupir de contentement s’échappe de ses lèvres alors qu’il laisse Lucy s’emparer de son cou, la rousse y dépose des baisers brûlants et le dessinateur se laisse rapidement aller. Rapidement, ses mains passent sous le haut de la belle qui l’aide à s’en débarrasser. D’un regard empli d’envie, ses yeux s’arrêtent un instant sur la poitrine de la jeune femme et la lingerie qu’elle porte. Un petit sourire se dessine sur ses lèvres, il se sent chanceux d’être avec elle… Et surtout, de ne pas être un simple client aujourd’hui.

Lorsque la rousse l’entraîne finalement jusqu’au canapé, il se laisse faire sans opposer résistance. Le fait qu’elle prenne les choses en main n’est pas si étonnant que ça… Avec Zoé et Scott, le métis n’était pas vraiment à guider la danse non plus. A vrai dire, cela ne le gêne pas plus que ça, c’est même plutôt plaisant. Allongé sur elle, il s’affaire à capturer ses lèvres fines, une de ces mains redescend jusqu’à sa cuisse et il passe sa main sous le tissu fin de sa jupe, la remontant légèrement. Les caresses prodiguées par sa partenaire lui font un bien fou, il soupire encore une fois avant de venir l’embrasser avec fougue.

Il ne bronche pas quand elle reprend finalement les rênes. Venant se positionner au-dessus de lui, il la laisse retirer son t-shirt avant de revenir à l’assaut de ses cuisses avec ses mains. Ses doigts se faufilent à nouveau sous le tissu porté par la danseuse jusqu’à remonter jusqu’à ses fesses. Lucy se redresse ensuite, sourire aux lèvres. Le jeune homme ne peut s’empêcher de l’admirer un instant, il la trouve tellement belle. Elle se penche vers lui, ses mains caressent son torse et son souffle dans son cou le fait légèrement frissonner. Elle capture doucement le lobe de son oreille avec ses lèvres avant de jouer avec en le mordillant. Otis ferme les yeux sentant son cœur s’emballer encore un peu plus dans sa poitrine. Puis lorsqu’elle lui souffle ces quelques mots, il ne tarde pas à s’exécuter, venant défaire les boutons de son jeans.

Avec Lucy, il se sent tellement bien. Il se sent vivant et toutes ses peurs disparaissent quand il est près d’elle. Il se redresse finalement pour venir s’emparer de ses lèvres, ses bras enlacent sa belle et il la serre encore un peu plus contre lui.

Lucy regarda Otis qui semblait bien trop heureux à cet instant, elle aussi elle était heureuse de trouver un homme aussi gentil, ça lui changeait tellement de tous les autres, elle pouvait se détendre un peu et oublier ses soucis. Une lueur sauvage et érotique dans les yeux ; La rousse entoura Otis de ses lèvres et le flatta quelques instants afin de l’encourager, puis ses lèvres remontèrent sur le torse du jeune homme avant qu’elle ne trouve son cou. D’un coup de hanche, elle se positionna correctement et le guida. Elle poussa un soupire retenu, surprise presque de la sensation et de la douceur, de la facilité avec la quelle Otis avait glissé. Elle ferma les yeux se concentrant sur l’instant, sur la sensation intense et plaisante qu’elle éprouvait. Dans un balai de décharges, elle bougeait, porté par ses instincts.

Soudainement elle se retrouva sur le dos, à la merci d’un Otis attentionné et de tout le plaisir qu’il pouvait lui accorder. Combien de temps il s’écoula ? Combien de fois elle soupira ? Combien de fois elle se tordit en retenant un gémissement et combien de fois elle rejeta la tête en arrière ? Ce n’est que bien plus tard, alors, qu’ils étaient paisiblement l’un contre l’autre, elle lui murmura à l’oreille, avec un sourire : « T’es le premier homme avec qui je fais l’amour depuis des années. » Le premier avec qui elle prenait du plaisir et avec qui elle avait envie de recommencer.

Elle se releva pour commencer à se rhabiller, malheureusement il serait bientôt temps de rentrer et le prochain homme qui rentrerait en elle devra appliquer une bonne dose de lubrifiant. Elle chassa cette terrible pensée en frissonnant et en cherchant du réconfort dans les bras du jeune homme : « J’aime bien cette maison… On pourrait s’y retrouver régulièrement, tu en pense quoi ? » Il serait certainement d’accord.

Le chemin qui les ramena vers le NML fut bien trop court pour la rousse, contrainte de dire , bient trop tôt : « A bientôt. » Lucy déposa un baiser sur les lèvres de son petit ami avant de disparaitre dans une des rues qui menaient au motel. Elle ne pouvait pas risquer qu’on la voit avec quelqu’un, ça lui ferait perdre de la valeur auprès des clients et ça risquait d’attirer des ennuis au jeune homme et ce n’est pas du tout ce qu’elle voulait.

Tout s’arrête, le temps de ce moment intime et agréable. Otis se laisse aller dans les bras de Lucy, retrouvant des sensations qu’il n’a pas connu depuis la mort de Zoé. Des caresses et des baisers fiévreux, leurs corps s’entremêlant jusqu’à cette vague de plaisir qui les inondent, leurs soupirs d’extase qui résonnent dans ce salon qu’ils découvrent pour la première fois… Jusqu’au silence, au calme, à cette sérénité qu’il ressent une fois qu’il vient prendre la jeune femme dans ses bras pour la garder contre lui, une fois que tout est terminé. Depuis combien de temps ne s’est-il pas senti aussi bien ?

Quand la rousse lui fait une confession, visiblement heureuse d’avoir pu sauter le pas avec lui, il l’embrasse tendrement avant de lui souffler « J’espère que ça t’as plu. » Il continue de lui sourire redoutant le moment où ils devront partir. Il aimerait pouvoir rester là indéfiniment, être avec elle et ne plus penser au reste, à cette vie qui peut se montrer si difficile et cruelle. Mais quand elle lui fait remarquer qu’ils pourraient revenir ici, pour se retrouver à nouveau, son visage s’illumine et il lui répond « Si ça te plaît. Oui. Je l’aime bien aussi. Et puis… Je pourrais te faire visiter les autres pièces de la maison, comme ça. » Il ne peut s’empêcher de lui jeter un regard plein de sous-entendus avant de se mettre à rire encore une fois. Puis quand vient déjà l’heure de se quitter, il la raccompagne non loin du motel, compréhensif quand elle lui demande de ne pas l’accompagner plus loin. Un dernier baiser et il la regarde disparaître avant de reprendre son chemin

***

Cela fait des semaines qu’il attend ce moment. Otis n’a pas revu Lucy depuis ces quelques heures passés ensemble dans la petite maison de Beacon Hill, ce jour où ils ont fait l’amour pour la première fois. Plus d’un mois et demi s’est écoulé depuis leur dernière rencontre et le métis n’a pas tardé à rejoindre l’Industrial District le lendemain de leur retour au campement. Le voyage jusqu’à George a été pénible, interminable, douloureux aussi… Bien qu’il n’ait pas été blessé, le métis a souffert mentalement surtout. Le stress, la peur, surmonter cette épreuve a été un véritable test pour lui. Loin d’être un combattant aguerri, il a pourtant réussi à contenir ses angoisses.

Maintenant que tout est terminé, il n’est pas soulagé pour autant. La culpabilité est venue s’inviter à la fête, avec la mort de ce garde sur la conscience. Jamais il n’avait fait de mal à qui que ce soit avant tout ça. Et le coup est difficile à encaisser. Sans compter cette peine qu’il ressent pour Milow après sa dispute avec ce jeune homme de The Haven et l’impression de ne pas savoir quoi faire pour l’aider à aller mieux.

C’est pour ça qu’il n’a pas tardé à partir seul de son côté de retour à Seattle. Et surtout l’envie de pouvoir rejoindre Lucy, au moins quelques heures. Arrivé devant l’entrée du motel, il se présente à l’accueil, comme à chaque fois. Quand son regard croise celui de l’adolescente en face de lui, il la salue d’un signe de la main. « Salut ! Je… » Il commence à sortir ce qu’il a amené pour payer la jeune femme avant de demander « Est-ce que Lucy est là ? »

J’suis hyper concentrée là, de suite. Je suis en train de faire le château de cartes le plus grand du monde. Au moins. Bon, de base, y a plus vraiment d’éléments de comparaison, c’est pratique quelque part. Parce que c’est vachement compliqué de faire ce genre de trucs en vrai. Je m’y suis reprise à trois ou quatre fois avant de réussir à faire juste le premier étage quoi. Mais là, j’attaque le troisième.

… ouais, je m’ennuie comme un rat mort.

Et pour avoir vu plus d’une fois à quoi ça ressemble un rat mort, je peux vous assurer que la comparaison est bien trouvée.

Faut dire qu’à cette heure-ci de la journée, c’est super calme à l’accueil. Les lève-tôt sont déjà venus tirer leur coup avec leur bol de céréales et les autres sont pas encore là. Quoi ? Je vais pas jouer à la fille qui sait pas ce qu’ils viennent faire là non ? Ce serait hypocrite à mort. Mais j’avoue que je trouve toujours aussi marrant de voir leur tête gênée quand ils tombent sur l’ado que je suis à l’accueil. Autant, à l’entrée, quand je m’occupe de monter la garde, ils arrivent à faire genre j’existe pas.

Mais là, ils peuvent pas trop. Je surveille les allées et venues, je prends quelques notes quand le type a l’air louche et je récupère le paiement de temps en temps. Je fais ça hyper sérieusement, faut pas croire. Enfin pas là, de suite, d’accord. C’est uniquement parce que j’ai rien à faire.

Alors, quand la porte s’ouvre, j’sais pas si je suis contente de voir quelqu’un ou agacée d’être dérangée dans mon rien. Les deux n’étant pas incompatibles, je prends soigneusement le temps de ranger mes cartes avant de poser les yeux sur le nouveau venu. « Salut. » Je plisse des yeux, essayant de me rappeler si je le connais ou pas. Je crois que je l’ai déjà vu de loin au NML mais je suis pas totalement sûre de moi. Enfin, dans tous les cas, j’ai une moue quand il demande à voir Lucy. Les consignes qu’Oxana m’a données sont claires. Lucy n’est là pour personne. Aucun client ne doit l’approcher, il faut la laisser tranquille le temps qu’elle se remette de tout ça. Je penche la tête sur le côté, sans détacher mon regard du nouveau venu avant de répondre, d’un ton neutre. « T’es qui ? Et tu lui veux quoi à Lucy ? » Sait-on jamais, il veut ptet juste lui faire passer un message ou je sais pas.