Keira esquisse une petite grimace quand elle manque de se faire tomber le piège à ours sur les pieds. « Je vais devoir tenir ça sur mes genoux pendant tout le trajet du retour.. » La brunette laisse échapper un petit soupir. Elle regette d'avoir choisi un truc aussi encombrant et lourd, peut être que plusieurs petits pièges à loup auraient suffit. Tant pis, c'est trop tard pour regretter. Ils continuent leur chemin quand soudain, une voix se fait entendre non loin d'eux. « Lexie... » répète Keira, surprise elle aussi. Comparée à Eli, elle n'est pas particulièrement ravie de revoir la jeune femme. Elle ne garde pas un très bon souvenir de leur première rencontre. La brunette se souvient parfaitement de son postérieur dans le foin et du t-shirt d'Eli que Lexie avait sur elle. Elle n'a pas le temps de pousser plus loin sa réflexion, les traces sur le visage de la jeune femme l'intriguent et elle se rapproche.

Visiblement, il y a un soucis. La barmaid a besoin d'aide. Eli souffle qu'ils devraient venir à son secours. Keira hoche la tête. « Oui bien sûre ! » Elle lui donne le piège à ours et se lance à la poursuite de Lexie. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » crie-t-elle. Est-ce que quelqu'un est blessé ? Une amie est coincée, mais où ? Est-ce qu'elles se sont faites agresser ? Une multitude de scénarios virevoltent dans son esprit. Ils la suivent sur quelques mètres. L'adrénaline est montée en flèche dans le corps de la brunette, son cœur bat à toute allure, elle appréhende un peu ce qu'ils vont découvrir. Tout en courant, son regard se pose tout autour d'elle mais Keira ne voit personne.

Rapidement, ils se retrouvent dans une ruelle, une impasse. Keira ne comprend pas. Elle se tourne vers Lexie. « Où est ton amie ? » La brunette ne sent pas le piège venir. Après tout, la barmaid semblait être une amie d'Eli quand elles se sont croisées la dernière fois. Et puis les traces de coup et le sang sur le visage de la jeune femme, Keira n'a aucune raison de ne pas y croire. Elle la scrute avec un regard interrogateur avant de se tourner vers Eli.

Anton regarda partir Lexie avec une petite pointe au cœur, non pas que la gifle le dérangeait, ni même qu’il était triste de la voir dans cet état. Non, loin s’en faut, en fait, cette pointe au cœur venait du fait qu’il adorait l’implication de Lexie dans cette chasse, ce qu’elle était prête à faire spontanément. L’espace d’une seconde il superposa l’image de Symea sur celle de la jeune femme avant de chasser cette pensée de sa tête. Lexie n’avait rien à voir avec son ex-femme, les deux ne pouvaient pas se comparer.

Il la laissa donc partir en avant, écoutant attentivement ce qu’elle disait. Parfait, très imaginative, Anton ne regrettait pas de l’avoir prise avec lui. Il se fondit dans l’obscurité naissante, essayant de rester hors de vue pendant quelques secondes avant de finalement se mettre à courir vers le trio de tête : « ELLE EST OU CETTE SALOPE ? » Pas besoin de simuler la colère quand on hurle et qu’on fonce fusil au poing. Il devait facilement passer pour l’homme qui venait de l’agresser.

Anton se rua vers eux sans chercher à s’arrêter et percuta Eli de toutes ses forces. Le latino bascula à la renverse. En même temps, il venait de se prendre cent kilos de Donovan dans la tronche, mais l’ancien flic fut surpris de la facilité avec laquelle il avait mis son adversaire à terre : « Mec, t’es sérieux ? Je t’ai à p… ARG. » Le piège à loup lui tomba directement sur le pied, Anton faillit perdre sa dignité et son sang-froid. Mais il resta professionnel : « Toi tu viens avec moi et tu résistes pas sinon je t’enfonce un putain de rosier dans le cul, si profond que tu pourras offrir des fleurs à ta meuf en ouvrant la bouche. » Toujours dans la finesse. Il se pencha en avant pour saisir le bras d’Eli et il réussit à lui passer une menotte avant d’être bousculé par un poids.

Lexie, Keira avait réussi à se défendre et à la repousser, la distraction fut breve, mais assez pour qu’Eli puisse se relever, prendre la poudre d’escampette et sa copine sous le bras : « Putain ! Reviens ici salopard ! Lexie, amène toi, ça fait que commencer ! Il semblait sec, mais en vrai, ça l’amusait. Eli venait de partir à l’opposé du NML, un couple pour en traquer un autre. En fait, non, ça ne l’amusait pas, ça l’excitait. Anton était très excité à l’idée de faire le chasseur dans ce petit jeu.

Tout part en couilles beaucoup trop vite pour laisser le temps à mes neurones de faire les connexions. Le cri terrifiant de l'homme qui se jette sur nous, l'impact violent de son épaule sur mon buste qui me projette à terre et ravive subitement la douleur dans mon bras maladroitement sollicité, Lexie qui se jette sur Keira, le piège qui écrase le pied de mon agresseur...

"Quoi ?!" Il me faut quelques secondes pour me redresser, c'est assez pour l'homme pour me menacer de me violer avec un rosier et de m'attacher le poignet valide dans la première moitié d'une menotte.

J'suis encore à moitié assommé et j'comprends rien. C'est Lexie qui se fait projeter sur celui qui semble être son allié plutôt que son agresseur. Keira qui s'en est sortie bien mieux que moi m'aide à me mettre à courir avec elle. Bien sûr chaque impact du talon sur le sol fait remonter une vibration qui m'électrise le bras pris dans le plâtre. Mais l'adrénaline prend le dessus.

Keira peut continuer sa route quand la mienne est barrée par le lancer d'un couteau qui ne passe pas loin de mon visage. Un instant où je freine, qui suffit à Lexie de me rattraper alors qu'Anton essaie de choper ma petite-amie ? Je crois. J'voudrais pas trop m'avancer. C'est pas encore défini. Hors de question qu'elle se fasse choper de toutes façons, quoi qu'ils me veuillent. Malgré le canon pointé sur moi, je n'hésite pas à choper le couteau planté dans le mur. Et je m'apprête à le lancer sauf que... Ce putain de truc veut pas.. venir là !! Je tire mais la lame reste coincée. Tant pis, pas le temps de m'y acharner, je gueule sur le mec avec tout ce que ma voix peut donner, "LAISSEZ LA, J'ME RENDS !!" Car c'est moi qu'ils veulent non ? D'après ce qu'ils ont dit, du moins. Constatant que Keira parvient à distancer son poursuivant, je recule un peu pour m'adosser au mur, dépité. Putain. De. Merde...

Je ne cherche plus à fuir. J'sais même pas ce qu'on me reproche. Ou qui peut me chercher. Car c'est bien une prime, non ? "Puta madre." que je crache en reprenant mon souffle. Je retourne alors un regard furieux vers Lexie et me redresse à nouveau vers elle, "J't'emmerde Lexie, tu crois que ça va en rester là ? Tu veux qu'nos factions s'foutent sur la gueule pour un putain de contrat ? J'vois même pas qui peut m'en vouloir, putain !!" Je n'contrôle pas le volume, tant pis si ça attire des rôdeurs. Et quant à la paire de menottes qui me pendouille au bout du bras... Je recule légèrement, d'appréhension. Bien sûr je n'ai pas envie de me prendre une balle dans la jambe, et je ne doute pas qu'elle soit capable de tirer. Mais... merde... j'vais quand même pas me laisser faire.

Spoiler:

En un quart de seconde tout bascule et l'incompréhension laisse place à la peur. Keira se retourne en entendant un grand cri. Un homme surgit. La brunette ne l'a jamais vu par le passé. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Visiblement c'est l'agresseur de Lexie mais au lieu de se précipiter vers elle comme la brunette le pensait, l'inconnu s'en prend à Eli. La surprise peut se lire sur les traits de son visage. Keira évite de justesse un coup de Lexie, elle a le réflexe de la gifler puis de la repousser contre l'homme. C'est même bizarrement assez facile. « Eli ! » s'écrie-t-elle en le tirant pour qu'ils s'enfuient. Il semble blessé. Rapidement, elle est obligée de lâcher sa main pour qu'ils courent plus vite.

Ils s'élancent tous les deux dans les rues. Keira parvient à s'échapper mais pas Eli. Quand elle se retourne, elle constate avec effroi qu'elle est seule dans la rue mais quelqu'un coure dans sa direction. Le cœur battant, la brunette regarde autour d'elle avant de voir une poubelle le long du mur. Elle se précipite, se hisse dessus et parvient à grimper en haut du toit. Là, elle se recroqueville sur elle-même et attend. Rapidement, elle voit l'homme inconnu venir dans sa direction. Son regard fouille la rue mais aucune trace de son petit-ami. Son cœur se serre à l'idée que quelque chose lui soit arrivé. Keira a peur. L'homme ne paraît pas vraiment sympathique, il doit faire le double de son poids et trois ou quatre têtes de plus qu'elle... Elle tente de se faire toute petite mais elle ne peut pas rester sans agir, pas quand Eli doit être entre leurs mains.

La brunette sort son arme à feu. Elle n'aime pas s'en servir et la détonation risque d'attirer tous les rôdeurs du coin, mais a-t-elle d'autres choix ? Dans l'immédiat, elle ne voit rien d'autre. Keira attend le bon moment et quand il est juste en dessous d'elle, la jeune femme se relève et le tient en joue avec son arme. « Ne bouge plus ! » crie-t-elle à l'homme en contrebas. Keira n'hésitera pas à tirer.

Spoiler:

Anton grogna de frustration en ne parvenant pas à rattraper la petite, mais heureusement que Lexie était quand même plus débrouillarde que lui. Qu’elle avait réussit à mettre la main sur le petit latino. Le flic revint vers eux en pestant : « Putain d’emmerdeuse. » Il assista à la scène entre Lexie et Eli, à leur dispute, il ne semblait pas très enclin à se montrer coopératif. C’était assez plaisant, il ne fallait pas se mentir, il sourit en s’approchant, glissant une main le long du dos de la jeune femme : « Bien joué Lexie, tu auras une sacrée récompense… plus tard. » Puis il prit la parole pour faire taire Eli :

« Oh mais tu vas en rester là, crois-moi. Mon client a demandé à ce que tu sois entier et sans trop de marques alors laisse toi faire et ferme bien ta gueule sinon je retrouve ta copine et je l’égorge avant de l’écorcher et de la dépecer et de la vendre au kilo sous le nom « viande d’écureuil. » T’as pas envie qu’il lui arrive du mal hein ? » La peau de la petite blonde semblait si délicate, ça serait facile de la retirer avec un bon couteau, Anton avait déjà fait ça pour infiltrer un gang, c’est salissant mais très efficace pour faire souffrir quelqu’un.

Il allait continuer quand une voix s’éleva au dessus d’eux, Keira semblait avoir fait le tour, peu résolue à abandonner son petit copain aux mains compétentes et délicates d’Anton. Grand bien lui fasse, mais quand aux menaces et à l’arme qu’il y avait pointé vers lui, le policier réagit de la meilleure façon possible : « Ah ? » Anton saisit Eli sans ménagement, mais sans non plus le brutaliser plus que de raison. Il enroula son bras gauche autour de la gorge du Latino et du bras droit, il brandit son fusil vers le ciel et tira une très longue rafale juste à côté de l’oreille du latino, puis il déposa le bout du canon, certainement très chaud tout prêt de la gorge de son otage et il s’adressa à Keira : « Okay, question meuf, tu penses vraiment être assez bonne tireuse pour toucher une cible distante de quinze mètre ? Alors que la dite cible tien ton copain en otage ? » La réponse est : même lui il hésiterait à faire un tir comme celui-là. Il regarda brièvement Lexie et il ajouta avec un sourire malsain : « Question 2, c’est quoi le plus important pour toi ? Me tuer ou le garder en vie ? Car si tu me tue, Lexie liquide ton beau latino. A toi de voir. »

Bon, il espérait ne pas en arriver là, il aimait la vie et il voulait explorer un peu Lexie avant de mourir. Mais ça, Keira ne le savait pas.

Une sacrée récompense ? Je regarde d'un air profondément dégoûté le type qui glisse une main sur le dos de Lexie. Ce couple me donne la gerbe et la suite de ses paroles confirme quel immonde connard il est. Qu'on puisse seulement imaginer des trucs pareils, ça me fout un frisson d'horreur dans la nuque. Le pire, c'est que ses menaces sont crédibles. Et donc, efficaces pour me refroidir.

Mais j'apprends qu'ils veulent m'emmener intact - ou à peu près. C'est incompréhensible, mais utile à savoir. Je peux me permettre de prendre des risques, alors. Je le fusille du regard en réfléchissant à une porte de sortie, acculé par les deux fous furieux, le mur en béton dans mon dos. Mon attention est vite détournée vers la voix de Keira qui nous surplombe depuis le toit du bâtiment.

Mais merde... elle est revenue alors qu'elle avait réussi à s'enfuir ? Bien sûr ça me touche, en plein coeur, mais... l'angoisse qui lui arrive quelque chose remonte en flèche.

Le type me chope alors que j'ai le nez levé, et si je m'apprête à lui mettre un coup pour me dégager, mon élan est vite coupé par la rafale qui détone trop près de ma tête. Un assourdissement brusque et douloureux qui se mue en acouphène strident lorsque les tirs s'arrêtent. Je grimace et me tortille en le sentant approcher le canon brûlant de mon cou.

Quelques jurons à moitié étouffée - j'entends à peine ce que raconte celui qui me tient. La tentation de choper mon couteau pour le planter dans la jambe est forte, mais Keira est beaucoup trop exposée à leurs tirs. "Casse toi, Keira, s'il te plaît !" aucun idée du volume que j'emploie, mais l'intention est ferme, presque suppliante. "S'ils veulent être payés, ils peuvent pas m'tuer !" Mais elle n'aura probablement pas droit à ce traitement de faveur. Alors je me débrouillerai mieux seul, sans la menace de les voir s'en prendre à elle. Et puis, elle pourra aller prévenir les autres ou... nous suivre, peut-être. J'en sais rien, mais qu'elle s'éclipse.