Elena détacha immédiatement son regard de ses camarades lorsque Christina acheva le dernier rôdeur, lui permettant de passer à la suite sans perdre de temps. Elle retourna au véhicule afin de récupérer les sacs qu'ils avaient emporté avec eux, gardant un œil attentif autour d'elle. L'endroit semblait ne jamais avoir été visité, tout donnait l'air d'être resté figé dans le temps, hormis les cadavres qui jonchaient maintenant le bitume de l'immense parking. Les sourcils froncés et accroupie près du sac à dos, la brune releva les yeux vers Jeff lorsqu'il leur annonça avoir entendu un bruit. Instinctivement elle balaya du regard les bâtiments à la recherche d'une ombre, un animal, quoique ce soit qui puisse être à l'origine du bruit qui avait alerté le canadien. « Oui, restons sur nos gardes » répéta à mi-voix Elena tandis que le rouquin s'attelait déjà à l'ouverture de la porte. Fermée bien sûr.

Nouveau froncement de sourcils. Après une fouille rapide à l'aveugle, Elena parvint à sortir du sac une lampe qu'elle glissa dans la poche arrière de son pantalon, avant de hisser de nouveau la lanière sur son épaule. « On va plutôt suivre l'idée de Christina » trancha un peu sèchement la grecque en jetant un regard froid vers Andy. Elle avait remarqué son attitude plutôt récalcitrante depuis leur départ du campement, mais peu importait son expérience militaire, la grecque n'avait pas l'intention de laisser un électron libre mettre leur vie en danger sous prétexte que son ego en prenait un coup. Il était nouveau et elle aussi était passée par là, seulement elle avait fait ses preuves et gagné légitimement la confiance des plus anciens, gagnant sa place de responsable. C'était au nom de cette responsabilité accordée par Blake et les autres membres du conseil qu'elle ne laisserait rien ni personne compromettre ses opérations et surtout la vie de ceux qui l'accompagnaient.

Rendant son sourire à l'épouse Karlson, Elena emboîta le pas à ses coéquipiers, et bientôt tous les quatre arrivèrent vers les bennes à ordure après avoir contourné la clinique. C'était à ce niveau là qu'ils dénichèrent une nouvelle porte. Il ne restait plus qu'à essayer. « Bon, on va tenter avec celle-ci. Et on reste prudent ! » lança la brune plus en avertissement pour Andy que pour les autres à vrai dire. Une manière de lui déconseiller une tentative d'ouvrir la porte à la Chuck Norris. Si le bâtiment était encore fermé et qu'il n'avait pas été fouillé comme le laissaient penser l'état général des bâtisses, il se pouvait bien que quelque uns de ses anciens occupants y soient encore enfermés également...

On reste prudent qu'elle avait dit une vingtaine de secondes plus tôt, et elle s'était ensuite approchée en plissant les yeux devant la porte métallique. C'est un petit boîtier sur le côté qui entrava sa vigilance, et l'espace d'un instant elle ne fit pas attention à la benne à côté d'elle qui s'ouvrit subitement. La grecque eut à peine le temps de faire face qu'elle sentit les mains cachectiques s'agripper avec force à la manche de sa veste. « Merde, merde ! » lâcha Elena en remuant vivement pour se dégager de l'emprise étonnement solide du cadavre.

L'effort fourni pour se libérer de la poigne vorace de la créature, et le dégoût engendré lui étirèrent les traits du visage en une affreuse grimace. Malgré l'agitation le regard de la jeune femme fut happé par des silhouettes qui traînaient leur carcasse vers eux. Encore des rôdeurs attirés par le bruit. « Derrière vous ! » avertit la grecque avec hâte, son menton désignant les quatre cadavres ambulants qui s'approchaient dangereusement de ses coéquipiers.

L'opération du jour commençait mal pensa la brune en sentant les ongles pourris du rôdeur s'enfoncer un peu plus sur son bras. La situation empira quand le couteau glissa de sa main pour s'écraser sur le goudron. « Rah fait chier ! » jura-t-elle en envoyant un coup de pied dans la benne pour se donner assez d'impulsion pour s'éloigner de la créature. Dans son mouvement, Elena sentit son corps chanceler et elle termina sa chute sur les fesses, son sac à dos amortissant un peu le choc. Et beh elle était belle la responsable des ravitaillements !

La brune avait marmonné un vague « merci » à l'attention du militaire qui affichait un air bien trop satisfait à son goût. Sans s'en formaliser, elle rassura du regard Christina et Jeff, hochant simplement la tête. Elle ignora la remarque de Andy, réajustant sa queue de cheval et puis contre toute attente, la porte s'ouvrit sans qu'ils n'aient besoin d'une carte. La grecque haussa les épaules. « Bon et bien voilà ! Plus qu'à entrer. » annonça-t-elle en allumant sa lampe et en offrant à son tour un sourire satisfait au militaire.

Andy était entré le premier et avait rapidement constaté que le couloir était désert. « Il y a quatre salles. Dont deux ouvertes. » annonça le militaire. La jeune femme pénétra dans la bâtiment à sa suite, jetant un rapide coup d'oeil derrière elle pour s'assurer que ses deux autres compagnons allaient bien. C'est à ce moment là, en tenant la porte pour ses camarades qu'elle aperçut le plan des lieux placardé. « Tiens... » Elle pointa le sillon de lumière de sa lampe vers le plan. « On va le prendre, ça pourra toujours nous être utile. » dit-elle, refermant la porte après que ses amis soient entrés, afin de s'exécuter. Elle plia le plan sur lui-même, et le glissa dans la poche arrière de son pantalon.

Elena dirigea ensuite sa lampe autour d'eux pour découvrir une première porte sur leur droite. « On commence par celle-ci ? » murmura-t-elle. Ils rentrèrent alors dans cette première pièce, aussi sombre et silencieuse que le reste du bâtiment. Machine à laver, sèche linge, paniers... Ils avaient visiblement trouvé le local anciennement destiné à l'entretien du textile. Faisant un tour rapide du local la brune s'arrêta au niveau de son aînée qui semblait avoir découvert des vêtements pour enfants. Elle n'eut qu'à croiser le regard de l'épouse Karlson pour se mettre d'accord avec elle ; ils allaient en prendre pour les enfants du campement.

Rapidement les quatre avaient fait le tour, et en dehors des vêtements humides, il n'y avait rien d’intéressant. « Peut-être dans la prochaine ? » tenta de rassurer Elena, avec un fin sourire. C'était important de ne pas perdre espoir. Quand on partait en expédition, c'était aussi parfois pour ne revenir qu'avec des bricoles et ce genre de situation avait le don de miner le moral de ceux qui avaient risqué leur vie pour au final peu de choses. C'était donc son rôle de veiller à encourager ses camarades. Ils s'avancèrent donc vers la seconde salle ouverte...