Le couloir de droite ? Pourquoi pas... C'était ça ou mourir en fait. William était si mauvais tireur que s'il fallait que ses compagnons sortent leur arme, il devrait leur avouer qu'il trimbalait une arme dont il ne savait même pas se servir. Alors allons pour le couloir de droite. Surprise qui n'en était pas une, il y avait encore des portes ici, probablement d'autres salles de consultation ou peut-être des bureaux. À vrai dire, l'ambulancier n'en savait absolument rien, il n'était plus sûr de réellement comprendre l'architecture de cet hôpital. Certains établissements n'étaient pas des plus fonctionnels, c'était rien de nouveau.

Hernando fut le premier à ouvrir une porte, et comme si le temps était resté complétement figé dans ce bâtiment de soin de merde, il y avait encore un rôdeur à l'intérieur. Selene avait plus de chance, sa porte à elle était verrouillée a priori. Dans quelle espèce de pétrin peut-on être pour que la découverte d'une porte verrouillée soit synonyme d'un moment de bonheur. Heureusement pour l'ambulancier, ce moment merveilleux sera renouvelé immédiatement, puisqu'il se lança sur la prochaine porte sans attendre, tentant à quelques reprises d'en actionner le mécanisme sans succès. Il ne grogna même pas... Aucun instant de rage ne lui venait, à l'instant, il n'avait qu'une envie : quitter cet endroit maudit.

- Bon bah... Vous en dites quoi si on court et qu'on quitte cet endroit de merde...

Il regardait à tour de rôle ses compagnons, puis jetait un coup d’œil à l'intersection du couloir où ils étaient arrivés. Aucun membre de la horde en vue, mais ça ne devrait pas tarder, s'ils ne poursuivaient pas leur course maintenant, ils devraient surement les affronter. L'aîné du groupe continuait à bercer l'espoir qu'ils trouveraient une sortie de secours ou quelques choses dans le genre, ça les mènerait peut-être même à un hangar de véhicule d'urgence... Enfin... Il ne fallait tout de même pas trop rêver.

Une autre porte close ? C’était bien leur veine. Selene ne cessait de tourner la tête dans toutes les directions, mais ne parvenait plus à s’imaginer une échappatoire. S’ils s’enfonçaient dans le couloir pour tomber dans un cul-de-sac, ils auraient peut-être encore plus de difficultés à s’en sortir. La horde n’était pas encore en visu, même si leurs râles annonçaient qu’ils n’étaient plus très loin, alors ils avaient une chance.

Couteau en main, la musicienne s’élança vers la porte ouverte précédemment par Hernando. Le rôdeur était juste derrière, déjà prêt à lui tomber dessus, mais elle lui enfonça sa lame sous la mâchoire avant qu’il ne termine son geste. Emportée dans son élan, la jeune femme fit basculer le cadavre en arrière et lui tomba dessus – non sans faire craquer un ou deux os putréfiés. Dans son dos, William ferma la porte alors qu’Hernando s’assurait qu’aucune autre présence malvenue n’était tapie dans un coin.

Essoufflée, ses membres cotonneux, la pianiste se releva lentement après avoir extirpé son arme des chairs de la charogne. Elle avait mal là où elle s’était cognée contre un brancard, sans doute aurait-elle un joli bleu, ce qui serait un moindre mal. Ne restait plus qu’à attendre désormais : est-ce que la horde allait passer ? Ou bien allait-elle stagner devant la porte ? Selene n’osait même pas aller vérifier qu’il y avait une clef, ou un loquet, pour verrouiller le panneau, de crainte que le bruit attire l’attention sur eux.

La rumeur des cadavres inonda le couloir tandis que ses yeux bleus allaient de l’ambulancier à la fenêtre. On aurait dit qu’elle était bridée, sans doute pour ne pas s’ouvrir complètement, mais… son aîné avait apporté des outils, est-ce que ça suffirait s’ils en avaient besoin ? Elle se recula le plus possible de l’issue donnant sur la horde, et cette fois, rangea son couteau pour sortir son glock. Si jamais ils étaient découverts, elle n’aurait plus vraiment le choix…

Les rôdeurs étaient dans le couloir désormais, leurs râles s’infiltrant sous la porte de la pièce où les trois survivants s’étaient réfugiés. Selene retint sa respiration, mais pour l’instant, aucun des cadavres ne s’acharnait contre le battant. Tant mieux, mais la horde ne se dispersait pas visiblement – pas assez vite en tout cas – alors s’attarder n’était pas non plus la meilleure des solutions. La musicienne rangea son arme, prenant alors un peu de temps pour observer ce qui les entourait. Rien de transcendant, si ce n’étaient les deux armoires, juste face à leur trio.

- Hernando, tu peux prendre les outils de William et voir si tu peux débrider la fenêtre ?

Elle avait demandé à l’hispanique pour se garder l’ambulancier sous le coude. Une idée lui trottait dans le crâne ; un espoir plutôt. Un peu de chance, ce serait trop demandé sur ce coup ? Non sans se mordiller la lèvre avec anxiété, la pianiste tira sur les poignées et… miracle ! Non seulement ça s’ouvrait, mais les étalages étaient remplis. Comme elle l’avait supposé, les lieux n’avaient pas encore été pillés.

- William, viens m’aider s’il te plait ! demanda-t-elle avec précipitation entre ses dents, ouvrant déjà son sac à dos, qu’est-ce qu’il faut qu’on emporte ?

Ils ne pourraient sans doute pas tout prendre ou en tout cas, tout n’était pas forcément utile. C’était au tour du spécialiste de les guider, pour que leur expédition soit la plus rentable possible. Après cela, ils devraient fuir, sans aucun doute. Le couloir grouillait toujours de putrides, et ils risquaient, à un moment ou un autre, de se rendre compte qu’il y avait de la chaire fraîche à portée de leurs crocs…

Les voilà à présent enfermés dans la seule pièce s'étant ouverte à leur passage. Une nouvelle issue s'offrait en revanche à eux ; la fenêtre. Si l'idée de se rendre dans cet hôpital paraissait plutôt être bonne, dans les faits, le trio s'était davantage retrouvé dans des situations périlleuses qu'à remplir les différents sacs de médicaments. Alors quitter l'endroit en étant aussi léger qu'en partant ne les réjouissait en aucun cas, mais le danger était bien trop élevé pour trois personnes uniquement.

Prenant les outils tendus par William suite aux directives de la brune, le latino se pencha d'un peu plus près sur ces derniers. Il y avait tout ce qui était nécessaire, peut-être trop car Hernando ne parvenait pas à faire son choix car ce qu'il redoutait était d'attirer une énième l'attention des apestosos. Pourtant, le bruit serait nécessaire pour leur permettre de s'échapper.

Alors qu'il s'apprêtait à donner un coup dans la vitre pour tenter de la briser, l'excitation orale de Selene le fit tiquer et l'éducateur se tourna vers ses camarades avec un grand sourire aux lèvres en voyant l'armoire grande ouverte. « Ah bah enfin ! Ça, c'est bon ! » lâcha-t-il avec enthousiasme. Les voilà enfin récompenser ! Ils n'allaient pas rentrer bredouille, juste le temps de prendre ce qui leur serait utile et de remplir au maximum leurs sacs et Hernando se chargerait de cette fichue fenêtre pour qu'ils puissent s'échapper.

Des médicaments ! Enfin avait-il envie de hurler, mais l'heure n'était pas à exprimer sa joie à plein poumon puisqu'une hordre était tout près et il fallait exécuter les prochaines actions avec le minimum de bruits possible. L'ambulancier prit tout de même un instant pour s'avancer vers la fenêtre et l'examiner. Il était loin d'être un expert dans les systèmes de fenestration, mais il avait tout de même fait un peu de rénovation dans sa maison pour savoir comment celle-ci s'installait dans son cadre. Visiblement, ce n'était pas le cas de l'hispanique puisqu'il avait passé les dernières minutes dans la confusion face au sac d'outil. Il est vrai que face à autant de tête de tournevis, de pinces et autres, il était facile de s'y perdre. Sans prendre le temps d'examiner les médicaments, les yeux rivés sur le mécanisme de la fenêtre, il s'adressa à Selene.

- Prends tout ce qui est pilule, on verra après. Sinon des bandages, des seringues emballées, des outils stérilisés ça peut être pratique. S'il y a de l'alcool, prend tout ce qu'il y a.

C'est tout ce qu'il pouvait penser comme ça à vue de nez. Bien sûr, un défibrillateur, des masques à oxygène, des scalpels, tout pouvaient être pratiques, surtout lorsqu'on ne savait pas à quoi s'attendre, mais on ne pouvait tout de même pas tout amener ou même tout trouver. Un éclair lui vint tout de même alors qu'il examinait la fenêtre.

- S'il y a des livres, prends les aussi.

Les livres contenaient la savance des anciens qu'ils disaient. Si ses amis étaient un jour atteint de quelque chose qu'il ne connaissait pas, il pourrait fouiller pour les aider. Le temps où il suffisait de chercher sur internet était malheureusement révolu. Il identifia les loquets qui servaient à bloquer la fenêtre. Un système tout simple en fait, deux pièces étaient installées à l'intérieur du rail et bloquaient la fenêtre. Il suffisait de retirer les vis de ses deux pièces et celle-ci pourrait surement s'ouvrir de pleine grandeur.

- Les vis ici Hernando, ça semble être de forme étoiles. Tu pourrais les enlever? On devrait avoir tout ce qu'il faut.

Il tapotait du doigt les deux pièces pour que son homologue masculin puisse bien les voir, puis retourna auprès de l'armoire avec Selene, il jetait un coup d’œil d'ensemble sur l’intérieur de celle-ci, il avait réellement envie de tout prendre.

La jeune fille remplissait son sac au fil des dires de l’ambulancier, pour se rendre compte finalement que pratiquement tout était utile. Puisque les garçons s’attelaient à débrider leur issue, Selene réquisitionna leurs sacs une fois que le sien fut rempli, pour y mettre également quelques précieuses ressources médicales. La tension était palpable, entretenue par les râles qui ne désenflaient pas dans le couloir. Quand enfin la fenêtre fut ouverte en grand, laissant l’air glacé venant frigorifier son visage en sueur, la musicienne se joignit à Hernando pour regarder en contrebas. Il y avait quoi ? 2m ? 2m50 C’était jouable. Leurs « bagages » étaient prêts, il fallait y aller. Elle expliqua en se hissant pour s’asseoir sur le rebord :

- Je vais y aller d’abord, vous m’enverrez les sacs après.

C’était mieux, dans le cas où elle tombait comme une idiote et cassait la moitié de ce qu’ils avaient trouvé. Elle serait plus légère aussi, plus à l’aise dans ses mouvements. Avec précaution, la pianiste pivota alors pour pouvoir se tenir par les mains et descendre ses jambes le long du mur. L’idée était de réduire encore un peu la distance entre ses pieds et le sol. Ce n’était pas simple et ses bras étaient toujours éprouvés par la lutte pour retenir la porte un peu plus tôt, alors au final, elle tomba plus qu’elle ne maitrisa sa sortie. Qu’importe, au moins, elle ne s’était pas fait mal.

Selene fit alors signe aux garçons pour qu’ils lui envoient les sacs et la suivent à l’extérieur. Ensuite, il ne resterait plus qu’à retourner à la voiture, avec la conscience qu’une fois encore, ils n’étaient pas passé loin de la catastrophe, mais qu’ils ne revenaient pas les mains vides…