« Dites-moi que je rêve ?! » vociféra Valérian, véritablement furieux, tandis que se déclenchait le système d’arrosage des couloirs - sans que ne retentisse toutefois la moindre alarme. Ces enfoirés l’avaient coupée. Bordel de merde ! Et ce ne fut pas tout : un peu plus loin, ils découvrirent enfin l’escalier… Barricadé.

Le grec était sur le point de s’arracher les cheveux à cause de l’exaspération, lorsque retentirent des grognements menaçants dans leur dos. Le coeur battant à tout rompre, son arme en main, Valérian eut à peine le temps de faire volte-face que fusait déjà la première balle. Avec un bruit sourd, ce fut Damon qui s’effondra mort à côté de lui, le crâne explosé - tandis qu’Andrea brandissait déjà son arme pour abattre d’une balle en pleine tête le garde. Efficace !

Sans perdre de temps, Valérian abattit quant à lui le chien qui s’élançait vers eux, tous crocs dehors. Avec un jappement plaintif, celui-ci s’effondra aux côtés de son maître, inerte. Une bonne chose de faite ! songea férocement le grec, avant de reporter sans plus attendre son attention aux câbles qui disparaissaient dans la cage d'escalier. « Une partie des câbles file vers l’autre côté du couloir ! » s’exclama-t-il alors, en faisant signe aux autres de lui emboîter le pas. Ils avaient suffisamment perdu de temps comme ça !

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J’avais bien envie de leur demander comment ils s’en sortaient, là-dedans. Seulement… J’aurais encombré la ligne pour rien. Je risquais même de trahir leur position. L’attente était toujours particulièrement angoissante. Le groupe d’intervention chargé de l’électricité devait s’en sortir à merveille, car aucun d’eux n’avait pris attache avec moi finalement. Pourtant, j’aurais eu le temps de les aider. Le message suivant fut de Yulia. Je poussai un soupir de soulagement. Elle allait bien. Mieux encore, ils avaient réussi à s’emparer de l’armurerie. On avait vraiment besoin d’entendre de bonnes nouvelles, là. J’eus une communication suivante, bien trop brève, de Selene qui mentionnait qu’un câble avait été sectionné par leur groupe d’intervention dans le parc des panneaux solaires. Je fronçai les sourcils, perplexe. Je n’eus même pas le temps de répondre et de demander plus de précision que la communication était coupée. Et merde. Ca sentait mauvais.

Quoi qu’il en soit, nous n’avions perçu aucun changement ici même. Les lumières à l’étage étaient toujours allumées, et on croirait presque que mon coup de feu n’avait provoqué aucune agitation à l’étage. Je n’avais aucune nouvelle de l’équipe à l’intérieur depuis que Valérian avait parlé de déclencher l’alarme incendie du bâtiment. D’ailleurs, on n’entendait même pas l’alarme. Il n’y avait que les coups martelés de Milow qui portaient loin dans la pénombre ambiante. Je grimaçai un peu, incertaine. Ca allait s’entendre, évidemment. Je reportai mon attention sur le toit, délaissant du regard le rez-de-chaussée et l’étage. Je m’attendais à tout moment à voir quelqu’un débarquer.

Je ne fus pas déçue. J’eus seulement le temps de suivre le chien dans la lunette de mon fusil. Son ombre était bien trop rapide et basse pour que je parvienne à l’intercepter à temps avant qu’elle ne soit au contact de Milow. « …’Chier. » Je ne pouvais pas tirer sans risquer de le toucher également. Cependant, ce chien n’était pas seul. Je pivotai un peu pour apercevoir son maître, prêt à tirer sur le gamin. Non, pas question. J’ajustai mon tir et pressai la détente.

Le garde s’écroula en se tordant de douleur à terre. Je n’étais pas sûre d’où j’avais pu le toucher, mais il n’était pas encore mort… Et ça ne me plaisait pas vraiment. J’avais gagné du temps pour Milow, mais il me fallait finir le travail maintenant.

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Je ne pouvais pas me soucier de Milow dans l’immédiat. Il devrait se débrouiller seul avec le clébard. Toute mon attention était concentrée sur son second agresseur, l’arme toujours en main. « Allez… Lève-toi. » J’avais les mains moites, le doigt sur la détente. J’inspirai et expirai lentement à plusieurs reprises. L’attente était insoutenable, mais j’avais appris à attendre le bon moment, l’instant propice où une fenêtre de tir se dessinait et…

Le tir partit. Le garde avait à peine eu le temps de se redresser un peu qu’il s’écroula en arrière, une balle logée en pleine tête cette fois. Je poussai un léger soupir, avant de vérifier du côté de Milow dans la lunette de mon fusil. Le gamin s’en était sorti sans trop de casse avec le clébard. J’avais l’impression qu’i commençait à prendre goût à mon piolet… Il faudrait que je m’assure qu’il me le restitue bien, quand tout serait fini.

Je pris le talkie en main pour communiquer rapidement les nouvelles à Valérian : « Ennemis neutralisés sur le toit. Rien n’a bougé au premier étage. Ninja a forcé le cadenas du grillage, il va pouvoir s’attaquer à l’objectif. Et vous ? » Libre à lui ensuite de prendre la communication ou non, selon leur propre état d'alerte.

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J’avais arrêté de respirer. J’observai, du coin de l’œil, Milow œuvrer au sabotage de l’antenne. Je promenai la lunette de mon fusil de façon frénétique sur tout le toit et le premier étage, guettant tout ennemi qui pourrait l’empêcher de parvenir à ses fins. Mais, heureusement, rien ne vint. Les autres avaient dû attirer suffisamment l’attention à l’intérieur même du bâtiment pour que nous ne soyons pas plus dérangés au dehors.

Je relevai la tête, sous le coup de la surprise, quand l’antenne visible au lointain s’effondra de toute sa hauteur pour atterrir en bas de l’école. Le vacarme était difficile à ignorer, mais il couvrit sans mal ce bref cri de joie que je poussai dans le talkie. « Wouhou ! Les mecs… On a réussi ! Les communications sont coupées ! » J’espérais que Milow voit d’ici les deux pouces que je levais dans sa direction, en lâchant mon arme une demi-seconde. C’était grâce à lui, à nous tous. Milow n’aurait pu agir seul sans la diversion de ceux prêts à se jeter dans la gueule du loup.

Je reposai le talkie pour me remettre en position, subitement plus sérieuse, quand je repris à l’adresse de Valérian : « Vous avez trouvé la salle de transmission ? On doit toujours savoir s’ils ont eu le temps d’envoyer un message. Je continue de vous couvrir. Ninja est encore sur le toit et s’apprête à redescendre. » La mission ne se terminait pas là-dessus pour moi. Il fallait encore trouver ceux qui se chargeaient des transmissions et mener l’interrogatoire pour savoir si – oui ou non – ils avaient pu demander des renforts. En attendant, les lieux risquaient d’être rapidement pris d’assaut. Je restais vigilante, au cas où d’autres se ramènent.

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