Même pas le temps de souffler. Aidé d'Hernando et Selene, l’élimination des trois combattants du feu avaient été un peu plus facile que prévu au début. Les trois étaient morts, et ils pourraient reprendre l'exploration des pièces de l'hôpital. Enfin, c'est ce qu'il croyait, mais des râlement intensifiait depuis le couloir d'où ils provenaient. Un coup d’œil vers le début du couloir lui permit de découvrir quelques rôdeurs, qui deviennent bientôt une horde assoiffée qui courrait en leur direction. Ils avaient fait beaucoup plus de bruits que prévu en éliminant la compagnie. À la vitesse de l'éclair, ou presque, William demandait l'avis de ses amis, sans réellement attendre une réponse à sa question.

- Oh mon dieu ! On court ?!

Sur le coup, il était un peu paniqué, et c'était plutôt logique de l'être. Attrapant sa machette au sol, il se redressa et prit le couloir au pas de course, dans la direction inverse des rôdeurs. Il prit tout de même la peine de s'assurer que ses compagnons le suivaient vers l'accueil de l'urgence. Une fois sur place, ils pourraient sortir, il me semble. Toutefois, le couloir était extrêmement encombré, des lits d'hôpital, des bacs de rangements, des affaires personnelles... Au pas de course, alors que l'ambulancier regardait derrière lui pour voir quelle distance il y avait entre lui et ses équipiers, ainsi que la horde plus loin, une main sortie de nul part vient attraper la cheville de l'homme.

La chute fut soudaine, presque comme un vol plané, son pied s'arrêta net, saisi par un mordeur assis derrière un compartiment de recyclage. Cherchant à arrêter sa cascade vers le sol à l'aide de ses mains, Will relâcha sa lame qui glissera sur le sol devant lui. Heureusement, il ne s'était pas frappé la tête, mais il avouait ne pas comprendre ce qu'il faisait maintenant aussi prêt du sol avant que quelque chose lui tire la jambe. De l'autre pied, il tenta de frapper le macchabée dans l'espoir qu'il lâche prise sans succès.

A choisir, Hernando aurait presque préféré se retrouver face à une horde en arrivant devant l'hôpital et devoir faire demi-tour plutôt que toutes ces mauvaises surprises qu'ils devaient affronter, car ils n'avaient pas réellement le temps de se relâcher qu'un nouveau danger arrivait. Oh Selene avait bien tenté de se détendre un peu après le dernier rôdeur abattu en s'asseyant à même le sol, mais le destin en décidait autrement. De nouvelles créatures s'approchaient, plus du triple des pompiers « ¿Seriamente? » pesta sans retenue le latino dans sa langue maternelle.

Les amis n'avaient guère le choix, ils devaient partir et vite. Tendant sa main droite vers Selene afin de l'aider à se relever plus rapidement, il fixa William et répondit en agitant sa tête pour appuyer ses propos « Oh que oui manillo... Run bitch ! Run ! » fit-il en espérant que ses camarades comprendraient sa référence cinématographique. Certes, la situation ne prêtait en rien à rire, mais la réplique sortit d'elle-même. Puis, gardant bien en main sa chère batte, il ferma la marche en scrutant la distance les séparant des apestosos tout en courant.

Mais comme rien ne se déroulait comme ils le souhaitaient, ils durent zigzaguer afin de se frayer un chemin dans le couloir étroit, laissant au passage des mains traîner pour renverser quelques bacs et lits en espérant que cela retarderait l'arrivée des créatures. Et du temps, ils en auraient besoin. Un court instant, l'éducateur hésita à sortir son Glock et tirer dans le tas tout en sachant pertinemment que cela augmenterait le risque d'attirer davantage de rôdeurs, mais l'envie était bien présente durant ce laps de temps très réduit. Alors, en voyant William au sol il voulut prendre la machette tombée au sol pour l'aider, mais il fut devancer par la jeune femme qui se chargea de le libérer. A croire qu'elle aimait ça.

Selene avait encore sa proposition sur le bout des lèvres que les rumeurs morbides s’intensifièrent. Cette fois, ce n’étaient pas deux ou trois rôdeurs qui approchaient, sans doute excités par les échos d’affrontement, mais toute une meute. Elle leva les yeux au ciel, attrapant la main d’Hernando qui l’aida à bondir sur ses pieds. Si dieu existait, il ne les avait clairement pas à la bonne – pas aujourd’hui. Sur les pas de ses complices, la musicienne se mit à courir dans le couloir, slalomant entre les obstacles jalonnés le long du parcours.

Elle faillit trébucher sur la sangle d’un sac, se cogna la hanche contre un brancard, mais resta vive sur ses deux pieds et dépassa même l’hispanique. Tout en s’assurant qu’elle ne lui coupe pas la route, la benjamine l’aidait dans sa démarche qui consistait à dresser dans leur sillage tout ce qui pourrait ralentir la horde. Les lits, les bacs, les chariots…

Selene commença à estimer leur avance confortable quand William tomba brusquement. Ses poils se hérissèrent d’un coup, son cœur fit un bond. Il ne s’était pas assommé – heureusement – mais une main putride était bien fermement accrochée à sa cheville. Sans hésitation, elle ramassa la machette qui avait glissé sur le carrelage et mutila d’un geste violent le visage d’un autre rôdeur qui venait d'apparaître. Encore sur ses pieds, lui ; ils ne l’avaient pas encore vu, mais il venait du même endroit que celui qui tenait l’ambulancier.

Elle l’acheva avec son couteau, qu’elle tenait toujours dans sa main principale, et s’abaissa alors pour planter le sommet du crâne du cadavre qui s’acharnait sur son ami. Hernando l’aida à se relever, tandis ce qu’elle lui tendait sa lame, gardant un œil inquiet sur la meute. Malgré les embûches, les morts tombaient, boitaient, trébuchaient, mais progressaient avec l’obstination d’un rouleau compresseur. Si ce n’était pas la peur d’en ameuter encore plus, la jeune femme aurait déjà dégainé son revolver pour les abattre.

- Tu peux toujours courir, demanda-t-elle avec empressement, parce que tu vas pas avoir le choix, précisa-t-elle sans réussir à trouver la force de sourire.

La vie s'échappant de la créature qui retenait sa jambe, l'ambulancier put enfin se libérer de son emprise. Posant ses mains et ses genoux sur le sol, il se redressa en prenant soin de reprendre possession de sa machette des mains de l'étudiante qui venait de lui sauver la mise. Il n'avait jamais été aussi heureux de faire partie d'un groupe que maintenant. Il y a peu de temps, il aurait été seul dans cette situation, en fait... Il n'aurait peut-être pas entré dans cet hôpital. Faire partie d'un groupe était peut-être suicidaire en fait.

- Oui oui ça va... Merci... dit-il en hochant positivement la tête à la question que lui offrait la musicienne. Puis se redressant simplement, l'heure n'était pas à la discussion, il posa sa main dans le dos de la jeune femme pour l'encourager à reprendre la course. Maintenant en queue de course, c'était son tour de jeter ce qu'ils trouvaient sur leur passage pour ralentir les cadavres.

Ils arrivèrent enfin à l'accueil des urgences, mais comme si Dieu en personne avait décidé qu'ils n'auraient droit à aucune chance, la porte de sortie était bloquée. William regardait rapidement autour de lui, ils avaient le choix entre rebrousser chemin et affronter une horde ou prendre un couloir totalement inconnu. Prendre ce nouveau chemin pourrait possiblement les amener vers une situation encore pire, mais peut-être valait-il mieux prendre la chance ? Affronter autant de rôdeurs à la fois nécessitait des armes et il valait mieux ne pas prendre cette avenue désespérée tout de suite.

- Qu'est-ce qu'on fait ? Faut décider vite... il s'adressait à Selene comme si elle avait réponse à tout, mais c'était elle la chef du groupe après tout. Son regard passa tout de fois d'elle à Hernando, à l'heure actuelle, n'importe quelle décision de n'importe qui ferait l'affaire, il considérait simplement avoir pris assez de mauvaises décisions pour lui seul.

Comme si les rôdeurs ne suffisaient pas, voilà que maintenant une putain d'ambulance leur barrait le passage. Rien ne semblait vouloir fonctionner, sauf... Non, vraiment rien en fait, quelles que soient les décisions prises, les trois amis devaient faire face à de nouveaux problèmes, peu importait de se débarrasser d'un ou non puisque d'autres survenaient. Malgré tout, il en fallait plus pour faire disparaître l'optimisme du latino. « Si on commence à tirer y'aura qu'une possibilité pour la suite ; quitter l'endroit parc'que ça va en rameuter d'autres, autant tenter not' chance nan ? » répondit-il à la question de William par une autre.

Certes le couloir menait sur quelques portes, mais peut-être que la chance leur sourira enfin et qu'ils réussiront à trouver ce qu'ils étaient venus chercher, et peut-être même que l'une d'elle ouvrira sur un autre couloir. De toute façon, l'option d'affronter les apestosos ressemblait plus à une mission suicide qu'autre chose, et après tout, la chance se provoquait aussi. Selene était également d'avis d'emprunter le couloir situé à droite de l'entrée. Ni une, ni deux, Hernando fixa celui-ci et avança d'un pas décidé jusqu'à se planter devant une porte.

Si d'ordinaire il essayait de se fier à son ouïe, elle se montrait parfaitement inutile à cet instant vu le vacarme fait par les rôdeurs présents. Prenant une grande inspiration, il finit par actionner le mécanisme de la poignée pour, une fois encore, la refermer aussitôt. « J'crois qu'j'vais arrêter d'ouvrir des portes pour aujourd'hui. » dit-il en serrant la mâchoire car ce qu'il vit à l'intérieur ne l’enchantait pas, une autre créature y était, même si cette présence en tant que telle était tout à fait gérable.

La course put reprendre. Cette fois, elle était devant, évitant aussi vite que possible les obstacles sur le chemin. Elle dut même complètement écarter un brancard pour que ses compagnons passent, alors que William se chargeait de la remettre en travers de la route. Deux autres rôdeurs essayèrent successivement de les intercepter mais par chance : ils ne portaient pas de combinaison de pompier. La jeune femme put les trépaner d’un geste, n’interrompant qu’un demi-instant la continuité de sa course.

Les flèches annonçant l’accueil lui avaient redonné espoir : Selene s’imaginait qu’ils allaient pouvoir sortir, attirer la meute à l’extérieur, et éventuellement envisager de tuer les mordeurs. Avec plus d’espace, cela devenait envisageable ; ou bien simplement les semer, contourner l’hôpital, et reprendre l’entrée qu’ils avaient empruntée au début. Ses ébauches de plan s’effondrèrent quand ils se heurtèrent à une issue bloquée.

Dans leur dos, les cadavres avait été retardés par l’encombrement du couloir, mais ils n’étaient pas bien loin – leurs grognements désordonnés annonçaient leur approche. Hernando vola les mots qu’elle comptait rétorquer à l’ambulancier : pour l’instant, ils pouvaient encore éviter d’en attirer plus. Ils pourraient toujours tirer plus tard, quand ils seraient acculés, mais là… la précaution voudrait qu’ils tentent le couloir de droite. Tant que les charognes ne voyaient pas où ils se cachaient, le trio avait une chance.

Les événements s’obstinaient à leur refuser le répit pourtant. L’hispanique ouvrit encore une porte donnant sur une pièce occupée par un putréfié, tandis que la poignée sur laquelle s’acharnait Selene était solidement fermée à clef. Elle arrivait au bout de ses idées, le souffle court et le cœur en plein solo de batterie, alors que ses yeux se tournaient vers William qui essayait aussi d’ouvrir une issue…