La chance ne semblait plus faire partie de leur vie car en plus des créatures essayant de se frayer un chemin vers le couloir, il fallait à présent se pencher vers celles voulant se joindre à la petite fête. Vêtues de tenues de pompier, la tâche s'annonçait plus compliquée qu'à première vue. Il ne s'agissait pas de simples apestosos étant donné tout l'équipement portés. Si d'ordinaire un bon coup en pleine tête était suffisant, les casques changeaient la donne, il était impossible de se contenter de glisser une lame dans leur crâne car, pour cela, il faudrait d'abord leur ôter ces satanés casques ou au moins relever les visières pour les transpercer et les stopper définitivement.

La première étape fut de libérer la cheffe, ce qui fut possible grâce à William et sa machette même s'il dût s'y reprendre à plusieurs reprises pour y parvenir, mais l'essentiel résidait dans le fait que les rôdeurs lâchent prise. Il fallait à présent  diviser temporairement les forces du groupes pour s'en sortir. Suite à l'indication de Selene, le latino reprît sa batte pour retarder les pompiers le temps nécessaire « Ça marche, mais faites vite ! ». dit-il en raffermissant sa prise en prenant l'objet des deux mains puis il s'avança vers le groupe de trois en étant légèrement en biais pour préparer au mieux son coup.

Arrivant à bonne distance, l'hispanique pivota et donna un premier coup horizontal lui permettant de faire reculer deux apestosos qui furent rapidement rejoints par le dernier grâce à un second coup. Il avait bien dû faire gagner... Trois secondes à ses amis, ce qui était plus qu'insuffisant. Heureusement pour eux, les pompiers ne formaient plus un bloc, quelques pas les séparés les uns des autres, le temps pour chacun de se relever, permettant ainsi à Hernando de préparer au mieux les prochains home runs.

Il essaya au mieux de disperser les créatures au fil des coups qu'il lançait, si bien que les anciens hommes du feu étaient bien plus éparpillés qu'avant. Il pût alors enfin regarder en arrière pour voir comment s'en sortait ses amis et il constata avec joie qu'ils y arrivaient à merveille.

Le cœur de l'ambulancier pompait à cent mille à l'heure. Il ne réfléchissait plus, il agissait. Là maintenant, il fallait éliminer cette deuxième cible à l'intérieur de la salle d'évaluation. La musicienne s'occupait du premier alors que le latino retenait les pompiers dans leur dos. C'était la merde. Il ne prit même pas le temps d'analyser la salle, agitant sa lame en direction du second rôdeur. Il assainit un premier coup dans les reins pour le déstabiliser alors que celui-ci avait tenté de sauter vers l'avant pour attraper la jeune femme qui venait d'éliminer son coéquipier, puis un deuxième coup latéral pour venir planter sa machette au niveau de sa tempe.

Le mordeur s'écroula sur les deux autres cadavres, laissant comme une sorte d'empilage de morts juste devant la porte. Ce tournant vers la jeune femme, puis vers Hernando, il cherchait du regard la meilleure solution pour éliminer les nouveaux arrivants.

- Hernando laisse les approcher. il tournait la tête vers lui, puis vers la chef à ses côtés, cherchant un brin de plan ou d'approbation dans ses yeux. On les pousse à l'intérieur?

Son ton était interrogatif, mais il lui semblait que c'était la seule idée possible. Ils pourraient ainsi séparer les cibles et les éliminer une à la fois. William s'écartait légèrement de la porte, le dos plaqué contre le mur, observant attentivement les pompiers s'approcher, prêt à réagir si l'hispanique se retrouvait en mauvaise position.

Les disperser ; c'était à ses yeux la seule solution pour pouvoir les neutraliser sans risque. Mais comment ? Le couloir n'était pas assez large, mais l'idée qui fleurit dans l'esprit de William trouva un écho direct dans le sien. Oui, s'ils arrivaient à en pousser deux dans la pièce qu'ils venaient de nettoyer, les rôdeurs trébucheraient sur l'empilement de corps de leurs semblables. Le temps qu'ils se relèvent sera amplement suffisant pour que le trio se débarrasse du troisième pompier, et ainsi de suite.

Ça aurait été parfait, mais l'une des charognes vit sa jambe se plier suite à l'un des assauts de l'hispanique et chuta pitoyablement. Sa main attrapa alors la cheville du coupable, qui tomba  sur le dos. La poigne était solide, et il avait beau avoir disloqué un peu les rangs de cadavres en combinaison, Selene n'allait pas attendre de le voir se dépatouiller. Elle rangea vivement son couteau de chasse dans son étui et s'approcha pour prendre des mains de son propriétaire la batte de baseball.

- Désolé, je te l'emprunte, elle savait le lien presque amoureux qu'il y avait entre eux, mais il y avait urgence, William, retiens les deux autres s'il te plait.

Elle arma alors son coup, les bras levés au-dessus de sa tête, et frappa aussi fort que possible au niveau de l'avant-bras qui agrippait son aîné. Il y eu un bruit de craquement, mais ça ne suffit pas. La jeune femme dut réitérer trois tentatives afin que le membre putride soit suffisamment abîmé. Hernando n'eut alors qu'à tirer d'un coup sec pour désolidariser l'avant-bras du reste du corps et se libéra, une main pourrie encore serrée autour de sa cheville.

- Au moins celui-là nous suivra pas, constata-t-elle en rendant son joujou au chef ravitailleur du camp, William, tu peux les laisser approcher maintenant. On les sépare, et on en finit.

L’idée de pousser les anciens pompiers dans la pièce désormais sans vie paraissait être une assez bonne solution pour avoir le temps de les séparer et les achever sans trop de risque, en tout cas avec un mesuré. Car à part de cette manière, il paraissait extrêmement compliqué d’y parvenir en leur sautant dessus dans ce couloir étroit et simplement les enfermer ne les empêcherait pas de s’agiter en éveillant d’autres créatures restantes silencieuses jusqu’à présent.

Regardant William un bref instant, l’hispanique hocha la tête pour approuver cette décision avant de partir en arrière et de frapper le sol sur le dos. Il n’avait pas prêté attention au dernier rôdeur frappé pensant qu’il reculerait simplement comme les autres fois et chuterait éventuellement, mais il n’en fut rien car la jambe de l’apestoso en question se plia lui permettant d’attraper la jambe du tatoué en tendant simplement le bras.

La prise était bien plus ferme que ne se le serait imaginé Hernando qui se débattait tant bien que mal. « Lâche-moi coño ! » marmonna-t-il entre les dents tout en assenant des coups de pieds ne faisant aucun effet. Il s’aidait de ses mains pour reculer et ne pas laisser cette chose s’approcher de trop près de lui, mais Selene arriva pour lui emprunter sa batte et frappa le bras attaché à la cheville du latino, le temps nécessaire pour Hernando de récupérer sa jambe intacte, avec en cadeau, une main à son pantalon. « Merci. » dit-t-il le souffle coupant après s’être relevé en reprenant l’objet tendu par la brune avant de s’en servir afin de se débarrasser de cette fichue main.

Le groupe pouvait reprendre l’idée proposée quelques instants plus tôt par l’ambulancier qui avait pris la relève de Hernando pour faire reculer les pompiers. Ils laissèrent les deux encore debout s’approcher de la pièce, tandis que l'autre rampait, et en poussèrent un qui trébucha sur les cadavres afin de leur laisser le champ libre. Hernando saisit alors le bras droit du rôdeur tandis que William prit le gauche, permettant à Selene de l'achever de la façon la moins risquée possible.

William n'attendit pas l'ordre de Selene pour s'exécuter, remarquant tout de suite son ami dans le trouble, il se jeta sur les deux autres pour les attirer. Restant relativement à bonne portée à l'aide de l'allonge de sa machette, il leur foutu quelques coups rapides contre la visière de leur casque. Le but était simple, les énerver et attirer leur concentration sur lui, chose qui semblait marché, car leur grognement s'intensifiait sous le casque, ils détestaient visiblement les actions de l'ambulancier à leur égard. Alors qu'il avait leur attention, il les faisait déjà lentement reculer vers la pièce, un pas à la fois pour ne pas trébucher lui-même sur quelque chose ou sur le cadavre trainant au sol. Il leur faisait des signes de bras et les taquinait rapidement en leur assénant quelques petits coups sur les bras tendus en sa direction afin de les garder en focus.

La musicienne libéra finalement le latino de l'emprise du pompier blessé, laissant celui-ci ramper au sol bêtement. William les avait déjà suffisamment attirés, il passa un pied par-dessus la pile de cadavres, puis un autre, entrant à l'intérieur de la pièce et se mettant de côté.

- Poussez le! indiqua William afin d'avertir ses compagnons qu'il était prêt et qu'il ne recevrait donc pas le mort sur lui. Ce qu'ils firent aussitôt, puisqu'il vit la masse énorme d'un premier pompier s'écrouler par-dessus le piège, s'écrasant au sol devant la porte. L'ambulancier ressorti aussitôt de la pièce, puis alors que l'hispanique attrapait déjà un bras du pompier debout, il attrapait l'autre pour le tenir immobilisé. Il se débattait fermement, mais à deux sur lui, il ne pouvait rien. Son compatriote tentait déjà de se relever, mais si l'étudiante était rapide, elle pourrait s'occuper du premier sans problème.

Avec un bras et une jambe inutilisable, le pompier au sol n'était plus qu'une moindre gêne. Tandis que William guidait ses deux congénères vers la porte de la pièce, Selene s'assurait qu'il ne referme pas son autre main sur une cheville. Au signal de l'ambulancier, elle ne se fit pas prier : elle poussa le premier corps putréfié qui se présenta devant l'ouverture, l'envoyant se rétamer par-dessus la pile des dépouilles fraichement abattues. Les hommes réagirent immédiatement, saisissant les bras de l'unique ex-combattant du feu encore debout pour l'immobiliser. La musicienne récupéra alors son couteau de chasse et souleva la visière du rôdeur, pour pouvoir atteindre son visage et lui transpercer un œil.

Le mordeur qu'ils avaient écartés s'était déjà pratiquement relevé, mais elle lui flanqua un violent coup du plat du pied qui le renvoya à la renverse. Même schéma : ses acolytes masculins le neutralisèrent et elle n'eut qu'à s'accroupir pour l'achever, après avoir écarté l'obstacle qui protégeait son point faible. Ne restait plus que le dernier pompier, qui rampait pitoyablement avec ses membres mutilés. Aidée d'Hernando et William, la pianiste fit taire ses râles, non sans ressentir une vague de soulagement.

En sueur, elle se laissa aller à s'assoir à même le sol, juste à côté de sa victime, dos contre le mur. Son cœur martelait ses côtés, ses bras étaient fébriles, sa nuque tendue et douloureuse. Le temps de reprendre son souffle, elle ferma les yeux, la tête reposée en arrière. Les fluides noirâtre qui enduisaient sa lame goutaient sur le carrelage. Pas d'autres mordeurs renforcés à l'horizon, simplement les râles de ceux découverts auparavant qui avaient entendu ce qui s'était passé dans le couloir.

- Il faut les faire taire... non ?