Dans cette nouvelle aile de l’hôpital, la chance leur souriait de nouveau un peu plus. Le second bureau était vide et leur permit une nouvelle fouille sans stress. Du moins, sans stress supplémentaire ! Car ce ne serait vraiment qu’à leur retour à Evergreen que leur troupe pourrait complètement se décontracter !

Mais à peine étaient-ils tous les quatre sortis de la pièce que les muscles de Christina se figèrent. Le faisceau d’une lampe leur avait révélé la présence d’un individu. Une femme bien vivante, qui arracha un léger sursaut à la quinquagénaire. Elle ne manqua pas de remarquer l’arme à feu pointée sur eux. Et sur Andy plus précisément. Elle déglutit. Cette situation avait un goût de déjà-vu. Un an plus tôt, alors qu’elle fouillait un ancien magasin dans la station de ski, son groupe s’était retrouvé nez-à-nez avec un forcené. Un pauvre type peut-être, mais qui avait passé tant de temps seul, qu’il en avait perdu la boule. Ils avaient essayé de l’amadouer, de le faire baisser son arme, mais sans succès. Justin leur avait sauvé la vie ce jour-là, à elle, Kass et Isabel. Mais il avait tué cet étranger pour ça…

La situation était similaire aujourd’hui. Dieu seul savait combien de temps cette femme avait passé ici. Quelle était son histoire et son équilibre mental ! L’ancienne hôtesse de l’air jeta un regard vers ses compagnons. Ils avaient tous pris des positions soumises, pour faire comprendre à la femme qu’elle avait bien le contrôle. L’œil d’Andy était toutefois vif et Christy aurait juré que son cerveau tournait à plein régime pour trouver un moyen de désarmer l’inconnue. Ce serait bien dans son tempérament ! Et sa formation militaire lui en donnerait la confiance ! En attendant, ils devaient jouer la carte de la diplomatie et Elena prit en première la parole. De son regard, Christina comprit qu’elle l’invitait à prendre sa suite, ou à dire une phrase rassurante.

- Nous ne vous voulons aucun mal… Si nous vous avons pris quelque chose, nous sommes désolés, nous vous le rendront, nous ne voulons pas de problème.

Elle avait parlé d’une voix douce et aussi conciliante que possible. Et se gardant de la harceler de questions, qui pourraient l'irriter davantage. Essayant aussi de donner à ses traits de la bienveillance. Mais que voyait cette femme avec cette obscurité ambiante ?

Christina guettait les réactions de la femme. Elle essayait de la détailler, de la cerner mais la faible lumière dont ils disposaient ne lui donnait que peu d’informations… elle était bien incapable même de lui donner un âge.

- Nous ? Ne put-elle s’empêcher de rétorquer. Qui est avec vous ? De toute évidence, les personnes qui accompagnaient cette inconnue ne s’étaient pas postées en arrière pour intimider davantage nos quatre explorateurs. Etaient-ils même capables de jouer les renforts ? Pouvait-ce être un ou des enfants ? Ou des vieillards ?

Toutefois, contrairement au forcené dont l’ancienne hôtesse avait eu à faire l’année passée, l’étrangère semblait raisonnable. Ou tout du moins, maitrisait-elle davantage les règles de la diplomatie. Elle leur demanda de baisser leurs armes, affirmant qu’elle baisserait alors la sienne. Ils ne pouvaient savoir si elle le ferait réellement, mais ils devaient la croire. Quel autre choix avaient-ils dans tous les cas ? Croisant le regard de la femme, Christy fit un hochement de tête.

- Ok, répondit-elle tout en lançant un regard appuyé à Andy à sa droite.

L’homme serra les dents et sa mâchoire se contracta. Pourtant, il finit par obéir. Il commença à lever les deux mains, tenant son gros flingue dans sa main droite, puis il plia les genoux pour déposer l’arme au sol. Il jeta un regard frustré vers la quinqua, puis regarda l’autre bonne femme, en affichant une moue en mode « alors contente ? ».

- A vous maintenant, dit-il d’une voix un peu sèche, pas franchement des plus amicales.

Christina avait jeté un coup d’œil en même temps à Elena et Jeff. Elle n’avait pas posé son bâton de marche, consciente qu’il ne faisait pas partie des « armes » que l’inconnue voulait voir au sol. Quel poids ferait-il contre son arme à feu à elle ?