Ils n'avaient pas eu de chance. Trouver de quoi manger avait été littéralement impossible. Avec la fatigue, la faim s'était faite plus rustre encore et le soleil n'avait été qu'un baume au cœur très éphémère en comparaison. Andrea avait l'impression de sentir son ventre se creuser comme s'il cherchait à s'autodigérer tout seul. Elle ne fut pas au bout de ses surprises. Elle qui n'avait plus vraiment la force de parler se trouva confronté, avec les autres, à un ourson, puis sa mère puis son père et...

Holy shit... lâcha-t-elle, totalement sous le choc.

Qu'est-ce qu'ils pouvaient faire dans leur état contre un ours au juste ? Ses protections étaient bonnes contre les rodeurs mais contre un monstre de ce type ? Ils n'avaient aucune chance. Saisissant son arme qu'elle garda le long du corps, Andrea ne le faisait que pour se couvrir, dans l'espoir que ça fasse la différence mais... Elle le savait, ils n'auraient une chance qu'en courant :

Doucement, on s'en va, fit-elle aux autres fermement.

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La lumière du soleil et la frustration de ne pas pouvoir attraper ces lapins me firent oublier que nous étions dans un monde qui était revenue aux êtres élémentaires. A ceux qui ne sont pas guidé par la violence et la cupidité, mais par leur nature profonde. L’ours, les ours, je ne les ait vu que trop tard, bien trop tard.

Surtout qu’il y avait des petits et là, c’était presque certain de se faire attaquer. Pourtant je savais ce qu’il fallait faire dans ce cas de figure, je le savais mais la fatigue, la panique, le stress la faim. Nous nous sommes tous mis à courir en direction opposée. Fatalement, ça a déclenché la charge. Un ours c’est 50 kilomètres par heure, sur de courtes distances et ils ne voudraient pas s’éloigner trop de leurs petits. Il n’y avait plus qu’à espérer que ça suffirait pour qu’on ne se fasse pas tous tuer.

Lors de la fuite, je n’ai senti que trop tard là encore, la présence d’un des animaux juste derrière moi. J’ai senti ses griffes lacérer mes vêtements et toucher mon dos. J’ai cru que c’était la fin de mon chemin. Mais l’adrénaline et la douleur, ou l’inattention de l’ours m’ont finalement sauvé d’une mort que je n’aurai pas trouvé glorieuse.

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Son ventre crie famine mais l’eau lui a fait BEAUCOUP de bien. La veille, la jeune fille a probablement bu des litres entiers et s’est même offert le luxe d’un débarbouillage de chat. Ce n’est pas de la grande toilette, mais c’est mieux que rien. Isalín aimerait raconter qu’elle a fait preuve d’une volonté de fer et n’a dormi que d’un œil, pour surveiller l’arrivée potentiel de rôdeurs, mais… la vérité, c’est qu’elle a sombré comme un bébé. Cassée par des jours dans les souterrains, affamée et blessée, son organisme a lâché prise.

Par contre, se réveiller face à une famille d’ours, ce n’est pas marrant. Pas du tout. Même si un « Oh, il est trop mignon ! » lui a échappé en voyant l’ourson, l’adolescente s’est vite ravisée. Les deux adultes ne sont visiblement pas contente de voir cette bande d’humains sur son territoire et l’islandaise n’a pas l’intention de leur disputer le spot. Elle n’y connait rien en comportement animalier, c’est peut-être une très mauvaise idée de s’enfuir comme des poulets sans tête devant des prédateurs mais… franchement, elle s’en fiche et si Andrea dit de partir « doucement »… elle, elle court.

Et c’est là qu’on voit toutes les ressources de la jeunesse : elle met tous ses accompagnateurs grabataires dans le vent !

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Ils avaient pris le temps de reprendre leurs esprits, de retrouver un peu de force. Malheureusement, leurs ventres étaient restés bien vides… Après quelques heures de repos, le temps était venu pour eux de rentrer. Et s’ils se voyaient déjà de retour chez eux, il n’avait pas prévu de tomber nez à nez avec les trois ours de Boucle d’or, en bien plus énervés, évidemment…

Isaac se figea subitement avant de se mettre à reculer tout doucement. Ils se trouvaient dans leur territoire et s’en aller était vraisemblablement la meilleure solution. Mais il était apparemment trop tard pour tenter de s’éloigner tranquillement, le mâle protégeait sa famille et il attaqua brusquement. Le vieux Greene imita alors ses coéquipiers et se mit à courir, mais subitement il lâcha un cri de douleur en sentant son flanc droit se faire lacérer par l’immense patte de l’animal. Heureusement, il parvint à s’éloigner un peu plus…

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Si l’ours n’était pas bien vivant devant lui, il aurait cru à un gag. Et il priait intérieurement pour que ce soit une hallucination due à la fin et à la soif. Mais ça n’était pas possible. Clairement pas possible. Comment pouvaient-ils affronter deux ours gigantesques, bien déterminés à protéger leur petit ? Hésitant un instant, il se plaqua au sol, faisant le mort, alors que les autres attiraient malgré eux leur attention. Il faisait un bel oppossum. Mais il ne pouvait pas rester là. Regardant rapidement autour de lui, il se releva avec une rapidité et une agilité datant de ses entraînements d’escalade et qu’il croyait perdue, et partit en courant sans demander son reste. Il espérait aussi que les autres arriveraient à suivre, même s’il en avait vu certains propulsés en avant et qu’il s’inquiétait grandement. Il devait se faire violence pour ne pas jeter de regard en arrière, tel Orphée condamné pour avoir regardé Eurydice. Mais il courait, sans s’arrêter, essayant de réguler son souffle pour ne pas finir essoufflé et incapable d’avancer.

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Deux ours. Quelle probabilité avaient-ils de tomber sur deux ours adultes et un ourson avec eux ? Et pourquoi fallait-il que ça soit au moment où ils mourraient de soif, de faim et de fatigue ? Epuisée psychologiquement, Andrea n'avait qu'une envie, c'était retourner chez elle et pouvoir dormir une nuit complète et manger un vrai repas. Mais non, il fallait que des ours soient dans le coin pour empêcher cette réalité ! Refermant la course, la jeune femme s'assura de ne pas être de trop suivi. Mais Isaac et Tomas eurent quelques ennuis dans le lot. Isalin, elle, traçait si vite qu'il était difficile de la voir. Bientôt, il n'y aurait qu'un sillon de fumée dans son sillage...

Le cœur accroché à l'instant, elle talonna les autres au plus près pour que tous s'enfuient ensemble. Mais quand on avait des ours contre soi, finalement, plus rien n'avait véritablement d'importance... Alors, Andrea se pressa encore plus.

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