La russe est trop occupée pour entendre l’arrivée des troupes dans l’entrepôt désaffecté. L’ambiance y est pesante, l’odeur du fer titille les narines et ces tympans sont en train de vriller avec tous les hurlements que lâche sa victime. Le pauvre imbécile, nouveau dans le secteur, a fait l’erreur de se prétendre être de New Eden dans l’unique but de s’attirer les faveurs des vagabonds du coin. Loupé, il a tout faux en tombant sur Roza qui a sauté sur l’occasion. Croiser un membre de ce groupe seul est une trop belle opportunité pour obtenir des informations. Flingue à l’arrière de son crâne, elle l’a amené dans cet entrepôt avant de l'assommer pour l’attacher comme il se doit à un pilier. Les bras du menteur sont dressés en l’air, ils entourent le poteau et ses mains sont retenues dans cette position à l’aide d’une paire de menottes. Elle passe ensuite à l'attaque et n'éprouve aucun remord à le torturer comme elle l'a elle-même été il a deux ans de ça.

L’homme a le torse écorché, de même que pour ses bras, le visage tuméfié et ensanglanté, ces hanches sont gonflées et toutes aussi marquées, il est facile de deviner que ces côtes - enfin ce qu’il en reste - ont subi plusieurs coups de poings consécutifs. Des vilains coups, un œil à la ceinture de la slave confirme la présence de deux grands couteaux dont le manche fait office de poings américain. Ils reposent sagement dans leur étui, ils ont mérité un peu de repos. La russe en est maintenant au canon de son 9mm qu’elle écrase contre le front de sa victime en proférant une ultime menace.  Son jean coupe baggy est tâché de sang, tâches moins visible sur le sweat noir qu’elle porte et qui cache l’ensemble de ses cicatrices subis chez les Remnants, au bon soin de Zack. Un réflexe qu’elle a toujours gardé, même auprès du petit groupe qu’elle vient de rejoindre, elle est toujours couverte pour cacher son tortueux passé. Camouflage qui devient peu à peu difficile à maintenir avec le soleil de plomb qui commence à s’installer sur Seattle. Dans deux semaines, elle n’aura plus le choix et devra très certainement se dévoiler pour supporter cette chaleur.

De dos à l’arrivée d’Anton et des autres, le canon de son arme se fait plus insistant contre la peau du menteur qui continue de clamer son innocence et sa non-appartenance au groupe, répétant avec panique qu’il a simplement menti dans le but d’être bien vu dans le secteur. Qu’importe les traitements qu’elle lui fait subir, le même discours se répète et elle commence enfin à le croire. Le mastodonte qu'est Vodka est calme et file comme une fusée pour accueillir son copain Anton, le bon soudain de l’animal sort enfin la tatouée de sa torpeur et elle se retrouve pour faire face à non pas deux personnes mais quatre dont un Eli a genoux, les mains attachés. La débandade... Ce n’était clairement pas comme ça elle imaginait leur retrouvaille et son sang ne fait qu’un tour. “Putain, Anton ! Tu es vrrrraiment qu’un putain de grrros bourrrin !!! Et c’est qui elle ?!” Dit elle en pointant Lexie du doigt d’un index accusateur. Sa victime en profite pour hurler et quémander de l’aide, prétextant que la balaffrée est folle et qu’on le libère de cet enfer Poutinien. La borgne soudainement agacée lève son canon vers lui, et l’achève sans la moindre hésitation d’une balle dans la tête. Elle n’avait pas le choix, si elle le relâchait et qu’il trouvait des membres de New Eden, il pourrait aisément la décrire et lui faire d’elle une cible par la même occasion.

Ses yeux vairons coulent ensuite vers Eli puis vers sa “copine”, elle s’attendait à voir Selene mais fait plutôt face à une toute nouvelle bouille. “Mais tu es OUF ou quoi ?! Nan, tu t’en débarrrrrasses pas, tu les détaches tout de suite !” Et elle se refait intérieurement leur dernier échange, celui où elle l’a informé pour la prime, elle avait bien dit vivant et non esquinté, ça, elle en est certaine, elle a cependant dû oublier de lui préciser qu’Eli n’était autre qu’un ami, un putain de bro même… Pour elle ça coulait de source, elle devait être là son erreur. Ne jamais discuter prime avec un coup dans le nez, ça vous fait zapper des choses.

“M’shit, sorrrry Bro !” Déclare-t-elle navrée en arrivant à hauteur de mexicain. C’est dingue, en deux ans et demi il n’a pas beaucoup changé, quoique, si quand même, elle ne retrouve pas la petite bouille de branleur qu’elle a quitté, là, il fait davantage “homme” maintenant. Pour la slave, il n’y a pas que son changement d'œil de visible, sa carrure à doublé de volume, elle pourrait prétendre à un concours de miss muscles et possiblement même le gagner haut la main. Son temps post-torture chez les Remnants a été formateur pour cela, la slave est devenue obsédée par le sport, bien décidée à faire de son corps une arme puissante.

Nous ramener à Roza… Ma Roza ? Non, sans doute pas. Car la russe n’aurait pas envoyé des mercenaires à mes trousses. N’est-ce pas ?

Keira est menottée à son tour, sous mon regard rongé par le douloureux sentiment d’impuissance. L’auraient-ils épargnée si je m’étais rendu tout de suite ? Je suppose qu’on ne le saura jamais.

***

L’atmosphère dans cet entrepôt est extrêmement pesante. Les cris suppliants qui résonnent entre les parois métalliques n’aident pas à rendre l’ambiance plus légère. Ils sont de plus en plus forts à mesure qu’on approche. Et quand les silhouettes se dessinent, qu’un chien vient sur nous, c’est la détonation d’une balle qui coupe net la voix de l’homme dont le corps s’écroule sans vie sur le sol.

Keira et moi sommes forcés de poser les genoux à terre, et l’angoisse grimpe encore un peu plus. C’est ça, le sort qui nous est réservé ? On va se faire interroger, torturer, tuer ?

La confusion me frappe quand apparaît face à nous… Roza. La tatouée est bien plus large d’épaules, la musculature décuplée, le regard… littéralement changé. C‘ est un œil de verre ?

Et le type propose de tuer Keira, et je ne comprends rien, me contente de protester en levant la voix, « Non ! » Roza fait de même, heureusement. C’est un véritable soulagement quand elle leur demande de nous relâcher, mais il ne suffit pas à lever le poids de tout ce qui vient d’arriver.

A peine les menottes rouvertes et le joug de l’homme levé, je me presse de rejoindre Keira et passe un bras autour d’elle, prêt à me mettre en travers de quoi qui y ait pu se glisser dans l’esprit malade de celle qui devrait pourtant être ma meilleure amie. « What the FUCK, Roza ?!! » Je ne me retiens pas de gueuler, choqué et malmené par tout ce qui se bouscule tout d’un coup dans mon crâne.

« C’est à toi qu’ils devaient me ramener ?! Tu déconnes ?! Tes deux putains d’abrutis de mercos nous ont agressé, merde ! Ca aurait pu tellement mal finir, c’est… » C’est du délire. Et… Ca l’est encore plus de la voir se tenir debout devant moi, avec un putain de chien, comme si de rien n’était. « J’ai cru qu’on allait crever, putain… » … ça n’est pas le cas, si ? C’est bien fini ? Keira est choquée, les deux connards ont entamé leur dérangeante parade nuptiale… Je me sens tellement petit là-dedans.

« Ils peuvent se barrer maintenant, non ? » dis-je avec autant de fermeté que possible, malgré le timbre légèrement tremblant de ma voix. Et je souffle, essaie de retrouver un semblant de calme.

Ces retrouvailles, je les ai longtemps fantasmées. Je la savais en vie, et j’étais persuadé que ce serait un moment heureux. Mais maintenant qu’elle se tient devant moi, le cadavre de sa dernière victime à quelques mètres de là… Je crains que comme les autres, elle ait radicalement vrillé.

Elle est loin, l’époque où on ratissait gaiement la ville à la recherche de Kaycee, où elle m’apprenait à pêcher dans la baraque de son pote, où on se tatouait des conneries, où on se connaissait par cœur. Le temps a fait son œuvre, et de la même manière qu’il a changé le regard de Selene en mon absence, il n’a pas épargné celui de Roza.

Keira se laisse sagement menotter par Lexie. Il n'est plus question de fuir ou de jouer les héroïnes, Anton pourrait la tuer ou tuer Eli d'un seul claquement de doigt. Toute riposte est vaine désormais. Elle adresse un regard empli de détresse à son petit-ami : que va-t-il leur arriver maintenant ? Elle retient un gémissement quand Anton lui donne une petite claque à l'arrière de la tête puis elle accorde à peine de l'attention à l'échange dégoutant entre leurs deux agresseurs. Eli et Keira marchent côte à côte, retenus par Lexie et Anton. Cette situation est un cauchemar. Son cœur bat à tout rompre dans sa poitrine.

Ils arrivent dans un grand entrepôt. Son regard scrute les environs, pas rassurée, elle est clairement paniquée et a l'impression d'être un agneau tombé aux mains des loups. Cette situation la dépasse complètement. Des hurlements retentissent et elle gigote, mal à l'aise, elle refuse de faire un pas de plus mais Lexie ne lui laisse pas le choix. Eli et elle finissent à genoux tandis qu'une femme arrive, très musclée, recouverte de tatouages et près d'elle, un homme semble prisonnier. Il est blessé et elle regarde ses blessures sanguinolentes en sentant un frisson lui courir dans le dos.

La nouvelle arrivante semble s'agacer contre Anton et le prisonnier en profite pour laisser exprimer sa peur, il leur demande de l'aide. La tatouée l'élimine d'une balle dans la tête et Keira laisse échapper un cri en écarquillant les yeux. Pour un peu, elle se serait faite pipi dessus. Elle se ratatine sur elle-même. Anton propose alors à Roza de se débarrasser d'elle. « Quoi ? Non ! » hurle-t-elle. Ses pupilles sont écarquillés par la peur, sa gorge est sèche et nouée. Heureusement, Roza et Eli s'y opposent eux aussi et la tatouée demande leur libération.

Son regard se pose sur le cadavre de l'homme devant eux. Elle a toujours du mal à comprendre ce qu'il se passe. Sont-ils libres ? Oui, elle a à peine le temps de souffler de soulagement, les menottes sautent et Eli se précipite vers elle. Keira passe une main autour de lui et le serre contre elle. « C'est TA Roza ? » murmure-t-elle. Bizarrement, elle ne s'attendait pas à voir une femme aussi musclée et aussi.. impressionnante.

« Quoi ? » lâche-t-elle en se tournant vers Lexie. « Vous êtes tarés tous les deux ! Vous êtes de gros sadiques ! Vous avez pris plaisir à nous faire peur et à nous pour chasser ! Vous êtes timbrés ! » La peur laisse petit à petit place à la colère. Son regard passe de Lexie à Anton, en passant par Roza et le cadavre par terre. Elle a envie de les frapper, même si face à la carrure d'Anton, elle risque surtout de se faire mal, elle.

La brune a envie de sortir d'ici, de fuir ce lugubre entrepôt. Pourquoi ne le fait-elle pas ? Parce que dehors, il y a Anton et Lexie et elle les craint autant qu'elle craint de rester ici. Elle fronce les sourcils en entendant la voix de Lexie qui s'éloigne. Keira se retourne vers la jeune femme, le regard noir. « Et elle, tu veux pas l'éliminer ? » souffle-t-elle, mauvaise, à Roza. Elle est toujours aussi choquée par la situation et ne réalise pas encore pleinement ce qu'il se passe.

« Oh, la prochaine fois que tu veux que je te ramène un mec, précise pour commencer que c’est ton pote et peut-être que je m’y prendrais autrement. » Bougonna Anton comme si on venait de le prendre la main dans un sac de cookies. Non mais, sérieux, comment il pouvait bosser correctement s’il n’avait pas toutes les informations. Il prévint d’ailleurs le couple de grosses victimes qu’il avait en face de lui : « Du coup, j’vais pas m’excuser hein, j’ai fait taf comme je devais le faire. » Ouais, il leur avait laissé une chance de venir avec lui et il n’avait utilisé la violence qu’avec une parcimonie prudente.

Keira lui reprocha, leur reprocha d’être une bande de cinglé, ce à quoi Anton répondit d’un très cynique et amusé : « Et pour te répondre, ouais je me suis fait kiffé, mais on va pas se mentir, si t’es un chasseur de primes, c’est pas pour la récompense, c’est pour le plaisir de la chasse. » Il adorait la chasse, même s’il s’était pas mal plaint de les voir résisté, il aurait été déçu du cas contraire. Une proie qui ne résiste pas, c’est d’un ennuis…

« D’ailleurs, tu t’es bien défendue… C’était cool, j’devrais presque te remercié. » fit-il avec un sourire digne d’un tueur en série, s’approchant ce qu’il fallait de Keira pour continuer à la faire un peu flippé, c’est bien, la peur c’était un sentiment qui lui plaisait, il aimait faire peur aux gens. Mais quand ce fut fini, il revint vers Lexie, qui se comportait d’une façon tout à fait charmante. Une super partenaire pour ce soir et il eut même un rire aux propos qu’elle tint :

« Allez vient Lexie, allons voir cette blessure et puis après on tâchera de te donner ce qu’il faut d’endorphine. » Il saisit la jeune femme à la taille pour l’entrainer à sa suite, après l’effort, le réconfort. Il se retourna pour lancer un peu au loin vers la russe : « A toute Roza et, au fait, super ton numéro de psychopathe ! J’adore ! » C’était plutôt une bonne soirée finalement, et elle allait très bien continuer.

La slave n’est pas vraiment enchantée de la situation, au même titre que les deux victimes par ailleurs. Quand la première inconnue se penche pour capter son attention et vient toute sourire lui faire un signe de la main comme s'il s’agissait d’un concours de beauté, la russe en reste sans voix, la bouche à demi-ouverte, what the fuck ? Forcée de passer à autre chose, elle baisse son regard vers Eli qui fonce vers son +1 pour la prendre de son bras, ah, super, bonjour l’ambiance… Si elle avait longtemps rêvé de leur rencontre, elle ne s’attendait vraiment pas à une catastrophe pareille. “Y a pas de “fuck” qui tienne Brrro, c’est juste un petit quiprrroquo… Tu es pas facile à trouver tu sais !” Et elle venait déjà de dire qu’elle était désolée, elle allait éviter de se répéter, surtout que le voir se jeter dans les bras d’une autre, ça ne l’enchante qu’à moitié, ça lui met même une bonne claque. Bon, à qui la faute aussi ? À elle, c’est le prix à payer pour avoir fait ça comme de la merde… “Et arrête ton charr là, t’es pas morrrt à c’que j’sache ? Tout est bien qui finit bien.” Faut bien voir le bon côté des choses. Elle comprend néanmoins sa hargne et n’insiste pas plus que cela, y a juste une sacrée grimace de gêne qui vient déformer ses traits. Ce qui est fait est fait maintenant.

Puis il y a la première intervention du fameux +1 là, la deuxième inconnue de l’équation et dont la première réflexion lui fait froncer les sourcils. Elle n’a pas sûre d’avoir bien entendu, la jeune femme à murmuré mais il lui semble bien avoir entendu son prénom. Elle n’a pas l’occasion de lui demander de prendre ses ovaires en mains et de répéter à autre voix, il y a Anton qui beugle des conneries tout en quittant les yeux. “Hey ! C’était pas un numérrro ! J’bosse là !” Oui, elle bosse là ! Elle a travaillé dur pour le faire parler ! Enfin, de toute façon le brun et sa copine file déjà vers la sortie, ils sont déjà passé à autre chose. L’intervention de Keira lui arrache néanmoins un petit sourire en coin. “Elle ? Ah ah, j’vais éviter, je me concentrrre surrrtout surr les New Eden moi.” Elle plante déjà la petite graine sur mon nouveau délire de vie, histoire de.

Glissant son regard sur le mort derrière elle, elle grimace et reporte alors son attention sur le couple, elle renifle un coup et désigne le mort derrière elle. “Hum… lui… c’était un méchant.” Bah quoi ? Oui certes c’était juste un con plutôt mais c’est une explication comme une autre et ils devront s’en contenter pour le moment. D’ailleurs, Vodka vient les aider à la tâche pour venir renifler leurs chaussures et mollets. “Et elle, c’est Vodka. Elle est super, elle sait arracher des couilles sur demande.” C’est vrai, elle peut le faire et c’est aussi une pointe d’humour à la Roza mais c’est pas sûr que ça passe, du coup, elle change bien vite le sujet :“Bref... et toi… tu es … ?” L’inconnue en est toujours une pour le moment et ça, ça la gêne un peu, elle n’est pas bien prête à se livrer au bro avec cette étrangère sous son piff.  

Est-ce que c’est ma Roza ? Là est toute la question. Car il s’agit bien de la même enveloppe, du même visage ; transformés par les années, certes, mais reconnaissables… Le temps peut faire des ravages sur ces forces invisibles qui nous lient, j’en ai déjà fait la triste expérience.

Le type aux airs moqueurs s’approche à nouveau de Keira, me fait avancer dans le même temps pour m’opposer à lui. Bien sûr qu’il me casserait la gueule en deux secondes, mais qu’il ne s’attende pas à ce qu’on se soumette ses intimidations. Qu’il ne s’attende pas à ce que je lui laisse le champ libre pour malmener une fille qui lui arrive à peine aux épaules. Là, tout de suite, j’ai envie de le tuer, et mes mâchoires se serrent de frustration car je ne suis pas doté de cette putain de folie qui les fait arracher des vies à tour de bras..

Nos deux ravisseurs décampent enfin, nous rendent un peu d’air et s’en vont continuer leur étrange parade nuptiale là où on ne saurait les voir.

Je reviens vers la russe et la fixe d’un air désemparé. Si la colère fulgurante baisse doucement, c’est pour laisser place à tout un florilège d’autres émotions contradictoires. Le bonheur de la revoir en vie bien sûr, toutes les questions qui s’amassent, mais… elle fait flipper, bordel.

Je pose la main sur le haut du dos de Keira comme une tentative ridicule de la rassurer. Il n’y a plus de danger immédiat. Je crois. Roza évoque alors les New Eden, ce qui soulève instantanément mes épaules d’un lourd soupir.

“Un méchant ?” Je me mords l’intérieur de la joue, contenant difficilement un ton que son clébard pourrait interpréter comme une menace à castrer - sans façons. “Il n’avait pas l’air franchement menaçant quand il criait pour que tu l’épargnes.” Je penche légèrement la tête, la voix chargée de reproches. Merde, elle me connait encore un peu, non ? Elle sait ce que je pense de ceux qui s’octroient le droit de vie ou de mort au moindre prétexte.

Le museau du chien passe sur mes chevilles, m’arrache un sale frisson d’angoisse. Oh, j’imagine très bien qu’il y a assez de force dans cette gueule pour m’arracher les couilles et même le bassin avec. J’espère qu’elle comptait pas nous rassurer avec ça...

“C’est Keira, ma… copine.” En voilà un moment bizarre pour mettre officiellement le mot sur cette relation, mais bon, si on doit crever bouffés par un chien, au moins on partira l’coeur plus léger… On échange un regard, le mien est profondément désolé du calvaire dans lequel je la fais plonger avec moi, sans le vouloir. “J’ai confiance en elle.” dis-je en récupérant les yeux vairons de la russe. C’est c’qui l’inquiète, pas vrai ? “T’as pas à t’soucier de ce que tu peux dire devant elle.” que j’ajoute en soufflant.

“Roza…” Son nom se glisse dans un soupir. Au delà de tout ce qui est malsain dans cet entrepôt, en particulier le cadavre à quelques mètres de là… Merde, ce s’rait con de passer complètement à côté du moment, non ? Je relâche doucement Keira pour m’adresser directement à ma bro, “Tout ça est complètement fucked up, putain, mais est-ce que j’peux au moins t’prendre dans mes bras sans que ton chien me rende définitivement stérile..?”