Ils en avaient fini avec les 8 premiers mordeurs qui s’étaient présentés. Hernando fracassait un dernier crâne, celui d’un enfant, alors que Selene détaillait ce qui les entourait en faisant de vagues gestes d’étirement avec ses poignets. Tout en se penchant pour essuyer sa lame sur les vêtements élimés d’un cadavre, elle renifla et fit part à ses complices de sa vision sur la suite du programme :

- On va un peu inspecter tout ça, elle désigna les tentes et autres carcasses métalliques, que ce soit aussi nettoyé que possible.

Parce qu’ils ne pouvaient pas garantir que le parvis de l’hôpital sera dégagé quand il leur faudra revenir sur leur pas – victorieux ou bredouille –, mais ils pouvaient mettre leurs chances de leur côté pour que oui. La musicienne voulu commencer par l’une des toiles militaires, mais elle aperçut du coin de l’œil la forme qui s’extirpa de l’hélicoptère et chuta misérablement sur le sol.

C’était un rôdeur, obligé de ramper, ses jambes broyés en-dessous des genoux. Il portait encore l’uniforme, et son casque de pilote qui avait pratiquement fusionné avec sa chair putréfiée depuis le temps. Selene s’approcha, toisa brièvement le mort qui tendit un bras pour agripper sa chaussure, et se tourna vers William en mettant calmement son pied hors d’atteinte :

- Tu peux le tenir pendant que je m’en occupe ?

Elle ne pouvait pas percer à travers son casque, alors l’aide d’un des garçons pour immobiliser le mordeur était la bienvenue. Elle n’aurait plus qu’à passer par l’œil pour détruire le cerveau.

Spoiler:

L'ambulancier acquiesça à la demande de la chef, laissant tomber sa machette au sol, il s'approcha lentement du cadavre et il appuya son pied contre son épine dorsale, puis se pencha vers l'avant pour attraper ses bras. Celui-ci était loin d'apprécier le mouvement, se débattait et râlant sans cesse alors que ses bras étaient ramenés de force vers l'arrière. William regardait le corps pourrissant de haut avec un certain dédain. Son poids était suffisamment pour le garder sur ventre et ses bras étaient plutôt facile à maintenir vu son état. Il leva alors la tête vers la musicienne, tirant légèrement ses extrémités vers l'arrière afin de le forcer à se redresser et exposer sa nuque.

- Allez fait ça vite... Prend ma machette t'aura plus d'allonge que ton couteau.

Pendant qu'elle s’exécutait, il tourna son regard vers l’hôpital, évitant ainsi de garder les yeux fixés sur une scène loin d'être agréable à regarder. Il regardait l'établissement dans l'espoir que l'endroit était propre, que les rôdeurs rencontrés jusqu'ici étaient les derniers. Mais il n'était pas naïf, il se doutait fortement que l'intérieur soit plus dangereux que l'extérieur. Ses yeux se tournèrent finalement vers Hernando afin de s'assurer de ce qu'il faisait, il restait encore les tentes désignées pas Selene à nettoyer et le laisser y aller seul lui semblait un peu déraisonnable. Peut-être avaient-ils éliminé toutes les menaces.

Le mordeur éliminé, William reprit sa machette des mains de l'étudiante et s'empressa de rejoindre l'hispanique. De la pointe de sa lame, il releva le tissu de l'une des tentes que celui-ci semblait étudier. Rien dans celle-ci, enfin... Rien d'autre que la mort, à vue de nez. Des cadavres pourrissants et déchiquetés depuis bel lurette, rien, là-dedans, ne se relèverait certainement.

Les apestosos visibles éliminés, le groupe devait à présent s’assurer de la non-présence d’autres dans les tentes et véhicules présents, il serait des plus idiots de ne pas le faire car une fois à l’intérieur du bâtiment, il leur fallait être sûr que leur sortie serait au maximum sécurisée. Hors de question de se faire surprendre ou bloquer par d’hypothétiques créatures qu’ils auraient laissées derrière eux.

Hernando se dirigea vers la première carcasse de voiture, un break plutôt récent malgré l’apparence, et scruta l’habitacle prêt à agir le cas échéant, mais il n’en eut guère besoin, tout comme pour les deux autres situé juste à côté. Sa prochaine cible se trouvait être une tente, mais il ne l’ouvrit pas. De l’agitation était plus que visible dans une autre à quelques pas de là. Attendant prêt de celle où il était, il tendait l’oreille pour détecter toute trace de vie ou de râle. Mieux valait s’assurer qu’aucun danger n’y sortirait une fois le dos tourné.

Comme rien ne sortit de cette toile, le latino se dirigea vers l’autre et glissa sa batte entre son dos et son sac pour prendre le couteau mis à sa ceinture. Il préférait l’arme blanche pour ce genre de situation car elle se trouvait être bien plus pratique pour les très courtes distances. Regardant en direction de ses deux autres camarades, il les vit se débarrasser sans difficulté d’un autre rôdeur. L’éducateur se laissa aller à une courte divagation et perte de concentration, mais suffisantes pour sentir une main agripper le bas de son pantalon.

Sursautant de surprise, il constata être à présent face à la tente qui n’était pas fermée comme l’autre et vit la créature ressemblant davantage à un soldat s’étant pris des éclats d’obus vu l’allure qu’elle avait. Une jambe en moins, l’autre disant bonjour à son dos et sa peau presque inexistante fit décrocher un sourire au jeune homme qui d’un coup sec se libéra de la faible emprise de cette chose. Puis, posant un genou à terre, il attendit que ce pseudo militaire à l’article de la mort s’approcha assez prêt en rampant pour planter lentement la lame de son couteau dans la boîte crânienne de l’apestoso, laissant place à présent à un silence au moment où William arriva.

Avec l'aide de William, Selene n'eut aucun mal à achever le rôdeur au casque. Malgré ses recommandations, elle n'utilisa même pas sa machette : une fois le corps – et surtout les bras – du cadavre immobilisés, il était plus simple pour elle de simplement lui enfoncer la lame de son couteau de chasse dans une orbite. En se relevant, la musicienne prit également l'arme blanche de l'ambulancier, pour lui rendre, et lui emboîta le pas pour rejoindre Hernando. Ce dernier avait aussi éliminé un rampant de son côté, autre soldat d'outre-tombe qui n'avait pas pu prêter main forte à ses camarades un peu plus tôt. Quelle dommage.

Le trio de la prison fit alors le tour des tentes, s'organisant pour que celui qui ouvre soit toujours couvert par deux alliés, mais il n'y avait plus aucune menace. Rien d'autre que du matériel dont il n'avait pas besoin, voire quelques dépouilles inoffensives. Idem du côté des véhicules accidentés : plus de mordeur, le ménage était fait. Un instant, Selene hésita à aller planquer la voiture plus loin, mais l'idéal restait qu'elle soit facilement accessible quand ils voudraient partir. Sans compter que le bruit du moteur pourrait plaire à l'oreille d'autres macchabées encore invisibles, ruinant le travail qu'ils venaient d'effectuer. Ils pouvaient avancer...

L'ambulancier s'avance lentement, accompagné de ses deux compagnons. Il tira sa lampe de poche de son sac et explora le hall de l’hôpital du regard, ce qui lui rappela tellement de souvenirs profondément ancrés dans ce qui était l'ancienne vie de l'homme. Les brancards abandonnés le surprenaient un peu, et il prit un instant pour analyser la situation du regard, s’imaginant qu'alors que l'endroit avait dû être pris d’assaut par les forces de l'ordre, des patients et leur famille avait dû tenter de fuir, ou l'hôpital avait été tellement surmené par les cas de fièvres et de morsures, qu'ils avaient dû utiliser le hall pour les garder en soin rapproché. Dans tous les cas, c'était triste, une situation qui lui rappelait légèrement comment sa vie avait basculé.

Il fit signe aux deux autres de le suivre, ce dirigeant lentement vers l'escalier qui le mènerait à l'étage. Étant donné les différents râlements provenant des lits abandonnés, il marche lentement et discrètement, faisant attention à ne marcher sur objet laissé au sol, le faisceau de sa lampe de poche illuminait en biais le sol devant lui. Il monta les marches une à une, puis arriva à l'étage où deux directions s'offraient à eux. Pour lui, le choix semblait facile, il fallait absolument visiter les urgences. Comme le nom l'indiquait, c'était l'endroit où on y trouverait tout l'équipement pour les soins rapides, ils ne cherchaient quand même pas à ramener de quoi pratiquer diverses chirurgies complexes. Des bandages, des médicaments, des instruments d'analyses, peut-être, ferait entièrement l'affaire, encore mieux s'ils pouvaient quitter l'endroit dans une ambulance, le matériel à l'intérieur pourrait sauver n'importe quelle vie.

- Les urgences c'est mieux, et il y a toujours une autre entrée au niveau des urgences si notre chemin de retour est coupé.

Il parlait à voix basse en direction de ses compagnons, attendant une réponse de leur part, il semblait qu'il n'avait pas besoin de plus d'arguments que ça pour les convaincre, ils comprendraient qu'il est la personne la plus à même de prendre cette décision. Il attendait tout de même l'approbation de Selene avant de s'engager dans le couloir.

Entrer dans l’hôpital était inévitable. Malgré la lumière fade du jour qui les suivit à travers la porte vitrée, le hall restait glauque et sinistre. Des brancards y attendaient toujours une prise en charge qui ne viendrait jamais, des cadavres prisonniers depuis des mois d’un sac mortuaire râlaient continuellement. Ils n’avaient pas l’air de pouvoir s’échapper, mais la jeune femme préféra redoubler de précaution quant à sa discrétion. Le moins ils auraient à combattre de mordeur, le mieux leur expédition s’en porterait.

Déjà, elle félicita leur chance de pouvoir atteindre le premier étage sans faire la moindre mauvaise rencontre. Éclairés désormais par la lampe torche de l'ambulancier. Urgence ? Soin aux patients ? Selene n’en savait fichtrement rien. C’était exactement la raison pour laquelle la présence de William ici était indispensable et d’ailleurs, il leur fit immédiatement par de son avis. La musicienne hocha la tête, de toute façon prête à être la suiveuse pour cette fois, mais une inquiétude la taraudait :

- ok… et de quel côté on risque le plus de trouver… je sais pas, une horde de patients enfermés ici depuis l’année dernière ? Elle murmurait déjà mais baissa encore le volume, je veux dire, on a besoin de trouver du matériel, mais aussi d’être capables d’en revenir. Les urgences sont aussi les plus sûres à ce niveau là ?

Tout dépendait de ce qui se cachait sous l’intitulé « soin aux patients ». Est-ce qu’il y avait aussi tous les malades alités, sans autonomie, que personne n’avait pu aider ? Parce que dans ce cas, ils risquaient de tous s’être relevés depuis le temps ; un peu moins en vie que prévu. Ou peut-être qu’elle se prenait la tête pour rien ? Elle détestait ne pas savoir et dans tous les cas, ils allaient devoir faire un choix. Vite. Plus ils traînaient, plus ils encouraient de risques.