Hmm ? Son nez se relève vers Yuan donc, et elle esquisse un sourire amusé : Je suis née à Detroit, j'ai beaucoup vadrouillé avant de venir ici, autant le dire comme ça, effectivement. Ne pas parler du pourquoi elle a quitté la maison a ses seize ans, et la déception que ça a été pour tout le monde, elle en particulier. Au moins n'est-elle pas à la rue. Au moins sait-elle se débrouiller correctement. Elle pince les lèvres : Vous pouvez toujours mais je suis intraitable en affaire, vous n'avez littéralement aucune chance de faire changer les évidences, mieux vaut choisir son combat, non ?

Et c'est d'une oeillade provoquante qu'elle poursuit d'ailleurs : La première est My brain is hanging upside down des Ramones, pour informations, elle dit ça avec détachement, comme si à nouveau, ça n'était pas sujet à négociation. Elle esquisse un sourire simplement et ils parviennent quasiment au karting : On peut évidemment parler du classement pour toutes les musiques des Red Hot Chili Peppers, qui est le meilleur groupe du monde, là encore, elle ne lui demande pas son avis. Tao, lui, semble curieux de savoir qui ils sont.

La proposition du reste tombe très vite : Si je gagne, je conduis au retour, propose-t-elle alors avant de sourire de plus belle : Si tu gagnes... Tu conduis au retour ! Oui, il ne gagne rien du tout ! Mais ça n'est pas elle qui a proposé l'enjeu d'un pari. Et elle n'allait certainement pas suggérer quelque chose qui la désavantagerait ! Je trouve ça fairplay ! Allez, vendu ! Elle n'intervient pas sur la suite, ils se retrouvent rapidement pour pouvoir prendre de quoi faire ce karting, et elle laisse la curiosité de côté sur ce qu'il y a dans ce coffre. Au pire s'il a froid, je lui laisserais ma veste, celle avec le blason des Derby Girls, d'ailleurs.

Il lui lance un regard curieux, laissant filer quelques secondes. « Ce n’est pas la porte à côté. Une raison particulière pour vous être retrouvée ici ? » Si la question est trop personnelle, il ne doute pas qu’elle saura l’esquiver. « J’ai vécu une grande partie de ma vie sur la côte est. J’étais à New-York jusqu’en 2013. » Parfois, il a envie d’y retourner. Pour changer d’air. Repartir à zéro. Ca ne leur ferait peut-être pas de mal. Mais Tao a sa vie ici, Zi fait brillamment carrière. Et lui-même a ses habitudes. Mais briser tout ça ne serait pas forcément une mauvaise chose. Et il se fend d’un rire au reste. « Il parait que je ne me débrouille pas trop mal non plus vous savez. Et j’adore les défis. » Ce qu’elle semble être, assurément.

« Les Ramones ? C’est un bon choix, je peux vous l’accorder. » Soufflé avec un sourire amusé, alors que c’est bien la première fois depuis… longtemps, qu’il parle de musique comme ça. Surtout qu’elle a un avis bien arrêté et, forcément, c’est amusant de l’écouter. « Je vois. J’imagine que là encore, ce n’est pas sujet à débat ? » Il se demande si, sans les circuits automobiles, il aurait même une vague idée des groupes dont elle parle. « Et sur quel critère vous avez décidé que ce serait le meilleur groupe du monde ? » Tao continue d’écouter, les yeux ronds, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent hors de la voiture.

Et s’il se renfrogne un peu, ça ne dure pas. Yuan essaie de continuer de faire comme si rien était. Il est devenu doué à ce jeu-là, surtout ces derniers mois. « Mmmmh… va pour la conduite si vous gagnez. Si c’est moi… je veux un supplément chantilly sur mon prochain brownie. » Il était à rien de lui proposer un café, mais quelque chose le freine un peu, sans qu’il n’arrive à saisir complètement quoi. « Elle est trop cool ta veste ! C’est quoi dessus ? » Forcément, elle a de nouveau attisé la curiosité de Tao qui lui tourne autour pour voir de quoi il en retourne. « Et si moi je gagne ! Vous faites quoi ? » Il tapote du pied, attendant leur réaction à tous les deux, presque vexé qu’ils ne l’aient pas inclus d’office dans le pari. « Si tu gagnes, je te laisse conduire la voiture sur le parking. » Il écarquille les yeux, la mine ravie. « Si je gagne, je ne veux pas t’entendre râler sur tes devoirs pendant toute une semaine. » Visiblement, l’enjeu est de taille, mais il finit par lui taper dans la main avant de se tourner vers la rousse. « Et toi alors ? » Et, pendant qu’il est occupé à régler la taille du casque de Tao, Yuan se rend compte qu’il regarde Max un peu trop souvent. Et trop longtemps. Hum.

Ce n'est pas la porte à côté, une raison pour te retrouver ici ? Rétorque-t-elle après avoir laissé planer un silence. Pour sa part, sa réponse s'est comprise dans un haussement d'épaules. Elle est où elle veut bien être actuellement, ce qui l'a amené à Seattle ne concerne qu'elle. Max préfère s'attarder sur le reste de la discussion : Tu poses vraiment la question ? Quels critères ? C'est bien la remarque d'une personne qui n'y connait rien-du-tout, fait-elle avec un ton défiant et un brin moqueur. Et c'est un rire qui secoue ses épaules : On ne se refuse décidément rien du tout, cela dit, elle accepte.

Notamment parce qu'elle y gagne bien plus que lui actuellement. Conduire sa voiture ? Quel plaisir ! Elle a de la chance. Un sourire perce sur ses lèvres alors qu'elle étend son blouson sous le nez de Tao : Un des modèles brodés de mon club de Derby ! Le modèle est mignon, elle l'adore. Et ça se voit, puisque les manches sont usées, comme le cuir en lui-même. C'est un club de rollers alors ? Tu en fais en dehors du travail ? Elle hoche la tête avec fierté : Exactement !

Mais l'étonnement la saisit soudainement quand Tao exige un enjeu pour les paris : Comment ça moi ? Elle fronce les sourcils et scrute son père avant de revenir au garçon, qui attend de pied ferme : Si je gagne, tu devras m'amener au karaoke ! Exige-t-elle alors. Et si tu gagnes... Je rentre dans ton club ! Un rire échappe à Maxine sur le coup : Oh wow, ça c'est de la décision forte, mais ok, on a un deal ! Fait-elle en serrant la main de Tao fermement.

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J'ai gagné ! S'exclame-t-il en sortant de la voiture de karting avec enthousiasme, attendant que son père, ou elle, viennent l'aider avec son casque. C'est elle, de toute façon, qui vient à son secours : Vraiment trop fort, assure-t-elle en levant un regard vers l'homme avec elle et en lui offrant un sourire. Il se charge de ramener les protections quand Tao lui fait signe de l'écouter : Je sais que vous avez fait exprès de perdre, mais c'est pas grave ! Bon, ils n'ont pas été très discrets. Je plaide coupable, assure-t-elle. J'aurais écrasé ton père sans aucune vergogne mais j'avais très envie que tu intègres mon équipe, fait-elle en haussant les épaules, quand Tao esquisse une grimace : Il est derrière et a tout entendu ? Oui !

Il a un bref froncement de sourcils, alors qu’il essaie de se rappeler pourquoi venir ici leur a semblé la meilleure chose à faire. Et franchement, il a un blanc. « Mmmh… c’était une décision de mon père avant qu’il ne prenne sa retraite. Avoir une succursale ici, plus proche du continent asiatique, il semblait plus pertinent. Il n’avait pas tort. » Comme sur beaucoup d’autres points. « Et nous avions envie de nouveauté à cette époque. » Repartir de zéro avec Zi, essayer de se construire un vrai mariage. Et ils y avaient cru tous les deux. Les premiers temps en tout cas.

Il se fend d’un rire au reste. « Ca, c’est uniquement parce que vous n’avez aucun critère pour me faire ce genre de réponse. Et ne vous en déplaise, je m’y connais quand même un minimum. » Autant dire qu’il apprécie la défiance qui émane de la rousse. C’est quelque chose qu’il ne rencontre que peu souvent et qui a tendance à le titiller plus qu’il ne le pensait. Le deal est passé, alors que Tao de son côté, montre déjà des talents de négociateurs. Forcément, ça arrache un sourire attendri à son père qui le suit des yeux alors que le jeune garçon choisit son kart avec le plus grand sérieux.

Et autant dire ce qui est. Il s’amuse. Vraiment. Il arrive à ne plus penser à rien alors que les tours de piste s’enchainent, qu’il ralentit volontairement pour laisser son fils prendre la tête et qu’il le voit manier le volant avec une fierté qu’il n’essaie même pas de cacher quand ils se retrouvent tous les trois à la fin de la course. « Tu as été impressionnant Tao. » Le petit essaie de ne pas trop se rengorger au compliment de son père qui s’éloigne pour ramener les protections.

Pour autant, il a un sourire amusé aux propos de la rousse, avant de lui tendre un casque. « Je crois que nous allons devoir faire un dernier tour pour savoir qui est sur la deuxième marche du podium. » Tao frappe dans ses mains, non sans laisser filer un rire. « Ca va être trop cool ! Mais je dois encourager Max, je fais partie de son équipe maintenant bàba, tu comprends ?! » Et Yuan se fend d’un rire à son tour. « J’essaierais de me remettre de cette trahison. Alors… prête pour une dernière manche ? » Un sourire charmeur à l’attention de la rousse, alors que son regard accroche le sien. Définitivement, elle a des yeux magnifiques.

Elle récupère le casque et affiche un regard perçant dans sa direction. Très bien, puisqu'il faut encore les départager. Néanmoins, ils réussissent tous les deux la performance de passer cette fichue ligne d'arrivée de concert : On a fait exactement le même temps ? Fait-elle, dépitée, en sortant du kart, pendant que Tao rit de plus belle de la situation. Impensable. A croire qu'ils l'ont fait exprès. Vous avez tous les deux gagnés alors ? Suggère le garçon : Ca veut dire que tu conduis au retour et que toi, tu auras encore plus de chantilly !

Elle hausse les épaules, un peu insatisfaite du résultat. Le garçon s'esquive pour aller aux toilettes quand elle se tourne vers son paternel. Je n'aime pas rester sur un non-lieu ! S'exclame-t-elle en posant son poing sur sa main : On règle ça au shifumi ! Décrète-t-elle. C'est le plus simple, sinon ils peuvent encore conduire mais Max serait du genre à prendre des risques inutiles. Alors, le premier tour, ils font le même signe : Tu le fais exprès ? Le second ? Lui change et... Gagne : Quoi ?!

Un grognement lui échappe, furieuse, elle se détourne et contient toutes les remarques de mauvaise perdante qu'elle pourrait avoir en stock rien qu'à cette idée. Une frustration sans nom la saisit. Hm... Ne rien en montrer. Je vais chercher à boire, assume-t-elle en enfonçant la tête dans les épaules, raide comme un i jusqu'au bar du karting. Deux bières et un coca, c'est le prix amer de la défaite.

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Il disait qu'il n'était pas épuisé tant qu'on était à l'intérieur, souffle-t-elle. Pourtant, l'horloge annonce facilement les une heure du matin, et ils ne sont pas encore rentré. Dans la voiture, c'est lui qui conduit, elle a côté. Tao s'est endormi sur le siège arrière. J'aurais dû parier, ajoute-t-elle en secouant la tête, un bref soupir lui échappe. C'était quand même une bonne soirée, souligne-t-elle soudainement sans le regarder, ses yeux sont concentrés sur la route qui défile, pour revenir sur Seattle : Elle aurait été meilleure si j'avais pu gagner cette partie de shifumi, je suis persuadée que tu as triché, ajoute-t-elle simplement en secouant la tête.

Autant dire qu’il est impressionné de voir que Max est aussi douée au karting. Peut-être un peu touché dans son amour-propre mais, vu le regard brillant de la jeune femme, ça vaut bien la peine d’écorcher un peu son orgueil. Pour autant, elle n’a pas réussi à le battre. Et il se fend d’un rire quand elle propose de régler ça autrement. « Je suis un professionnel du shifumi, attention à vous. » Tao hoche la tête pour confirmer ses propos et elle a tôt fait de voir qu’il ne mentait même pas.

A sa mine furieuse, il a une pseudo révérence alors que son fils applaudit et attrape le coca qu’elle ramène, les yeux brillants, non sans loucher sur la bière. « Je peux goûter ? » Un sourcil arqué de son père se suffit en réponse et il ajoute, d’un ton léger. « Je pouvais toujours essayer ! On peut pas savoir la réponse si on pose jamais la question ! » Un sourire en réponse à Tao, alors qu’il le serre contre lui un instant. « Vous étiez une redoutable concurrente Max. Il faudra qu’on remette ça. »

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Un regard dans le rétroviseur alors qu’il a un sourire attendri en voyant son fils profondément endormi. « Ca fait longtemps qu’il n’a pas été d’aussi bonne humeur. » Ou alors c’était lui. Il ne souvenait même plus de la dernière fois où il avait autant ri. « Et il a vraiment profité de ce moment. En grande partie grâce à vous. Merci Max. » Il lui lance une œillade. « Si vous aviez parié, il aurait tout fait pour se tenir éveillé le plus longtemps possible. C’est une vraie tête de mule. »  Et il hoche la tête au reste. « C’était plutôt sympa oui. » Soufflé d’un ton léger, avant qu’il n’ait un rire quand elle reprend. « On peut recommencer, je suis sûr que je gagnerais encore. Et ce n’est même pas une question de triche. »  

Une légère hésitation, alors que la route défile. « Ca… ça vous dirait ? De remettre ça ? A l’occasion ? On doit aller faire de l’escalade la semaine prochaine. » Hum. Il préfère regarder la route que de guetter sa réaction. Et, histoire de ne pas laisser un éventuel silence trop gênant envahir l’habitacle, il reprend, comme si de rien était. « Vous voulez que je vous dépose où exactement ? » Possible qu’elle n’ait pas la moindre envie qu’il sache dans quel coin elle habite. Il essaiera de ne pas s’en formaliser. Pas trop.

Redoutable concurrente, mais pas suffisamment pour réussir à le mettre sérieusement à mal au shifumi. Elle n'a que ses regrets, pour l'instant. Un sourire arraché, suivi par un rire quand il la remercie pour son fils, qui a visiblement passé une bonne journée grâce à elle. Ce n'est pas remis en doute évidemment, mais elle sait aussi que ça n'est pas du tout ce que Yuan a voulu dire, elle n'est pas idiote : N'importe quoi, articule-t-elle alors en lui jetant un regard perçant : Lui s'amuse comme ça absolument tout le temps dans sa vie, assume-t-elle. Il est trop jeune pour les troubles qui suivent, les questionnements déroutants et la douleur.

C'est toi qui ne sais pas le faire, certifie-t-elle alors avec une moue de circonstances. Elle l'interrompt d'un signe de la main : Et avant que tu poses la question : tu as des rides plus marquées sur le front, parce que tu es trop sérieux, plutôt que sur les joues, analyse-t-elle en le scrutant : Ce qui veut dire que tu ne souris pas suffisamment pour ça, à l'évidence. Impossible de manquer sa ride du lion d'ailleurs. Mais ça n'est pas vraiment le sujet. Sa proposition ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde, et elle le regarde fixement tandis qu'ils parviennent à un feu.

Il doit se moquer d'elle sans doute. Si tu as l'intention de m'embaucher comme nounou, j'ai des tarifs, je te passe mon CV tout de suite ou j'attends un peu ? Demande-t-elle de but en blanc, en conservant son sourire. Compte-t-il se servir de son enfant comme prétexte pour tout faire ? L'espace d'une seconde, Max en oublie presque l'existence d'une alliance et d'une femme. Si tu veux m'inviter pour autre chose, fais-le en bonne et due forme, ajoute-t-elle avec un petit air effronté. Sans blague.