Le cavalier pressa l’allure malgré sa blessure. Malheureusement, sans se retourner il sentait toujours la présence menaçante d’un des ours dans son dos. Et comme il le pressentait, l’animal le rattrapa rapidement. Une vive douleur se fit alors sentir au niveau de sa jambe, il bascula vers l’avant hurlant de douleur. Se sentant tirer vers l’arrière, il tenta d’attraper une prise pour essayer de lutter, en vain. Sa jambe, toujours prisonnière des crocs puissants de l’animal, le faisait souffrir l’empêchant d’attraper son couteau ou son arme à feu pour se défendre. Il chercha bien à se débattre mais il avait la sensation que la mâchoire de l’ours se refermait toujours plus sur lui…

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Rafaël savait que Tiago lui aurait dit de courir sans demander son reste. De ne pas tourner la tête, de ne pas regarder en arrière, de ne pas faire son chevalier blanc. Il essayait de se convaincre que c’était le mieux. Il courait pour sa vie, il le savait, mais le hurlement de douleur d’Isaac l’arrêta net et il se retourna malgré lui. Il pouvait encore partir, mais… enfin, il serait mort, lui aussi, quelques jours auparavant, sans eux. Pas sans Isaac en particulier, mais sans les gens de The Haven. Sans réellement réfléchir, il rebroussa chemin, allant le plus vite possible pour choper Isaac et le soustraire à la morsure de l’ours – sans délicatesse, lui faisant très certainement un mal de chien – et le hissa sur son dos, repartant en courant encore plus vite. S’il l’attrapait, s’il y parvenait… alors ils étaient foutus tous les deux.

« Courez putain ! Courez sans regarder derrière vous!  »

C’était un cri injustifié, mais il avait peur, c’était une réaction excessive.

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Un ours, c’est trop rapide, même pour quelqu’un d’endurant comme moi. J’étais resté au niveau d’Isaac et on essuyait tous les deux les plâtres et les blessures. J’avais eu énormément de chance de ne pas me faire happer par l’ours la première fois et surtout, de ne pas me faire happer la seconde fois. De simplement m’en sortir avec une petite blessure supplémentaire à l’épaule.

Assez étrangement, mes pensées allèrent toutes vers Thaïs à cette seconde, je pensais à ce qu’elle allait dire en voyant que j’ai des cicatrices dans le dos ? Signe que j’avais fuit une menace, un combat. Alors que nous aurions dû simplement tous faire les morts et nous allonger. Mais il était trop tard maintenant pour ça. Je n’avais plus qu’à espérer rentrer en vie et pas trop blessé.

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Loin des ours qui avaient finalement abandonner l'idée de les poursuivre, ils se rassemblèrent à nouveau et Andrea posa sur Isaac un regard effaré. Elle avait peur pour son ami, peur pour sa jambe, et la possibilité de le laisser handicapé pour toujours. Tomeo distribua des ordres et la métisse s'exécuta rapidement. Tomas aussi avait besoin de soin. Ils dégagèrent lentement ses vêtements abimés, constatèrent les plaies, obéirent à Tomeo :

C'est pas beau à voir... Faut qu'on rentre au plus vite, articula la métisse avant de regarder autour d'elle : Isaac peut...

Peut quoi ? Andrea se stoppa, consciente alors que ça n'avait aucun sens. Elle était désespérée. Garder la bonne mentalité après toutes ces journées d'errances lui était vraiment laborieux, et si elle avait d'ordinaire un mental de fer, elle sentait là qu'il commençait à être trop difficile d'être optimiste. Ils étaient tous sales, affamés, fatigués, blessés.

Laisse-tomber, on peut faire une pause le temps de récupérer, et on repart au petit matin, annonça-t-elle aux autres. Peut-être qu'avec un peu de chance, ils trouveraient de quoi manger ce soir. Des champignons, des baies... Elle n'en était même plus à envisager un animal, qui serait trop rapide pour elle.