Keira pince ses lèvres, Anton n'a pas tort, elle ne prendra jamais le risque de tirer alors qu'il tient en joue Eli. La situation la dépasse complètement. Son petit-ami lui dit de partir. Elle secoue vivement la tête. Non, hors de question de le laisser entre les mains de ce barjot et de sa petite copine toute aussi timbrée que lui. « Eux ils te tueront pas... » murmure-t-elle, mais ceux qui ont posé la prime ? Est-ce qu'ils ne le feront pas ? Qu'a donc fait Eli pour que quelqu'un lui veuille du mal ? Ses doigts sont crispés autour de son arme et sa main tremble légèrement. Elle réfléchit mais elle a l'impression que quoiqu'elle fasse, la situation risque de déraper et pas dans le bon sens pour Eli et elle.

Son regard est focalisé sur Anton et elle ne voit pas Lexie disparaitre. La rafale de balles que tire en l'air le barbu lui donne envie de se recroqueviller sur elle-même mais elle tient bon. Ses yeux sont agrandis par l'horreur de la situation et elle ne sait plus vraiment que faire. Elle croise le regard d'Eli et finit par hocher la tête. Elle va partir mais elle ne sera pas loin. Keira ne le laissera pas aux mains de ces monstres. Elle s'apprête à faire demi-tour quand elle  perçoit du mouvement à côté d'elle. Quand elle se retourne, elle voit un couteau voler dans sa direction et qui, heureusement, loupe sa cible.

Dans un réflexe totalement stupide, elle lève son arme à feu vers la jeune femme et tire. La balle touche Lexie et Keira en profite pour se mettre à couvert derrière une cheminée. Elle s'accroupit derrière, son arme à feu contre elle. Si elle est à l'abri de Lexie, elle ne l'est pas d'Anton dont elle peut voir la silhouette un peu plus bas. Keira est coincée, elle ne peut pas risquer de descendre du toit sans se faire attraper par Lexie ou toucher par l'arme d'Anton. Et d'un autre côté, si Lexie bouge, Keira n'hésitera pas à tirer à nouveau.

Spoiler:

Le coup de feu surpris Anton, merde, Lexie… il espérait qu’elle n’avait rien de grave : « Ah putain. » Il serra sa prise sur Eli avant de lancer :
« Lexie, t’es priée de ne pas mourir, on a toujours pas planqué ensemble ! » Puis il reporta son attention sur Keira, il devait agir rapidement… il se creusa l’esprit quelques secondes avant de prendre la parole :

« Bon écoute Princesse. Je te propose un nouveau deal. » Il fallait sortir Lexie de là et espérer qu’elle ne soit pas trop blessée, Anton détestait quand d’autres payaient pour ses fautes. Alors il lança un nouvel ultimatum à la petite Keira, qui ne manquait pas trop de courage, il devait le reconnaitre :

« Tu descends bien gentiment et j’arrête de faire ça à ton copain. » Anton posa le bout de son canon, brûlant après la longue rafale qu’il venait de tirer, sur la peau d’Eli, à la base du coup. Roza ne lui en voudrait pas trop, après tout il avait résisté et Anton s’était montré très compréhensif avec sa victime, presque sympathique. Qu’il demande aux exilés, Anton s’était montré moins courtois en de nombreuses situations.

Eli s’agita sous la douleur, Anton était bien placé pour savoir que c’était douloureux et très désagréable. Il continua à tenir fermement le latino et poussa même le vice à lui murmurer à l’oreille : « Quoi t’aimes pas ça, bah c’est de ta faute Connard, fallait pas résister, on est tous responsable de ce qui nous arrive. » Puis il retira le canon avant de venir saisir la menotte et de finalement la passer à l’autre main de son otage, il s’agirait de ne pas qu’il se débatte pour la suite

« Allez, descend avant que je commence à lui caresser le point G avec la putain de lame de mon putain de couteau. J’en ai marre des gens qui résiste tout le temps, ça m’énerve et si tu m’énerve, ça va très mal se terminer. Lui je dois le rendre en bon état, mais toi non. Alors réfléchis bien ! » A force de crier comme un enragé, Anton allait certainement attirer les morts vivants. Mais tant pis, il bascula son fusil dans son dos et sorti son couteau pour commencer à en passer le fil sur la peau délicate du jeune homme. Elle aussi serait simple à percer.

Je sais que Keira a raison. On ignore tout du sort qui m'est réservé si je décide de les suivre, mais... En attendant, la menace qui pèse sur elle est immédiate. Moi, j'ai encore mes chances de m'en sortir seul. Elle, a encore les siennes de partir maintenant.

Soudain, la situation prend un nouveau tournant. Lexie est en haut. Un coup de feu. Je sens la peur me compresser soudainement le coeur. De là où je suis, je la vois encore. Elle n'a pas l'air blessée, alors c'est que c'est l'autre qui... merde... putain.

Et la prise de ce type ne se relâche jamais. Pire, elle se renforce quand il évoque une nouvelle menace. Je n'comprends pas tout de suite où il veut en venir.

Le métal brûlant qui se colle à ma peau semble me l'arracher ou me la faire frire - un peu des deux. Le bruit est faible mais me pénètre le crâne férocement en même temps que la douleur me crispe dans tous les sens. J'ai le réflexe de vouloir fuir la source de la douleur mais elle se plaque irrémédiablement sur ma gorge et m'arrache un gémissement souffreteux. La voix grave qui murmure à mon oreille rend le calvaire d'autant plus insupportable, et c'est un véritable soulagement lorsqu'il retire enfin le canon de son fusil.

Choqué, essoufflé, lancé par la douleur et toujours aussi confus, mon regard se paume dans le vide et je capte à peine qu'il finit de m'attacher les mains. Ca n'est que lorsqu'un réflexe de mouvement est contraint que je le réalise, ravivant l'angoisse.

J'comprends pas. J'ai rien fait pour mériter ça. Si ? Peut-être que... Non... j'sais pas. Mes idées sont embrouillées, de toutes façons, alors que je reprends tout juste ma respiration.

Il éloigne son fusil. Cool. Mais je sens le couteau filer sur ma peau, maintenant. Moins cool. Mon coeur accélère dans ma poitrine. Quoi qu'ils en disent, j'ai vraiment l'impression d'être sur le point de crever. Je relève les yeux vers Keira, incapable de masquer la panique qui m'habite. "Va-t-en...." que je ne trouve qu'à insister, suppliant.

La voix de Lexie résonne et Keira souffle, dépitée. Elle avait espéré la toucher juste assez pour la mettre KO mais visiblement, elle a loupé son coup. La balle n'a fait que l'érafler. La brunette secoue la tête en entendant ses paroles. Non, elle ne compte pas se rendre, pas tant qu'elle est armée et qu'elle a encore une infime chance de s'en sortir.

« Non... » souffle Keira en voyant Anton approcher le canon brûlant du cou d'Eli. Elle écarquille les yeux quand il le fait réellement. La brunette a envie de sortir de sa cachette et de lui hurler d'arrêter mais elle ne peut pas. Elle entend presque la peau du latino grésiller sous la chaleur de l'arme à feu. Elle se mord l'intérieur de la joue en laissant échapper un gémissement, elle a envie de crier, de lui dire qu'elle se rend, mais à la place, elle se recroqueville sur elle-même. C'est un cauchemar.

Keira hésite. De ce qu'elle comprend, ils ont effectivement ordre de ramener Eli vivant mais pas elle. Si la brune se rend, les deux brutes risquent de vouloir l'éliminer pour se débarrasser d'elle. La gymnaste risque bien de n'être qu'un fardeau pour eux et sera très certainement tuée. Ce sont des montres, ils semblent avides de sang. La brunette croise le regard de son petit-ami qui la supplie à nouveau de partir. Elle ferme les yeux et hoche la tête. Keira va partir mais elle va aller chercher de l'aide. Ils ne sont pas loin du No Man's Land, peut-être y trouvera-t-elle James ? Il lui a dit avoir monté une milice pour protéger les habitants de Seattle, c'est le moment où jamais de lui demander de l'aide.

Sa décision est prise mais alors qu'elle s'apprête à faire demi-tour, la voix de Lexie résonne dans son dos. Un désagréable frisson lui court le long de la colonne vertébrale. Mince. Keira ne l'a pas entendu venir celle-la. Elle se retourne doucement et croise son regard. Et si Lexie la tue dès qu'elle se rend ? Dans un réflexe complètement stupide, Keira tente de lui lancer son arme à la figure pour la déstabiliser et elle en profite pour essayer de s'échapper le plus vite possible. Malheureusement pour elle, les tuiles sont glissantes. Son pied dérape, sa cheville se tord et la brunette dégringole un mètre plus bas. Elle parvient à s'arrêter juste avant de basculer par dessus bord.

Elle laisse échapper un petit cri avant de se ressaisir. « Je me rends ! » hurle-t-elle. Keira lève les deux mains pour montrer qu'elle n'est pas armée. Son regard glisse vers Eli en contrebas. L'heure n'est plus à jouer aux héroines, elle a peur.

Spoiler:

« Enfin une putain de bonne décision. » Grogna Anton avec une voix mauvaise. Serrant encore une fois Eli contre une lui, il murmura au latino : « ça aurait été plus simple si tu t’étais laissé faire. Moins de cris, de larmes et de douleurs. » Mais c’était toujours la même histoire, les gens pensaient avoir une chance. Anton ne pouvait pas réellement leur en vouloir, mais il en avait envie, simplement pour passer l’excitation et la frustration de cette traque.

Puis il éleva la voix pour d’adresser à sa compagne du soir : « Lexie, tu me la menotte et on les emmène tous les deux voir Roza. » La jeune femme fit ce qu’elle avait à faire et quand elle arriva avec sa prisonnière, Anton ne manqua pas de mettre une claque à l’arrière de la tête de Keira : « Putain tu m’as bien fait galérer. » En d’autres circonstances, ça aurait presque pût être un compliment, mais là il énonçait juste un fait.

Lexie poussait Keira et Anton poussait Eli, les deux couples marchaient côtes à côtes, ce qui permettait de garder une certaine conversation : « Dès qu’ils sont largués, on file s’occuper de ta blessure okay ? » Il passa une main presque compatissante sur l’épaule de la jeune femme, lui adressa un regard entendu et très clair. Une fois libre, ils allaient passer un excellent moment en planque. D’ailleurs, sur le chemin, il ne pu se retenir de souffler avec un grand sourire pervers : « C’est le meilleur premier rendez-vous que j’ai eu depuis… la fois où j’ai rencontré une fille en percutant sa voiture pendant une course poursuite. » La prochaine fois, il l’emmènerait chasser ou quelque chose dans ce gout là, il était certain que ça pourrait lui plaire aussi.

Finalement, ils arrivèrent dans le hangar où Anton avait demandé à Roza de l’attendre, la russe était là avec son chien, fidèle à elle-même. Et Anton, lui aussi fidèle à lui-même, mis Eli à genoux en s’annonçant : « Roza, j’ai ton coli. Bon, j’ai aussi sa copine, au besoin je t’en débarrasse gratos. » Une balle dans la tête, rapide, sans douleur. Dommage pour la petite, elle est tout à fait mignonne, mais les affaires sont les affaires et puis, ça serait quand même plus prudent d’éviter d’avoir des ennuis avec elle à l’avenir.