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Sa poitrine la lançait à chaque inspiration. June parvint à arracher son sac au cadavre d’Elias, entendant non sans soulagement les renforts arriver. De nouvelles déflagrations sifflèrent au-dessus de sa tête, crachant un acouphène atroce dans ses oreilles. Leurs ennemis s’effondraient un à un, offrant une ouverture pour se redresser. Elle recula alors jusqu’à l’ouverture de la pièce, couvert par des salves tirés par Arizona.

- Reste derrière moi, lui glissa cette dernière en alignant une nouvelle rafale qui fit mouche.
- On a leurs munitions et leurs armes ! S’exclama une voix dans le vacarme.

La rouquine et son glock à moitié déchargé n’allait pas se le faire dire deux fois. Elle retraversa la pièce encombrée d’étagères pour rejoindre celle pleine de vivres. Là, elle ne fut pas la première à subtiliser un fusil à rafales, bien plus efficace que leur escadron de petits calibres. Les ennemis tentèrent une percée désespérée, ajoutant à la confusion et au nombre de victimes. L’avocate achevait d’enclencher le chargeur de sa nouvelle arme lorsque plusieurs voix clamèrent :

- Ils se rendent, arrêtez !

En effet. Au milieu de ce charnier qui empestait le sang et la poudre, il restait à peine plus d’une dizaine de leurs proies. Ils ne disaient rien, ils n’imploraient pas, mais ils levaient les mains en signe de reddition. June s’approcha de la grappe de fanatiques la plus proche, les dévisageant de ses yeux glacés sans baisser le canon de son arme. Elle avisa ensuite plusieurs personnes – dont Edward, et reprit la parole à l’intention de Stanley et Arizona.

- Il nous faut un état des lieux des blessés et des pertes. On a besoin d’yeux sur le toit et qu’une équipe retourne à nos véhicules et les ramène ici le plus vite possible, il y avait tellement de corps que vérifier qu’ils avaient tous été « sécurisés » prendrait un temps qu’ils n’avaient pas : elle voulait embarquer leur chargement alors que les premiers rôdeurs ne se relèvent ou avant qu’une horde extérieur ne débarque, quant à ceux là…

Ils n’avaient pas besoin de 11 personnes à interroger, pas vrai ?

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- C’est pas grand-chose, répondit Stanley à Adam qui l’avait rejoint. Son pantalon affichait une vilaine tache de sang. La cuisse il connaissait. Il s’était déjà blessé à cet endroit quelques années auparavant. Ça allait continuer à piquer sévèrement, mais il avait du temps. La balle avait traversé son muscle sans toucher l’os.

Il voulut se redresser, à la suite de son voisin, pour attaquer une nouvelle fois, mais dut se rabattre sur son nouvel abri, alors qu’Arizona arrivait en renfort avec deux ou trois gars et arrosait la zone. Le silence se fit finalement dans cette pièce, mais les détonations se poursuivirent ailleurs. Merde. Stan se fit aider par son copain de torture pour se relever, et le rassura une nouvelle fois sur son état. Son regard parcourut les corps au sol. Il s’efforça toutefois à détourner le regard et ce fut en boitillant qu’il rejoignit à son tour la réserve. Devenue à son tour silencieuse.

- On vérifie aussi tous les recoins, pour s’assurer qu’on n’en a pas un planqué quelque part, ajouta-t-il à l’intention d’Arizona. Ça incluait les chiottes ou ce genre de choses. Comme à la vieille époque, le principe était simple : aucun témoin. Et on récupère aussi tous les documents qu’on trouve, même les trucs persos. Ses yeux se posèrent sur les prisonniers. Comme les deux otages qu’ils avaient fait pensant l’été, il doutait que ces derniers leur révèlent l’emplacement de leur camp principal. Alors ils devaient s’emparer de tous les indices possibles. Donovan ? Il avait cherché le tatoué du regard, il n’était pas là. Ses yeux se posèrent sur ceux qui étaient avec lui sur le toit.

La brune donna quelques directives, et envoya quelques personnes au guet sur le toit. L’un d’entre eux avait la connaissance des hélicoptères. Il avait aussi pour mission de regarder s’il pouvait faire décoller celui qui se trouvait là-bas. D’autres partirent comme demandé par June vers les voitures pour les approcher. Il clopina pour s’approcher du second dortoir et fit un rapide état des lieux des morts et des blessés ici. Il serra les dents. A la guerre comme à la guerre, pas vrai ? Il y avait très peu d'effets personnels.

- On commence déjà à évacuer nos blessés, dit-il, son regard se baissant vers Eddie, qui n’était pas très frais. Il ne s’inclut pas dedans. Ils échangèrent un regard, s’assurant mutuellement en silence qu’ils allaient bien. J’vais faire le point dans l’autre dortoir, ajouta-t-il. Roza, avec moi.

Ses yeux passèrent de June aux otages plusieurs fois. Il lui laissait le soin de juger du sort qui leur serait réservé. Carte blanche !

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Suffisamment planqué pour éviter les balles qui fusaient, le brun avait adressé un regard blasé au prof en réponse à sa petite remarque. S'il ne prit pas la peine de répondre d'avantage, franchement pas d'humeur, il n'avait pourtant pas retenu un petit soufflement presque amusé en voyant son cadet d'un seul coup bien plus calme dû au passage d'une balle trop proche. À trop l'ouvrir il avait manqué de perdre en concentration, comme quoi le karma faisait bien son boulot lui aussi.

De longues secondes plus tard les coups de feu s'arrêtèrent, l'un des leurs semblant affirmer que les autres se rendaient. Prudent, Vaughn se tira de sa planque pour aviser lesdits ennemis. Un bref instant avant que son regard ne se reporte sur les corps au sol, impassible. Il y avait des survivants de l'île parmi ces cadavres, mais inutile de s'y attarder : personne ne pouvait rien pour les morts. À l'entente du prénom de Floyd, il croisa le regard de Stanley, se contentant de secouer brièvement la tête pour répondre à son questionnement. Les directives tombèrent alors et autant dire que le seul truc dont il se formalisait était l'état des blessés. Le reste ne le concernait pas directement, tout comme il se foutait royalement du sort des ennemis encore en vie. Ceux qui versaient des larmes à chaque vie prise finissaient par se faire bouffer à un moment alors à quoi bon faire partie de cette catégorie ? Pas de compassion ni d'empathie, plus depuis qu'il n'était plus payé pour le faire.

A l'instar des autres qui se répartissaient les tâches et partaient pour certains récupérer les véhicules, le thanato s'attela à sa propre tâche : vérifier l'état des blessés et les évacuer au plus vite. Il l'était lui aussi, mais pas autant que d'autres alors quitte à s'être traîné jusqu'ici autant faire son boulot. Cohen était dans un état bien plus catastrophique que le sien et, malgré l'agacement qui naissait en lui à chaque fois que le militaire entrait dans son champ de vision, c'est vers lui qu'il se dirigea en premier lieu, avisant les blessures qu'il arborait sans retenir un soupir. « Tu peux marcher ? J'te sors de là. » Simple et concis, pas le temps pour le blabla ni même les sentiments négatifs. Évacuer tout le monde en premier lieu, s'occuper des bobos après.

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L'arrêt des tirs m'rappelle à quel point le silence est satisfaisant. J'ai comme un battement de cœur dans le tympan alors que les échanges de déflagration ont eu raison de mon ouïe pour quelques temps c'est certain. J'ai jamais fait la guerre, et même si j'ai aidé maintes fois au camp, c'était jamais comme cette bataille en guérilla à deux mètres de l'ennemi. J'ai soudainement le plus grand des respects pour tous les vétérans et tous les militaires qui ont subi ça au quotidien sur de longues années. Tuer un mort c'était une chose, tuer un animal ça en était une autre, mais retirer la vie à un autre être humain, voir le sang giclé, s'imaginer c'qu'on a bien pu arraché à cette personne... C'était carrément trop pour moi, j'avais envie d'gerber pour être honnête.

Heureusement, mon pote Stan semble bien allé malgré sa blessure. Déjà il se place sur pied pour donner des ordres alors que moi, j'me redresse et j'essais d'éviter de regarder la scène. J'suis complètement ailleurs, j'suis pas ici avec tout le monde. Les gens parlent, et ça sonne comme un écho. De toute façon, ils ne s'adressent pas à moi. J'repense à May, j'espère qu'elle va bien, car ici, on a perdu plus d'un civil. Mes pas suivent d'instinct Stanley vers Eddie et l'autre russe. Tout le monde est amoché, on dirait, est ce que ça valait vraiment la peine?

Alors que j'espère trouver la blonde du regard, j'remarque plutôt celui d'une brunette sur le sol. Un cul que j'reconnaîtrais à n'importe quelle distance, sauf que là, c'est pas son cul l'important, c'est sa position. Celle-ci m'ramène à la réalité comme une claque au visage, j'en ai rien à foutre des otages, d'autres s'en occuperont cette fois, mais Victoria au sol, ça j'peux pas passé à côté. J'me dirige rapidement vers le corps et j'm'agenouille à côté d'elle. "Vic? Merde non... Tu peux pas crever!" J'l'examine rapidement, et j'suis quand même assez rationnel pour comprendre que c'est trop tard, elle est déjà morte. J'retiens mes larmes parce que j'suis un homme fort et surtout macho. "Fuck! Pas toi! Non!" Qu'est-ce que j'vais dire à l'autre princesse?

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